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Grand Raid de la Réunion 2022 : le débrief (et la souffrance) des coureurs

Grand Raid de la Réunion Courtney Dauwalter Photo Instagram DR

De la souffrance, des hallucinations, des montées abominables : les 165 km et 10250m D+ du Grand Raid de la Réunion 2022 ont fait des ravages, même chez les athlètes élite habitués des ultras. Ce sont eux qui, sur leurs réseaux sociaux, Facebook ou Instagram, le racontent le mieux. De Courtney Dauwalter à Sissi Cussot en passant par Anne-Lise Rousset chez les femmes, de Germain Grangier à Casquette Verte en passant par le plus capé des observateurs, François D’Haene chez les hommes, compilation d’impressions.

Grand Raid de la Réunion 2022 : Courtney Dauwalter et le « parcours de folie »

Première participation, première victoire, mais l’Américaine ne pensait pas souffrir autant. Au point de perdre parfois son légendaire sourire…

Il y a eu des moments pendant la course où je me suis dit « Ce n’est pas possible. Je n’y arriverai pas ». Mais chaque fois que j’avais ces pensées, je souriais et disais à haute voix : « C’est exactement pour ça que tu es venue. » Le Grand Raid de la Réunion n’offre aucun répit ! Les sentiers techniques, l’humidité et les énormes ascensions sont implacables jusqu’à la ligne d’arrivée. C’était 100 miles à pousser et à lutter et à vraiment me battre pour faire chaque section du mieux que je pouvais. Quelle course difficile et quel parcours de folie ! Très reconnaissante de terminer la saison avec un si grand défi. Reposer mes pieds va être vraiment agréable.

Source Instagram Courtney Dauwalter

Pour revivre la course, c’est ICI

Grand Raid de la Réunion Courtney Dauwalter 2 Photo Instagram DR
Photo Instagram DR

Ludovic et Céline Pommeret : la preuve par 30

Vainqueur de la Diagonale en 2021, vainqueur de la TDS sur l’UTMB 2022, Ludovic Pommeret a été monstrueux cette saison. Il avait choisi de courir cette édition des 30 ans avec celle qui partage sa vie depuis 30 ans, Céline. Ils ont tenu 30 heures…

30 ans de Diag’, 30 ans de vie commune, 30 heures et rideau ?
Une belle course partagée avec beaucoup de coureurs, merci à tous pour vos encouragements vos discussions, vos félicitations et vos bons souhaits d’anniversaire tout au long du parcours !
Nous avons pu bien profiter ensemble et passer un peu de temps à papoter avec vous. Le temps passé aux ravitos nous a permis de profiter plus de vous les bénévoles qui êtes au petits soins ! Vous êtes au top !

Côté course, très fier du parcours accompli ! Céline a été au top, physiquement prête, mentalement aussi. Les tendons par contre n’ont pas tenu le coups, les tendinites des deux releveurs ont rendu le plaisir de course de Céline inexistant ! Début des douleurs à 90 kils, ça a tenu jusqu’au 130ème, ensuite nous avons pris la bonne décision pour garder un bon souvenir de cette célébration !
Félicitations à tous les participants et évidemment aux magnifiques vainqueurs Beñat Marmissolle et l’impressionnante Courtney Dauwalter.

Source Instagram Ludovic Pommeret

Pour revivre la TDS 2022 de Ludovic Pommeret, c’est ICI

Grand Raid de la Réunion Céline Pommeret Photo Instagram DR
Photo Instagram DR

Le Grand Raid vu par le grand absent, François D’Haene

4 fois vainqueur de la Diagonale des Fous, François D’Haene n’a pu prendre le départ cette année, blessé au talon. Bien présent sur l’île, le coureur du team Salomon en a profité pour être sur le bord des sentiers et assister Courtney Dauwalter.

L’heure du débrief lé là !
La traversée de l’île intense réserve bien souvent des surprises. C’est ce qu’on aime dans l’ultra trail. Mais cette année, chez les féminines, Courtney Dauwalter a presque tué le suspens en gérant sa course de bout en bout. Même elle et même avec une avance confortable, elle a douté et bataillé. D’abord avec une chute assez tôt (descente du Taïbit) et un genou douloureux, puis en faisant face à ce parcours usant dans la chaleur (relative cette année !) de Mafate. Elle a su conforter son avance au fur et à mesure qu’elle découvrait l’île et a su jouer et flirter avec le podium scratch : CHAPEAU.

Ce n’était pas une surprise pour moi de la voir à ce niveau. Elle nous l’avait déjà prouvé plusieurs fois et c’est même rassurant de la voir de nouveau si proche des meilleurs hommes. Sa course à la Hardrock 100, où elle était plus loin de nous, était plus surprenante pour moi. Ici elle a fait une course pleine. Pleine de sagesse et de talent : c’est impressionnant pour une première sur la Diag’ !
Merci de nous avoir permis de partager cela avec toi et de prendre part à cette fête.
Derrière, Anne-Lise Rousset et Anna Carlsson complètent le podium après des heures pas faciles. Une belle leçon de courage.

