Quand le quadruple vainqueur de l’UTMB prépare un objectif, il ne laisse rien au hasard. Surtout aujourd’hui, maintenant qu’il a 37 ans, est père de 3 enfants en bas âge et qu’il est impliqué dans de nombreux projets, dont les plus importants sont la marque d’équipements NNormal qu’il a créée en 2022 et sa Fondation pour la protection des montagnes. Si un lien fort avec la nature, une profonde conscience de soi lors de l’entraînement et une curiosité scientifique sont les 3 piliers qui, combinés, lui ont permis de créer un modèle durable et efficace pour développer sa propre forme physique, son approche peut aussi profiter à tous les athlètes, même les moins aguerris. Immersion dans l’entraînement de Kilian Jornet.

Base et intensité, deux éléments indissociables à savoir doser

Pour Kilian Jornet, la condition physique de base est la clé de ses performances optimales. Il consacre une part importante de son temps à l’entraînement aérobique de faible intensité. « Je fais toujours une longue période de base aérobique de 3 à 4 mois, avec des parcours de moyenne à longue distance. C’est indispensable pour développer la condition physique de base et ensuite suivre l’entraînement spécifique. »

Cette phase de base est bien plus qu’un simple entraînement : c’est un mode de vie. Kilian Jornet passe ainsi environ 80 % de sa phase d’entraînement de base en zone 1, sa zone de récupération. Même lors de ses phases d’entraînement intense, les zones 2 et 3 représentent la majeure partie de son temps d’entraînement total. Les zones d’endurance aérobie et de puissance aérobie sont celles où Kilian Jornet travaille en compétition.

Le schéma de préparation d’une saison et des courses objectifs est toujours le même : Kilian Jornet développe son endurance par la course à pied et l’entraînement croisé, comme le vélo et le ski-alpinisme en saison hivernale. Il passe ensuite à une intensité plus élevée à l’approche de la course objectif. Pour atteindre des performances optimales, ces deux phases d’entraînement doivent aller de pair.

L'entraînement croisé. Photo Coros
Photo Coros
Phase de base et phase d'intensité
Temps d’entraînement de Kilian passé dans les zones de fréquence cardiaque pendant sa phase de base (à gauche) et sa phase d’intensité (à droite). Source Coros

Entraînement et importance de la cohérence

La philosophie d’entraînement de Kilian Jornet pendant la phase de base est claire : la régularité prime sur l’intensité. Connaissant précisément l’objectif de chaque séance, il comprend également comment elle s’intègre à son plan d’entraînement. Ce niveau de connaissance exige de la discipline et une passion profonde pour son objectif. D’autant que même si sa condition physique n’est pas toujours optimale, il est convaincu qu’en respectant son tableau de marche elle atteindra le niveau souhaité le jour de la course.

Grâce aux produits COROS, avec lesquels il travaille depuis plusieurs années, il est possible de suivre précisément l’évolution de sa forme. Son graphique de condition physique de base montre l’évolution de sa condition physique au fil du temps, directement liée à ses phases d’entraînement. Son conseil aux coureurs d’ultra-marathon : « Soyez patients, l’adaptation se fait au fil des années de stimulations régulières. Alors, optez pour une activité durable et agréable. »

Evolution de la condition physique de base de Kilian Jornet entre 2022 et 2025
Graphique de la condition physique de base de Kilian de 2022 à 2025. Source Coros

Une constante d’entraînement : les courses longues

Si les objectifs de Kilian Jornet évoluent au fil de l’année, puisqu’il peut s’entraîner aussi bien pour une course courte comme Sierre-Zinal (10 victoires) ou Zegama (11 victoires) que longue comme l’UTMB (4 victoires) ou la Hardrock (5 victoires), ou encore pour des projets personnels comme la traversée des Pyrénées par ses sommets en octobre 2023 ou le projet Alpine Connection des 82 sommets de plus de 8000 mètres des Alpes durant le mois d’août 2024, un élément constant demeure : ses longues courses d’entraînement.

Pour intégrer ces courses longues, Kilian Jornet augmente progressivement l’effort et la durée, en utilisant souvent le terrain montagneux comme guide de progression. « J’ai quelques montées ici que je répète souvent pour m’entraîner et évaluer ma condition physique. J’apprécie toujours les journées techniques en montagne. »

Ces courses longues ciblent des adaptations spécifiques, avec des ajustements effectués en temps réel en fonction des données. « Je m’entraîne en me basant sur le RPE (taux d’effort perçu) et si je constate que ma fréquence cardiaque n’augmente pas, je peux changer de séance, » témoigne Kilian Jornet.

Kilian Jornet de retour sur la Western 100, 14 ans après sa victoire de 2011

14 ans après avoir couru et remporté la Western States 100, qu’il avait terminé à la 3ème place en 2010 derrière Geoff Roes et Anton Krupicka, Kilian Jornet est donc de retour en 2025. Mais en 14 ans, le monde de trail a considérablement évolué. En 2011, c’était un monde différent, avec moins de données et plus de détermination, moins de mesures et plus de moments pleinement vécus. Sa victoire à la Western 100 de 2011, comme toutes celles de l’époque, était due à un entraînement intensif, mais sans spécificité : « À l’époque, je ne m’entraînais pas spécifiquement, je passais juste des heures en montagne », rappelle-t-il.

Si le trail a évolué, la Western States 100 a aussi, et Kilian Jornet également. Avec des chronos plus rapides (Kilian Jornet avait un temps d’arrivée de 14h45), comme le record établi en 2019 par Jim Walmsley, et des outils à disposition des athlètes plus performants, un nouveau chapitre est ouvert : celui où la préparation exige de la précision. Ainsi, l’entraînement actuel de Kilian Jornet repose sur la structure, la régularité et des indicateurs plus précis comme l’allure d’effort.

Cependant, la paternité, le lancement de sa marque NNormal, les sollicitations qui en découlent et les années qui passent ont modifié l’approche de Kilian Jornet. Comme beaucoup d’athlètes cherchant à concilier ambition et responsabilités, il s’entraîne désormais avec plus d’intention et moins d’heures.

