Mauritius By UTMB : on a testé la première édition !
L’Île Maurice, ses lagons et ses plages de sable blanc, un relief bien plus reposant que l’Île de la Réunion voisine : il n’en fallait pas plus pour aller tester la première édition du Mauritius by UTMB, nouvel événement trail dans l’océan Indien. Cécile Bertin, notre envoyée spéciale, qui avait une histoire particulière avec cette destination, avait opté pour le format 50K. Elle raconte.
Mauritius By UTMB : Sissi Cussot m’avait prévenue…
Sylvaine Cussot m’avait pourtant prévenue lors de notre petit papotage à la veille de la course (à écouter ICI) : Maurice est terre de trail, mais pas n’importe quel trail… Du technique, du qui tache, qui glisse et qui mouille et fait te demander quelle mouche t’a piquée alors qu’il était quand même beaucoup plus agréable de rester lézarder sur la plage à l’ombre des cocotiers.
J’ai une petite histoire qui me lie à cette île et qui explique en grande partie ma présence sur la ligne de départ du Bel Ombre, le 50K qui fait en réalité un peu plus de 58 km. C’est en effet là que j’ai couru mon tout premier trail, pour le Raid Amazone. Je commençais la course à pied, je ne maîtrisais même pas encore les notions de dénivelé que je m’étais retrouvée au départ d’un 17 km en pleine nature, moi qui n’avais jamais couru ailleurs qu’au jardin du Luxembourg, en plein Paris.
C’est donc là que j’ai eu un véritable coup de cœur pour ce sport que je venais de découvrir. Et c’est dans l’avion de retour que je me suis jurée de courir un jour un marathon. Ma vie venait de changer à jamais, et m’entraîner aux quatre coins du monde, dans les ultra-trails les plus dingues qui puissent exister. Aussi, revenir sur cette terre alors que j’envisage très sérieusement de prendre prochainement ma retraite sportive avait un vrai sens. Une façon de boucler la boucle en quelque sorte.
Mauritius By UTMB : un « petit » 58 pour profiter pleinement
Avec une préparation axée cette année exclusivement sur la route pour préparer les majors qui manquent à ma collection, la distance de 58 km me semblait la plus raisonnable. Et c’est avec l’idée de ne surtout pas me blesser gravement et de compromettre la suite de mon programme que je me suis alignée au départ. Avec Berlin le 29 septembre et Chicago le 13 octobre, une entorse façon Casquette Verte n’est pas envisageable. 58 km, c’est donc à la fois assez long pour découvrir ce nouvel événement et pas trop non plus pour récupérer rapidement.
Question cahier des charges, pas de doute : l’expérience « by UTMB » que revendique souvent Catherine Poletti dans ses interviews pour parler du circuit mondial est au rendez-vous. Le Château Bel Ombre, qui est en réalité une superbe maison de type colonial dans un parc arboré de toute beauté, pose l’événement. C’est la grande classe. Seul détail qu’hélas aucune organisation ne peut maîtriser : la météo annoncée. Il pleut déjà depuis plusieurs jours et ce sera aussi le programme de mon épreuve. Aucun risque d’attraper froid, il fait doux, ce qui ne rend pas nécessaire le port de la veste, mais l’impact sur le terrain promet d’être colossal.
Mauritius By UTMB : de la boue partout partout
De la boue sous toutes ses formes résume assez bien ce que l’on a affronté. Entre la glaise qui colle aux semelles à un point que tu espères une rivière pour pouvoir les alléger un peu, la boue liquide qui glisse, la boue plus épaisse qui te fait partir en aqua-planning, rien ne nous a été épargné. Et je ne parle pas de ce moment où, face à une mini-falaise type mur boueux infranchissable, il a fallu faire jouer la solidarité entre coureurs pour passer l’obstacle, entre ceux qui poussaient et ceux qui tiraient depuis le haut. Épique !
Je ne compte pas non plus les rivières traversées, plus ou moins hautes, dont une avec de l’eau largement au-dessus des genoux, ni les baïnes salées à souhait que mes ampoules n’ont apprécié que très moyennement. Pour le coup, le dénivelé (1800m D+) est finalement ce qu’il y avait de plus accessible dans cette petite balade mêlant jungle et savane.
Mauritius By UTMB : faune sauvage et balisage… sauvage
Prenant largement mon temps – prudence, prudence -, je me suis retrouvée à finir de nuit. Et qui dit nuit dit troupeaux de cerfs, mais aussi ronflements de sangliers que mes acolytes et moi feront tout pour ne pas réveiller. Sans oublier des dizaines de petites grenouilles sur les sentiers, que j’ai tout fait pour ne pas écraser.
Si le balisage était dans l’ensemble plutôt correct, la nuit, cela s’est un peu compliqué. Il n’y avait clairement pas assez de patchs réflecteurs, et sans trace GPX, il était facile de rater un embranchement et de faire quelques centaines de mètres supplémentaires. Question ravitaillement, il faut être lucide : on se trouve sous des latitudes où il faut oublier le saucisson et le fromage ! Mais en revanche, pas de problème de quantité : même en étant très vite reléguée parmi les derniers coureurs de la distance, je n’ai jamais manqué de rien.
Quant à l’arrivée, de nuit pour moi, elle était, comme le départ, très réussie ! C’est d’ailleurs le seul point positif d’avoir été aussi lente : l’effet « whaou » que je n’aurais pas pu apprécier en arrivant de jour. Imaginez un petit chemin le long du lagon, avec des dizaines de lampes qui vous guident jusqu’à l’arche d’arrivée, le bruit de l’océan et les petits crabes que l’on aperçoit courant sur le sable fin… OK, tout cela est très cliché, mais c’est exactement ce que j’étais venue chercher !
Mauritius By UTMB : le verdict
Alors, on en pense quoi de ce Mauritius By UTMB ? Avec toute l’honnêteté qui me caractérise, on sent bien que c’est une première édition, qui mérite que certains défauts soient corrigés. Rien de dramatique, il faut souvent une petite mise à jour après le lancement d’un nouveau produit sur le marché et j’espère sincèrement que l’organisation tiendra compte des remontées des coureurs des différents formats pour corriger le tir et faire de cette course une incontournable dans cette partie du monde.
Idéalement, il faudrait veiller à ce que le balisage soit plus régulier ! Entre le « sur balisage » et le « sous balisage », il y a eu quelques ratés, particulièrement au niveau des petits panneaux réfléchissants qui, la nuit, rassurent les traileurs sans la trace GPX. Évidemment, le prix du dossard est aussi trop élevé. S’il est au niveau de ce qu’on trouve en France sur le circuit UTMB, il prive bon nombre de Mauriciens de la fête ! Certes, l’organisation avait bien prévu un tarif spécial pour les locaux, mais encore trop élevé sur une île où le salaire minimum est de 400€ par mois !
Enfin, question terrain de jeu, aucun doute : l’Île Maurice est à la hauteur ! Ce territoire est tellement incroyable de beauté qu’il mérite qu’on vienne le découvrir pour lui-même. Et même si ce sont des montagnes volcaniques et pas les Alpes, croyez-moi, vous aurez le sentiment, en passant la ligne d’arrivée, de sacrément les avoir méritées, vos running stones !
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