Interview de Théo Détienne, le nouveau missile du trail français

theo detienne

Il n’a que 25 ans mais brûle déjà les sentiers ! Champion de France junior de course en montagne dès sa première année de trail, Théo Détienne court avec panache et aime partir à fond, comme lors du dernier Championnat de France de Trail Long à Buis-Les-Baronnies qu’il a mené pendant les premiers kilomètres. Après des années dans le team Salomon, il a suivi Jean-Michel Faure-Vincent dans la nouvelle aventure du team New Balance. Depuis, il s’est imposé par 2 fois, d’abord sur le format long (58 km et 3030m D+) du Trail Nivolet-Revard début mai, et 15 jours plus tard sur l’Ultra-Trail des Païens, format 100K (114 km et 4200m D+) du Trail Alsace Grand Est by UTMB. L’homme qui rêve de courir un jour l’UTMB s’est confié à Serge Moro.

Comment es-tu venu au trail ?

Théo Détienne : J’ai commencé le trail en 2018 quand je suis parti faire mes études de Staps à Font-Romeu, dans les Pyrénées. Jusqu’alors, je faisais du triathlon. Je ne connaissais pas vraiment le trail, ni la montagne. Dans ma famille, personne ne pratiquait, mais les copains autour de moi en faisaient un peu et je me suis dit pourquoi pas tenter. Le déclic est arrivé très tôt quand j’ai été sacré champion de France de course en montagne dans la catégorie junior. Ensuite, tout est allé très vite avec les championnats d’Europe de course en montagne (7ème) et les championnats du monde de course en montagne (15ème).

D’où t’es venue cette passion pour la montagne ?

Théo Détienne : C’est devenu un objectif de vie le jour où je l’ai découverte, et aujourd’hui je veux intégrer le Peloton de Gendarmerie de Haute-Montagne. Je suis attiré par les valeurs que cela véhicule. Le secours en montagne, je le vois comme un Graal. Le cursus est long et pas facile, il faut s’en donner les moyens en cumulant entraînement et formation. Je suis dans la dernière ligne droite et au mois d’août, j’ai deux semaines de tests avec de l’escalade, de l’alpinisme, de l’orientation… Si tout se passe bien, je serai affecté dans un peloton au mois de novembre 2024. Je souhaite bien sûr que cela soit dans les Alpes ! Je vais donc être gendarme de haute-montagne à temps plein. Et bien sûr, je continue à être coureur à pied, mais ce sera la plus importante des choses… secondaires !

theo detienne Photo Jan Kirkham
Photo Jan Kirkham

Malgré cette contrainte de formation, tu es dans un grand team de trail  ?

Théo Détienne : Dès mes premiers résultats, de nombreuses marques m’ont contacté. Il a fallu faire un choix, mais c’était une évidence d’intégrer l’équipe managée par Jean-Michel Faure-Vincent, avec qui on a très vite accroché. Quand il m’a dit qu’il quittait Salomon, je lui ai tout de suite répondu que je voulais le suivre. Il y a entre nous une belle relation de confiance, importante à mes yeux. C’est la personne que je veux suivre, je m’entends bien avec lui, il comprend mes contraintes et ma position, il sait où je veux aller et connaît mes projets. Je ne me voyais pas rester chez Salomon sans lui. Je l’ai donc rejoint chez New Balance. Un nouveau défi !

On t’a vu mener les championnats de France de trail long en avril dernier. Pourquoi cette envie d’être devant malgré une forme précaire ?

Théo Détienne : En début d’année, j’étais en formation pendant cinq semaines à Chamonix. Je n’ai pas couru une seule fois, mais j’ai fait beaucoup de ski de montagne. Je savais donc qu’il me manquait de la distance à pied, mais tant qu’à être là, et comme j’aime faire la course devant et ne pas trop calculer, je suis parti en tête. Mais je cherche désormais à monter sur du plus long, donc il va falloir que je sois plus réfléchi dans ma façon de courir. Je vais apprendre, avec l’expérience.

Qu’est-ce qui fait que tu as envie d’allonger la distance ?

Théo Détienne : J’ai envie d’aller chercher des sensations différentes, d’aller voir autre chose que ce que j’ai l’habitude de faire, même si je me sens loin d’avoir fait le tour des formats marathon. Ce sont des courses où tu es trois heures à bloc, alors que l’ultra, c’est une expérience. Mais je ne veux pas brûler les étapes. En 2023, si le bilan a été globalement positif, à Nice, sur mon objectif principal sur 115 km, cela a été difficile. J’ai mal géré l’hydratation et j’ai dû abandonner au 80ème kilomètre. C’est mon défi complet que de performer sur le long, pour mieux me connaître, mieux gérer mon effort, apprivoiser mes apports énergétiques et hydriques. La performance est plus difficile à réaliser en ultra que sur trois heures. Et le facteur mental y est tellement important ! Je veux explorer mes capacités. C’est mon challenge personnel !

Tu n’as pas d’entraîneur attitré. C’est un choix ?

Théo Détienne : Depuis que j’ai commencé à courir, je construis mon entraînement tout seul. Je ne ressens pas le besoin de me faire aider pour ma préparation. J’arrive à me connaître et à m’écouter durant l’effort. On verra plus tard si cette autonomie à ses limites…

Quels sont tes rêves de coureur ?

Théo Détienne : Toutes les courses d’ultra me font rêver. Il n’y a rien d’écrit, mais j’espère un jour mettre les pieds sur les épreuves les plus mythiques. Le but, c’est de prendre du plaisir et d’être confronté à moi-même. Le résultat, je le vois comme quelque chose de secondaire. Pour moi, l’important, c’est d’avoir une évolution linéaire dans le temps. Je ne me mets pas de pression en me disant qu’il faut que j’aille sur telle ou telle course. Le projet, il est sur le long terme. Je ne veux pas d’une évolution trop brutale, car sinon, tu ne dures pas dans le temps. Dans les prochaines semaines, je vais courir le Trail Alsace Grand Est by UTMB sur le format 116 km, et le 90 km du Mont Blanc fin jiun.

L’UTMB, ça t’inspire ?

Théo Détienne : Le but ultime, c’est d’y participer dans les prochaines années. C’est une course tellement mythique ! Quand j’ai commencé à courir, j’allais sur YouTube et les images de l’UTMB me faisaient rêver. Aujourd’hui, à force de faire des sommets et les sentiers du Mont-Blanc, cela me fait rudement envie de boucler la boucle. Et le fait que les meilleurs coureurs du monde soient à l’UTMB ne peut que me motiver à être un jour à leurs côtés au départ ! Et un peu plus…

Podium du Nivolet-Revard
Podium du Trail Nivolet-Revard 58 km remporté par Théo Détienne. Photo Organisation
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