« Je suis un bien meilleur athlète et mes performances sont bien meilleures, mais je dois m’entraîner plus intelligemment. Avec les enfants, j’ai moins de temps pour m’entraîner et une routine beaucoup plus précise, surtout une question de logistique. »

Tout le but de ce retour sur la Western 100 est bien là : plus que de viser le podium, il s’agit our Kilian Jornet de relever le défi, de renouer avec un moment marquant de sa carrière et de mettre à l’épreuve des années de connaissances durement acquises.

Comment Kilian Jornet s’est-il entraîné pour la Western 100

Les longues courses de Kilian ont été plus ciblées que jamais. L’un de ses efforts clés a consisté en une course d’entraînement de 80 km (50 miles) effectuée trois semaines avant la course, conçue pour simuler les conditions, le terrain et la fatigue de la course.

Tout au long de sa course longue, Kilian a contrôlé avec beaucoup d’attention ses performances en temps réel. Ce sont ainsi sa fréquence cardiaque moyenne, son allure d’effort et son RPE qui ont guidé son allure et son effort avec précision. Cependant, il s’est efforcé de maintenir l’intensité juste en-dessous de ce qui pourrait entraîner une fatigue excessive. Un tel « dosage » implique d’être très attentif aux tendances : si sa fréquence cardiaque commence à augmenter alors que son allure reste constante, cela indique une fatigue croissante qu’il faut prendre en compte. À l’inverse, si la fréquence cardiaque diminue alors que son allure reste constante, cela indique une bonne forme qu’il prend également en compte en ajustant son intensité.

Ces micro-ajustements aident Kilian Jornet à maintenir une allure rapide et à atteindre la bonne intensité pendant plusieurs heures. « Je m’entraîne en fonction de mes sensations et j’utilise ma fréquence cardiaque pour voir si j’ai une réponse cardiaque qui pourrait suggérer si je suis fatigué ou frais, explique d’ailleurs le champion catalan. Si je constate que l’intensité de l’effort ou la fréquence cardiaque diminue par rapport à ce que j’avais prévu, j’accélère ! »

Graphique 3

Les zones d'entraînement de Kilian Jornet
Zones d’entraînement de fréquence cardiaque de Kilian Jornet. Source Coros

À la fin d’une séance intense, les données recueillies par Coros permettent à Kilian Jornet de consulter ses paramètres, comme sa fréquence cardiaque moyenne et son effort ajusté en fonction du dénivelé, après la séance. Par exemple, sur cette course de 80 km et 2349m D+ réalisée en 6h06, la fréquence cardiaque de Kilian Jornet est restée stable à 142 bpm. Cette stabilité témoigne d’une bonne condition aérobie, fruit des mois d’entraînement précédents. Par ailleurs, en optant pour un parcours de plus de 2 500 mètres de dénivelé positif, Kilian a volontairement reproduit certaines caractéristiques du profil de la Western 100. Il a ainsi préparé son corps aux montées et descentes qu’il va affronter le jour J, le 28 juin prochain.

seance 80km Kilian
La séance de 80km de Kilian Jornet le 3 juin 2025. Source Strava
datas seance 80km Kilian
Les datas de la séance. Source Coross
La séance de 80 KM
L’analyse de ka séance de 80 KM. Source Coros

Ce que tous les coureurs peuvent apprendre de l’entraînement de Kilian Jornet

L’intérêt des analyses et données que partage Kilian Jornet est que son approche va au-delà de l’entraînement physique. Il est évident que très peu d’athlètes élite peuvent reproduire ne serait-ce que partiellement les performances du quadruple vainqueur de l’UTMB, mais tous les coureurs peuvent apprendre de sa vision des plans d’entraînement, basée sur l’apprentissage, la connaissance de soi et la prise de décisions fondées sur des données statistiques précises et fiables. Il apparaît clairement que l’entraînement de Kilian Jornet répond toujours à un objectif clair, qu’il adapte son effort aux exigences de la journée et qu’il surveille attentivement les signes de fatigue. Ainsi, en s’appuyant comme lui sur une planification rigoureuse et une exécution précise, le tout avec une vision à long terme pour une amélioration constante, il est tout à fait possible de gagner en performance.

Les 4 points clés de la méthode d’entraînement de Kilian Jornet

Que vous vous entraîniez pour votre premier ultra ou que vous cherchiez à battre un nouveau record personnel, les points clés de la méthode de Kilian Jornet peuvent être résumés comme suit :

1 – Soyez intentionnel dans votre approche
Alignez chaque séance d’entraînement sur un objectif spécifique et sachez pourquoi vous vous entraînez.

2 – Réagissez à vos données
Utilisez les retours en temps réel de votre montre pour ajuster votre séance selon vos besoins. Vous restez ainsi en phase avec les performances et la récupération de votre corps.

3 – Construisez patiemment
Privilégiez la régularité. Les véritables progrès proviennent d’un entraînement durable à long terme.

4 – Équilibrez ambition et intention
La vie évolue, et votre entraînement doit évoluer aussi. Que vous cherchiez à concilier travail, famille ou autres engagements, progresser ne signifie pas forcément travailler plus d’heures, mais travailler plus intelligemment.

La montre de Kilian Jornet : COROS APEX 2 Pro
Source Coros

Kilian Jornet
Kilian Jornet
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Entre la Provence où elle a grandi, La Réunion où elle a vécu pendant 8 ans et découvert le trail et le Pays Basque où elle réside maintenant et enseigne – en basque ! – les mathématiques, Maud Combarieu a toujours eu la bougeotte. Et cette véritable pile électrique a une batterie qui semble ne jamais s’épuiser. Sa source d’énergie ? L’envie. Et ça marche ! Depuis sa première grande victoire sur le Trail de Bourbon dans le cadre du Grand Raid de La Réunion en 2010 à sa toute dernière victoire sur le grand format de la terrible Travesera Picos de Europa mi-juin 2025, elle n’a jamais arrêté d’enchaîner les performances. Confessions.

Esprit Trail : Tu vas avoir 47 ans le 15 août prochain, ta première victoire sur la scène internationale remonte au Trail du Bourbon, le format 100 km du Grand Raid de La Réunion, en 2010. 15 ans plus tard, tu continues de briller et gagner, comme début avril sur le format 60 km de l’Ultra Sierra Nevada ou encore mi-juin sur le format 74 km et 6560mD+ de la Travesera Picos de Europa, que tu avais également gagnée l’an dernier. Quel est ton secret de longévité ?

