NNormal Kjerag : le test des 300km avec les chaussures de Kilian Jornet
En 2022, Kilian Jornet a déclaré avoir fait toutes ses courses avec une seule paire de chaussures, la Kjerag, modèle compétition de NNormal. Si on connaît le résultat (3 victoires avec record de l’épreuve – Zegama, Hardrock 100 et UTMB – et une 4ème place à Sierre-Zinal avec un excellent chrono), utiliser la même paire pour faire autant de kilomètres en compétition peut paraître surprenant. Surtout que lors du test de la Kjerag, je n’ai pas été transcendé, et même été surpris par le côté plutôt basique de la chaussure conçue avec l’expertise du champion espagnol. Aujourd’hui, après avoir couru l’équivalent de 2 ultras avec cette paire de test, il m’est apparu nécessaire de revenir sur le sujet.
NNormal Kjerag : l’amorti au bout de 300 kilomètres
C’était l’un de mes principaux points d’interrogation. Avec une semelle plutôt souple, sous laquelle on sent quand même pas mal les aspérités du sentier, comment envisager de faire du long, voire de l’ultra ? Bien sûr, dans le cas d’un athlète d’exception tel que Kilian Jornet, la question du confort se pose moins. Mais pour un traileur lambda ayant tendance à courir de plus en plus sur les talons au fil des kilomètres, donc à rechercher un amorti salvateur, ce critère est loin d’être négligeable.
Soyons clair, je n’ai pas couru 2 ultras de suite, et ai cumulé 300 kilomètres en additionnant des sorties de 20 à 30 kilomètres. Je ne peux donc pas juger de l’efficacité de l’amorti et du confort sur une centaine de kilomètres d’affilée. En revanche, je peux constater qu’après 300 kilomètres, le ressenti d’amorti sous la semelle est strictement identique. Aucune zone plus molle ou dégradée, aucune trace d’usure. Le comportement est un copié-collé de ma première expérience.
Lire l’article Test NNormal Kjerag : que valent les chaussures de Kilian Jornet ?

NNormal Kjerag : semelle ou pas semelle ?
Autre point important sur lequel je me dois de revenir : lors du test initial, j’avais été surpris par l’absence de semelle intérieure. Il n’y avait même pas de semelle de propreté ! J’avais indiqué avoir eu des sensations désagréables sous les pieds et avoir glissé une paire de semelles Sidas dans les chaussures. Si, pour ce test, cela s’était correctement passé, à la longue, j’ai dû renoncer à utiliser mes semelles. En effet, cela réduisait trop le chaussant et créait une compression désagréable sur le dessus des pieds. J’ai donc fait machine arrière et me suis habitué à courir sans semelle, à même la chaussure brute. Or si j’avais été gêné au tout début par les sensations de frottements et de brûlure sous l’avant-pied, je dois avouer qu’à l’usage, cette sensation a disparu. Mieux, mes pieds ont peu à peu « fait » les chaussures, qui se comportent maintenant comme des chaussons.

NNormal Kjerag : une chaussure “durable” ?
La durabilité est un des points sur lesquels l’équipementier NNormal a le plus communiqué lors du lancement des chaussures Kjerag et Tomir. Kilian Jornet lui-même a argumenté qu’un peu de frugalité ne ferait pas de mal à la discipline, et que plutôt de d’acheter puis jeter des paires de chaussures toutes les 2 courses, il serait opportun d’encourager la durabilité et d’adpoter des paires capables de faire une saison entière. En donnant l’exemple, comme je le rappelais au début de cet article, avec sa saison 2022 faite avec une seule paire de Kjerag.
Une paire de chaussures de trail dure en moyenne entre 500 et 700 kilomètres, selon les terrains et l’intensité mise dans la course. Mais au niveau des pros, une paire de chaussures fait 1 ou 2 ultras, rarement plus, avant d’être remplacée. Les différents points d’usure peuvent être visibles, comme les crampons, ou les côtés de la semelle externe, le mesh de l’empeigne, qui peut se déchirer, ou invisibles, comme la mousse de la semelle intermédiaire, qui peut se détériorer et ne plus remplir suffisamment son rôle.
NNormal Kjerag : l’usure au bout de 300 kilomètres
Après 300 kilomètres de sentiers plutôt techniques et caillouteux comme on en trouve majoritairement dans les collines de Provence, notre Kjerag de test ne montre aucun signe d’usure externe. La semelle n’est pas entaillée, et les crampons très peu émoussés (il faut coller son nez dessus pour voir quelque chose). L’empeigne, si elle est sale (et inlavable, mais le blanc, fallait pas rêver…), ne présente aucune fragilité au niveau des plis habituels. Logique, avec le choix d’une tige en Matryx, une matière plus résistante que les autres. Quant à l’amorti, je l’ai souligné précédemment, il m’apparaît toujours identique aux débuts, c’est-à-dire un peu faible pour des coureurs « normaux » voulant faire du long.

NNormal Kjerag : le verdict des 300 kilomètres
Si la chaussure est toujours aussi « basique », l’épreuve du temps et des kilomètres lui réussit plutôt bien. Aucun signe d’usure prématurée, les choix de matériaux effectués par l’équipementier sont validés et je sens que cette Kjerag a encore quelques centaines de kilomètres en réserve. À force de courir avec, le chaussant s’est progressivement fait à mes pieds, et le confort sur ce point précis s’est amélioré. Même l’absence de semelle interne, qui m’avait choqué lors du premier test, n’est qu’un lointain souvenir.
En revanche, pas de miracle au niveau de la protection du pied : on est toujours au niveau 0 de ce que l’on peut espérer d’une chaussure de trail, avec un renfort d’avant-pied toujours aussi mou. Disons qu’il faut juste éviter de taper dans un caillou, sous peine de grosse douleur, voire pire.
Au final, cette Kjerag se révèle efficace à l’usage, faite de matériaux résistants, et ne perdant pas leurs propriétés trop rapidement. On comprend mieux pourquoi Kilian Jornet a été capable de faire 4 courses majeures avec une seule paire. Les coureurs plutôt légers aimant les chaussures légères, précises et dynamiques seront satisfaits. Quant aux coureurs plus lourds et aux amateurs de confort Pullman et d’amorti XXL, il faudra aller chercher chaussure à leur pied ailleurs.
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