La gestion « ultra-consciente » de Courtney a mis en exergue la bataille de la course masculine. Cette bataille a permis à deux hommes de se dégager en tête de course assez rapidement. Dès le milieu de la nuit, Beñat Marmissolle et Jean-Philippe Tschumi se sont retrouvés aux avant-postes. Ils ont très bien géré leur journée, pour arriver ensemble au pied du Colorado et s’expliquer dans la dernière montée. Beñat a su y trouver les ressources nécessaires pour réussir à distancer Jean-Philippe et faire une descente endiablée vers la Redoute. Ben Dihman complète le podium après une journée à batailler avec un valeureux Germain Grangier.

Bravo à tous, la course que vous nous avez offert m’a (presque) fait oublier à quel point j’aurais aimé être sur les chemins avec vous !
Merci la Réunion et à très bientôt ! Nou artrouv !

Source Instagram François D’Haene

GRAND RAID COURTNEY DAUWALTER
Photo Instagram DR

Grand Raid de la Réunion 2022 : le premier 160 km d’Anne-Lise Rousset

Détentrice depuis juin du record du GR20 en Corse, Anne-Lise Rousset s’attaquait à son premier ultra de 160km en compétition. Elle est venue, elle a souffert, elle a survécu. Et termine à une superbe 2ème place.

Diagonale des Fous… mon premier 100 miles. Quelle ambiance incroyable au départ de Saint-Pierre ! La nuit bien froide sera fidèle au plan, je gère et le levé de soleil à Cilaos est magnifique. Je me régale avec un goût de sentier Corse dans la montée Kerveguen. À Cilaos, je retrouve Adri (Adrien Séguret, son mari, entraîneur de l’équipe de France de trail, NDLR) pour prendre ce fameux ticket d’entrée pour Mafate… Mais il est bien cher…

Premier coup de bambou pour rejoindre le pied du Taïbit où Adri m’attend. Je me refais une santé dans la montée au col du Taïbit. Antoine Guillon me rejoint et je tente de suivre ses pas de métronome. Là, ce sera bien fidèle au plan… Je profite et savoure ses moments de plaisirs, toujours dans les pas d’Antoine (Merci mille fois pour tes bons conseils, c’était génial d’être avec toi !). Et puis, arriva ce qui était très prévisible vu mon état d’esprit à quelques jours de départ : le coup de massue à Grande Place… Je suis un fantôme à Roche Plate, je n’ai plus les idées très claires, commence à voir Faustin (son fils, NDLR) dans une poussette à la place d’un arbre…

Sans Adri à Roche Plate, je n’aurais très certainement pas terminé… Il trouve les mots, tout ce chemin parcouru à l’entraînement ne doit pas être vain, et me montre les messages des copains. Faustin m’attend à Dos d’âne… Je repars… La fin sera longue (très longue)… Je ressens une profonde lassitude, une solitude absolue. Quelle libération de gagner la Redoute.


Je n’avais très clairement pas les jambes de juin dernier et surtout, l’obstination du GR 20, mais malgré une fin dans une vraie souffrance je suis contente d’être arrivée au bout de mon premier 100 miles en compétition.

Merci. Merci à mon amour, Adrien, à mon amour Faustin sans qui rien n’est possible.
Et bien sûr, merci à toute l’organisation du Grand Raid de nous avoir permis de vivre une si belle et incroyable aventure.

Source Instagram Anne- Lise Rousset

Pour revivre l’exploit d’Anne-Lise Rousset sur le GR20, c’est ICI

Grand Raid de la Réunion Germain Grangier Photo Instagram DR
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Germain Grangier, entre respect, humilité et patience

Rattrapé par le Covid en plein UTMB, où il a dû abandonner au 90e kilomètre en raison de maux de tête et de vertiges, Germain Grangier a longtemps hésité avant de venir boucler sa saison sur ces sentiers si exigeants. L’histoire lui a donné raison, avec une belle 5e place au général. Il raconte la première partie de son Grand Raid.

Depuis l’UTMB, il a fallu évacuer le virus et j’ai un peu galéré niveau training pour diverses raisons. Du vrai bricolage, et je dis pas ça parce qu’on a refait la cuisine à la maison ! À deux jours du décollage, j’hésite à me rendre sur l’île puis tout rentre dans l’ordre, on garde le cap. J’ai vraiment envie de me tester sur ce parcours. J’aborde ce Grand Raid avec 3 mots d’ordre : respect, humilité et patience. Je n’avais pas prévu de courir ici et j’ai peu d’expérience sur ce parcours, c’est clairement un ogre, un monstre broyeur.