Maud Combarieu : Varier et prendre du plaisir. J’ai toujours fait ça. Et quand je dis varier, c’est autant les sports que les distances et les formats sur le trail. Je crois que c’est Thibaut Baronian qui avait dit « Pour pour garder le plaisir, il faut garder l’envie ». Il est impressionnant, car depuis des années et des années il fait toujours pareil, sur les mêmes formats, et je ne sais pas comment il fait pour garder cette envie ! Moi je ne pourrais pas faire la même chose pendant des années…

Lire aussi Les secrets d’entraînement d’Antoine Guillon ICI

Photo Urrullu Visual
Maud lors de la Travesera Picos de Europa, qu’elle a gagnée pour la seconde fois le 14 juin 2025. Photo Urrullu Visual

C’est pourtant la théorie de la progressivité très répandue chez les coachs : prendre le temps, maîtriser une distance avant d’aller sur du plus long, etc… Et Thibaut a attendu longtemps avant de faire enfin l’UTMB l’an dernier, alors que ça le faisait rêver depuis des années.

Maud Combarieu : Je sais, et moi aussi, quand j’habitais à La Réunion, on me disait que j’étais trop jeune pour faire le Grand Raid, alors que j’en avais envie. La progressivité est importante, parce qu’il y a une mémoire du corps. Quand tu fais une pause par exemple, tu ne reprends pas à zéro, les années se mettent les unes sur les autres, c’est comme ça que tu construis quelque chose. Mais sans faire de folie, en acceptant le fait qu’on a besoin d’un peu de temps pour que le corps s’habitue, il faut aussi savoir varier. Entre le moment où tu t’y mets et 4 ans plus tard, ton corps, il a déjà accumulé pas mal de trucs, tu peux passer à autre chose…

Comment as-tu dosé ta progression au fil du temps ? Avec un coach ?

Maud Combarieu : Oh non ! Tu sais, au siècle dernier, on ne parlait pas de coach ! (Rires.) C’est quand j’étais chez Hoka que ça a commencé, les coachs, vers 2010-2012. J’avais un niveau assez bon, j’avais fait 2ème de la CCC et les gens me demandaient si j’avais un coach et tout… Mais pour moi, c’était plus une charge mentale qu’autre chose. Mon équilibre, je le trouvais ailleurs, dans la montagne. Avant même de commencer à courir en montagne, je faisais de l’escalade et du ski de rando.

J’ai toujours aimé bouger, j’ai toujours eu beaucoup d’énergie à dépenser… Et je suis sûre que c’est cette multiplicité de pratiques qui m’a permis de progresser et de garder mon envie et ma passion intactes. Et je vais toucher du bois – mais alors du très bon bois -, je n’ai jamais été arrêtée par une blessure. En 21 ans !

Maud Combarieu Photo Jean-Benoît Roubinet
Quand Maud Combarieu ne court pas, elle prépare ses affaires. Inarrêtable… Photo Jean-Benoît Roubinet

Et ce n’est pas faute de prendre des risques, car il faut rappeler que tu as à ton palmarès un nombre incalculable de titres de meilleure descendeuse à la SkyRhune, qui était un piège à chevilles redoutable !

Maud Combarieu : C’est vrai, je pense que je les ai quasiment tous eus ! (Rires.) Mais il y en a un qui n’a pas été pris en compte, contre Blandine L’Hirondel, parce que je n’ai pas été bipée. Donc il m’en manque un ! Mais tu vois, ça me permet de revenir à la première question sur les secrets de longévité : je te disais qu’il y avait la variété et le plaisir. Eh bien les descentes, pour moi, c’est un jeu en fait. La course, c’est du plaisir.

J’ai toujours ce souvenir du pote avec lequel je courais beaucoup quand j’étais à La Réunion, je me cachais derrière les arbres, je courais d’un côté, j’allais l’emmerder de l’autre, j’étais une vraie gamine. Et ici, au Pays Basque, c’est un peu pareil avec les copains : on fait la course pour arriver au sommet, on s’amuse… Le fait que ce ne soit pas mon gagne- pain y fait aussi beaucoup, parce que j’ai d’autres choses, j’ai ma famille, j’ai mon boulot que j’aime

Quel regard portes-tu du coup sur la professionnalisation du trail aujourd’hui ?

Maud Combarieu : Ça met du stress pour la performance. Je n’ai pas ce stress-là et je n’en veux pas. Pour moi, la course est un plaisir personnel que je partage. C’est vivre. Et la vie, c’est le partage, la montagne. Et je n’ai pas l’impression que ce soit l’état d’esprit qui domine aujourd’hui dans ce milieu qui est axé sur la performance et rien que la performance.

Ça ne t’es jamais arrivé d’en avoir marre de courir et d’avoir envie de faire une pause ?

Maud Combarieu : Je n’arrive même pas à m’arrêter 3 jours, donc non, jamais ! (Rires.) Par contre j’ai plein de gens dans mon entourage qui ne sont pas des athlètes de haut niveau, des gens disons « lambda », qui quand ils se blessent ne savent plus quoi faire. Mais allez marcher en montagne ! Moi si j’ai un tendon qui me gêne, je vais marcher en montagne, je ne vais certainement pas essayer de recourir dessus ! Le cardio, je vais le bosser pareil et je vais laisser le tendon tranquille ! Ou alors je vais aller faire de l’escalade.

Mais ça, pour beaucoup, c’est pas clair ; ils vont se mettre la pression alors que si tu as autre chose que la course, tu n’auras pas la frustration de ne rien faire, tu n’auras pas le risque de reprendre trop tôt, ni l’impatience, et tu vas cultiver l’envie d’y retourner. Pour moi, ces notions de varier et de plaisir sont fondamentales !

Photo Jean-Benoît Roubinet
Maud Combarieu avec quelques membres du Team GlobeTrailers, parmi lesquels Christophe Le Saux, Antoine Guillon et Cédric Chavet. Photo Jean-Benoît Roubinet
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La 13ème édition du Trail du Saint-Jacques by UTMB, organisée au cœur d’une nature verdoyante façonnée par les volcans et ancrée dans l’histoire de son territoire et de la ville du Puy-en-Velay, a tenu toutes ses promesses, avec plus de 6500 coureurs venus de toute la France et du monde. Sur l’Ultra du Saint-Jacques, le format 100M parti de Saugues le vendredi soir, Corentin Play et Anthéa Juin ont brillé.

