Sissi Cussot : l’interview Marathon des Sables

INTERVIEW SISSI CUSSOT_(Cimbaly-ABENKHELIFA@MDS2022

Bien accrochée à sa deuxième place à l’issue de l’étape longue du Marathon des Sables 2022, Sylvaine Cussot raconte son expérience sur une épreuve qu’elle court pour la première fois. Interview « bac à sable » jeudi matin, jour de repos, en direct du bivouac.

Sylvaine Cussot : « Un podium n’était pas forcément accessible ! »

Esprit Trail :Quelle est l’impression générale qui domine au soir de cette étape longue ? Plaisir ? Fatigue ? Chaleur ? Douleurs ? Faim ?

Sylvaine Cussot : Un peu tout ça à la fois. A cette heure-ci, c’est plutôt la faim parce que je suis arrivée tard. J’ai juste pris un petit truc un peu vite pour aller me coucher rapidement. Et puis comme il faisait nuit et qu’il y en avait qui dormaient déjà, j’ai essayé de faire le moins de bruit possible. Fatigue musculaire aussi, ça commence à tirer mais c’est normal. Je pense que cette journée de repos va me faire du bien. Bien manger, bien boire, me reposer. Mais je dois dire qu’hier on en a pris plein les yeux. L’étape était vraiment très belle. Et il n’en reste qu’une. La dernière, en général, ça va !


Esprit Trail :Si on t’avait dit que tu serais si bien placé à l’issue de cette quatrième étape, aurais-tu signé ?

Sylvaine Cussot : Ah oui carrément. Pour moi, un podium n’était pas forcément accessible. En plus je ne savais pas trop qui il y avait comme concurrentes. Donc si j’arrive à maintenir ma deuxième place c’est très très bien. J’ai essayé de m’accrocher à Anna hier, on a fait peut-être 25-30 kilomètres ensemble. Mais après j’ai bien vu qu’elle était au-dessus. Je l’ai vu à sa foulée. Elle s’est envolée vers le 30e, donc j’ai laissé partir. Je me suis dit qu’il fallait que je gère pour essayer de maintenir ma deuxième place. Et je serai très très contente si j’y arrive.

Esprit Trail :Quelle est la principale difficulté de cette course ? La chaleur ? Le sable ? Le vent ?

Sylvaine Cussot : Personnellement, la chaleur, je n’ai pas trop subi. J’ai même trouvé qu’il ne faisait pas très chaud. Le vent, par rafales, quand on le prend de face et qu’il y a du sable en plus, ce n’est pas facile à gérer. Mais dans le dos, c’est pas mal, ça porte un peu. Mais je pense que la principale difficulté, c’est l’accumulation des étapes, le manque de sommeil. On ne dort pas bien, on est à même le sol… Et puis nous ne sommes pas du tout habitués à courir dans le sable, donc dès qu’il y a des portions de dunes la foulée s’affaisse, on patine. Et on perd énormément d’énergie sur ces portions de sable.

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© Franck Oddoux / CIMBALY / MDS 2022

“La première journée avec le gros sac, ça a été horrible !”

Esprit Trail :Avant le départ, tu te demandais comment tu allais courir avec un sac de 10 kg. Alors, maintenant que tu l’as fait, qu’en penses-tu ?

Sylvaine Cussot : Eh bien le corps est incroyablement bien fait parce que je pense qu’il s’adapte. C’était ma grosse appréhension. Et franchement, la première journée avec le gros sac, ça a été horrible. Et puis après, l’avantage c’est que ça s’allège au fur et à mesure. Mais hier, je me suis fait contrôler, il fait encore quasiment 4 kilos mon sac. Donc je vais bien manger aujourd’hui pour essayer de l’alléger encore un peu.

Esprit Trail :Tu n’avais pas testé ta nourriture lyophilisée avant le départ. Comment la supportes-tu ?

Sylvaine Cussot : Très bien. Franchement ça passe bien, je n’ai eu aucun problème digestif. C’est bon en plus ! On s’y fait. Moi j’avais pris des choses assez variées, donc c’est le petit plaisir de la journée. Je suis plutôt très surprise dans le bon sens.

Esprit Trail :Comment se passent tes journées au bivouac ? Ce n’est pas trop long ?

Sylvaine Cussot : Non, ce n’est pas long. On papote, on se balade un peu, on se repose, on se prépare à manger, on s’occupe de ses pieds, on se fait des petits soins… Et puis ces moments d’attente et d’échange font aussi partie de l’aventure, c’est plutôt sympathique…

Esprit Trail :Est-ce que tu dors bien ? Comment se passent tes nuits ?

Sylvaine Cussot : Non, je dors très mal. Très très mal. J’ai l’impression de ne jamais m’endormir. C’est très bizarre parce que j’ai fait le choix de ne pas prendre de tapis de sol, comme tout le monde d’ailleurs dans la tente 97, et on n’arrive pas trop à trouver une position, on se tourne toutes les 30 minutes. Et puis là en plus avec les courbatures ce n’est pas évident. Et j’ai eu beaucoup froid aussi. Donc ça fait de toutes petites nuits tout ça. Vivement un lit bien douillet !

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© Franck Oddoux / CIMBALY / MDS 2022

“Anna Comet Pascua est plus forte, tout simplement !”

Esprit Trail :Que te manque-t-il pour être devant Anna Comet Pascua ? De l’expérience dans le désert ?

Sylvaine Cussot : Non. Je ne sais pas si elle a déjà fait le Marathon des Sables (Non, c’est sa première participation, NDLR), mais je pense qu’elle est au-dessus, tout simplement. Ell est plus forte. Elle a l’air d’être plus costaud, plus puissante. Peut-être plus rapide aussi. Je ne connais ses temps de référence sur route, mais ici elle est un niveau au-dessus.

Esprit Trail :Quelle est pour toi la particularité des courses par étapes par rapport à des ultras en un seul bloc ?

Sylvaine Cussot : C’est la gestion entre les étapes. Bien soigner l’alimentation, l’hydratation… Et puis surtout la gestion dans la durée. Ne pas faire la première étape à fond. Il faut essayer d’en garder un peu sous la semelle. Et ce n’est pas évident parce que quand on veut essayer de tenir avec les concurrents on est un peut pris par l’euphorie au départ. Donc c’est ça : gestion de l’allure et de l’effort et gestion entre les étapes.

Esprit Trail :De quoi rêves-tu une fois que tu auras fini ce Marathon des Sables ?

Sylvaine Cussot : Je n’ai pas de rêve en particulier. D’ailleurs je ne rêvais pas du Marathon des Sables. C’est une course qui me faisait envie. Je me disais que si un jour j’étais prête physiquement et mentalement c’est une course que je ferais. Et quand ce moment arrive, je me lance. Par contre au niveau distance, je crois qu’on ne me verra jaamis sur un Tor Des Géants, parce que j’ai trop mal au corps, aux pieds… Mais j’aime bien l’idée des courses à étapes. J’aime bien ce concept. Il y a du partage, l’aventure. Et puis des endroits comme ici, ce sont des lieux qui me plaisent bien.

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© JOSUEF PHOTO/Cimbaly 2022

“Il est fort possible que je revienne !”

Esprit Trail :Y a-t-il des choses, à la réflexion, que tu aurais pu mieux préparer ?

Sylvaine Cussot : Ah oui, clairement ! Mon sac n’est pas du tout optimisé. J’ai pris un gros Opinel, un couteau qui pèse. Un Aspivenin qui pèse trop lourd aussi. Il y a des choses à revoir ; Mais c’est ça qui est bien quand on le fait pour la première fois. On prend des notes, on prend l’expérience des uns et des autres. Et si on veut essayer de faire mieux, on optimise en ayant corrigé tous ces petits défauts.

Esprit Trail :Seras-tu là en 2023 pour la prochaine édition ?

Sylvaine Cussot : On va déjà terminer cette première édition, et récupérer. Mais il est fort possible que je revienne. Et si ce n’est pas en 2023, peut-être une autre édition, oui…

Propos recueillis sur place par Elodie Bonnin pour Esprit Trail

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