En plus des Foulées de la Soie, course mythique par étapes organisée depuis 2016, et fort de son expérience dans les compétitions à l’étranger, Jean-Claude Le Cornec a mis sur pied avec le soutien d’Esprit Trail et de Jogging International une épreuve au cœur du plus grand site archéologique religieux du monde à Angkor, au Cambodge. Alors si vous cherchez une expérience de course à pied unique en son genre, mêlant histoire, nature et aventure, ne cherchez pas : c’est l’Ultra Trail Angkor, dont la 8ème édition aura lieu le 18 janvier 2025. Relevez le défi, explorez l’inconnu, et laissez-vous emporter par la magie de cette aventure épique au cœur de l’Empire Khmer.

Ultra Trail Angkor : au-delà d’une course, une immersion dans un autre monde

Bienvenue dans le monde envoûtant de l’Ultra Trail Angkor, une aventure de course à pied qui transcende les frontières géographiques pour devenir une expérience inoubliable. La précédente édition a vu la participation massive de 51 pays, un témoignage éloquent de la renommée internationale et de l’attrait grandissant de cet événement unique.

Imaginez-vous au lever du soleil, au pied de la majestueuse Terrasse des Éléphants, une esplanade d’apparat royal qui renferme l’histoire des événements célèbres de la cité d’Angkor, prêt à vous lancer dans une épopée qui mêle l’histoire millénaire à l’effort humain. Avec 1500 coureurs originaires du monde entier, vous vous retrouverez au cœur d’une véritable symphonie de cultures, de langues et de sourires partagés par des passionnés venus des quatre coins du globe.

L’Ultra Trail d’Angkor n’est pas seulement une course, c’est une immersion dans le patrimoine culturel du Cambodge. Les sentiers sinueux traversent des décors à couper le souffle, vous emmenant à travers des temples anciens, des rizières verdoyantes et des villages pittoresques où l’hospitalité khmère vous réchauffera le cœur. Chaque foulée devient un voyage à travers l’histoire, chaque ravitaillement une opportunité de découvrir la richesse des saveurs de la cuisine locale.

Lire aussi l’article 3 bonnes raisons de courir l’Ultra Trail d’Angkor par Sylvain Kinnen, ultra-runner ICI

UTA 2024
UTA 2024. Photo SPDO

Ultra Trail Angkor : célébrer l’esprit d’aventure

La diversité des pays représentés ajoute une magie particulière à cette expérience. Vous partagerez le sentier avec des coureurs du monde entier, échangeant des histoires, des conseils et des encouragements dans un langage universel de passion pour la course. L’Ultra Trail d’Angkor devient ainsi un véritable melting-pot d’énergie positive, où la compétition se mêle à la camaraderie pour créer des souvenirs impérissables.

Les défis physiques et mentaux de l’Ultra Trail d’Angkor sont récompensés par des moments de pure félicité. Chaque temple que vous traversez, chaque contact humain que vous établissez, chaque kilomètre que vous parcourez est une victoire personnelle et une célébration de l’esprit d’aventure qui réside en chacun de nous.

Relever le défi de l’Ultra Trail d’Angkor n’est pas seulement une course, c’est une aventure transcendante qui nourrit l’âme et élargit les horizons. Que vous soyez un coureur aguerri ou un amateur en quête de nouvelles expériences, cette course offre bien plus qu’une simple ligne d’arrivée : elle vous offre la chance de vous connecter avec une communauté mondiale de coureurs, de découvrir la magie du Cambodge et de repousser vos propres limites.

Ultra Trail Angkor : 6 distances de 8 à 100 km, et des séjours à la carte

Afin de rendre cette épreuve accessible à tous, l’organisation propose 6 distances dont le départ est donné le même jour, samedi 18 janvier 2025 : 8, 18, 32, 42, 64 et 100 km.

Parcours 100KM UTA
Le parcours du 100km, qui passe par des sites incontournables d’Angkor.

Bien entendu, vous n’allez pas faire plus de 10 heures d’avion dans le simple but de courir 8, ou même 18 kilomètres au Cambodge. C’est la raison pour laquelle la société SDPO, précurseur de l’association du sport et de la culture depuis bientôt 30 ans, vous propose différentes formules permettant d’allier tourisme en amont des épreuves et participation aux courses à des prix super compétitifs. De 3 jours à 10 jours sur place, une façon d’allier trail et découverte qui vous enrichira au plus haut point.

Informations supplémentaires et inscriptions ICI

ultratraildangkor_b2
Photo SDPO
Les derniers articles

La 3ème édition de l’ULTRA SPIRIT organisé par Carline et François D’Haene vient de se terminer dans le Beaufortain. 3 jours d’aventure, de partage et d’émotions inoubliables, concoctés et servis « frais et aérés » par le vainqueur du Tor des Géants 2024 et son épouse.

ULTRA SPIRIT by D’Haene Family : un concept à part

La D’Haene Family, c’est Carline et François D’Haene. Omniprésents du matin au soir, du réveil au creux de la nuit, à 5 ou 6 endroits sur le parcours savamment étudé, en animation des ateliers… On aurait pu croire François émoussé par sa récente – et magnifique – victoire sur le Tor des Géants, eh bien non, le « Grand » est au top ! Pas une douleur, pas un bobo, mais plutôt un large sourire communicatif, et cette belle envie de partager avec chacun des 135 coureurs présents sur cette édition « parfaitement parfaite » !  

Lire l’article sur la victoire de François D’Haene sur le Tor des Géants ICI

©PaulViard_ULTRASPIRIT_024_VGL0943
Photo Paul Viard

Un ULTRA SPIRIT 2024 « ébouriffant »

Et si cette édition a été ébouriffante, ce n’est pas seulement du fait du vent frais omniprésent sur les trois jours ! Les 45 équipes de 3 coureurs se sont en effet engagées sur un tracé technique de 120 km et 8000 m de D+, avec pour chacun des trois jours un tronçon trail, et sur l’ensemble de l’aventure, 17 défis ateliers « décoiffants », dont les résultats ont été pris en compte dans le classement final. Grandes tyroliennes, course d’orientation, passages sur des poutres instables surplombant des rivières, évaluation « pifométrique » du poids d’une meule de Beaufort, ces épreuves originales n’ont pas manqué de divertir les compétiteurs.

Lire l’interview de François D’Haene organisateur de l’ULTRA SPIRIT ICI

©DamienRosso_ULTRASPIRIT_024_DRO5301
L’épreuve de tyrolienne. Photo Damien Rosso

Sur l’ULTRA SPIRIT, les derniers arrivent avec les premiers !

C’est une des formules magiques de l’ULTRA SPIRIT : 3 ou 4 raccourcis qui coupent le parcours en fonction des barrières horaires, et qui permettent à tous les concurrents de terminer quasiment ensemble chaque journée de trail, pour mieux partager les fins d’étapes. Par exemple, le premier jour, le tracé se déployait sur 45 km et 2800m de D+, dans du terrain technique. Avec les coupes, certains n’ont couru que 35 km et 2000m de D+. Une règle plébiscitée par tous, car grâce à ce système, pas plus de 30mn séparent l’ensemble des coureurs sur la ligne d’arrivée. Au final des 3 jours, les traileurs ont couru en moyenne 100 km pour 6000m de D+. Seuls 15% des inscrits ayant couvert la totalité du tracé.

