Marathon du Mont-Blanc : Davide Magnini le maginifique, Joyline Chepngeno impériale
Dimanche 29 juin, le légendaire 42 km du Marathon du Mont-Blanc a offert un épilogue spectaculaire aux 3 journées des épreuves chamoniardes, marquées dès vendredi par les victoires de Théo Detienne et Blandine L’Hirondel sur le 90 km du Mont-Blanc. Considéré comme l’un des marathons de montagne les plus exigeants et les plus beaux au monde, il a débuté dès 6h45 par les élites femmes, suivies à 7h15 par les hommes et le reste des 2 250 participants. Avec, au bout du suspense, les victoires de l’Italien Davide Magnini, 6 ans après s’être imposé en 2019, et de la Kényane Joyline Chepngeno, première Africaine à s’imposer sur cette prestigieuse épreuve.
Marathon du Mont-Blanc : Davide Magnini ressuscite, Raoul Raus crée la surprise
Le parcours du Marathon du Mont-Blanc est un vrai piège. Après une première partie roulante jusqu’au fond de la vallée chamoniarde, où les coureurs atteignent parfois les 20km/h, l’ascension vers l’Aiguillette des Posettes donne un premier aperçu des difficultés, avant l’enchaînement technique et terriblement éprouvant pour les organismes entre Vallorcine et la Flégère. Ce n’est qu’une fois le dernier ravito de La Flégère passé que vient la descente finale vers le cœur de Chamonix., où depuis 3 ans est jugée l’arrivée.
La course masculine a offert un scénario haletant. L’Ukrainien Vitaliy Shafar, spécialiste de la route, tente sa chance dès le début. Il mène jusqu’à l’Aiguillette des Posettes, avant de céder face au trio Ezekiel Rutto (KEN), Thomas Roach et Thomas Cardin.
Après Vallorcine, Rutto semble en route vers la victoire. 5ème en 2024, il connaît le terrain et attaque avec autorité. Mais dans la montée vers la Flégère, il explose physiquement. À bout de souffle, il marche, laissant la voie libre.
C’est alors que le Belge Raoul Raus entre en scène. Inconnu du grand public, non listé parmi les favoris, il bouscule la hiérarchie mondiale. Tour à tour, il dépasse ses adversaires, parvenant même à prendre la tête de la course au sommet de La Flégère et malgré une lourde chute et une plaie ouverte au front, il s’accroche avec courage à sa deuxième place dans la descente.
Mais le coup de maître revient à Davide Magnini. Pointé 6ème à Vallorcine avec 4 minutes de retard, l’Italien lance une remontée d’école. Vainqueur ici même en 2019, il connaît chaque virage. Il rattrape tout le monde après la Flégère et dévale la dernière descente pour s’imposer en 3h42’55” (avec une moyenne de 11,9 km/h) avec plus de 3 min d’avance ! Un retour magistral après deux années de blessures, salué à l’arrivée par Théo Detienne, vainqueur du 90 km, champagne à la main. Tous deux offrent une double victoire au nouveau partenaire titre du Marathon du Mont Blanc, New Balance !
Le Français Thomas Cardin, 3ème, confirme sa montée en puissance. Vainqueur du 23 km en 2024, il s’offre désormais une place sur le podium de l’épreuve reine. La belle histoire continue. Rutto finit tout de même courageusement à la 4ème place malgré une chute impressionnante en dernière partie.