Trail du Saint-Jacques by UTMB : une épopée sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle

Si les coureuses et les coureurs ont dû braver les fortes chaleurs du samedi (le kit canicule était activé pour les 3 courses du 100M, 100K et 20K), ils ont pu profiter des lieux emblématiques et traverser les paysages préservés qui caractérisent le célèbre chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Mais c’est surtout l’arrivée hautement symbolique entre la célèbre cathédrale Notre-Dame du Puy-en-Velay et l’emblématique Rocher Saint-Michel d’Aiguilhe, tous deux classés au patrimoine mondial de l’UNESCO, qui aura le plus marqué les esprits. Un dernier effort sur cette rampe pavée d’une centaine de mètres, au milieu des encouragements de la foule, qui restera longtemps gravé dans les mémoires. 

Trail du Saint-Jacques by UTMB : Corentin Play et Anthéa Juin s’offrent le 100M

L’aventure du 100M, Ultra du Saint-Jacques, a débuté vendredi 13 juin à 20h15 à Saugues. Le parcours de 134 km et 6050m D+ a emmené les coureurs à la découverte de Mont Devès, du Mont Recours, du Lac du Bouchet, du Mont Eycenac et du Col de Pierre Taillée. Chez les hommes, Corentin Play s’est imposé en 13h43mn05, au terme d’une belle bataille avec Guillaume Tiphene qui a décroché la deuxième place, tandis qu’Emmanuel Cauty a complété le podium.

Corentin Play
Corentin Play

Chez les femmes, c’est Anthéa Juin qui s’est imposée en 19h03mn09, réalisant une performance solide de bout en bout. La Suissesse Corina Sommer a pris la deuxième place, tandis que Camille Sere a complété ce podium. Les 3 premiers (hommes-femmes) du 100M sont qualifiés pour l’UTMB 2026 à Chamonix. 

Corentin Play, dont la progression est fulgurante puisqu’il est passé de la 4305ème place sur la SaintéLyon en 2015 à la victoire sur cet Ultra du Saint-Jacques, a confié à l’arrivée : « C’est un parcours tout en relance et une section finale qui permet de courir vraiment très vite. C’est tout ce que j’aime ! »

Anthéa Juin
Anthéa Juin

Trail du Saint-Jacques by UTMB : Incroyable remontada sur le 100K 

Le parcours du Grand Trail du Saint-Jacques, format 100K (81km et 3 400m D+) a offert une immersion complète dans la diversité des paysages du Velay. Avec un départ de Monistrol-d’Allier, connu pour son fameux pont métallique Eiffel qui enjambe le tumultueux Allier, ce parcours attaquait tout de suite les choses sérieuses jusqu’au pic de Rochegude pour un itinéraire exigeant et varié au cœur du patrimoine local. 

Chez les hommes, c’est le Mexicain Jupiter Carera Casas qui s’est imposé en 7h42mn23. Emmanuel Gault a de son côté effectué une incroyable remontée pour prendre la 2ème place, tandis que Ke Mael Rabouint a complété le podium. 

Jupiter Carera Casas
Jupiter Carera Casas

Chez les femmes, l’irrésistible Norvégienne Henriette Albon a assuré son rôle de favorite en s’imposant en 8h37mn48 après une course parfaitement menée. Elle a devancé l’Espagnole Aroa Sio et Yasmina Castro Chacon. Les 3 premiers (hommes-femmes) du 100K ont gagné leur qualification pour la CCC 2026 à Chamonix. 

Henriette Albon
Henriette Albon

Trail du Saint-Jacques by UTMB : le 20K du Chibottes pour Alexandre Meyleu et Charlotte Mouchet

Le parcours du 20K, les Chibottes, du nom des cabanes de pierres sèches au toit en forme de dôme utilisées par les agriculteurs, avec ses 26 km et 750 m de dénivelé positif, a offert une immersion intense en Haute-Loire. Depuis Solignac-sur-Loire, les coureurs ont enchaîné les kilomètres sur les sentiers avant de plonger vers la ligne d’arrivée au cœur du Puy-en-Velay. 

La course masculine a été remportée par Alexandre Meyleu en 1h53mn19. Il a devancé le favori Pierre-Arnaud Bourguenolle et l’Italien Ricardo Borgialli.

Alexandre Meyleu
Alexandre Meyleu

Chez les femmes, la course a été remportée par Charlotte Mouchet en 2h19mn06. Elle a elle aussi devancé la favorite néerlandaise Renee Cardinaals, deuxième, et Marie Genay, troisième.

Charlotte Mouchet
Charlotte Mouchet

Trail du Saint-Jacques by UTMB : le 50K du Monsitrail pour Antonio Martinez Perez et Camilla Magliano

Après les fortes chaleurs du samedi, et les orages qui ont éclaté dans la soirée, c’est dans les brumes et l’humidité que les coureurs du 50K du Monsitrail (54km et 2050m D+) se sont élancés dimanche 15 juin depuis Monistrol-d’Allier pour rallier la rampe finale de la cathédrale du Puy-en-Velay.

Chez les hommes, la victoire est revenue à l’Espagnol Antonio Martinez Perez en 4h02mn46. Il a devancé de 2 minutes le Polonais Bart Przedwojewski, tandis que Paul Iratzoquy a pris la 3ème place sur le podium.

Chez les femmes, c’est l’Italienne Camilla Magliano qui s’est imposée e, 4h54mn01. Elle a devancé Eléa Kopf et Chrystelle Lambert. Les 3 premiers (hommes-femmes) du 50K ont gagné leur qualification pour l’OCC 2026 à Chamonix. 

Voir les résultats de toutes les courses ICI

Chemin Saint-Jacques
Sur les sentiers du Saint-Jacques by UTMB.
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Vainqueur de la Yukon Arctic Ultra en février et 2ème du format 100K du Snowdonia by UTMB au Pays de Galles en avril, Mathieu Blanchard, bien que focalisé sur son objectif de la saison, la Hardrock 100 qui s’élancera le 11 juillet, continue d’avoir l’UTMB dans un coin de sa tête. Après 4 participations, dont une seconde place en 19h54 après une lutte exceptionnelle avec Kilian Jornet en 2022, le vainqueur de la Diagonale des Fous 2024 a évoqué avec notre confrère Jogging International un futur retour à Chamonix (il est d’ores et déjà qualifié pour 2026 grâce à sa 2ème place sur le Snowdonia by UTMB).