©DamienRosso_ULTRASPIRIT_024_DRO5705
Photo Damien Rosso

ULTRA SPIRIT et convivialité : une priorité

Pour le côté sportif de l’ULTRA SPIRIT, les classements prennent bien en compte ces coupes. Mais sur l’ULTRA SPIRIT, la hiérarchie des coureurs selon leur niveau de performance devient « secondaire ». Car c’est le partage et la convivialité qui sont les principaux mots d’ordre de cette épreuve pas comme les autres. Ainsi, chaque jour, une opportunité de rencontre est proposée sur le ravitaillement principal en milieu de course, ou une durée d’arrêt est imposée, qui offre à chaque coureur le temps d’échanger et de se restaurer de produits locaux du Beaufortain !

ULTRA SPIRIT : une aventure partagée soutenue par 110 bénévoles !

110 bénévoles sont à pied d’œuvre durant cette aventure, pour 135 coureurs. Et parmi ces bénévoles, certains ne passent pas inaperçus. On a ainsi pu apercevoir Jim Walmsley en chasuble bleu fluo guider les coureurs à une intersection, tout comme le champion local William Bon Mardion, ou bien Alice Bausseron. Et tout ce beau monde, 250 personnes en tout, bivouaquait ensemble à 1920 m d’altitude, avec comme fond de décor le lac de Roselend ! Magique !

©PaulVIARD_ULTRASPIRIT_024_VGL0343
Le bivouac. Photo Paul VIARD

ULTRA SPIRIT : une satisfaction contagieuse

Après ces 3 jours d’aventure, ce sont des gens heureux qui ont refermé cette parenthèse enchantée et repris le chemin de leur vie.

Carline D’Haene : « Vraiment un grand merci à tous, nous avons eu beaucoup de plaisirs à vivre ces trois jours avec vous, sur la course ou le bivouac. Des moments très forts qui resteront dans nos souvenirs. »

Serge, concepteur à Annecy : « Pourquoi je viens ? Parce qu’avec ses parcours différents et uniques, François nous ouvre à chaque édition de nouveaux horizons, et ce millésime est le plus beau ! »

Robin, enseignant à Bordeaux : « C’est formidable ! Tu pars sans savoir où tu vas, tu ne sais pas si tu as bifurqué, tu ne sais pas où tu en es, et de ce fait tu n’es pas stressé par le résultat. Le balisage est parfait, c’est génial, aucun regret ! »

Plus d’informations ICI

©PaulVIARD_ULTRASPIRIT_024_VGL9260
L’atelier Chaussures. Photo Paul VIARD
Les derniers articles

Difficile de passer à côté ! Alors que le film Kaizen, 1 an pour gravir l’Everest, relatant l’aventure d’Inoxtag, Youtubeur aux 8,5 millions d’abonnés, a franchi la barre des 25 millions de vues en 5 jours, nous avons interrogé Kilian Jornet au lendemain de son exploit dans les Alpes sur ce que lui inspire ce défi du jeune Français. Sans juger de la performance purement sportive d’Inoxtag, il en profite pour appeler à une réflexion sur le tourisme d’altitude.

Voir le film Kaizen ICI

Kilian Jornet, recordman de la montée de l’Everest sans oxygène

L’Everest, le Catalan le connaît bien. Très bien, même. Si bien qu’il est le détenteur du record d’ascension la plus rapide. Les 21 et 22 mai 2017, Kilian Jornet a ainsi établi le record de l’ascension la plus rapide de l’Everest depuis le monastère de Rombuk (5 100m), en mettant 26 heures pour rejoindre le sommet par la Face Nord (8848m), et 38 h pour l’aller/retour. Cet exploit, réalisé sans oxygène, était la dernière touche de son projet Summits of my Life entamé en 2012. Il était alors accompagné jusqu’à 7 600 m par Seb Montaz.

À peine 6 jours plus tard, le 27 mai, il réussissait une nouvelle ascension, devenant le seul homme à avoir enchaîné 2 ascensions sans oxygène en une semaine. Pourquoi deux ascensions ? Parce que le permis de grimper délivré par les autorités chinoises était encore valable ! Histoire de ne pas gâcher du temps de montagne disponible, en quelque sorte !

Everest : une ascension dangereuse et des morts par dizaines

L’ascension de l’Everest reste un véritable danger, tant pour des raisons de conditions météo et de neige, que pour des raisons de possibles défaillances physiques. Chaque année, entre mai et juin (dates d’ouverture officielle de la période d’ascension), ce sont environ 600 alpinistes et porteurs qui atteignent le sommet, mais aussi quelques-uns qui meurent. 18 personnes en 2023, contre 8 seulement cette année, particulièrement clémente en matière de décès. Selon les données de l’Himalayan Database, plus de 340 personnes auraient trouvé la mort en tentant de gravir l’Everest. Le taux de mortalité obtenu en divisant le nombre de décès par le nombre total de personnes qui ont tenté leur chance sur la montagne est d’environ 1,2 %. Par ailleurs, vu la difficulté d’évacuer les cadavres, il y aurait environ 200 corps sans vie sur la montagne.

L’Everest, Kilian Jornet en connaît également les dangers. Et il sait parfois que, quel que soit le projet et ce qu’il coûte et engage, il faut savoir renoncer. Ainsi, le 22 mai 2023, alors qu’il tentait d’atteindre le sommet en solitaire et sans oxygène par une voie difficile, rarement empruntée, Kilian Jornet a dû renoncer. Brassé par des vents violents puis pris dans une avalanche à quelques centaines de mètres du sommet de l’Everest, le Catalan a préféré faire demi-tour.

Kilian Jornet : « La dernière fois que j’y suis allé au printemps, ça m’a vraiment dégoûté ! »

« Je n’ai pas trop suivi le projet, mais je connais un petit peu Mathis Dumas (le guide de haute montagne, photographe, cameraman qui a accompagné Inoxtag dans ce projet, NDLR) et j’ai envie de voir le film pour voir quelle est l’approche qu’ils ont eue. Après, l’Everest, et même aujourd’hui le K2 ou d’autres sommets, par la voix normale, c’est vraiment très fréquenté… Moi je suis toujours allé en Himalaya hors saison, quand c’est encore un peu l’hiver, ou au mois d’août, ou en automne… La dernière fois que j’y suis allé au printemps, ça m’a vraiment dégoûté. L’ambiance qu’il y avait au camp de base, c’est pas de la montagne, c’est juste mettre une ligne sur le CV. Les gens n’en ont rien à foutre de la montagne. Et c’est un peu dommage parce que c’est bien d’apprendre le métier. Mais je pense qu’Inoxtag est allé avec Mathis en pleine montagne avant pour apprendre un peu la montagne, avant d’aller dire “on va à l’Everest”. »

kilianjornet-1140x808
Kilian Jornet au pied de l’Everest. Photo Kilian Jornet

Kilian Jornet : « On doit avoir une réflexion sur ce qu’est le tourisme d’altitude ! »

« Après, je pense que l’Himalaya, nécessite une réflexion sur quel est le modèle de tourisme d’altitude, le modèle d’ascension, parce que ça devient quand même très dangereux par rapport aux capacités qu’ont les gens. Et puis aussi pour les sherpas, les porteurs. Et puis au niveau environnemental également. Il y a des hélicos qui tournent tout le temps et laissent les gens aux camps d’altitude ou viennent les sortir de là… Ça atteint des limites qui sont, je pense dangereuses, et négatives par rapport à l’environnement. Même par rapport aux villages, puisque les gens vont directement au camp de base en hélicoptère, sans faire le trekking d’approche. Il n’y a donc pas d’argent qui reste sur les villages !

