Boycott de l’UTMB : François D’Haene prend position

D'Haene Overstim.s

François D’Haene fait partie des destinataire de l’e-mail envoyé par Kilian Jornet et Zach Miller incitant les meilleurs ultra-traileurs du monde à ne pas participer à l’UTMB 2024 et à se tourner vers une « course alternative ». De passage au siège de son partenaire nutrition Overstim.s, avec lequel il développe une nouvelle gamme de produits pour l’ultra, le quadruple vainqueur de l’épreuve a répondu à nos questions. Et annonce son objectif de revenir sur l’UTMB en 2025 !

Esprit Trail : Que penses-tu de cet appel au boycott de l’UTMB ?

François D’Haene : Je n’ai pas eu la sensation, en lisant l’e-mail que j’ai reçu, qu’il s’agissait d’un appel au boycott. J’ai le sentiment que c’est la presse qui a transformé ça en « appel au boycott ». D’ailleurs, Kilian et Zach soulignent bien que l’UTMB a contribué au développement du trail et à la médiatisation des athlètes, et qu’ils en ont bénéficié. Moi aussi, sans l’UTMB, je ne serais sans doute pas là…

Voir le contenu de l’e-mail envoyé par Kilian Jornet et Zach Miller aux athlètes élite ICI

Kilian et Zach invitent tout de même les athlètes élite à ne pas aller à l’UTMB pour se retrouver sur une course alternative…

François D’Haene : Le fait de chercher à changer de course référence n’est pas nouveau, cela fait près de 10 ans qu’on en parle. Pour moi, Kilian ne cherche pas à boycotter l’UTMB, il cherche surtout à mobiliser les athlètes pour que ce soient eux qui décident d’où ils veulent aller courir et se confronter entre eux. Ces dernières années, l’UTMB est devenu l’équivalent d’une finale de championnat du monde d’ultra-trail, où les meilleurs mondiaux se retrouvent presque par obligation. Ils y vont parce que c’est là que le niveau des athlètes est le plus relevé, et aussi parce que les marques veulent que les athlètes qu’ils sponsorisent y soient visibles. Mais il y a d’autres courses tout aussi intéressantes qui mériteraient que les meilleurs mondiaux s’y affrontent. La Diagonale des Fous pourrait très bien prétendre faire office de finale mondiale, avec une course très technique. La Hardrock aussi. La Western States aussi, dans un mode plus roulant. Ce que disent Kilian Jornet et Zach Miller, c’est que si on veut que les choses changent, c’est à nous, athlètes, d’être les acteurs de ce changement.

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François D’ Haene et Kilian Jornet à l’arrivée de l’UTMB 2017, remporté par le premier. Photo UTMB / Damien Rosso www.droz-photo.com

Tu serais prêt à boycotter l’UTMB ?

François D’Haene : Certainement pas, mais je ne me suis jamais obligé à y participer. Et mon sponsor Salomon ne m’a jamais obligé à y aller, sinon cela n’aurait pas été possible entre nous. Le Tour du Mont-Blanc est une épreuve qui m’a fait rêver quand j’étais jeune, et qui continue de me faire rêver car c’est une course magnifique. J’aime l’idée d’y retourner tous les 3 ou 4 ans. J’y étais en 2017, j’y suis retourné en 2021, et je souhaite y retourner en 2025. Si je devais y aller tous les ans, je n’aurais pas l’envie. Alors qu’en laissant passer quelques années, je retrouve cette envie. Y retourner en 2025 fait donc partie de mes objectifs, et ça me motive !

Et tu serais prêt à affronter les meilleurs mondiaux sur une autre course que l’UTMB ?

François D’Haene : Oui, et je pense que l’idée, qui encore une fois n’est pas neuve, est intéressante. On pourrait très bien imaginer que le top 10 mondial se retrouve tous les ans sur une course différente, en alternance. Par exemple faire une « finale mondiale » sur l’UTMB tous les 4 ans, et les autres années des « finales mondiales » sur d’autres épreuves, où on se retrouverait tous. Ça n’empêcherait pas l’UTMB d’avoir lieu, et d’avoir de beaux vainqueurs. Et pour les meilleurs mondiaux, ça permettrait de se challenger et de voir comment on est capable de s’adapter. Car être le meilleur mondial sur l’UTMB et sur la Western States, ce n’est pas la même chose. Ni la même façon de courir. Jim Walmsley court la WSER en 14h09. Et l’UTMB en 19h37. 5h30 de différence ! Ce n’est clairement pas la même course, ni la même façon de courir. S’affronter sur des épreuves différente permettrait de voir qui est le plus capable de s’adapter.

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