Spartan Race : qui est Joe De Sena, le diabolique créateur des courses à obstacles
Avec plus de 200 000 finishers en 10 ans, la Spartan Race est la référence en France en matière de courses d’obstacles, parfait mix entre trail et crossfit, qui attire toujours plus de monde. Cette année encore, 19500 concurrents se sont affrontés lors des épreuves disputées sur 4 destinations, Valmorel l’hiver, Carcassonne au printemps, Morzine cet été et St-Raphaël-Esterel en octobre. À l’origine de tout, un homme, un seul : l’Américain Joe De Sena. Son kiff ? Voir des coureurs ramper dans la boue sous des barbelés, porter des sacs de sable dans des pentes raides et enchaîner les burpees jusqu’à épuisement. Pire, il a réussi à convaincre ses enfants, âgés à l’époque de 7 et 8 ans, de courir les marathons de New York et de Boston. Rencontre avec un dur à cuire.
Spartan Race France : 4 formats pour tous niveaux
Depuis son arrivée en France en 2013, Spartan, leader mondial des courses à obstacles, affiche à son compteur plus de 200 000 finishers répartis sur plus de 40 week-ends d’épreuves. Quatre formats de course internationaux « signature » sont proposés, pour tous les niveaux de condition physique et de compétences.
La première, la plus courte, est la Sprint : 5km et 20 obstacles. Mais n’allez pas croire qu’il s’agit d’une balade. C’est une distance explosive sur laquelle il faut allier vitesse et intensité. C’est d’ailleurs un format sur lequel certains Spartans reviennent chaque année pour tenter un meilleur chrono.
Vient ensuite l’étape numéro deux après la Sprint, ou après avoir couru sur un 10 km classique : la Super, avec ses 13km et 25 obstacles. Ici, la course sur sentier se mêle aux obstacles, avec des parcours tracés dans des sites incroyables, en pleine nature. La Super est un format à la fois exigeant et amusant.
On passe ensuite aux choses très sérieuses avec l’ultime test Spartan : la Beast, un semi-marathon éprouvant agrémenté de 30 obstacles. Le format Beast est un parcours avec du dénivelé, des montées et des descentes abruptes. La Beast est renommée pour sa difficulté.
Dernier format, le pire de tous : l’Ultra. Fondée sur les principes de l’ultra-marathon, la Spartan Ultra fusionne la discipline de la course à obstacles avec des parcours de 60 km et 60 obstacles pour créer une épreuve unique et intense. Il s’agit d’un réel défi sportif d’ultra-distance.
Si ces courses sont réservées aux personnes de plus de 16 ansMais la Spartan s’intéresse aussi aux plus jeunes, avec des courses adaptées, les Spartan Kids pour les 4-15 ans.
Spartan Race et trail : une expérience enrichissante
L’intérêt d’une Spartan Race pour un traileur est que c’est une des activités physiques la plus complète qui soit, nécessitant une préparation à la fois physique et mentale. Ici, pas d’échappatoire : le fameux renforcement physique que vous oubliez régulièrement de travailler devient obligatoire. En effet, lors d’une Spartan Race, tous les muscles sont en action, toutes les chaînes sont sollicitées. De l’équilibre, à la force pure, l’endurance, le cardio, la vitesse, l’agilité… autant de capacités physiques que les athlètes doivent appréhender pour être capables d’améliorer leurs performances et se faire plaisir les jours de course et lors des entraînements exigeants.
À ce titre, ce mix entre course à pied et franchissement d’obstacles variés est idéal pour renforcer à la fois le corps et le mental. Avec ce type d’activité, vous reviendrez sur les sentiers de trail plus fort physiquement et phychologiquement.
Spartan Race : comment tout a commencé
En 2019, une barre symbolique a été franchie : celle du million de participants aux courses Spartan dans le monde. Et depuis, cela s’est encore accéléré. À ce jour, 39 pays organisent des Spartan Races, pour lesquelles il existe un championnat européen et 3 championnats du monde, sur différents formats. Un véritable mouvement, avec sa communauté de fidèles, son cri de ralliement (Aroo) et son fondateur, le génial et terrible Joe De Sena.
Joe, racontez-nous les débuts de l’aventure Spartan Race…
Il faut remonter plus loin dans le passé pour comprendre comment j’en suis arrivé là. J’ai grandi dans le Queens, à New York. Cette banlieue, c’était un peu comme dans Le Parrain, il y avait beaucoup de mauvais gars qui faisaient de mauvaises choses. C’est pourquoi les jeunes comme moi à l’époque voulaient être forts, pour ne pas avoir peur. Si on n’est pas assez fort, on peut ne pas s’en sortir. Nombreux sont ceux qui ont fini en prison ou se sont fait tuer. Je pense que l’histoire de la Spartan a commencé là, alors que j’étais très jeune…
Le fait de devoir surmonter des obstacles ?