Mathieu Blanchard : « Je sais où gagner du temps ! »

L’UTMB, il ne pense pas qu’à ça en se rasant, mais ça il ressemble. Après avoir fait 2ème, 3ème et 4ème sur ses 3 dernières participations, dont un chrono de 19h54 juste derrière Kilian Jornet en 2022, Mathieu Blanchard a déclaré qu’il savait qu’il pouvait améliorer son temps : « Il y a encore beaucoup de zones à optimiser, et tant que je n’ai pas atteint ce temps minimum que j’estime entre 19h30 et 20h, je ne serai pas satisfait.

Voir le film BALANCE, le tout premier UTMB de Mathieu Blanchard, en 2018, ICI

Photo UTMB GROUP
Mathieu Blanchard et Kilian Jornet à l’arrivée de l’UTMB 2022, 2 premiers hommes à passer sous la barre des 20 heures. Photo UTMB GROUP

L’objectif n’est pas lié à un adversaire, je sais qu’un Jim Walmsley peut, un jour, le courir en moins de 19h30 – ce qui n’est pas réalisable pour moi, par rapport à mes armes. Mais je pense que je peux encore craquer le code de l’UTMB pour améliorer mon temps.

Lire aussi l’article Comment Mathieu Blanchard a “sauvé” Kilian Jornet sur l’UTMB 2022 ICI

L’an dernier, si j’ai abandonné, c’est aussi parce que j’ai oublié cette approche de la performance. Je me suis mis une pression en pensant trop à la victoire. Ça a été un gros échec, mais aussi un apprentissage énorme, qui m’a confirmé que, pour performer, je dois d’abord penser à moi et à comment faire la boucle le plus vite possible. »

Photo UTMB GROUP
Photo UTMB GROUP
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Ils ont eu du flair, et leurs athlètes ont été à la hauteur de l’événement. Partenaire pour la première année du Swiss Canyon Trail, l’équipementier Kailas Fuga avait aligné quelques-uns des membres de sa dream team au départ des différentes courses de la 30ème édition de l’épreuve suisse. Résultat : un Sangé Sherpa flamboyant malgré la pluie sur le format 100 miles exceptionnel de l’édition aniversaire, et un Miguel Arsénio redoutable sur le second plus grand des formats, le 111 km ! Quant à la reine Sissi Cussot, elle a maîtrisé le format 81 km, tout sourire malgré une météo épouvantable durant tout le week-end.

Swiss Canyon Trail : Sangé Sherpa surnage dans le chaos

Quelle patinoire infernale ! C’est sur des sentiers détrempés et boueux et dans des conditions climatiques épouvantables que le Népalais vedette du team Kailas Fuga Sangé Sherpa a réussi l’exploit de s’imposer sur le 166km (8147mD+) du Swiss Canyon Trail, un format 100 Miles inédit pour fêter les 30 ans de l’événement !

Mais la lutte (et les concours de glissades qui vont avec) a été terrible pendant près de 130km avec Anthony Pipitone, 2ème du format 111km en 2023 et 10ème de la dernière Diagonale des Fous, qui a souffert d’hypothermie durant la nuit. Au final, le sympathique Népalais plie l’affaire en 22h06, avec 26 minutes d’avance sur Pipitone et 50 sur Maxime Hourdebaigts !

Autre athlète médiatique du team Kailas Fuga, partenaire de Sangé, le Français Martin Perrier était aussi de la partie. Bien que l’esprit tourné vers le Tor des Géants, qu’il a terminé en 3ème position l’an dernier derrière François D’Haene et Beñat Marmissolle, Perrier, qui a terminé 2ème de l’Ultra-Terrestre à La Réunion en mai dernier (224 km au compteur) s’est accroché et a fait preuve de mental pour terminer dans le Top 10, en 9ème position.

Chez les femmes, Marie Janod, 6e féminine du 90km du Mont-Blanc 2024, s’est imposée en 26h06, 11ème au scratch. Elle a devancé les Suissesses Céline Bernasconi (27h58) et Dominique Ghislaine Montandon Brunner (36h42).

Sange Sherpa Photo SCT
Sange Sherpa. Photo Swiss Canyon Trail

Swiss Canyon Trail : Miguel Arsénio domine le 111 km

C’est un autre athlète du team Kailas Fuga qui s’est imposé sur le 111km et 5295mD+, le Portugais Miguel Arsénio ! Après avoir mené de bout en bout, il a franchi la ligne en première position en 10h45, et a devancé de près de 25 minutes le redoutable Chinois Ji Duo. L’Espagnol Aleix Toda Mas a terminé 3ème en 10h49.

Une belle récompense (enfin !) pour le Portugais, qui avait échoué à la 2ème place du Grand Trail des Templiers derrière Thomas Cardin en octobre dernier, et encore 2ème derrière Paul Cornu-Chauvinc lors du MIUT 115 fin avril 2025.

Miguel Arsénio Photo Swiss Canyon Trail
Miguel Arsénio. Photo Swiss Canyon Trail

Chez les femmes, c’est la locale de l’étape Ariane Wilhem qui s’est imposée chez elle en 13h31, avec une très belle 10e place au scratch à la clé ! Pour mémoire, elle avait terminé 2ème de la TDS à Chamonix en 2024 ! Elle a devancé de 20 minutes l’Américaine Sarah Humble et de plus de 50 minutes la Chinoise Li Ying.

Ariane Wilhem
Ariane Wilhem. Photo Swiss Canyon Trail

Swiss Canyon Trail : Sissi Cussot reine du 81 km

Nouvelle super performance de la toujours souriante Sissi Cussot, qui a pataugé dans la boue et sous la pluie pendant 81 km pour remporter le format 81k / 3491m D+. La résidente réunionaise, plus habitée au soleil et à la chaleur de l’île intense, s’est imposée en 10h10, 16ème au scratch. Elle a devancé de 13 minutes sa dauphine, la Néerlandaise Adriana Moser et de 46 minutes Marie-Hélène Schlosser.