Marathon du Mont-Blanc : le TOP 5 hommes
1. Davide MAGNINI (ITA), 03:42:55 – New Balance
2. Raoul RAUS (BEL), 03:46:00 – New Balance
3. Thomas CARDIN (FRA), 03:46:29 – Kiprun
4. Ezekiel RUTTO (KEN) 03:50:25 – Milimani Runners Salomon
5. Valentin MARCHON (SUI), 03:51:17 – Salomon DACH

Marathon du Mont-Blanc : les réactions du podium hommes
Davide Magnini (ITA) 1er :
« Ce fut très dur dès le départ. J’avais mal aux jambes, la première partie de course était trop rapide pour moi, et la descente vers Vallorcine a été un calvaire. J’étais loin, avec un gros écart, et pourtant je suis parvenu à revenir.
Je me suis accroché à mon rythme, j’ai essayé d’écouter mes sensations. Dans la montée vers La Flégère, j’ai commencé à reprendre du terrain. Je n’ai même pas pu boire au torrent, mais j’ai trouvé les ressources pour bien descendre.
Même si je me suis tordu la cheville, abandonner à 3 km de l’arrivée était impensable. Je suis arrivé complètement vidé, mais heureux. Remporter à nouveau cette course, après ma première victoire en 2019, c’est un immense bonheur. Maintenant, place à la récupération ! »
Raul Raus (BEL) 2ème :
« L’objectif était de terminer dans les premiers, mais ma deuxième place a surpris : je n’étais pas forcément attendu sur cette course. Je savais que j’étais en forme, sans trop savoir si ça tiendrait sur un marathon. Je cours peu pour rester en forme, mais j’avais des doutes sur ma capacité à encaisser musculairement, surtout avec cette chaleur.
On a vraiment souffert, notamment dans la dernière montée vers La Flégère. À ce moment-là, on était tous presque à l’arrêt. Dans la dernière descente, j’ai chuté au début car j’ai eu pas mal de crampes mais j’ai réussi à gérer. Je n’ai pas fini comme je l’aurais voulu, mais ça fait partie du jeu.
Je suis content de ma course, même si pas totalement satisfait. J’étais en tête à La Flégère et, normalement, je fais la différence en descente. Ce sera une vraie motivation pour revenir l’an prochain et prendre ma revanche. »
Thomas Cardin (FRA) 3ème :
« Je ne ressens aucune frustration, je suis très content de ce que j’ai réalisé. Bien sûr, on est là pour gagner, mais j’ai su composer avec une forme moyenne sur la deuxième partie de course, marquée par de fortes crampes liées à la chaleur.
J’ai passé beaucoup de temps à m’hydrater et à me rafraîchir dans les ruisseaux. C’est rare de devoir maintenir une telle intensité sous une chaleur pareille, et le corps en souffre. Mais je suis fier d’avoir tenu, d’avoir géré la douleur et terminé alors qu’à un moment, je pensais abandonner.
C’est aussi pour ça qu’on vient à Chamonix : se dépasser, comme le font les milliers d’amateurs au départ. Après plusieurs années sur des formats autour de 40 km, j’ai désormais envie de me lancer sur des distances plus longues, peut-être le 90 km l’an prochain. »

Marathon du Mont-Blanc : Joyline Chepngeno impériale, Judith Wyder en mode fusée
Dès les premiers kilomètres, la Kényane Joyline Chepngeno impose son rythme. Elle creuse rapidement un écart de 5 minutes sur ses poursuivantes, Naomi Lang et Fabiola Conti, et conserve la tête jusqu’à l’Aiguillette des Posettes, même si pendant la descente l’écart se réduit un peu.

Au milieu de course, Fabiola Conti revient en force, imprimant un tempo fluide, mais cède dans les portions finales. Dans la montée du Béchar, Naomi Lang reprend la deuxième place, tandis que la Suissesse Judith Wyder, (vainqueur en 2024) encore en retrait, prépare son retour.
À la Flégère, Chepngeno compte plus de 7 minutes d’avance. Mais sur la dernière descente, Judith Wyder passe à l’attaque. Sur ce terrain ultra-technique, elle vole littéralement, effaçant l’écart avec une facilité déconcertante. Elle termine finalement à seulement 1’08” de la kényane. Un final d’anthologie. Une performance d’autant plus remarquable que toutes deux partagent un autre point commun : elles sont mères de deux enfants. Un magnifique podium complété par Naomi Lang, deuxième tout au long du parcours mais supplantée sur les derniers kilomètres par Judith.

Marathon du Mont-Blanc : le TOP 5 femmes
1. Joyline CHEPNGENO (KEN), 04:15:20 – Milimani Runners Salomon
2. Judith WYDER (SUI), 04:16:28 – Hoka / Redbull
3. Naomi LANG (ENG), 04:17:43 – Salomon
4. Rosa LARA FELIU (ESP), 04:18:33 – Compressport
5. Fabiola CONTI (ITA), 04:18:53 – Otso / Mud&Snow

Marathon du Mont-Blanc : les réactions du podium femmes
Joyline Chepngen (KEN) 1ère :
« La course a été très difficile, mais j’ai tout donné ! En début de parcours, je n’ai pas voulu partir devant car c’était la première fois que je courais sur un 42 km, une course très longue. Je savais que je pouvais tenir sur les 30 premiers kilomètres, mais si je suivais Judith, qui a gagné l’année dernière, ce n’était pas une bonne idée. Alors j’ai décidé de suivre le groupe et de voir comment elles couraient. Vers le 13e kilomètre, j’ai pris la décision d’y aller parce que le rythme était lent et que j’avais encore beaucoup d’énergie. Mais je ne pensais pas que je pouvais gagner. Je suis très heureuse ! »
Judith Wyder (SUI) 2ème :
« Aujourd’hui, c’était une journée intense. J’avais un problème ces derniers temps à l’ischio jambier et j’ai ressenti une douleur dès le début de course et je me demandais sans cesse si c’était intelligent de continuer. J’étais constamment à la limite, je n’étais pas totalement sereine. Mais j’ai pensé à mes filles (5 et 7 ans), qui m’attendaient à la Flégère, et ça m’a donné une énergie énorme pour continuer à pousser jusque-là.
Une fois là-haut, je savais que la suite était une longue descente, et que je suis généralement bonne dans cet exercice (du moment que mes jambes tiennent le coup !). Au final, je ne savais pas exactement à quelle distance était la concurrente devant et derrière moi, alors j’ai tout donné. Aucun regret car Joyline était juste plus forte aujourd’hui, mais je suis contente de ma course. C’était un beau combat.
Ce que j’aime vraiment ici à Chamonix, c’est l’ambiance, l’atmosphère. C’est un endroit magnifique, on peut venir en train, et il y a un vrai esprit de communauté. Je peux venir avec ma famille, et ça, c’est exceptionnel pour moi. Et bien sûr, l’organisation est incroyable. C’est une course emblématique, mais en même temps très familiale, très accessible. Je me sens toujours très bien accueillie ici. »
Naomi Lang (ENG) 3ème :
« Honnêtement, je ne m’y attendais pas vraiment. Ce n’était pas un objectif clair, mais je travaille dur pour progresser dans mon approche de course, et surtout pour être dans le rythme dès le départ. Cette sensation d’être vraiment “dans le coup” dès le début, c’était une première pour moi.
Je me suis sentie bien sur la première partie, comme portée par l’ambiance, par l’énergie du parcours. J’étais là pour passer un bon moment, et je pense que j’ai vraiment bien performé aujourd’hui. Ça me donne confiance pour la suite.
La montée vers la Flégère était rude, surtout avec la chaleur — ce n’est pas du tout une météo que j’apprécie. Et le terrain technique, il fallait vraiment rester concentrée. Mais je pense que ce genre de difficultés, ça me pousse à me dépasser.
Avant la course, pas mal de gens m’ont conseillé de ne pas partir trop vite, de rester patiente. Je crois que ça m’a beaucoup aidée à gérer mon effort. Dans les dernières montées, j’ai réussi à garder du rythme, et sur le final, j’ai senti que j’avais encore de la vitesse. C’était dur, mais j’ai vraiment aimé cette sensation d’aller chercher quelque chose jusqu’au bout. »
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