Comment surmonter les douleurs fantômes

Douleurs fantômes Photo Anne Nygard

Si vous allez chez votre médecin, il ne trouvera rien de concret ! Pourtant, vous avez vraiment mal quelque part. C’est ce qu’on appelle les douleurs fantômes. Mais qu’est-ce qui fait que certains souffrent fréquemment de tels ou tels maux, sans pouvoir en connaître la cause ? Et comment retrouver la voie du bien-être et de la forme ? Parfois, c’est dans la tête que ça se passe !

Douleurs fantômes : l’échec des traitements classiques

Depuis bientôt six mois, Maxime souffre d’une douleur très forte à la hanche dès qu’il allonge la foulée. Comme une brûlure interne. « Bientôt, je ne pourrai même plus trottiner… », s’inquiète-t-il. À la description de sa douleur, c’est clair, il a tous les symptômes d’une tendinite. Sauf qu’elle n’est pas détectable par le moindre examen. Rien au scanner, ni à l’IRM, ni après palpation des meilleurs spécialistes. Mystère total. Maxime serait-il hypocondriaque ? Non, car l’hypocondrie, c’est l’idée tenace qu’une partie de son corps fonctionne mal, et ce sans aucune altération physique réelle. On se persuade qu’un organe est malade, dysfonctionne, et qu’il nous persécute.

Or dans les maladies psychosomatiques avérées, le sujet ressent une douleur bien précise, un trouble identifié. Pour Maxime, c’est sa hanche quand il court au-delà de 12km/h. Pour d’autres coureurs, ce sera le tendon d’Achille, le rotulien, l’intérieur du pied ou tout autre endroit spécifique à la course. Et dans tous ces cas, les traitements classiques restent sans effet. « Cela ne me fait pas d’effet », se désole Maxime. « C’est dans la tête », disent les médecins généralistes, un peu dépassés par tout cela ! Mais ça ne veut rien dire !

Douleurs fantômes Photo DR
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Douleurs fantômes : prenez-les au sérieux

Ces douleurs ressenties au profond de son être, mais invisibles au corps médical, sont à prendre au sérieux et ne peuvent se balayer d’un méprisant « C’est dans la tête ! ». Ces maux dits « imaginaires » par l’entourage sont le signe d’une vraie souffrance, psychique et physique. À court terme, ce mal-être et ces douleurs diffuses peuvent occasionner des maladies plus graves. En effet, le corps et l’esprit interagissent en permanence. Les larmes coulent quand nous sommes tristes, notre cœur s’accélère quand nous avons peur avant le départ d’une course. Chacune de nos pensées fabrique des émotions que notre corps ressent : la peur, le stress, mais aussi la joie et le plaisir se répercutent sur notre organisme qui fabrique diverses hormones, de réaction chimique en réaction chimique.

Douleurs fantômes : déchargez votre charge émotionnelle

Cette charge émotionnelle doit absolument se décharger, sinon notre corps se met carrément en surchauffe. C’est pour cela, pour éviter de nuire à son organisme en canalisant trop ses émotions, qu’il faut savoir les laisser s’exprimer par un moyen ou par un autre. Certains y parviennent mieux que d’autres, parce que l’émotion exprimée n’est que rarement valorisée dans nos milieux familiaux ou professionnels. De nombreux contextes sociaux ne permettent ainsi pas d’exprimer de façon visible les émotions ressenties que l’on s’habitue donc peu à peu à refréner. À force de tout garder, le corps finit par craquer.

Et ce sont souvent des coureurs timides, peu sûrs d’eux ou introvertis, que vous verrez se plaindre fréquemment de telle ou telle douleur les ayant empêchés de s’entraîner ou de faire une performance le jour J. Leur milieu, leur éducation ne leur a pas permis d’épanouir leur personnalité. Ils sont comme bridés dans l’expression de leur sensibilité. Et, de fait, ils souffrent de très nombreux soucis physiques jour après jour, qui ne sont que l’expression d’une souffrance globale de leur corps qui somatise les souffrances psychiques peu exprimées.

Douleurs fantômes Photo Alora Griffiths
Photo Alora Griffiths

Douleurs fantômes : fuyez les explications simplistes

Quand nous cherchons à comprendre le pourquoi de ces douleurs, il est aisé de se satisfaire d’explications trop sommaires. Ou d’en donner une lecture simpliste. Par exemple, dire à un coureur d’ultra : « Tu as mal aux pieds parce que ton corps ne veut plus faire ce que tu lui imposes ! » En fait, il n’y a pas de symptôme qui corresponde à une seule problématique. Chaque individu, chaque coureur a une histoire différente. Si elle existe bien, l’interaction entre corps et esprit n’est pas si facile à décrypter.

Bien souvent, la douleur tendineuse ou musculaire difficile à diagnostiquer et à soigner survient après un accident de la vie : chômage, rupture, deuil d’un proche… Le corps est le lieu où se manifeste l’inconscient. Il prend en charge les douleurs de l’âme, et se tend ici ou là pour décompenser. C’est dans cet « ici » ou ce « là » que survient la douleur, qui n’a d’autre cause que d’être le réceptacle ponctuel d’une souffrance globale de l’âme. Quand survient ce type d’accident de vie, le coureur a tendance à allonger les kilomètres, comme pour oublier sa souffrance psychique. Et la douleur survient. Ce qui génère de nouvelles angoisses. Nous voilà dans le cercle vicieux de la douleur : insatisfaction durable, douleur chronique, idées noires, somatisation du corps, nouvelle blessure de « trop plein »…

Ne cherchez pas à être un champion à tout prix

Tout incite à devenir toujours plus performant : plans d’entraînement, régimes, matériels sophistiqués. Le message est clair : le mieux, le « bien », est du côté de la performance et non du simple fait de courir libre pour le seul plaisir d’être bien. La seule souffrance psychique de ne pas être au niveau, de voir ses performances régresser, peut devenir une douleur physique nous entraînant dans cette spirale négative qui nous enchaîne dans notre mal-être. Sans nous en rendre compte, nous sommes soumis à une hiérarchisation par les courses terminées, avec une inflation de kilomètres et de difficulté qui peut nous entraîner à somatiser notre incapacité à passer les barrières horaires et décrocher le statut de finisher sur les épreuves mythiques.

Prenons du recul, laissons notre corps marquer nos propres limites. Et donnons-lui un peu d’aisance avant qu’il ne nous force à nous arrêter. Prenons soin de nous, tout simplement. Laissons les autres s’entraîner dur et faire toujours plus long, plus dur, plus haut. Il n’y aucune honte à ne pas faire la séance du jour si on est fatigué, ou si tout simplement on n’en a plus envie. Notre objectif n’appartient qu’à nous, et si nous décidons de lâcher du lest pour aller mieux au quotidien, nul n’a son mot à dire.

Douleurs fantômes Photo Jane Sundried
Photo Jane Sundried

Douleurs fantômes : 5 conseils pour aller mieux

1 – Laisser vos émotions s’exprimer. Osez pleurer et rire en public, quelles que soient les circonstances.

2 – En cas de gros pépins de vie, accordez-vous un temps de vraie tristesse pour laisser votre peine s’exprimer, et peu à peu retrouvez le goût des choses simples qui vous font plaisir.

3 – Choisissez votre objectif « pour vous », et donnez-vous le droit d’en changer si vous ne le « sentez plus ».

4 – Courez pour vous, pour le plaisir et le bien-être. Et si vous prenez un dossard, dites-vous bien que le résultat n’a réellement d’importance que pour vous.

5 – Faites le tri dans vos obligations et ne conservez que l’essentiel, celles dont vous avez vraiment envie.

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