Chez les hommes, la victoire est revenue à l’Allemand Janosh Kowalczyk, vainqueur du 110km de l’Istria 100 by UTMB 2024, en 7h59. Il a devancé l’Italien Davide Rivero (8h23) et le Belge Pierre Breuer (8h49).

Sissi Cussot Photo Swiss Canyon Trail
Sissi Cussot. Photo Swiss Canyon Trail

Swiss Canyon Trail : les podiums des autres courses

Format 51 km – 2632m D+

Fran Anguita Bayo (ESP) 4h00mn24s
Yang Jianjian (CHN) 4h00mn48s
Kevin Vermeulen et Aubin Ferrari (FR) 4h10mn42s

Sylvia Nordskar (NOR) 4h30mn07s
Beatriz Parron Alvarez (ESP) 5h13mn25s
Marcela Vasinova (CZ) 5h25mn26s

Format 31 km – 1380m D+

Lucas Nanchen (SUI) 2h28mn08s
Titouan Haan (FR) 2h33mn19s
Antoine Monnot (FR) 2h35mn05s

Maria Fuentes Olcina (ESP) 2h46mn29s
Cloé Prud’Homme (FR) 3h03mn11s
Anna Darmograi (UKR) 3h03mn51s

Format 16 km – 577m D+

Allan Bonjour (SUI) 1h17mn06s
Tibor Waeber (SUI) 1h18mn57s
Thomas Houle (SUI) 1h20mn54s

Clotilde Boffy (FR) 1h40mn24s
Mathilde Schucany (SUI) 1h42mn40s
Coralie Blaser (SUI) 1h43mn13s

Voir l’intégralité des résultats de toutes les courses ICI

Swiss Canyon Trail
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En octobre 2024, le traileur aventurier Sébastien Raichon avait été le premier à établir un chrono de référence sur le GR20 en autonomie complète, c’est-à-dire sans aucune aide extérieure, ni accompagnant, ni pacer. Son temps : 44 heures 43 minutes pour venir à bout des 180 km et 11000m D+ du mythique sentier corse. Le 7 juin 2025, il s’est de nouveau élancé de Calenzana, au nord, pour rallier Conca, au sud, le plus vite possible. 41 heures 53 minutes et 18 secondes plus tard, il avait établi un nouveau FKT (Fastest KnownTime).

GR20 en autonomie complète : le rêve des 40 heures

Il savait qu’il pouvait faire mieux qu’en octobre dernier. Les conditions météo de l’époque, compliquées, et une erreur de parcours sur la fin qui lui avait fait perdre une heure, l’avaient même persuadé que passer sous la barre des 40 heures était possible. Le 7 juin, Sébastien Raichon s’est donc élancé sur ce parcours qu’il aime tant avec une idée en tête : boucler le GR20 en moins de 40 heures, sans aucune aide extérieure.

La principale difficulté de l’autonomie complète, avait-il expliqué lors de ce premier record, est que le GR20 est un chemin très compliqué à suivre par endroits, où il faut quasiment s’orienter pour trouver la trace. Avec des « ouvreurs » montrant le chemin et se relayant, et des compagnons de route portant les affaires, comme le font ceux qui tentent le record avec assistance (une autre catégorie de FKT), le challenge, tout aussi compliqué en terme de technicité du sentier, est néanmoins facilité par le fait de ne pas avoir à chercher son chemin.

Mais Sébastien Raichon préfère la solitude dans l’effort, et l’autonomie complète lui va bien. C’st donc avec des temps de passage calculés à l’avance sur une base de 40 heures qu’il s’est élancé le 7 juin à 3 heures du matin pour tenter d’établir un nouveau record et de passer sous cette fameuse barre des 40 heures. Mais la météo extrêmement chaude, un bâton cassé dès les premiers kilomètres, sans possibilité de réparation ou de remplacement (merci l’autonomie totale !) lui a joué des tours. Et si le record est tombé (41 heures, 53 minutes et 18 secondes), la barre des 40 heures, elle, résiste toujours.

Les derniers mètres de Sébastien Raichon le 8 juin à l’arrivée à Conca. Photo DR
GR20 Sébastien Raichon Photo DR 1
Photo DR

Lire aussi son interview lors du 1er FKT

GR20 en autonomie totale : le débrief de Sébastien Raichon

Arrivé le 8 juin à 20h53 à Conca, Sébastien Raichon était épuisé mais heureux et rêvait d’une nuit réparatrice. Après une courte nuit, classique lorsqu’on vient de produire un tel effort, il raconte :

« Ce GR20 est vraiment vraiment un chantier colossal. Il y a 30 kilomètres faciles, le reste, c’est un chaos permanent. Sublime et instable à la fois. Les salamandres du mois d’octobre ont muté en lézards. Je ne savais pas que c’était possible ! Il y avait beaucoup plus de monde sur le sentier, mais c’était sympa. J’ai eu dans certains refuges un bel accueil, j’ai résisté non sans mal aux offrandes diverses. Quelle folie, cette autonomie complète !

L’objectif des 40h n’est pas atteint mais je suis déjà bien content. Je crois que cela reste envisageable mais toutes les planètes n’étaient pas alignées. Il m’aurait fallu une température d’automne avec le terrain sec de ce week-end. Des bâtons en état ou incassables et légers, mais vu ce que je leur impose comme contraintes… Et des poumons à 100%. Si parmi vous il y a un spécialiste de la toux grasse, je suis preneur d’un avis car c’est récurent et très limitant !

Ceci étant dit, la forme était bonne, j’ai un peu été inquiet au début qu’une blessure comme lors de la Barkley m’empêche. Je me souviendrai longtemps de cette crête au coucher de soleil après Petra Piana. Place au repos maintenant, car la Terminorum arrive vite ! 
»

GR20 Sébastien Raichon Photo DR 3
Photo DR
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Référence dans le milieu de la course de grand fond, Serge Cottereau a popularisé les courses de 100 km dans les années 70, notamment en créant la mythique épreuve des 100 km de Millau qu’il a remportée à 4 reprises entre 1972 à 1976. Sa méthode pourrait se résumer en une phrase dont Antoine Guillon s’est fait l’apôtre : « Plus vous courez lentement, plus vous progressez. » Explications.

Qu’est-ce que la “méthode Serge Cottereau” ?

