Trail et handicap : ça bouge pour l’inclusion
Améliorer l’accès des coureurs en situation de handicap aux sentiers est une préoccupation croissante. En cette fin d’année, 2 initiatives apportent des avancées majeures, que ce soit sur les courses by UTMB ou dans la pratique de tous les jours via l’application On Piste et le label Handi’spot. Et pendant ce temps, la Para-Team, équipe d’athlètes handicapés de Salomon, accueille de nouveaux ambassadeurs.
Trail et handicap : Handi’spot, pour favoriser l’accès à des parcours spécifiques
En partenariat avec la Fédération Française Handisport (FFH) et On Piste, plateforme gratuite pour explorer des parcours sportifs développée par le Groupe Rossignol, un nouveau label pour favoriser l’accessibilité des sports de nature aux personnes en situation de handicap a été mis en place au sein des territoires. Nommé Handi’spot, ce projet d’inclusivité répondant aux besoins d’informations précises des sportifs en situation de handicap est en cours de déploiement en collaboration avec l’Office National des Forêts et les acteurs locaux sur près de 20 parcours balisés.

Handi’spot : des sentiers faits pour les coureurs en situation de handicap
Le label Handi’spot s’appuie sur une grille de cotation précise, afin que chaque personne puisse évaluer en autonomie la faisabilité du parcours en fonction de son handicap et ses contraintes. Ainsi, pour chaque parcours labellisé, un énorme travail de préparation a été effectué en amont, afin de relever toutes les informations utiles aux usagers. Ainsi, parmi les paramètres pris en compte, on notera la largeur de la bande de roulement sur le parcours, la hauteur et la fréquence des obstacles, le type de pose de pied, le mode de progression…
« Ce travail est un pas en avant et met en lumière la démarche initiée par la Fédération Française Handisport. Handi’spot apporte une réponse concrète aux sportifs en situation de handicap dans leur pratique des sports de nature », se réjouit Emmanuel Buchoud, référent sur le sujet à la fédération avec laquelle a été mené ce projet.
Découvrez les premières destinations On Piste disposant de parcours labellisés Handi’spot
Même si une nouvelle version du site et de l’application sont en cours de développement pour offrir une meilleure visibilité des informations Handi’spot, il est déjà possible de découvrir les premiers parcours labellisés sur On Piste. 6 territoires pilotes sont ainsi pionniers sur le sujet : Golfe du Morbihan Vannes, Bagnoles Normandie, Saumur Val de Loire, Niort Marais Poitvein, Pays de St Jean de Monts et la forêt de Fontainebleau. Pour découvrir les parcours, rien de plus simple : sur la page d’accueil de l’appli, allez en haut à droite dans l’onglet “…Plus de filtres” et sélectionnez Handi’Spot dans les Labels On Piste. Vont alors apparaître les destinations ayant des parcours Handi’Spot.

Choisissez votre destination, puis votre parcours trail. Par exemple, le parcours N°2, Circuit au fil de l’eau, du côté de La Barre-de-Monts, dans le Pays Saint Jean de Monts. Une fois le parcours à l’écran, sélectionnez la double flèche en bas à droite de la carte : vont alors s’afficher les informations liées au sentier, comme par exemple la largeur de celui-ci (de large à étroit), le type de pose de pied (support plat ou irrégulier), l’existence d’obstacles et leur taille approximative (escaliers, autres…) qui permettront aux personnes en situation de handicap d’avoir un aperçu le plus précis possible de ce qui les attend. Idéal pour choisir le bon parcours.