Je n’ai donc pas suivi de près l’expé d’Inoxtag, je vais regarder le film, mais cette vision de l’altitude et des gens qui y vont pour faire une ligne sur leur CV, c’est en train de créer beaucoup de problèmes sociaux et environnementaux sur ces montagnes. »

Poubelle Everest
Le film Kaizen ne cache pas certaines réalités, comme les monceaux de détritus qui s’accumulent sur les camps d’altitude. Source Kaizen

A propos du film Kaizen, 1 an pour gravir l’Everest

Quoi que l’on pense de la personnalité d’Inoxtag, une chose est sûre : ce film de 2h25 est passionnant, avec des images absolument somptueuses, et ne masque rien de la réalité de ce que fut la préparation de cette expédition durant un an. Le point de départ, les premiers tests physiques (sera-t-il apte à supporter l’altitude ?), la découverte de la montagne avec le guide Mathis Dumas pendant 3 semaines du côté de Chamonix, puis l’arrivée au Népal, l’approche, le premier sommet avant l’Everest, la détermination sans faille du Youtubeur, ses doutes aussi, puis enfin l’assaut du toit du monde, et l’émotion de la réussite. Bien sûr, on ne peut pas prétendre devenir « alpiniste » en un an, et derrière ce défi, il y a un business, mais force est de constater qu’Inoxtag s’est arraché physiquement et moralement pour parvenir à atteindre son but.

Voir le film Kaizen, 1 an pour gravir l’Everest

Les derniers articles

À peine rentré en Norvège après son exploit dans les Alpes, où il a relié les 82 sommets de plus de 4000 mètres en 19 jours, Kilian Jornet, reposé et détendu, est revenu sur sa performance. Interview.

Kilian, comment te sens-tu aujourd’hui ?

Kilian Jornet : Franchement, ça va ! Je suis rentré directement en Norvège et j’ai pris quelques jours de repos, et physiquement je pense qu’on a bien géré le truc parce que je n’ai pas perdu de poids. J’ai le même poids au début de Sierre-Zinal qu’à la fin des Écrins, donc ça veut dire que sur le plan métabolique j’ai réussi à bien récupérer de jour en jour. Donc, sur le plan physique, en dehors d’une côte cassée durant une traversée, ça va, je n’ai eu aucune douleur dans les pieds ou dans les mains.

Est-ce que tu t’étais fixé un objectif en nombre de jours ?

Kilian Jornet : Je n’avais pas fixé d’objectif, parce que ça dépend tellement des conditions. J’avais prévu des temps de passage qui étaient possibles avec des conditions parfaites, et qui se faisait en 15 jours. Et c’est en fait ce qui s’est passé si on enlève les jours de mauvais temps et les jours où j’ai dû changer de parcours à cause du mauvais temps, comme dans l’Oberland. Après, je savais bien que je n’aurais jamais jamais des conditions parfaites tout le long, du beau temps, de la glace dure, de la roche qui ne se détache pas trop… C’est impossible. C’est pour ça que je n’avais pas d’objectif de temps, mais uniquement des prévisions pour savoir où est-ce que je pourrais prendre un peu de temps pour manger ou dormir… 

Comment te sentais-tu le dernier jour, sur le plan énergie ?

Kilian Jornet : Physiquement, j’aurais pu continuer. La journée au Grand Paradis par exemple, je me sentais très bien, très en forme. Même aux Écrins, ça allait. Mais il y a aussi aussi un côté plus mental, émotionnel. Le plus dur, quand on met à part le côté physique, mais je m’étais entraîné pour ça, c’est de rester attentif et être très concentré tout le long. Ça demande beaucoup d’énergie ! À la fin de l’étape du Mont-Blanc, par exemple, j’étais bien content de finir. 

Alpine Connections - Stage 6 Valais - A Visuals
Alpine Connections – Stage 6 Valais – A Visuals

As-tu eu le sentiment de prendre des risques ?

Kilian Jornet : Je n’ai pas l’impression d’avoir pris des risques incontrôlés, j’ai essayé de tout contrôler, mais c’est vrai que les étapes de l’Aiguille Verte et des Droites, c’était bien chaud toute la journée, avec pas mal d’éboulements et des décisions un peu chaudes. Mais je savais bien que les conditions en fin d’été seraient ainsi. Ce qui était positif dans le fait de faire ce projet en fin de saison, c’est que sur les glaciers, on voyait bien les trous et les crevasses. Mais d’un autre côté, au niveau des rimayes et de la stabilité des cailloux, c’était bien pourri. Je savais que j’allais rencontrer ces risques-là, c’est pour ça que ces journées-là, j’étais content quand elles se finissaient. Et je n’avais pas envie de les refaire.

Quel est le niveau d’escalade le plus dur que tu aies effectué en degré technique ?

Kilian Jornet : Je pense que c’est la traversée des Aiguilles du Diable, c’est du 5C. Après c’est du super bon rocher donc ça passe très bien. Après il y a des endroits comme par exemple, sur l’arête des Droites, pour bien rester sur le fil, ou sur sur le Grand Pilier d’Angle, pour éviter les zones d’éboulement et rester bien protégé, c’était des endroits assez techniques et dangereux. 

Noa Barrau-ALPS-Stage-14-2
Noa Barrau-ALPS-Stage-14

Est-ce que tu peux envisager un enchaînement similaire en Himalaya ?

Kilian Jornet : Oui, ça serait faisable et j’y pense souvent. Peut-être pas avec la même distance parce qu’avec l’altitude tu avances beaucoup plus lentement, mais dans la philosophie, c’est envisageable de faire des projets comme ça à l’avenir.

Pourquoi es-tu resté aussi discret sur ce projet Alpine Connexions ? Tu n’en as pas parlé avant début août !

Kilian Jornet : Je voulais rester concentré sur Sierre-Zinal, et je savais que si je parlais de ce projet on aurait discuté que de ça, et je n’aurais pas pu me concentrer sur la course. J’ai donc préparé Sierre-Zinal et après la course, j’ai coupé les réseaux donc je ne savais pas ce que les gens disaient. (Rires.)

