Courtney Dauwalter, la perf de la décennie ?
Lorsqu’elle a pris le départ de la Western States Endurance Run samedi 24 juin à 5 heures du matin à Olympic Valley, en Californie, Courtney Dauwalter était déjà considérée par la plupart des spécialistes comme la plus grande coureuse d’ultra-trail de l’histoire. 15h 29mn et 33s plus tard, l’Américaine a confirmé son statut, pulvérisant le record féminin de l’épreuve de plus d’une heure – 78 minutes pour être précis. Immense.
Western States Endurance Run, le mythe
La Western States Endurance Run est la plus ancienne course de trail running de 100 miles (160,9 km) au monde. Son itinéraire part d’Olympic Valley, en Californie, près du site des Jeux olympiques d’hiver de 1960, et se termine très exactement 100,2 miles (161,2 km) plus loin, à Auburn, en Californie. Il traverse les territoires de Niesmann, Washoe et d’autres peuples autochtones voisins. Il cumule plus de 5480 mètres de dénivelé positif et 7 010 mètres de dénivelé négatif. Un profil globalement descendant qui en fait un ultra plutôt « rapide », comparé à des ultras en boucle du type UTMB.
Depuis 1974, date de la première édition de la Western States, cette course est devenue l’un des événements d’endurance les plus marquants au niveau international. Dans la catégorie féminine, le record était détenu depuis 2012 par la Britannique Ellie Greenwood en 16h 47mn 19s. Pour sa première participation, en 2018, Courtney Dauwalter s’était imposée en « seulement » 17h 27mn, finissant 12e au scratch. Elle avait été contrainte à l’abandon en 2019.

Courtney Dauwalter et Kilian Jornet, même combat
En remportant la 50ème édition de la Western States Endurance Run et en pulvérisant le record féminin de l’épreuve de plus d’une heure, Courntey Dauwalter a confirmé qu’elle était la meilleure traileuse du monde. Son temps de 2023, certes réalisé dans des conditions climatiques favorables, sans canicule, lui aurait permis d’obtenir la 2ème place au classement général de l’édition 2022. Il est par ailleurs plus rapide que 2 des 7 derniers temps gagnants chez les hommes.

Quand Kilian Jornet déclarait, il y a 2 ans, que selon lui Courtney Dauwalter serait la première femme à s’imposer sur un ultra majeur, devant les hommes, il ne se trompait sans doute pas. Le switch semble désormais très proche. L’Américaine du team Salomon est d’ailleurs la seule athlète avec le Catalan à s’être imposée sur les 4 courses majeures du monde, UTMB, Diagonale des Fous, Western States et Hardrock 100. De plus, elle détient désormais les records des parcours féminins sur trois d’entre elles, la Western States, l’UTMB et la Hardrock 100. Un monument.

Courtney Dauwalter, l’exploit dans l’exploit
Non seulement sa performance sur cette Western States est énorme, record féminin atomisé et 6ème place au scratch, mais Courtney Dauwalter a également réussi l’exploit de réaliser le meilleur temps de toute l’histoire de la Western States Endurance Run sur le segment de 30 kilomètres entre Forest Hill, situé au 100e kilomètre, et la montée vers le lac d’Aubrun, au 130e kilomètre. Un chrono jamais égalé, hommes et femmes confondus ! Et le tout sans pacer pour l’accompagner, alors qu’ils étaient autorisés à entrer en piste à partir du 100e kilomètre. Comme l’a fait Thibaut Baronian avec Mathieu Blanchard.
Il faut avoir vu la vidéo réalisée par Thibaut Baronian et postée sur les réseaux sociaux du moment où Courtney Dauwalter les rattrape, au kilomètre 115, pour comprendre le phénomène. Alors que Mathieu Blanchard semble scotché sur la large piste de terre, peinant à suivre Thibaut Baronian, Courtney déboule en petite foulée et dépose littéralement le 2ème de l’UTMB 2022, lui proposant même de s’accrocher à son sillage pour aller jusqu’au lac d’Auburn avec elle, 20 kilomètres plus loin. Fair play, lucide et admiratif, Blanchard esquive d’une boutade, mais cette image restera sans doute longtemps gravée dans sa mémoire.



Bis repetita sur la Hardrock 100 ?
« La journée a été tellement amusante », a déclaré Dauwalter sur la ligne d’arrivée. « C’était cool d’être de retour ici et de franchir la ligne d’arrivée après avoir abandonné en 2019. Je suis très reconnaissante envers tous les bénévoles présents sur le parcours aujourd’hui et toutes les personnes qui ont préparé les pistes. C’était magnifique mais aussi très difficile, alors je suis heureuse d’être ici sur la course avec vous tous. »
Quelques mots simples qui cachent difficilement son bonheur d’avoir performé à un tel niveau alors que tous les regards étaient braqués sur elle. Une résistance à la pression hors norme. Il lui faudra d’ailleurs bien cela pour relever la seconde manche de son défi 2023 : l’enchaînement avec la Hardrock 100 dans le Colorado le 14 juillet prochain, pour tenter de remporter les deux courses américaines mythiques qui se déroulent à seulement trois semaines d’intervalle. Au vu de sa course, comment imaginer qu’elle puisse échouer…


































Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !