Test Salomon S/Lab ULTRA : que vaut la chaussure d’ultra conçue par François D’Haene ?
Athlète historique de Salomon, François D’Haene vient de présenter lors de l’UTMB 2023 une gamme d’équipement pour l’ultra-trail qu’il a aidé à concevoir. Ce kit complet (textile, sac de course) comprend également une nouvelle paire de chaussures, la S/Lab Ultra. Esprit Trail l’a testée sur les sentiers au-dessus de Chamonix, en présence du « papa »…
Gamme Salomon ULTRA de François D’Haene : une panoplie complète
Annoncée il y a quelques semaines, la collection conçue par François D’Haene chez Salomon a été présentée à la presse le 30 août à Chamonix, dans le cadre de la semaine de l’UTMB, en présence du champion et de tout le staff de concepteurs. Cette nouvelle collection, dénommée ULTRA, pour ultra-trail bien sûr, n’est pas réservée aux élites. Elle s’adresse à l’ensemble des traileurs s’engageant sur des courses de 10 à 15h.
Si on ne s’est pas trop attardé sur tous les éléments du kit de course, qui comprend un gilet de course, un tee-shirt hommage au Beaufortain, un short 2 en 1 avec ceinture intégrée, des chaussettes fines et des manchons de mollets, nous avons en revanche pu tester pendant quelques heures les fameuses chaussures, conçues pour le long terme, pas nécessairement uniquement pour la vitesse.
Gamme Salomon ULTRA : une vraie collaboration
Qu’on se le dise, François D’Haene ne s’est pas contenté d’associer son nom à la gamme ULTRA. Le quadruple vainqueur de l’UTMB a planché des jours entiers avec le staff de concepteurs pour choisir les matériaux, tester les produits sur les sentiers et faire des recherches avec les designers Salomon avec lesquels il a créé une véritable histoire.
Il raconte : « Créer cette gamme signifie beaucoup pour moi car je travaille avec Salomon depuis plus de 10 ans sur des produits. Je suis très heureux d’avoir pu développer une gamme dédiée à l’ultra-running. Bien sûr, c’est un gros investissement de temps et d’énergie, mais je ne le considère pas comme du travail ; il s’agit de rassembler nos idées et de créer une gamme dont nous sommes fiers. Pour moi, il était très important de créer une gamme qui ne soit pas seulement destinée aux athlètes, mais à toutes les personnes participant aux ultras afin qu’elles puissent utiliser les mêmes produits que j’utilise. »
Ainsi, la chaussure S/LAB ULTRA est le modèle porté par D’Haene lors de ses victoires sur la Hardrock 100 en 2021 et à l’UTMB 2021, alors qu’il ne s’agissait à l’époque que d’un prototype. Ce modèle dispose même d’un petit espace pour écrire votre objectif ou le nombre d’heures courues dans la chaussure, que vous pourrez ensuite conserver comme un trophée. Et, comme chaque produit de la gamme, la chaussure est ornée de la mention : « Née d’une décennie de vision partagée. François x Salomon ».
Chaussure Salomon S/Lab ULTRA de François D’Haene : une fourche en fibre de verre et une tige en Matryx
Première surprise du modèle S/Lab ULTRA, la chaussure embarque une fourche en fibre de verre Profeel prise en sandwich dans la semelle intermédiaire. L’objectif n’est pas, comme pour une plaque ou fourche carbone, de procurer du dynamisme, mais plutôt de constituer un filtre entre les pieds et le sol afin de renforcer l’aspect protecteur de la chaussure lorsque les kilomètres se sont accumulés et que la fatigue se fait sentir. On retrouve également une double couche de mousse Energy Foam – made in Salomon – destinée à assurer un bon amorti et de la stabilité sur tous les terrains, notamment les plus techniques.
Concernant la tige, les équipes de Salomon et François D’Haene ont choisi du tissu Matryx, associé à des fils de Kevlar, pour privilégier la légèreté, la respirabilité et une grande résistance à l’abrasion. La chaussure ne pèse que 280g en 42, ce qui est très peu pour une chaussure d’ultra-distance.
« La conception de cette chaussure a été un processus très long et détaillé, et le projet consistait à développer une ultra-chaussure moins adaptée à mes besoins spécifiques, mais conçue pour offrir tout ce dont les ultra-runners ont besoin dans une chaussure ultra-running, c’est-à-dire stabilité, filtration, protection, durabilité et ajustement confortable », explique François D’Haene.
Test Salomon S/Lab ULTRA de François D’Haene : premières impressions
C’est sur les hauteurs de Chamonix que nous avons pu effectuer le test de ces chaussures. L’enfilage est aisé, la languette rembourrée confortable et parfaitement adaptée pour que le système de serrage Quicklace n’irrite pas le dessus du pied sur de longues distances. En revanche, le chaussant est un poil étroit, les pieds larges pourraient se sentir un peu comprimés au début. Selon le staff technique, c’est une question de quelques heures, le temps que la tige en Matryx se déforme et détende un peu pour se mouler à la forme du pied. Patience donc.
Dès les premières foulées, on sent une certaine rigidité au niveau de la semelle. C’est clairement une chaussure qui s’adresse plus à un coureur à plat qu’aérien. Ce qui peut surprendre un peu venant de D’Haene, dont la foulée est plutôt aérienne justement. Mais comme il l’explique, cette chaussure n’est pas conçue pour lui, mais pour le grand public, et pour être durable. Pour le champion, c’est surtout une chaussure qui va révéler son potentiel à partir de 4 ou 5 heures de course. Et qui vous accompagnera longtemps, car elle est conçue pour faire au moins 1000 kilomètres, tout en gardant un minimum de confort et d’amorti.
Test Salomon S/Lab ULTRA de François D’Haene : le verdict
Evidemment, sur un test de 2 heures, on est loin de pouvoir se faire un avis de l’intégralité du potentiel d’une chaussure conçue pour 10 à 15 heures de course non stop. Tout comme on ne peut apprécier le rôle de la fourche en fibre de verre, qui est là pour apporter du confort sur la durée et ne pas trop sentir le caillou du sentier lorsque les muscles sont fatigués. En attendant, lorsqu’ils sont tout frais et que l’attaque est franche, la sensation peut surprendre, la plaque étant un peu piégeuse en latéral.
Sur le plan de la foulée pure, la chaussure est précise, pas trop éloignée du terrain malgré l’épaisseur du stack, le maintien très satisfaisant. Quant à la semelle extérieure Contagrip, elle propose des crampons de 3,5mm seulement, donc assez peu prononcés. Si sur du roulant ou du terrain peu technique c’est tout à fait suffisant, lors des passages de pierriers humides de la zone de test, le grip était un peu limite. Mais là encore, sur un ultra, ce type de passage très technique représente une infime part du parcours.
Dernier point, le prix : la chaussure est vendue 240€. Cela peut paraître très cher par rapport à la concurrence, mais c’est le prix de la durabilité. Entre 2 paires capables de faire 500 kilomètres avant de rendre l’âme ou d’être déchirées et une paire taillée pour faire 1000 kilomètres, ça mérite de se poser et de réfléchir. Tout en étant sûr que celui qui a pensé cette chaussure sait de quoi il parle !
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