Élie Besson-Pithon : l’ovni du trail
Avec ses tresses au vent et son esprit punk, Élie Besson-Pithon tranche dans le milieu plutôt « sage » et « discipliné ». Véritable pro du format marathon, cet athlète hors norme du team Salomon, diagnostiqué comme souffrant d’un trouble du spectre autistique il y a à peine un an, s’est toujours cherché des excuses pour être dehors, et affiche de sacrées ambitions. Mais pas sur du trop long…
Quelles sont les grandes étapes de ton parcours ?
Élie Besson-Pithon : J’ai toujours eu besoin de bouger, d’être dehors, le cul sur la selle d’un vélo. Je suis de Nantes, mais j’ai beaucoup bougé : en Maine-et-Loire, en Ardèche, un peu dans le sud et aujourd’hui dans les Alpes. Quand nous allions en montagne avec mes parents, j’étais toujours le premier à crapahuter. J’ai commencé la compétition en vélo de route au collège, de 14 à 17 ans, et c’est là que j’ai pris le goût de l’effort. Au lycée, j’ai découvert les joies de l’UNSS, où je passais plus de temps en compète run & bike, VTT, ou cross qu’en cours !
C’est à cet âge, à 18 ans, que j’ai vraiment commencé à courir. J’ai pris une licence en athlétisme et couru mon premier trail : le Cross du Mont-Blanc en 2016. Je finis 17ème et premier junior. Le déclic. À partir de là, j’ai mis les deux pieds dedans ! Depuis, j’enchaîne les dossards. Pour la petite anecdote, je termine deuxième à la Marathon-Race de 2017, sans chaussettes, en 4h04 et sans choper une seule ampoule !
Tu as déjà évoqué dans les médias des blocages avec ton club d’athlétisme par rapport au trail … Or, le trail est une sacrée soupape pour toi…
Élie Besson-Pithon : Oui, quand j’ai dit que je voulais faire du trail et pas de la piste, on n’a plus voulu m’entraîner ! Alors je me suis entraîné tout seul. La bonne excuse pour passer plein de temps dehors ! Course à pied, vélo, je fais beaucoup de gravel, aussi en compétition… Je suis un peu freestyle, j’essaie de faire les choses sérieusement, être pro dans un milieu dont le niveau a explosé ces cinq dernières années, mais toujours avec une énorme part de fun, de plaisir et de sincérité aussi.
Aujourd’hui, je ne cache plus le fait que je souffre de TSA (Trouble du Spectre de l’Autisme). J’ai été diagnostiqué il y a seulement un an : j’ai donc passé 24 ans à ne pas savoir me situer dans la société, à faire des dépressions, avoir des angoisses, en allant au clash avec les gens. Passer du temps dehors, ça me fait un bien fou. Quand je cours, mon cerveau tourne moins vite.
Tu es membre du Team Salomon depuis cette année. Qu’est-ce que cela t’apporte concrètement ?
Élie Besson-Pithon : Une reconnaissance de tout le travail que j’ai fait depuis plusieurs années. Au sein du Team, je suis entouré par des personnes de confiance avec de sacrés bagages. Le genre de personnes qui m’ont fait rêver comme François (D’Haene), Thibaut (Baronian), Courtney (Dauwalter), etc. Il y a un partage de connaissance qui est très enrichissant. Et puis par rapport au TSA,je me sens bien compris dans le Team Salomon, les autres athlètes respectent mes besoins particuliers, ça facilite les relations.
Comment te définis-tu en tant qu’athlète ?
Élie Besson-Pithon : Mi-traileur, mi-jardinier ! J’aime bien chercher mon chemin, les mains dans la terre, crapahuter ! Quand on part courir avec moi, on peut très vite partir hors des sentiers battus ! Je fuis les gros événements où il y a beaucoup de bruit, je préfère les courses authentiques, un peu rustiques. Je ne suis pas très course aux points, et je regarde plus le temps et le dénivelé que le nombre de kilomètres. Et puis je suis un peu le punk du peloton avec des tresses… Enfin, c’est ce qu’on me dit. Je n’aime pas les choses trop lisses. À trop vouloir rentrer dans le moule, on finit par ressembler à une tarte !
Quels sont tes projets pour 2024 ?
Élie Besson-Pithon : Je suis très à l’aise sur le format marathon comme la Zegama-Aizkorri que j’aimerais courir. Pour les courses plus courtes comme sur l’étape GTNS France de 33 km du Trail du Barbet du championnat du Canigou, il faut que je me rentre un peu plus dedans. Cette année, je vais finir ma saison sur le 70 km de la Mascareignes à la Réunion, j’aime bien l’idée de faire une course-aventure avec une grosse ambiance. C’est le max pour moi. J’ai tenté un ultra fin 2023 (le Salomon Ultra Pirineu), et au bout de sept heures de course, je me suis ennuyé, ça n’avait plus de sens. J’avais mal partout, et je ne cours pas pour avoir mal ! D’ailleurs, je ne me blesse pas beaucoup, car je suis un peu un fainéant !
Pour finir, quelle est l’innovation Salomon qui a changé ta course ?
Élie Besson-Pithon : Je dirais un slip ! Un truc ultra-light sans couture. On n’a pas besoin d’autre chose pour courir non ? Sérieusement : la S/Lab Cross qui est sortie il y a quatre ans environ, une chaussure ultra-précise, réduite à l’essentiel, avec une guêtre qui empêche les cailloux de rentrer. La chaussure de jardinage vraiment parfaite !
Élie Besson-Pithon : la bio express
Né le 08 février 1997
Cote ITRA : 855
Palmarès 2023 :
> 15ème au 31 km Classic du Trail de la Cité de Pierres – Championnat de France de trail court
> 1er au 67 km du Restonica Trail
> 11ème à l’étape GTNS France du Marathon Race lors de la MaXi-Race du lac d’Annecy
> 3ème à l’étape GTNS France de 33 km du Trail du Barbet du championnat du Canigou
> 5ème au 56 km du Trail du Besso
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