Tout cela me pousse à partir volontairement tranquille pour éviter tous les problèmes de « fausse piste » que l’on connaît dans la partie de nuit sur le parcours. La visibilité est mauvaise un petit voile couplé à un crachin rend la navigation à la frontale pas si fluide, autant être extra lucide et prendre le temps. Je m’arrête plusieurs fois et checke les intersections sur ma Garmin, la petite voie de Dora me dit « je suis la carte, je suis la carte ». Je reste focus, je me dis que c’est long, j’ai confiance, je pense, crois pouvoir revenir de l’arrière plus tard. La nuit se passe bien, je suis souvent seul avec moi-même.


Cilaos est là, km 76. J’aurais tant aimé m’arrêter faire du paddle sur la mare à Jon mais j’ai peur de chopper une infection de nouveau dans cette eau marron. Petit check à François D’Haene, ça fait plaisir de le voir là, tout sourire, même blessé, prêt à blaguer. Je suis alors dans le top 10 à 15 minutes de la tête. Le jour se lève, la machine à laver Grand Raid va commencer son complet programme, à 1200 tours minute bien sûr, essorage séchage compris.

Direction le fameux col du Taïbit. Je me tords la cheville 3 fois en 15 minutes, le con, sur le sentier facile de Bras Rouge. Je croise Katie (Katie Schide, sa compagne, première féminine sur l’UTMB 2022, NDLR), lui transmets mon incertitude de pouvoir continuer étant donné la 3ème torsion violente. J’hésite à me strapper, sort le bandage puis réalise que sans ciseaux je ne vais pas aller loin. En fait, c’est bizarre d’avoir 2,5m de bandage en matériel obligatoire mais rien pour couper. Bref, j’ai pas du tout envie de m’arrêter.

La montée du Taïbit et ses 1200m D+ se profile pour voir comment ça évolue. Ensuite, je rentrerai dans Mafate et ça sera compliqué d’en ressortir. Je prends la décision d’aller à Marla, je connais un kiné sur place et je me ferai strapper. Je descends en faisant très attention, ça reste fragile et fais le point sur cet arrêt. J’estime que ça va me faire perdre trop de temps, me refroidir et que c’est le coup à me sortir complètement de la course. « Keep moving and pretend it’s fine. » Je commence à me dire qu’aller au bout sera déjà beau. Il faut redoubler de concentration sur chacun de mes pas, plus le droit à l’erreur.

J’évolue dans Mafate avec Max Cazajous, un habitué de la Réunion. Max est un type authentique au fort capital sympathie, excellent descendeur. Je lui laisse le lead et gère la cheville. Deux Américains, Ben et Courtney, nous accompagnent désormais, je ne sais pas ce que j’ai mais je les attire definitively ces Américains ! J’adore leur esprit, toujours motivé, pas sujet à polémiquer pour un rien. « It is what it is, let’s move. » Nous perdons progressivement du temps sur le duo de tête bien que le rythme ne soit pas si mauvais. Beñat et Jean-Philippe sont vraiment solides. Nous ne sommes plus que 3 à Roche Plate, le point de pivot dans le cirque de Mafate, Max s’étant blessé. Ça y est, je ne peux plus parler Français, c’est parti pour le « good job » and « looking great » contest.

Source Instagram Germain Grangier

GRAND RAID GRANGIER
Photo Instagram DR

Sissi Cussot, Grand Raid et anecdotes

Réunionnaise d’adoption, Sylvaine Cussot connaît chaque caillou de l’île, chaque montée, chaque descente. Autant dire que quand elle s’embarque dans cette nouvelle traversée, elle sait qu’elle va souffrir. Mais ça ne l’empêche pas d’y aller. Et de prendre la 5ème place du classement féminin !

Je n’sais même pas quelles photos de cette course folle vous partager, tant on ne peut résumer ces 35h, hors du temps, par des photos ou des mots… Alors oui, on peut tenter de le raconter par des anecdotes. Par des chiffres que certains affectionnent tant. Des chronos, des classements, des allures. Mais j’crois qu’en fait, le Grand Raid ne s’raconte pas. Il se vit. Chacun à sa façon. Par des émotions, des sensations… Tout c’qui se vit hors du temps quoi ! Donc, en dehors de ce « hors du temps », c’que j’peux vous raconter ? Forcément, ce chantier rallongé de 172km/11 000mD+ m’a fait vivre du bon, comme du moins bon.

Le plus drôle ? La chute sur le bitume en me mangeant un trottoir, 30 minutes avant l’départ en allant faire pipi derrière une voiture. Ouais, du coup, j’ai pris l’départ avec le genou et la main en sang !

Le plus frustrant ? Traverser Mafate sous la grisaille et ne pas avoir la chance de vivre la fournaise de ce magnifique cirque.