Découvrir les destinations
Fontainebleau, enjeu prioritaire
Rendre le massif de Fontainebleau plus accessible aux personnes en situation de handicap est un enjeu prioritaire pour l’Office national des forêts. Rares sont les lieux en plein air où il est possible de se déplacer, en autonomie, quel que soit son état physique ou mental. Soucieux d’améliorer l’accueil du public dans le massif de Fontainebleau, puis de répondre à la diversité des besoins des usagers, l’office national des forêts y aménage des itinéraires de promenades adaptés aux personnes en situation de handicap.
Depuis 2020, l’ONF et les Amis de la Forêt de Fontainebleau ont restauré l’ensemble des 6 parcours ouverts à tous, dont deux entièrement adaptés aux personnes aveugles et malvoyantes. Au-delà de ces sentiers spécifiques, 14 autres parcours comprenant des difficultés variables peuvent également, selon le type d’handicap, être praticables. Puisque cette offre de sentiers est aujourd’hui mal connue, l’ONF a souhaité intégrer la démarche Handi’spot et les faire figurer dans l’application mobile On Piste.

Trail et handicap : l’initiative du Group UTMB
Améliorer l’accès des athlètes en situation de handicap aux courses de l’UTMB World Series, c’est l’objectif que s’est fixé le Groupe UTMB en 2024. Ainsi, un communiqué de presse publié fin octobre annonce : « Dans le cadre de son engagement en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion dans le trail running, le Groupe UTMB a décidé de déployer sa nouvelle politique pour les athlètes en situation de handicap. »
Le principe est simple : en s’inscrivant à l’« Adaptive Athlete Open », les athlètes éligibles peuvent bénéficier d’un soutien supplémentaire avant et pendant leurs courses. Qui est concerné ? Des critères précis permettent d’inclure dans cette catégorie des athlètes présentant divers niveaux de déficience visuelle permanente, de déficience intellectuelle ou de déficience motrice physique ou neurologique.
Chaque athlète en situation de handicap, qui doit tout de même être en mesure d’effectuer physiquement le parcours lui-même, pourra ainsi courir avec un coureur guide de son choix qui recevra un dossard gratuit, sur tout ou partie de la course, afin d’atteindre son objectif en toute sécurité.

Un parcours qualificatif dédié pour participer à l’UTMB 2024
Dans cette même logique d’inclusion, un parcours qualificatif dédié a été mis en place afin de permettre à un plus grand nombre d’athlètes en situation de handicap de gagner leur place pour les courses finales du circuit UTMB World Series qui se dérouleront à Chamonix l’été prochain. Et notamment les 3 finales les plus prestigieuses, l’UTMB, la CCC et l’OCC. Des dossards leur seront ainsi réservés, dans la mesure où ces athlètes sont éligibles, c’est-à-dire qu’ils disposent d’un index UTMB valide et au moins une running stone obtenue en terminant une course des UTMB World Series.
Chloé Léger, responsable régénération au sein du groupe UTMB, précise : « En fournissant le soutien nécessaire aux sportifs pour participer aux compétitions, nous leur permettons de découvrir les joies du trail running, en particulier les coureurs guidés. L’un des objectifs de UTMB for the Planet est justement de redéfinir le trail running comme un sport pour tous. »
Trail et handicap : la championne Amy Winters conquise
Toutes ces mesures ont été conçues en collaboration avec de nombreux athlètes en situation de handicap pratiquant des sports divers. Parmi eux, l’Américaine Amy Winters, amputée sous le genou et qui détient actuellement 13 records du monde dans diverses épreuves de course à pied et d’endurance. Dotée d’une grande expérience, elle a déjà terminé la Western States 100, bouclé le Marathon des Sables en 2019 et a également participé à l’UTMB Mont-Blanc cet été, même si elle n’a pu le terminer.
Cette prise en compte des athlètes en situation de handicap la réjouit : « La création et la mise en œuvre de cette politique par le groupe UTMB est une étape importante qui va améliorer les choses, notamment en créant plus d’opportunités pour ceux qui pensent que le trail running leur est impossible, en aidant chacun à donner le meilleur de lui-même et à chercher à atteindre un objectif plus grand. L’UTMB a une telle présence dans le monde de l’ultra et du trail running qu’il faut espérer que d’autres organisations de course feront de même. Ensuite, les règles devront être bien respectées, la sécurité et l’intégrité de la course elle-même doivent être maintenues. »

