Réputée comme étant l’une des courses les plus dures au monde, se disputant dans le Grand Nord Canadien par des températures pouvait atteindre -40 à -50°, la Yukon Arctic Ultra 2025 a rendu son verdict après un suspense terrible. Mathieu Blanchard s’est finalement imposé, au bout de l’effort, devançant de seulement 4 heures un autre Français, Guillaume Grima. Seuls 5 coureurs à pied sur 38 partants étaient encore en course au moment où les deux premiers hommes ont franchi la ligne d’arrivée.
Yukon Arctic Ultra : les conseils de Thierry Corbarieu, premier Français à avoir gagné cette course en 2019
Alors que le 2 février les 38 concurrents au départ du format long de la Yukon Arctic Ultra, soit 600 km, s’apprêtaient à partir, Thierry Corbarieu confiait : « Le physique est très important car le parcours est très vallonné et tu dois tirer ta pulka qui pèse 25kg entre 15 et 20 h par jour. Il faut aussi être prêt à peu dormir. Pour ma part, c’était 1 h 30 par jour. C’est une course glaciale où aucun détail ne doit être négligé au péril de sa vie. Elle est vraiment hors catégorie, Il faut un engagement total ou aller sur les formats plus courts. […] Le froid est la principale difficulté bien sûr, avec un départ à -34° et des nuits à-40° sous la tente. Le sommeil est le facteur prédominant avec la débauche d’énergie impressionnante. La distance est aussi très longue et les points de contrôles éloignés. Tu fois être capable de te gérer sans l’organisation. J’ai passé par moment 20h sur la fin sans voir personne, Il faut être prêt là aussi. »
Yukon Arctic Ultra : la frayeur de Mathieu Blanchard
Après s’être porté rapidement en tête, Mathieu Blanchard a connu une énorme frayeur lorsqu’il a dû s’arrêter longuement au CP5, après 293 km de course, après avoir lancé un appel à l’aide URGENT. La raison : il ne parvenait plus à respirer normalement. « C’est comme si je n’avais qu’1/4 de mes poumons disponible », a-t-il indiqué dans son appel à l’aide, espérant pouvoir s’entretenir avec un pneumologue pour faire le point et décider de la suite de son aventure. Après plusieurs heures de repos et avoir pu discuter avec le médecin local pour écarter quelques pistes, Mathieu Blanchard, rejoint par ses poursuivants immédiats, a fini par repartir. Il a rattrapé le Britannique Matt Weighman quelques heures plus tard et repris la tête, pour ne plus la quitter. Le Britannique a de son côté abandonné, victime du froid, les pieds en partie gelés, comme bon nombre de concurrents.

Yukon Arctic Ultra : des difficultés insoupçonnées
En cours de route, Mathieu Blanchard a pu communiquer avec son crew, qui postait en retour sur les réseaux sociaux des commentaires de l’athlète qui en disent long sur la difficulté de l’épreuve. Parmi eux, celui-ci, posté après qu’il est arrivé au CP de Shelton Lake, au KM 420 : « Je n’ai jamais rien fait d’aussi difficile dans ma vie. Tout est difficile dans ces conditions de froid extrême. La gestion de la nourriture, de l’eau, du sommeil, de la survie, du froid, des vêtements, de l’humidité dans les équipements. J’ai dormi en tout 13 heures depuis le début. Enfin, pas dormi, je me suis mis 13 heures dans mon sac de couchage, mais je ne dois jamais vraiment dormir dans le froid fait mal et la fatigue physique aussi. Ça fait une moyenne de 2h30 de sommeil par jour. Le parcours est nouveau, l’organisateur ne l’a pas repéré. C’est pas possible. C’est quasi impossible d’avancer dans ces méga pentes raides avec la pulka chargée. Et le pire sur ce dernier tronçon de 80 km, quasi personne n’était passé. La neige n’était pas bien tassée, j’avais l’impression de traîner une ancre de 3 tonnes derrière moi. »
Yukon Arctic Ultra : une épreuve extrême et le message de Mike Horn
« J’ai la peau du visage un peu brûlée, les muscles très endoloris mais c’est normal je crois », a commenté quelques heures plus tard Mathieu Blanchard lors d’un échange avec son crew, avant de faire poster sur son compte un message d’encouragement pour son poursuivant, Guillaume Grima. Ce dernier, ultra-traileur ayant déjà effectué l’UTMB mais inconnu du grand public, avait déclaré au début de l’aventure « J’y vais mais j’ai peur ». Il a prouvé qu’avec force entraînement et humilité, et un mental hors norme, l’humain est capable de se dépasser et de dépasser ses propres craintes.
C’est également de l’aventurier Mike Horn, dont Mathieu Blanchard ne se cache pas qu’il l’inspire, qu’est venu un message de soutien inattendu, lorsqu’il s’est adressé à Mathieu Blanchard en lui disant : « On ne lutte pas contre le froid. Il faut l’accepter, l’embrasser. » Un baiser au goût de glace…

Yukon Arctic Ultra : une larme (gelée) et du respect
Jusqu’au bout, Guillaume Grima aura poussé Mathieu Blanchard dans ses retranchements, revenant sur lui pour finalement terminer second, 4 heures et 10 minutes plus tard.
A l’arrivée de la course, Mathieu Blanchard a posté sur les réseaux sociaux une photo de lui, une larme coulant sur sa joue avant de se transformer en glace, et ce message :
« Une larme. Elle contient tout.
La douleur, la joie, la folie, la survie, l’accomplissement, le combat, la souffrance, l’euphorie, la peur.
Je viens de finir cette Yukon Arctic Ultra.
7 jours 22 heures.
Ce n’est pas une victoire contre le froid ou la distance. C’est un retour à l’essentiel. À l’instinct. À ma nature sauvage. »
Quelques heures plus tard, alors que Guillaume Grima venait d’en finir et que les deux hommes sont tombés dans les bras l’un de l’autre, Mathieu Blanchard postait un autre message, de respect celui-ci : « La compétition n’est pas faite pour écraser l’autre, mais pour s’élever grâce à lui. Guillaume, tu es une force mentale et physique incroyables. Tu m’as poussé plus loin que jamais, et c’est grâce à toi que j’ai découvert de nouvelles limites. Merci pour cette aventure. Bravo champion. »


Yukon Arctic Ultra : des chiffres qui en disent long
Derrière l’exploit des 2 hommes, les chiffres en disent long sur la difficulté de l’épreuve. Pour Mathieu Blanchard, cela donne :
– Km parcourus : 608,7
– Dénivelé total : 6564m
– Distance parcourue par jour : 73,5km
– Temps cumulé en mouvement : 4 jours 11h 35mn
– Temps cumulé à l’arrêt (repos, soins du corps, gestion du froid…) : 3 jours 10h 39mn
– Vitesse moyenne en mouvement : 5,7km/h
– Vitesse moyenne globale : 3,1km/h