À l’époque, ma mère s’est prise de passion pour le yoga, le bien-être, la nourriture saine, le véganisme, la méditation. Tout cela, c’était totalement à l’opposé de l’environnement dans lequel nous étions. Nous avons donc déménagé. Elle essayait de nous apprendre ces choses, à mes sœurs et moi, mais nous n’étions pas vraiment à l’écoute. J’étais plutôt branché business et j’ai atterri à Wall Street. C’était également un endroit de malade, plein de fric, de choses malsaines… totalement en contradiction avec les valeurs de ma mère.
Alors je me suis dit que j’allais pousser ces gens de Wall Street à faire du sport, du yoga, et à faire tout ce que ma mère faisait. Je les ai emmenés faire du footing, puis des courses à pied dans les bois. C’était ma touche personnelle, car j’étais différent des autres, je ne voulais pas participer aux nombreux dîners, ou aller boire des verres et tout ce qui va avec.
Et vous les avez convaincus ?
Oui. Du coup, en 2000, j’ai décidé de transformer l’essai en organisant ma première course extrême, un très gros événement. Je faisais déjà de nombreuses courses à travers le monde en tant que participant, mais celle-ci était la toute première que j’organisais et à laquelle je participais également. L’Expédition BVI (pour British Virgin Islands), c’était un truc de dingue, 563 kilomètres. J’ai perdu un participant pendant 8 jours… sur un bateau, il s’est fait emporter, et on pensait qu’il était mort. Les gardes-côtes américains l’ont retrouvé sur une île déserte 240 kilomètres plus loin. Il mangeait des crabes et buvait les bouteilles d’eau de la course qui avaient dérivé avec lui jusqu’à l’île. Ça, c’était ma première course. Elle m’a fait perdre beaucoup d’argent, mais j’ai adoré ça.
Et vous avez donc continué ?
Bien sûr, j’ai continué à organiser des courses complètement folles, et à perdre de l’argent. Jusqu’en 2010, où je me suis dit que je ne pouvais plus continuer comme ça, avec la crise financière par-dessus… Mais je voulais quand même faire ce que j’aimais. Je me suis donc remis en question et j’ai revu mes folies à la baisse. Je me suis dit que si les courses étaient moins extrêmes… Attention, je ne dis pas que les Spartan Races sont faciles, elles sont vraiment très dures, mais ce que j’organisais avant, c’était carrément dingue.
Peut-être que, sur des distances de 6, 12 ou 16 kilomètres, il y aurait plus de participants. Et donc, la première faisait 5 kilomètres. Et 700 personnes sont venues ! Je me suis dit : « C’est incroyable. » Et ce nom, Spartan, il a fait son effet. Pour la seconde course, 1 500 personnes se sont inscrites. Et plus on avançait, plus le nombre de participants grossissait. C’était dingue.
Que pensez-vous des autres courses à obstacles ?
Quelles autres courses ? Il n’y a pas d’autres courses ! (Rires.) Non, sérieusement, je pense que c’est une bonne chose. Fondamentalement, tout ce qui peut faire sortir les gens de chez eux et les rendre actifs, c’est très bien. Mais ça reste quelque chose d’épisodique et drôle, ce sont des courses amusantes qui ne s’inscrivent pas sur la durée, car il n’y a pas de discipline liée à ce genre d’amusements. La Spartan, c’est autre chose : c’est un sport à part entière, qui nécessite d’être sportif et de s’entraîner.
Comment concevez-vous un obstacle ?
Chaque chose que l’on propose doit être athlétique par nature. Mais on ne va pas électrocuter les gens ou faire des choses stupides. Et je pense aussi à la façon dont nous devrions vivre si le monde était tel qui était il y a 2 500 ans. D’où le javelot, l’escalade, les passages suspendus, les balanciers… Nous sommes la seule espèce qui ne vit plus dans son habitat originel. Je me suis donc dit qu’il serait bien de rappeler l’homme à sa nature, le remettre dans son environnement.
Vous vous êtes inspiré des entraînements de GI’s ?
À la base, non, bien que ce soit sensiblement la même chose. Les Spartan nécessitent un entraînement du haut du corps qui vient de l’escalade, du franchissement, de la natation. Comme les militaires, qui doivent avoir une musculature développée en haut également, et qu’on ne retrouve pas chez les marathoniens ou les coureurs de fond.
Pourquoi avoir imaginé une punition comme les burpees ?
J’étais très soucieux du fait que les gens puissent éviter certains obstacles, qu’ils passent à côté. Je me suis donc demandé quelle serait la pire punition pour ça, et 30 burpees, j’ai trouvé ça pas mal ! Et ça fonctionne : les Spartes préfèrent passer les obstacles. Et ils s’entraînent du coup, pour mettre toutes les chances de leur côté.
Vous aimez souffrir ?