Le plus pénible ? Arf ! La descente du Bloc. Je la déteste tellement ! Longue, technique, cassante… et dangereuse pour une cascadeuse comme moi ! Rendez-nous Kerveguen svp !

Le plus kiffant ? Ces 15 premiers kms avec cette ambiance de folie furieuse !

Le plus touchant ? Tous ces encouragements sur le bord des sentiers… Merci la Réunion !

Le plus désagréable ? Cette douleur au pied qui est survenue de manière vive dès la descente vers Mare à Boue et qui m’a polluée le cerveau en m’obligeant à constamment à négocier ma pose de pied pour éviter d’avoir mal. (IRM à suivre jeudi.)

Le plus hallucinant ? La course stratosphérique de Courtney, grde vainqueur de cette édition !?￰゚メᆰ? Et l’allure incroyable des 4 sacrées nanas devant moi ! ?￰゚マᄐ

Et je pourrais en écrire des tas… Mais ce que j’retiens à J+1, c’est que j’ai encore une fois vécu plusieurs aventures en une, et que je reviendrai l’an prochain pour retenter d’aller chercher ce que je n’ai pas encore trouvé vendredi. Et vous l’savez, je ne parle pas du classement !

Source Instagram Sissi Cussot

Grand Raid de la Réunion Sissi Cussot Photo Instagram DR
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Grand Raid de la Réunion 2022 : l’hommage de Beñat Marmissolle aux « fous »

Plutôt avare de commentaires, le Basque a remporté à La Réunion la plus prestigieuse victoire de sa carrière. Une émotion intense, qu’il n’a pas hésité à partager.

À tous ceux qui m’ont soutenu je voulais vous faire part de quelques moments forts et inoubliables, à jamais gravés en moi. J’ai la chance d’avoir pu faire connaissance et d’avoir côtoyé des athlètes extraordinaires, tant par le talent que par leur gentillesse.

Mais je voudrais aussi souligner le « combat » et la détermination de certains « fous » que je suis allé encourager après ma première nuit de repos. Je peux vous assurer qu’ils ont autant, voire plus de mérite que moi. J’ai même eu la chance et le privilège d’accompagner les 2 derniers concurrents à franchir la ligne d’arrivée de ce Grand Raid. Des moments très intenses remplis d’émotion. Je vous embrasse.

Source Facebook Beñat Marmissolle

Pour lire l’interview d’après-course accordée par Beñat Marmissolle à sn partenaire Asics, c’est ICI

GRAND RAID REUNION MARMISSOLLE OPEN
Photo Asics DR

Casquette Verte : du Grand Raid à la Grande Galère

Vainqueur de 2 ultras cette saison (Ultra01 et UT4M), encouragé par son Top 20 à l’UTMB, Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, rêvait d’un Top 10 sur la Diagonale. Logique, pour le plus « fou » des traileurs. Manque de bol, une côte cassée 3 semaines avant le départ a sensiblement modifié sa prépa, faite dans la douleur. Et la course n’a rien arrangé. Mais son courage, lui, n’a pas manqué !

FINISHER – DIAGONALE DES FOUS 2022. 103ème. En 35h 01min 35s pour faire les 165 km et 10.240 m D+ de cette course la plus folle du monde. QUELLE AVENTURE ! Mais quelle aventure de dingue ! Pas du tout le temps d’en faire le résumé là, mais en quelques mots clés : un départ en parisien solitaire leader de la course sur 7km / Une chute dans un ravin sur un rocher qui aurait pu être vraiment beaucoup beaucoup plus grave / Impossibilité de courir par la suite / 3-4 h de marche, de frustration et de réflexion (abandonner ou pas ?) / La prise de décision d’abandonner et qui se retourne d’un coup en « Il faut quand même tenter de le faire » / La remontada folle / Mafate sous la pluie / Les 30 derniers km d’un corps meurtri.

Bref, il y a de l’émotion, de la découverte de soi, de la remise en question, de la « pain cave » bien profonde, et aussi de la gestion du personnage Casquette Verte dans l’adversité. Je tente de prendre du temps la semaine prochaine pour vous détailler tout cela par écrit. Ce qu’il faut retenir : Coup de bol, pas de bobo grave à moyen/long terme – Ne pas être l’élite qui abandonne dès qu’il rencontre la moindre contrariété – Venir chercher un top 10, et repartir avec une bonne claquounette de la vie.

En attendant, réparation de mon corps bien en vrac.. car dans 2 semaines c’est un nouvel ultra (100 miles) en Suède, à Kullamannen. Et je compte pas faire une croix dessus ! Comme dirait Cantona : Les douleurs, les injonctions, les fatalismes : « JE VOUS PISSE À LA RAIE ! »

Source Instagram Casquette Verte

Grand Raid de la Réunion Casquette Verte Photo Instagram DR
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