Justement, il y a des rumeurs qui disaient que tu voulais hacker l’UTMB en faisant ton projet aux mêmes dates… 

Kilian Jornet : Je pense que ce sont des conneries ! Déjà, vouloir faire une comparaison entre ce projet qui comporte des risques énormes, et une course comme l’UTMB, c’est n’importe quoi. Je n’allais pas jouer ma vie pour ça. Dans ma décision de faire ce projet à cette période, il y avait le fait que je voyageais avec ma famille à Sierre-Zinal, et que je voulais profiter de ce voyage pour faire ça, et que je le faisais en fonction de la météo. Donc, après la course, j’ai attendu d’avoir une fenêtre météo plus ou moins favorable pour me lancer.

Et le choix de le faire à la fin de saison, comme je le disais, c’était par rapport aux glaciers. Comme j’ai fait la plupart des étapes tout seul, je préférerais que les glaciers soient secs pour voir un peu plus les trous et les crevasses, même si je savais qu’au niveau des rimayes et des chutes de pierres, ce serait un peu plus compliqué. 

Kilian Jornet Alpine Connections
Alpine Connections

Ouvrir de nouvelles voix, comme le fait Benjamin Védrine, avec beaucoup de technicité, est-ce que cela t’intéresse ?

Kilian Jornet : Moi j’aime quand il y a du mouvement, donc quand ce n’est pas trop difficile et qu’on peut bouger. 

Qu’est-ce que tu retires de cette expérience au niveau personnel, en tant qu’homme et coureur ?

Kilian Jornet : Il y a des moments, comme la montée du Weisshorn avec le coucher de soleil, la sensation de fuir, les paysages, c’est ça que je retiens : ce sont des instants précieux. 

Tu as accumulé de nombreux datas au cours de ces 19 jours. Qu’est-ce que tu en attends ?

Kilian Jornet : On a pris énormément de données, que ce soit au niveau du microbiote, au niveau sanguin, des données cognitives avec la pupillométrie, On va mettre plusieurs mois à rassembler tous ces datas, et plusieurs mois encore à tous les analyser, mais ça va être intéressant d’essayer de comprendre où est-ce que physiologiquement, métaboliquement et cognitivement on change. Est-ce qu’on change au niveau épigénétique ? Y a-t-il des adaptations pendant ce type d’effort ? Je n’attends rien de précis, j’attends de voir si cela montre quelque chose.

Quand tu as parlé de ce projet à tes amis alpiniste, Matheo Jacquemoud, Michel Lanne, comment ont-ils réagi ? Ont-ils essayé de te dissuader ?

Kilian Jornet : Non, pas du tout. J’avais déjà bien travaillé le parcours et quand je l’ai expliqué, c’était déjà bien réfléchi. Je les ai consultés plus pour savoir ce qu’ils pensaient de certains passages que j’avais imaginés, eux, ils connaissaient mieux les sommets que moi et pouvaient me donner des conseils sur par où passer, comment aborder par exemple l’arête du Diable. C’était vraiment des choses très concrètes, plus qu’un avis sur l’ensemble du projet. 

Alpine Connections - Stage 5 - A Visuals 3
Alpine Connections – Stage 5 – A Visuals

Comment expliques-tu qu’un alpiniste comme le Suisse Ueli Steck, qui était vraiment très rapide, ait mis 62 jours pour gravir les 82 sommets, et toi seulement seulement 19 ? Pourquoi une telle différence ?

Kilian Jornet : Déjà, je pense que parler de record n’a pas beaucoup de sens sur des projets comme ça, car c’est toujours toujours différent par rapport aux conditions et aux façons d’aborder le projet. Ueli avait utilisé le parapente par exemple. En terme de projet, ça ressemble plus à Nicolini et Giovannini (les deux alpinistes italiens Franco Nicolini et Diego Giovannini ont mis 60 jours pour grimper les 82 4000 dans les mêmes conditions que Kilian Jornet, sans utiliser de véhicule motorisé, en 2008, NDLR).

Mais la grosse différence, elle est plus dans le concept. La façon dont ils ont abordé la chose, c’était d’aller dans un massif et d’en grimper tous les sommets. Bien sûr, il y avait quelques enchaînements logiques, mais ensuite ils allaient dans un autre massif, et ils montaient tous les sommets. Bon, il y a des sommets isolés, comme Piz Bernina, Combin, Grand Paradiso et Écrins, mais le reste, ça fait trois gros massifs, Oberland, Valais et massif du Mont-Blanc. Et dans ces massif, pour moi, l’idée, c’était de trouver une ligne qui me permettait, à partir du moment où je quittais la vallée, de rester tout le temps en montagne et de faire un parcours assez logique en suivant les crêtes pour ne redescendre que quand les sommets étaient faits.

Cela supposait que je dormais dans des refuges ou des bivouacs, mais je ne redescendais jamais en vallée. Cela permet d’aller beaucoup plus vite, parce que tu parcours beaucoup moins de distance. Mais d’un autre côté, ce sont des journées beaucoup plus longues parce que tu ne peux pas descendre et dormir, et ce sont des conditions plus difficiles, parce que tu ne parcours pas tout le temps des voies normales, et qu’il y a des portions que tu dois faire de nuit, d’autres quand il fait trop chaud. Je pense donc que la différence de temps n’est pas par rapport au physique, mais à la conception du projet.

Tu as fait une partie des sommets accompagné. C’était ceux que tu ne connaissais pas ? 

Kilian Jornet : J’ai dû faire entre 35 et 40% de sommets accompagné, le reste tout seul. Et les parties que je ne connaissais pas, comme l’Oberland où je n’étais jamais allé à part sur la face Nord de l’Eiger que j’avais fait avec Ueli Steck, mais qui ne faisait pas partie du projet, je les ai faites tout seul. Le fait d’être accompagné, c’était aussi pour me changer mentalement, pour être plus relaxe, et ne pas avoir à réfléchir tout le temps au parcours. Cela m’a permis d’avoir un relâchement mental qui était important. 

Comment as-tu réussi à rester concentré et précis pendant 19 jours avec si peu de sommeil ?

Kilian Jornet : C’est un de mes acquis que de savoir rester calme et concentré pendant longtemps dans des situations comme ça. Je suis très habitué à aller seul en montagne en Norvège, donc j’ai cette habitude de faire attention tout le temps. Pour moi c’est une des clés de ce type de projet. Mais cela peut aussi être dangereux, car quand tu es seul tout le temps, tu apprends à trouver les solutions pour te sortir de certaines situations, mais d’un autre côté, la prise de risque existe.

Nick Danielson-ALPS-Stage-7-Valais2-25
Nick Danielson-ALPS-Stage-7-Valais

Quel est ton regard sur l’état des Alpes et des glaciers ?