Oui, j’aime souffrir ! Mais tout le monde devrait aimer ça. D’après le stoïcisme dans la Grèce antique, on n’apprécie pas les bonnes choses si on ne souffre pas un peu. Si vous n’avez rien, vous appréciez tout. Si vous avez tout, vous n’aimez plus rien. Et dans nos civilisations actuelles, dans les pays surdéveloppés, il faut bien trouver quelque chose pour donner un sens à sa vie. Il faut se forcer tous les jours à souffrir un peu. Une douche froide, des burpees, un jeûne, porter un poids très lourd… Il faut le faire.
Quitte à le faire faire à vos enfants ? Votre fille, Catherine, a couru une Beast à moins de 10 ans, n’est-ce pas ?
Oui, quand elle avait 6 ans, elle a couru une Beast. Mon fils a fait le marathon de Boston à 8 ans. Et mon autre fils, le marathon de New York, à 7 ans.
Et ce sont vos enfants qui demandent, ou vous qui le leur imposez ?
Je ne leur impose rien, je les convaincs de le faire ! (Rires.) Catherine aimait beaucoup ça. Mais quand je lui ai dit que la course faisait 40 kilomètres, elle a commencé à pleurer. Alors je lui ai dit qu’elle pouvait abandonner à partir du 20ème kilomètre, parce que de toute façon, c’était la ligne d’arrivée. On a beaucoup ri.
Votre femme, elle en pense quoi ?
Elle n’est pas d’accord ! (Rires.)
Êtes-vous un sadique ?
Si être un sadique c’est virer les gens de leur canapé et leur retirer leur pop-corn, alors oui, je suis un sadique ! Le matin, j’aime allumer toutes les lumières pour réveiller tout le monde. J’aime appeler mes amis tôt le matin exprès pour les réveiller. Mais ce n’est pas parce que je leur veux du mal, c’est parce que je suis convaincu que ça les rendra plus heureux. S’ils se lèvent tôt, et qu’ils s’entraînent, je sais que ça leur fera du bien. Je ne veux pas faire du mal pour le plaisir, je ne veux de mal à personne, je veux leur bien.
C’est pour ça que tout le monde devrait faire des Spartan ?
Dans un passé lointain pour certaines civilisations, et encore aujourd’hui pour d’autres, il y a des rites de passage. Certains jeunes adultes doivent suivre ces rites pour devenir des hommes. Ils doivent relever un challenge pour devenir meilleurs. Je ne sais pas ce qu’il en est en France mais, aux États-Unis, nous n’avons même plus le service militaire obligatoire. D’ailleurs, il y a des militaires qui viennent me voir et qui me disent : « Tout le monde est gros… » Avec la Spartan, on règle ce problème. Tout le monde devrait penser à sa santé. Avec le sport, on règle de nombreux problèmes, on baisse le coût du système de santé, tous ces gens qui se suicident à petit feu, les problèmes liés aux médicaments. Les gens devraient devenir accros au sport et à rien d’autre !
Le calendrier des Spartan Races 2024
Valmorel – La Spartan en mode Winter
Les 26 janvier 2024, la 1ère station de la Tarentaise accueille le plus gros rendez-vous running en station d’hiver de France. La Spartan Valmorel Winter Sprint et Super n’est pas une course comme les autres. Elle se déroule au cœur des massifs enneigésà moins 2 heures de route de Lyon. Le charme et l’authenticité d’un village de montagne, le dénivelé, les panoramas sur les sommets des Alpes et bien-sûr la neige sont de la partie pour faire de cette course une expérience à part.
Carcassonne – La Spartan du Sud-Ouest
Le 4 mai 2024, la Spartan Race fait escale dans le Languedoc-Roussillon à Carcassonne, autour du lac de Cavayère. Cette course s’adresse à un large public, et les variations de terrain en font un lieu encore plus adapté à tous les niveaux, avec du dénivelé pour les plus aguerris et des zones plus plates pour les kids par exemple. En 2022, plus de 3000 athlètes avaient répondu présent pour cette étape.
Morzine – L’étape de haute montagne au cœur de l’été
Le 5 juillet 2024, la Spartan Race se rend en Haute-Savoie, dans la station de Morzine, pour ce qui est peut-être la course la plus difficile de l’année. Et l’une des plus fréquentées, avec 5000 concurrents en moyenne. Sous des chaleurs souvent étouffantes et face à un dénivelé important, les athlètes auront l’opportunité de se mesurer à l’Ultra, un parcours de 60km et 60 obstacles, autrement dit le format de Spartan le plus long et le plus éprouvant.
Esterel Saint-Raphaël – L’été indien sur la Côte d’Azur
Pour la quatrième année consécutive, la saison se concluera en bord de mer Méditerranée, à Estérel – St-Raphaël, le 5 octobre 2024. Plus de 4000 athlètes y traverseront sentiers rocailleux abrupts, avec des points de vue à couper le souffle, des plages de galets et de l’eau turquoise… La dernière chance pour être qualifié pour les Championnats du Monde à Sparte, et sacrer les vainqueurs des France National Series.
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