Serge Cottereau considère qu’en s’entraînant à trop forte intensité, le coureur va asphyxier son cœur, et qu’après de rapides progrès, il stagnera puis régressera. A l’inverse, en courant presque toujours tranquillement, il développera son cœur (la cylindrée) et lui permettra d’accroître sa capacité à apporter de l’oxygène à ses muscles. Ce sont selon lui les bases d’une progression lente mais réelle et durable. Pour établir ses plans d’entraînement, Serge Cottereau s’appuie sur la fréquence cardiaque, en partant du principe (pour faire simple) qu’un homme de 30-40 ans devrait avoir une fréquence cardiaque maximale d’environ 190 pulsations / minute.

Antoine Guillon Photo Jean-Benoît Roubinet
Antoine Guillon. Photo Jean-Benoît Roubinet

À partir de là, Serge Cottereau définit 3 zones d’entraînement :

L’endurance, en dessous de 140 bpm (< 75% FCM)

Le cœur apporte exactement la quantité d’oxygène dont les muscles ont besoin, sans accumulation d’acide lactique. C’est une allure que le coureur peut en principe tenir pendant des heures, parfois en devant courir lentement, proche de 6 minutes au kilomètre pour rester dans cette zone. L’objectif de cette méthode est de progressivement aller de plus en plus vite sans augmenter ses pulsations.

La résistance douce, entre 140 et 160 bpm (de 75 à 85% FCM)

En légère « dette d’oxygène », le coureur peut améliorer légèrement sa vitesse, mais à condition de ne pas en abuser. Cela correspond à peu près à l’allure marathon.

La résistance dure, au-dessus de 160 bpm (> 85% FCM)

Cela correspond en gros à une allure 10km. S’adressant avant tout aux adeptes du marathon et de distances supérieures, Serge Cottereau estime qu’un coureur de fond n’a rien à gagner à faire du fractionné court à allure VMA.

“Méthode Serge Cottereau” : la semaine type

Sur une semaine type, il préconise au moins 3/4 d’endurance (et même jusqu’à 100% d’endurance dans une prépa 100 km), une pointe de résistance douce et un soupçon de résistance dure.

En suivant cette méthode, Serge Cottereau estime qu’il faut environ 7 ans pour atteindre son potentiel maxi et que presque tout le monde peut descendre sous les 3h au marathon.

Il détient pour sa part un record personnel en 2h28 à l’âge de 45 ans.

En avril 2024, à l’âge de 86 ans, Serge Cottereau a signé la meilleure performance française sur 800 mètres en bouclant les deux tours de piste en 3’43”45.

Lire l’interview d’Antoine Guillon sur ses secrets d’entraînement ICI

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Malgré une météo compliquée, entre averses et brouillard, les victoires de Ludovic Bourgeois et Marlène Maisonneuve sur le grand format de 82 km de la 18e édition de La Transju’Trails sont sans appel ! Pour la deuxième fois consécutive, Ludovic Bourgeois s’est imposé avec une large avance. Du côté des femmes, Marlène Maisonneuve a elle aussi dominé la course de bout en bout et fait un sans faute. Jérémy Lenormand et Julie Attias se sont imposés sur le format 62 km.

Transju’Trails 2025 : Ludovic Bourgeois pour un doublé sur le 82 km

Samedi 7 juin à 5h00 du matin aux Rousses, les 283 partants du 82 km se sont élancés dans la nuit sous un ciel nuageux. Dès les premiers kilomètres, Ludovic Bourgeois, vainqueur de l’édition 2024, a imposé son rythme et creusé l’écart avec ses poursuivants à chaque point de passage : 7 min, 21 min, 25 min… Il a finalement franchi la ligne d’arrivée en 8h 43 min 17 sec, avec plus de 34 minutes d’avance sur le deuxième, Louis Staquet. Le podium est complété par Félix Nicole, à 37 min 55sec du vainqueur.

« Je suis parti un peu fort et j’ai toujours eu confiance Le Noirmont et la descente sur Bois d’amont, c’est quelque chose que je connais par cœur. Je connais chaque centimètre, donc j’ai voulu appuyer un petit peu à ces endroits-là, gagner un petit peu de temps, leur mettre le doute derrière, peut-être. On a inventé un nouveau sport aujourd’hui, c’est l’ “aquatrail” (rires). Je n’ai jamais autant fait de kilomètres dans des ruisseaux. Hier, en rigolant je me disais qu’on allait voler la neige sur la Dole, honnêtement, j’y ai cru un moment. On ne voyait pas deux mètres avec de la grosse pluie, des glissades sur les fesses. C’était une édition folle », a confié Ludovic Bourgeois à l’arrivée.

Ludovic Bourgeois 82 km Photo Hugo Déforet - La Transju
Ludovic Bourgeois, vainqueur du 82 km. Photo Hugo Déforet – La Transju

Transju’Trails 2025 : Marlène Maisonneuve en patronne sur le 82 km

Du côté des femmes, même scénario. Marlène Maisonneuve a pris la tête dès le début, poursuivie par Inès Magnet. Elle a réussi à maintenir un écart de près de 20 minutes pendant les trois-quarts du parcours. Inès Magnet est remontée sur elle lors des derniers kilomètres mais cela n’a pas suffi à détrôner Marlène Maisonneuve, qui s’est imposée en 11h 13 min 57 sec, 22ème au scratch, avec plus de 11 minutes d’avance sur sa dauphine. Le podium féminin est complété par Nadège Lutic, troisième à 1h17 de la gagnante.

« Je suis partie un peu vite au départ je pense. Et puis je suis restée devant tout le long. Je pensais que je m’étais fait doubler, mais je pense que c’était des filles qui étaient en relais sûrement. Les derniers kilomètres étaient plus durs. J’ai commencé à avoir un peu mal aux genoux. Je pensais que j’allais être troisième là en fait. C’est vrai que c’est la bonne surprise. C’est la surprise d’être première. »

Marlène Maisonneuve - 82 km Photo Hugo Déforet - La Transju
Marlène Maisonneuve, gagnante du 82 km. Photo Hugo Déforet – La Transju

Transju’Trails 2025 : deux duels pour deux belles victoires sur le 62 km

Les 758 concurrents du 62 km ont pris le départ à 6h00 des Rousses sous un temps plutôt clément, avant que ne revienne la pluie. Sur ce tracé, que ce soit du côté des hommes ou des femmes, la victoire est issue d’une belle bagarre entre deux concurrents. 