Kilian Jornet : Cela faisait sept ou huit ans que je n’étais pas venu dans les Alpes pour grimper, et j’ai quand même été bien étonné par le changement qu’il y a eu, notamment par rapport aux courses qui étaient toujours en neige ou en glace, comme par exemple l’arête de Bionnassay ou la partie finale de la Dent Blanche, et qui sont maintenant mi-rocher. Cela m’a quand même bien surpris. J’ai été aussi surpris par les éboulements et les chutes de pierres. Ça a toujours existé, c’est très fréquent, mais pour certains sommets comme la Verte, la Droite, ça a complètement changé la physionomie de la montagne. L’arête du Moine n’existe plus, c’est du sable !

Dans les années 80, il y avait des alpinistes qui étaient précurseurs et allaient très très vite dans les ascension des faces Nord, comme Christophe Profit ou Éric Escoffier. À l’époque, ça avait suscité une polémique, parce que finalement ils réduisaient l’ascension d’une face Nord à 24 heures et certains les avaient accusés d’avoir tué l’alpinisme. Est-ce qu’en réduisant la traversée des Alpes à 19 jours, tu ne tues pas un peu le rêve ?

Kilian Jornet : C’est une discussion qui existe depuis toujours, on voyait déjà ça dans les récits du début du siècle précédent. L’homme aime bien discuter, même si le fond de la discussion n’est pas important. Là, je pense que c’est juste pour discuter. Dans l’alpinisme, on parle beaucoup de difficulté, et la vitesse est un des moyens d’accéder à cette difficulté. 

As-tu suivi une préparation spécifique pour ce projet ?

Kilian Jornet : Pas spécifique dans le sens où, les cinq dernières semaines avant le départ, on prépare ça ça et ça. C’est une préparation au long terme, qui demande d’acquérir les capacités techniques et de savoir-faire avec les cordes, les crampons. C’est beaucoup d’expérience, ça prend des dizaines d’années pour être capable de maîtriser ces techniques, et au niveau mental, d’être capable de faire du solo quand il fait mauvais et que les conditions sont un peu pourries. En Norvège, on s’entraîne souvent souvent dans du mauvais temps donc je me suis habitué à être confortable dans ces situations. Après, il faut être en forme. Mais ça, c’est comme pour les courses. J’avais fait une préparation spécifique pour Sierre-Zinal, mon hygiène de vie était bonne, ma santé était bonne, et j’ai continué juste après la course donc ça allait. 

Nick Danielson-ALPS-Stage-10-GrandCombin-13
Nick Danielson-ALPS-Stage-10-GrandCombin

Quand tu pars sur des étapes de 30 à 32 heures, comment gères-tu la nutrition ?

Kilian Jornet : C’est une des difficultés parce que dans un sac de montagne, tu ne peux pas amener grand-chose. Donc on essayait de manger bien et beaucoup quand on était en bas, avec des aliments, anti-inflammatoires, de la protéine de qualité, des aliments riches en probiotiques, et quand j’étais en montagne, je partais avec 1 litre d’eau qui, parfois, pouvait me durer 20 heures, parfois moins, et je remplissais dans les refuges.

J’ai essayé surtout de manger par rapport au rythme circadien. Par rapport à une course où il faut manger tout le temps beaucoup beaucoup beaucoup, ici comme c’est très long j’essayais de manger quatre ou cinq fois dans la journée, en partant avec des choses qui allaient bien, comme des sandwiches spéciaux avec une crème à base de légumes, des fruits secs, du fromage frais… Et après, il y avait aussi ce qu’on trouvait dans les refuges. Mais je savais que je n’arriverais jamais à manger ce que j’avais dépensé en calories.

Quand on a accompli des performances pareilles, a-t-on encore la motivation pour aller courir un Zegama ou un Sierre-Zinal ?

Kilian Jornet : Oui, et ce qui me motive pour aller faire des courses comme ça, c’est qu’il y a toujours un gros niveau. Ça me motive de pouvoir dire « allez les jeunes, on est encore là ! » et ça me motive aussi pour m’entraîner. Après, c’est pas la même émotion qu’il y a 20 ans de gagner ces courses-là. Et c’est pour ça que je ne fais pas 20 courses dans l’année. Mais cette année, à Sierre-Zinal c’était top, avec une belle bagarre jusqu’à la fin.

Tu as déjà une énorme carrière derrière toi. Comment tu te projettes dans 10 ans ?

Kilian Jornet : Je ne me projette pas. Je profite au jour le jour, et j’aimerais bien continuer à profiter de la montagne, mais plus lentement, c’est sûr.

Kilian Jornet Connections
Alpine Connections
Les derniers articles

Le 13 août 2024, Kilian Jornet s’est lancé dans le projet le plus difficile de sa carrière sur les plans physique, mental et technique. En 19 jours, il a gravi les 82 sommets de plus de 4000 mètres répertoriés dans les Alpes, tout en ayant parcouru 1207 kilomètres et avalé 75344 mètres de D+ en 267 heures d’activité sans utiliser de véhicules motorisés. C’est dans les Écrins qu’il a achevé le 31 août un voyage qui restera à jamais gravé dans sa mémoire, l’un des plus grands défis qu’il ait jamais relevés en raison de l’exposition, de la difficulté technique et de la concentration qu’il a nécessité.

Dans un mélange de course à pied, d’alpinisme, d’escalade et de cyclisme, Kilian Jornet a réuni dans ce projet tout ce qui le passionne : admirer la majesté des montagnes, embrasser l’inconnu, rendre hommage à l’alpinisme et à ses mentors et continuer la recherche physiologique ainsi que le dépassement de ses limites physiques et mentales, tout en partageant l’expérience avec ses amis et sa communauté. En attendant le film de cet exploit retentissant, qui devrait sortir en 2025, nous vous partageons 6 séquences issues des premiers rushs de cette aventure hors du commun, aimablement transmises par l’équipe du Patron. Du Kilian comme on l’aime, simple, humble et déterminé.

Pour tout savoir sur les précédents records des 82 4000m, c’est ICI

19 jours pour 82 sommets de plus de 4000m : un exploit « impossible »

Partant du Piz Bernina (4049 m) en Suisse et terminant à la Barre des Écrins (4102 m) en France, Kilian Jornet a repoussé ses limites physiques et mentales dans une démonstration de technique, de planification, de précision et d’adaptation difficile à comprendre pour ceux qui n’ont jamais fait d’alpinisme. En chemin, le Patron a gravi certaines des montagnes les plus emblématiques des Alpes, comme le Mont Rose (4634 m), le Cervin (4478 m), l’Aiguille Verte et le plus haut de tous, le Mont Blanc (4809 m).

Lorsque Kilian Jornet s’est élancé dans le village de Saint-Moritz, en Suisse, le 13 août, il ne savait pas jusqu’où il pouvait aller. Son objectif était bien de relier tous les sommets, mais il a décidé de le faire au jour le jour. C’est ce qui l’a amené à structurer le projet en étapes, lui permettant de les gérer physiquement, mentalement et logistiquement.

Lire l’article consacré à cette aventure ICI

Noa Barrau-ALPS-Stage-14-2
Certains sommets ont nécessité une grande maîtrise de l’alpinisme sur rocher. Photo Noa Barrau.

Alpine Connections : Michel Lanne admiratif

Lorsque Kilian Jornet a parlé à son projet à son ami alpiniste et traileur de très haut niveau Michel Lanne, victorieux de la CCC en 2016, de la TDS en 2017 et sauveteur en montagne au sein du PGHM, celui-ci s’est interrogé. Il raconte le côté démentiel du défi, mais aussi l’homme incroyable qu’est le Patron, et l’immense respect qu’il lui inspire :

« Ce printemps, quand il m’explique le détail de ce projet, je suis à la fois conquis par l’idée, mais assez perplexe quant à la faisabilité d’un tel exploit. Sauf que ce vieux pote avait tout prévu, absolument tout ! Il m’envoie alors les itinéraires, les timings, les sommets, l’équipement prévu, et même son plan de nutrition pour un peu plus de 2 semaines. Connaissant l’animal, je comprends que sa détermination est totale, que ce projet de titan lui correspond complètement, et qu’il est le seul capable de réaliser un tel exploit. Dans le milieu, on parle souvent de chasse aux 4000. En ce qui concerne Kiki, cet enchaînement semblait tellement logique et naturel, que je qualifierais ça de cueillette de 4000 !

Les chiffres permettent peut-être de comprendre l’ampleur de ce qu’il vient de réaliser… Mais au-delà de la performance physique colossale, c’est l’aspect mental et psychologique qui m’a le plus frappé. Malgré des journées monstrueusement longues et éprouvantes, malgré la fatigue et le peu de sommeil, il a su faire preuve d’une vigilance de chaque instant, a su gérer la tension nerveuse, le risque et l’effort, en gardant en permanence une lucidité, une clairvoyance, une anticipation et une vigilance hors norme. Et repartir chaque nuit avec le sourire, heureux et avide de profiter de la montagne. Et ce dont je suis certain aujourd’hui, c’est que pendant ces 19 jours, tu as déroulé cette magnifique partition sans aucune fausse note. Tu étais simplement à ta place, dans ton milieu naturel. Chapeau bas l’ami ! »

Kilian Jornet Alps
Malgré la fatigue, un homme heureux. Photo Alpine Connections / DR

Alpine Connections : un projet scientifique

La passion de Kilian Jornet pour la science et les connaissances scientifiques l’a également amené à surveiller et mesurer rigoureusement divers paramètres physiques qui, une fois analysés, permettront de mieux comprendre les réactions du corps dans des situations comme celles qu’il a vécues et d’utiliser les données pour de futures études. La Fondation Kilian Jornet a également joué un rôle important dans ce vaste projet. Les Alpes sont un excellent exemple qui illustre les impacts du changement climatique et de la dégradation de l’environnement. Le projet Alpine Connections est donc également un moyen de créer une prise de conscience et de réfléchir à notre rôle dans cette transformation.

Ainsi, au cours du parcours de Kilian, la fondation a collaboré avec plusieurs experts dans des domaines tels que les glaciers, le permafrost, l’alpinisme et la pollution de l’air, pour contribuer à fournir des informations sur les effets du changement climatique et la dégradation des ressources naturelles, ce dont Kilian Jornet a fait l’expérience directe. Au cours de ce voyage intense, il a constaté une fois de plus que la protection des écosystèmes uniques des Alpes garantit que les générations futures pourront continuer à tester leurs limites dans ces paysages inspirants, comme il l’a fait au cours des 19 derniers jours.

Source Instagram Kilian Jornet
Source Instagram Kilian Jornet

Alpine Connections étape 4 : salade de cailloux et enchaînement vélo [vidéos]

Une petite séquence de descente dans les cailloux, filmée en drone. Ce jour-là, Kilian Jornet, accompagné de Mathéo Jacquemoud, sont partis à 3h30 du matin pour gravir le Lagginhorn par la voie sud (4010m), puis le Weissmies (4017m), parcourant 30 km et 3381m D+ en 8h, malgré des conditions climatiques peu favorables. Après ces 2 sommets, Kilian Jornet a rejoint son point de rendez-vous pour une courte pause restauration, puis a enchaîné avec un déplacement en vélo pour rallier le point de départ de l’étape suivante. Hélas, il a dû stopper sa progression tout le reste de l’après-midi, le temps s’étant dégradé. À la fin de cette journée, il totalisait alors 12 sommets.
Vidéo Joel Badia / Alpine Connections

Voir la vidéo de la descente dans les cailloux ICI

Voir la vidéo de l’enchaînement running / vélo ICI

Source Instagram Kilian Jornet 2
Source Instagram Kilian Jornet

Alpine Connections étape 6 : gros rythme et mauvais temps [vidéo]

Pour sa deuxième étape dans le Valais, Kilian Jornet a commencé avec de nouveau Mathéo Jacquemoud en reliant les sommets du Lenzspitze (4294m), du Dom (4545m) et du Täschhorn (4491m), avant de rejoindre le guide et traileur catalan Genis Zapater. Ils ont gravi ensemble 4 sommets supplémentaires, puis se sont arrêtés à la cabane du Monte Rosa, un refuge de montagne du Club alpin suisse situé à 2882 m d’altitude dans le canton du Valais. Dans cette séquence, on peut voir Kilian en compagnie de sa mère, puis évoquant l’enchaînement Lenzspitze / Dom / Täschhorn, le plus technique du jour, avant de partir sous la pluie à l’assaut des montagnes. Cette étape de 48 km et plus de 6000m D+ a duré 21 heures non stop. Elle a permis à Kilian Jornet d’ajouter 7 sommets supplémentaires à son actif, pour atteindre 23.
Vidéo Nick Danielson / Alpine Connections

Voir la vidéo du départ de l’étape 6 ICI

Source Instagram Kilian Jornet 3
Source Instagram Kilian Jornet

Alpine Connections étape 8 : en route vers le Cervin [vidéo]

C’est avec un énorme « morceau » que Kilian Jornet a débuté sa 8ème étape : le mythique Cervin (4478m), aussi connu sous le nom de Matterhorn. Le Patron connaissait ce sommet pour l’avoir déjà gravi par sa face nord lors de sa dernière venue dans la région en 2013, en 2h 52mn 02s, mais celle-ci, extrêmement technique, n’était bien sûr pas au programme du jour. Parti à 7h du matin du refuge de Hörnlihütte, situé sur la crête nord-est du Cervin à une altitude de 3 262 mètres, il a gravi le Cervin en solitaire puis a été ensuite rejoint par Mathéo Jacquemoud pour gravir la Dent d’Hérens (4173m) et Genis Zapater pour la Dent Blanche (4358m) et la descente vers le refuge de Schönbielhütte.

Une étape de plus de 18 heures et 3 sommets gravis pour porter son total à 44 depuis le début de l’aventure Alpine Connections. Dans cet extrait vidéo, on peut voir la préparation au refuge et le départ de Kilian Jornet en direction du Cervin, accompagné un temps par le caméraman Nick Danielson, qui laissera ensuite Kilian grimper seul vers le sommet.
Vidéo Nick Danielson / Alpine Connections

Voir la vidéo de l’étape 8 et du départ vers le Cervin ICI

Source Instagram Kilian Jornet 4
Source Instagram Kilian Jornet

Alpine Connections étape 10 : la traversée du Grand Combin [vidéo]

Kilian Jornet a commencé sa journée par un trajet à vélo de 110 km de Zinal à Bourg Saint-Pierre, ce qui lui a pris la plus grande partie de la matinée. C’est ensuite accompagné du Suisse Alan Tissières, ancien coureur en ski alpinisme maintenant guide de haute montagne, qu’il a gravi le Grand Combins, plus technique que ce qu’il pensait. La montagne, que Kilian décrit comme très belle, est en effet également très dangereuse en raison de nombreuses chutes de roches, rendant la navigation peu aisée.

Dans cette vidéo, on peut voir le Patron se préparant à partir avec Alan Tissières juste après sa liaison en vélo, après avoir laissé ce dernier au van d’assistance. Les images somptueuses permettent d’accompagner les deux hommes jusqu’au Combin de Valsorey au coucher du soleil. Ils ont ensuite poursuivi de nuit sur le glacier jusqu’au Grand Combin et au Combin de la Tsessette, pour inscrire 3 nouveaux sommets au compteur de Kilian Jornet, avant de redescendre à Bourg Saint-Pierre vers 2h30 du matin. Le projet Alpine Connections affichait alors 51 sommets et Kilian s’apprêtait à quitter les Alpes valaisannes pour rejoindre le massif du Mont-Blanc.
Vidéo Nick Danielson / Alpine Connections

Voir la vidéo de l’étape 10 du Grand Combin ICI

Alpine Connections : le bilan de Kilian Jornet [vidéo]

C’est un Kilian Jornet détendu qui, après 19 jours d’efforts d’une rare intensité, est apparu pour une courte déclaration. Celle d’un homme calme, posé, qui vient de réaliser l’un des plus grands exploits de l’alpinisme de vitesse. En reliant les 82 sommets de plus de 4000 mètres des Alpes en 19 jours sans utiliser de véhicules motorisés, Kilian Jornet a pulvérisé l’ancien record détenu depuis 2008 par deux alpinistes italiens, qui était de… 60 jours.

Voir la déclaration finale de Kilian Jornet ICI

Source Alpine Connections / DR
Les derniers articles

Parti le 13 août de Pontresina, en Suisse, pour son projet Alpine Connections visant à relier un maximum de sommets de plus de 4000 mètres des Alpes par ses seuls moyens physiques (marche / running / escalade et vélo), Kilian Jornet a terminé son aventure le 31 août dans le Massif des Écrins, soit les 82 sommets répertoriés en seulement 19 jours. Le précédent record était de 60 jours. Tout simplement surhumain !

Kilian Jornet de cime en cime

Il y a des « coïncidences » qui en disent long. Le 31 août 2024, alors que le monde du trail était réuni à Chamonix pour découvrir le nom des vainqueurs de l’UTMB 2024, Kilian Jornet a tutoyé les cieux et est entré un peu plus dans la légende en mettant la touche finale à l’un des exploits les plus retentissants de ce siècle d’alpinisme. Qui aurait pu imaginer cela, le 13 août dernier, 3 jours après sa 10ème victoire à Sierre-Zinal ? Alors laissez-vous emporter et savourez l’exploit du Patron, jour après jour…

La première étape de son périple au départ de Pontresina, le 13 août, lui a permis de réaliser son premier sommet, et de parcourir 242km et 6557m D+ en plus de 15h30 d’activité (marche / course / escalade / vélo), s’octroyant 4 heures de sommeil seulement. Il a enchaîné dans l’Oberland pour une deuxième étape de 37,5 km, 4496m D+ à pied et 3 sommets supplémentaires, bouclés en un peu plus de 17h, avec 3h30 de sommeil. Kilian Jornet a ensuite enchaîné 34h45 d’activités (dont du vélo), 143km et 8778m D+, entrecoupés de seulement 3h15 de sommeil, pour collecter 6 sommets de plus dans l’Oberland, portant son total à 10 en 4 jours.

Alpine connections_stage 1_Nick Madelson3
Alpine connections_stage 1_Nick Madelson

Quittant l’Oberland, Kilian Jornet est parti vers les Weissmies, pour la première d’une longue série d’étapes dans les Alpes valaisannes, où il a parcouru 35,5km et 3641m D+ pour ajouter 2 sommets à son total. Sagement, il s’est octroyé 7 heures de sommeil avant de continuer en Valais, où se situe une grande quantité de sommets de plus de 4000 mètres. Sa seconde étape, en 8h40, lui a permis de conquérir 4 sommets de plus, sur 23,75km et avec 3245m D+, puis une troisième de 21h30 avec 7 sommets supplémentaires, 47,7km parcourus et 6140m D+. Côté compteur, 23 sommets étaient alors validés, pour 532km de déplacement et 32857m D+ en 7 jours.

Alpine connections_stage 3_Nick Madelson1
Alpine connections_stage 3_Nick Madelson
Alpine connections_stage 4_DAVID ARINO1
Alpine connections_stage 4_DAVID ARINO

Kilian Jornet et le Spaghetti Tour

Mais c’est surtout la quatrième étape en Valais, longue de 46,5km et 4907m D+, qui a étonné tout le monde, avec 18 sommets conquis en 17h45 d’activités et 3 heures de sommeil. Comment une telle prouesse était-elle possible ? Tout simplement parce que cette étape correspondait au « Spaghetti Tour », une randonnée d’alpinisme bien connue en Valais qui permet de grimper 18 sommets et se fait généralement en 4 ou 5 jours pour des alpinistes confirmés.

Avec un Spaghetti Tour réalisé en une journée, Kilian Jornet a atteint un total de 41 sommets, soit la moitié des 82 sommets de plus de 4000 mètres que comptent les Alpes. Le projet Alpine Connections, initialement présenté comme l’idée de connecter « le plus de 4000m possible » dans les Alpes par les seuls moyens physiques (à pied et en vélo), devenait de plus en plus clair : le « Patron » avait en tête de battre le record de 60 jours détenu par les alpinistes italiens Franco Nicolini et Diego Giovannini depuis 2008. Et, avec 41 sommets en 9 jours, il était bien parti pour pulvériser ce record, même si les sommets les plus techniques, dans le Massif du Mont-Blanc, l’attendaient encore.

