Xavier Thévenard : sa longue course contre la maladie de Lyme
Dans une interview à cœur ouvert accordée à son sponsor nutrition Baouw, le triple vainqueur de l’UTMB fait le point sur son combat contre la maladie de Lyme, contre laquelle il se bat depuis maintenant un an et demi. Xavier Thévenard la qualifie lui-même d’ « l’ultra le plus long et le plus difficile qu’il [lui] ait été demandé de courir ». Extraits d’un témoignage poignant.
La maladie de Lyme en question
La maladie de Lyme, ou borréliose de Lyme, est transmise lors d’une piqûre de tique infectée par une bactérie de la famille des spirochètes. L’infection est souvent sans symptôme mais peut dans certains cas entraîner une maladie parfois invalidante, avec parmi les symptômes les plus fréquents des douleurs articulaires durables, ou une paralysie partielle des membres…
État des lieux, par Xavier Thévenard
« Si je réponds très honnêtement, je dirais que la situation actuelle est nuancée. Néanmoins, je n’ai pas envie de me plaindre, ou de me faire plaindre. Car la pudeur fait partie de ma personnalité. Et que j’éprouve une grande admiration pour ceux qui savent rester dignes. Le contexte actuel m’incite également à relativiser : je suis loin d’être le plus malheureux, ma maison n’a pas été rasée par les bombes… Donc mentalement, ça va, mais affirmer que, physiquement, je suis en grande forme, ce serait mentir. Il y a du mieux mais j’ai du mal à me débarrasser une bonne fois pour toute de cette bactérie qui m’embête depuis près d’un an et demi. »

À propos des symptômes de la maladie
« Je n’ai rien à cacher. Mais c’est douloureux à évoquer. Ça me fait même monter la larme. Je vis un véritable ascenseur émotionnel, au gré de l’effet de yoyo qui s’impose à ma forme physique. J’alterne entre les épisodes où je me sens vraiment bien, où j’ai l’impression que ça y est, la maladie est derrière moi, et les coups de mou, les retours de bâton, qui me rappellent que le combat n’est pas fini… À cet instant, tu ressens la colère et la frustration s’emparer de toi, comme si tu vivais une grande injustice. Je dois l’admettre, en un an et demi, j’ai pris quelques claques… Mais je me relève. […] Je reste extrêmement résilient et déterminé. Je vais y arriver. Je vais revenir. Cette maladie, ce n’est ni plus ni moins l’ultra le plus long et le plus difficile qu’il m’ait été demandé de courir. »
À propos de son activité physique
« Cette bactérie ne m’empêche pas de jardiner, de randonner, d’effectuer un peu de charpente, de réaliser quelques bricoles en maçonnerie. Elle serait presque vivable si je ne faisais pas de l’ultra-trail à haut-niveau. Donc je m’accroche, je vais jouer dehors tous les jours. Car cela me fait du bien. C’est indispensable à mon équilibre. Je continue à m’entretenir physiquement parce que je sais que le corps a une mémoire, et que de cette façon, je repartirai de moins loin lorsque cela ira mieux. […] Disons que je fais de l’endurance douce, en alternant les disciplines, entre ski de fond, vélo et course à pied, à raison de 15 à 20 heures par semaine. De la rando-course comme on dit dans le jargon. Je ne mets aucune intensité. Pour un individu lambda, cela peut déjà paraître beaucoup mais pour préparer convenablement un UTMB, ce n’est pas suffisant ! »

Le regard de Xavier Thévenard sur le trail aujourd’hui
« Apprécier encore plus intensément les bonnes sensations lorsqu’elles sont là. Cela fait aussi prendre conscience que l’on est ultra-vulnérable, que nous ne sommes finalement pas grand-chose, lorsque tu constates qu’une si petite bestiole peut te mettre aussi mal… Sinon, concernant le trail, je concède que j’ai du mal à suivre les courses, regarder les résultats. Cela me rend triste, car j’aimerais y participer. »
Xavier Thévenard et la compétition en 2022
« Je suis cramponné à l’idée de participer aux 90 km du Mont-Blanc, à la fin du mois de juin. J’ai aussi cette flamme qui danse en moi à l’idée m’aligner à nouveau sur l’UTMB. Je ne pense absolument pas au résultat, à la performance. Je rêve juste de prendre le départ dans les meilleures conditions possibles par rapport aux opportunités que la guérison m’offrira. Je veux seulement participer à la fête, goûter à cette ambiance, être un coureur parmi d’autres et juste boucler la boucle. La place, je m’en fous. Si j’arrive à finir cette balade qui me tient à cœur, fin août, cela voudra dire que j’ai parcouru du chemin et que des jours radieux s’annoncent. »
Extrait de l’article rédigé par Baptiste Chassagne – Photos Benjamin Becker © baouw-organic-nutrition.com
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