Du côté des hommes, Jérémy Lenormand s’est imposé devant Ludovic Bailly-Basin. Ces deux traileurs se sont suivis de près durant les 40 premiers kilomètres. Entre le Marais et le Goulet, Jérémy Lenormand a pris son envol et filé vers la ligne d’arrivée qu’il a franchie en 6heures 8 min et 43 sec, soit 6 min 37 secondes devant Ludovic Bailly-Basin.

Jérémy Lenormand a expliqué : « Ludovic m’a donné un peu de fil à retordre quand même. Après les Marais, je suis passé devant et j’ai essayé de rester tout le long. Je voyais que les écarts n’étaient pas grands, du coup j’ai un peu serré les dents à la fin, et voilà, ça l’a fait. Je suis plutôt content de la performance. Les passages en sous-bois, franchement, c’est magnifiques. Après, avec la météo qu’on a, forcément c’est très très gras, surtout dans les descentes. Mais ça va, c’est passé. Certes il pleut, mais il ne fait pas froid. »

Jérémy Lenormand 62KM Photo Jérôme Genée - La Transju
Jérémy Lenormand à l’arrivée du 62km. Photo Jérôme Genée – La Transju

Pour les femmes, à l’arrivée, le public attendait Mathilde Duchaussoy…. Et c’est Julie Attias qui a franchi la ligne en première féminine. Alors que Mathilde Duchaussoy a mené sur l’ensemble du parcours avec plus de 7 minutes d’avance sur sa poursuivante, elle s’est faite surprendre par la volonté de cette dernière qui a accéléré sur les 4 dernières kilomètres pour franchir la ligne d’arrivée en tête avec 5 min et 11 sec d’avance.

Celle qui avait abandonné en 2024 revient donc en vainqueure en 2025 avec un temps de 7 h 47 min et 33 sec. : « On est partis au sec et on a eu les 20 derniers kilomètres avec un petit peu d’eau, mais c’est le Jura. C’était magnifique, franchement. Le parcours était génial. J’ai eu un petit coup de mou vers le 30e, mais finalement, je suis repartie. Et puis après, on m’a dit que je raccourcissais l’espace avec Mathilde. Alors, ça m’a lancé un petit peu. Et puis finalement, je l’ai eue en visu. Elle descend trop vite pour moi. Je l’ai laissée partir. Et puis là, je l’ai remontée dans le Pont Perroud, donc, les deux derniers kilomètres. Je suis partie dernière et j’arrive première. »

Julie Attias 62KM Photo Jérôme Genée - La Transju
Julie Attias à l’arrivée du 62km. Photo Jérôme Genée – La Transju

Transju’Trails 2025 : belles échappées sur le 42 km

C’est à 11h du matin que les 1 051 concurrents engagés sur le 42 km se sont élancés sur un parcours humide et pluvieux. Trois traileurs, Hugo Gachod, Florian Montmeat et Baptiste Lorier, ont rapidement pris la tête. Ils sont restés ensemble durant les trois-quarts du parcours jusqu’au Creux de la Dole où Hugo Gachod s’est échappé, laissant ses deux compères derrière lui. Il a terminé en vainqueur en 3h 48 min et 38 sec devant Florian Montmeat à 5 min 51 et Baptiste Lorier à 5 min 53.

Chez les femmes, ce n’est pas un trio, mais un duo qui s’est jaugé durant les trois-quarts de la course : Céline Carrez et Cyrielle Baroni. Cette dernière a pris la tête peu avant le Creux de la Dole pour ne plus la lâcher jusqu’à l’arrivée. Cyrielle Baroni a franchi la ligne après 4h 55 min 51 sec. Céline Carrez est arrivée seulement 1 min 38 sec derrière.

Transju’Trails 2025 : les courses rapides du dimanche

Alors que la journée du samedi donnait la part belle aux grandes distances, dimanche, 5 parcours étaient encore au programme : 25 km, 15 km, 10 km, 5 km et 15 km randonnée. Avec des départs échelonnés entre 8h et 11h, les traileurs ont pu bénéficier d’une météo plus clémente que la veille mais avec un ciel couvert et un léger vent frais.

Roman Gallois a remporté le 25 km en 2 h 04 min 35 sec : « La première descente, c’était un vrai chantier, on a couru dans la boue, dans la rivière, mais bon, c’est ça qu’on est venu chercher. Après la montée sur Prémanon était avec un petit rythme, car je connais le terrain par cœur et ça m’a permis de prendre un petit gap dans la descente. Après j’ai pu garder l’avance jusqu’au bout. Franchement, pour ne pas glisser, il fallait vraiment être fort. Et sinon après, la gestion jusqu’au bout. Je veux remercier La Transju’ pour ce qu’ils font, l’organisation, les bénévoles, même sous la pluie, à 4h du matin quand il pleut, ils sont là. C’est super, toujours gentil, bienveillant, et puis on sent vraiment que c’est une vraie famille. »

Du côté des femmes, c’est la Dijonnaise Cécile Val qui a remporté l’épreuve en 2 h 41 min et 59 sec : « C’était super beau, mais c’est vrai qu’on s’est concentré sur les pieds, parce qu’il y avait plein d’appuis fuyant avec la boue, les pierres qui glissent, mais par contre c’était un vrai beau parcours. Même si c’était très dur et technique. Je n’ai jamais fait aussi dur en France. Il y a un coureur qui m’a bien encouragée, qui m’a fait du bien au moral, parce que les cinq derniers kilomètres, c’était dur. Tout le monde me disait que j’étais première au fil et à mesure que j’avançais, donc ça motive, forcément. »

Sur le 15 km, l’espoir Jules Barriod a franchi la ligne en tête en 1 h 15 min 23 sec. La première féminine est Chloé Ballet en 1 h 43 min 25 sec.

Sur le 10 km, Tom Rochat a remporté la course en 42 min 51 sec. Du côté des femmes, c’est Estelle Moreau qui a franchi la ligne la première, en 57 min 10 sec.

Sur le 5 km, ce sont deux minimes (U16) qui ont gagné l’épreuve : Timéo Bouillet Prély en 18 min 54 sec et Emma Petitjean en 23 min 4 sec.

Résultats de toutes les courses ICI

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