Alpine Connections - Stage 5 Valais - Nick Danielson
Alpine Connections – Stage 5 Valais – Nick Danielson
Alpine Connections - Stage 6 Valais - A Visuals
Alpine Connections – Stage 6 Valais – A Visuals

Dernières étapes en Valais avant la traversée du Grand Combin

7 sommets restaient alors à gravir en Valais. C’est ce qu’a fait Kilian Jornet en 2 étapes. Lors de sa 8ème étape, longue de 30,8km et 4142m D+ et réalisée en 18h08, il en a conquis 3, puis 4 de plus lors de la 9ème étape, longue de 36,8km pour 4297m D+ et réalisée en 18h30. Avec respectivement 3 et 2 heures de sommeil seulement, Kilian Jornet venait de boucler tous les 4000 du Valais et affichait au compteur un total de 48 sommets pour une distance totale parcourue de 646km et 46203m D+ en 11 jours.

Nick Danielson-ALPS-Stage-7-Valais2-25
Nick Danielson-ALPS-Stage-7-Valais

La 10ème étape, basée sur 134km de déplacement (avec du vélo) et 4276m D+, a permis à Kilian Jornet d’effectuer la traversée du Grand Combin et de totaliser 3 pics supplémentaires avant de faire une « petite » étape de transition de 45km pour rejoindre le massif du Mont-Blanc. Le Catalan s’est alors offert une journée de repos complet au Camping « La Sorgente » à Courmayeur, avant de reprendre les choses sérieuses dans la nuit du 13ème au 14ème jour.

Nick Danielson-ALPS-Stage-10-GrandCombin-13
Nick Danielson-ALPS-Stage-10-Grand Combin

Kilian Jornet à l’assaut des grandes Jorasses

C’était une des étapes les plus redoutables et redoutées par le Patron. Mardi 27 août, pour sa 12ème étape et première dans le massif du Mont-Blanc, Kilian Jornet a conquis 8 sommets de plus de 4000 mètres, dont ceux des fameuses Grandes Jorasses. Accompagné de trois amis alpinistes chevronnés, il a gravi entre autres la Pointe Walker, la Pointe Whymper et la Pointe Croz, pour porter son total de sommets de plus de 4000 mètres à 59.

Kilian Jornet a ensuite poursuivi mercredi pour une 13ème étape en solo et conquis 4 sommets de plus. Parmi eux, l’Aiguille Verte et Les Droites, pour un score total grimpant à 63 sommets ! « On dit que vous devenez un alpiniste quand vous avez gravi l’Aiguille Verte, a commenté Kilian dans une vidéo qu’il a lui-même réalisée et postée sur les réseaux sociaux. J’y suis déjà venu, et c’est toujours aussi beau », s’est-il réjoui en filmant son arrivée et le panorama exceptionnel qu’il a pu découvrir, par un temps totalement dégagé. Il ne lui restait alors plus « que » 19 sommets à conquérir pour boucler son incroyable aventure.

Photo Nick Danielson
Photo Nick Danielson

Kilian Jornet en mode turbo sur le toit de l’Europe

Lors de sa 14ème étape, tout s’est accéléré ! Le patron a mis le turbo pour conquérir le toit de l’Europe et tous les 4000 alentours, soit 41km et 4950m D+ en 29h30 pour conquérir 16 sommets !

L’étape a débuté à 4h45 du matin avec Mathéo Jacquemoud et Noa Barrau sur la crête du Diable, que Kilian a décrite comme l’une des plus belles ascensions qu’il ait jamais faites, à la fois très technique et visuellement époustouflante. Cet itinéraire a amené l’équipe à franchir la Corne du Diable (4064 m), la Pointe Chaubert (4074 m), la Pointe Médiane (4097 m), la Pointe Carmen (4109 m) et L’Isolée (4114 m). De là, ils ont continué jusqu’au Mont Blanc (4808 m), le sommet le plus haut et sans doute le plus emblématique des Alpes. Avant de l’atteindre, ils ont gravi le Mont Blanc du Tacul (4248 m) et le Mont Maudit (4465 m). Ils ont ensuite gravi le Dôme du Goûter (4304 m) et l’Aiguille de Bionnassay (4052 m), avant que Jacquemoud et Noa Barrau terminent leur partie du voyage.

Noa Barrau-ALPS-Stage-14-2
Noa Barrau-ALPS-Stage-14
Nick Danielson-ALPS-Stage-14-3
Nick Danielson-ALPS-Stage-14

Un deuxième Mont Blanc en solo pour le Patron

Kilian Jornet a continué en solo pendant la deuxième partie de l’étape, gravissant à nouveau le sommet du Mont Blanc au retour pour descendre ensuite via la crête du Brouillard, qui comprend le Monte Bianco de Courmayeur (4748 m), le Picco Luigi Amedeo (4467 m), le Mont Brouillard (4069 m) et la Punta Baretti (4013 m). « Le coucher du soleil là-haut est un moment que je n’oublierai jamais », a déclaré le Catalan, toujours sensible à la beauté du monde. Après 20 heures de montée, Kilian a fait une pause de 4 heures au bivouac d’Eccles, en attendant de meilleures conditions avant d’attaquer quelques passages techniques sur le Grand Pilier d’Angle (4243 m) et l’Aiguille Blanche de Peuterey (4112 m).

Kilian Jornet a terminé l’étape en retournant au Camping « La Sorgente » à Courmayeur, propriété de l’alpiniste Matteo Pellin, qui l’a grandement aidé par sa connaissance de la région. Après 14 étapes, Kilian Jornet pouvait être satisfait : à un rythme d’enfer, il avait gravi 79 des 82 sommets des Alpes, parcouru 918km et 64657m D+ en 17 jours, avec une moyenne globale de 4h47 de sommeil par jour.

Le Grand Paradis de Kilian Jornet

Au cours de la 15ème étape du projet Alpine Connections, Kilian Jornet a atteint le sommet du Grand Paradis (4061 m), un sommet situé dans le Parc National du Grand Paradis, qui s’étend sur les régions de la Vallée d’Aoste et du Piémont. Kilian Jornet est parti tôt le matin avec Mathéo Jacquemoud et Vivien Bruchez, un ami de longue date avec qui il a partagé de nombreuses expéditions et skié en step quelques couloirs emblématiques des montagnes qu’il traverse aujourd’hui dans son projet. Après la section vélo, Vivien Bruchez, qui se remettait d’une blessure, est parti et le groupe a été rejoint par le coureur de trail Henry Aymond et la championne du monde de ski-alpinisme Emily Harrop.

Ensemble, ils se sont mis en route pour gravir le 80ème sommet de ce périple, qu’ils ont atteint en seulement 4 heures. Ce sommet était nettement moins technique que les sections rencontrées il y a quelques jours dans le massif du mont Blanc, qui permettaient des montées et des descentes rapides. Kilian Jornet a ensuite couru 21 km pour rentrer en France. Une fois à Val d’Isère, il s’est reposé pendant 7 heures, avant de partir vers le massif des Écrins écrire la fin de cette légendaire aventure.

David Arino-ALPS-Stage-15-7
Repos pour Kilian Jornet, et discussion avec sa mère et fidèle supportrice. Photo David Arino

82 sommets en 20 jours, un exploit absolu

C’est donc 19 jours après avoir quitté Pontresina, que Kilian Jornet a gravir les 2 derniers sommets de son aventure Alp