Trail et handicap : en Asie, les premières retombées
Au-delà des effets d’annonce, il y a les faits. Grâce au Fearless Dragon Running Club de Hong Kong, 13 athlètes en situation de handicap, dont six personnes non-voyantes et sept personnes sourdes, s’aligneront aux côtés de sept coureurs guides au départ du Doi Inthanon Thailand by UTMB, le 8 décembre prochain. En participant à la course 20K, beaucoup de ces athlètes ont pour objectif de gagner leur qualification pour l’OCC l’année prochaine.
Mok Kim Wing, fondateur du Fearless Dragon Running Club, est catégorique : “Si les athlètes en situation de handicap n’atteignent pas les sommets des montagnes ou ne réalisent pas leurs rêves de course, c’est bien à cause du manque d’opportunités, et non pas à cause de leurs capacités. » Leur donner la possibilité d’accomplir leurs rêves devient alors une mission…

Des athlètes amputés ambassadeurs de la marque Salomon
Côté inclusion, la marque Salomon est en avance et compte déjà dans ces rangs des athlètes amputés. Cette Para-Team vient d’accueillir de nouveaux membres, des coureurs, des skieurs, des snowboarders et un danseur, qui ont travaillé avec l’équipe Service Athletes 2 de la marque au cours des trois dernières années en utilisant la lame Hopper que Salomon a contribué à développer avec Airbus.
Parmi les athlètes, on retrouve Jérôme Bernard, coureur, randonneur et triple amputé qui a joué un rôle central dans le lancement de l’ensemble du projet Hopper il y a plus de trois ans. Côté trail, Boris Ghirardi a participé à la course Sierre-Zinal en 2022 et à la Maxi-Race d’Annecy en relais en 2023. Autre athlète adepte du trail, Fabrice Baudet, également vététiste, a couru le trail Blanc du Semnoz et la Maxi-Race d’Annecy en relais en 2023.
On retrouve également Lucas Liens, frère de Mathieu Blanchard, avec qui il a couru le semi-marathon des Sables Wadi Rum en 2022, et qui a depuis participé au trail Blanc du Semnoz et à la Maxi- Race d’Annecy en relais en 2023. Deux autres athlètes se sont également distingués sur des trails : Fayçal Toumi, danseur et coureur, qui a participé à la Short Race de la Maxi-Race d’Annecy en 2023, et qui travaille avec Patrick Leick sur un équipement de ski pour les skieurs amputés. Et enfin Julien Veysseyre, triathlète et vice-champion de France de para-triathlon, qui a couru le trail Blanc du Semnoz en 2023.

Sarah Legrand, ambassadrice inspirante
Chez les femmes, Sarah Legrand, snowboardeuse et coureuse, a couru la Femina Race de la Maxi-Race d’Annecy en 2023 et a participé au Salomon Speed Project, une course à pied de 340 miles en équipe 100% féminine, de Los Angeles à Las Vegas. « Il y a un peu de pression à devenir une athlète Salomon, c’est sûr, mais je me sens surtout poussée à aller encore plus loin », admet Sarah Legrand, qui pense déjà aux courses auxquelles elle participera l’année prochaine. « Je me suis tordu la cheville lors de la Femina Race d’Annecy, alors j’ai l’intention d’y retourner pour faire mieux. Je cours maintenant avec les S/LAB Genesis, qui fonctionnent beaucoup mieux que les chaussures que j’avais auparavant. Cet hiver, je vais potentiellement courir le Trail Blanc du Semnoz, et j’espère courir une course de 20 km à un moment donné, si possible l’année prochaine ! »

Projet Hooper : des lames de course à prix accessible
Le projet Hooper a commencé lorsque Jérôme Bernard, triple amputé, a contacté le constructeur aéronautique français Airbus pour développer une prothèse plus abordable en utilisant des matériaux composites récupérés des avions. Dix étudiants de l’école d’ingénieurs IMT Les Mines ont travaillé pendant quatre mois sur ce projet avant de solliciter Salomon pour travailler sur la semelle extérieure de la prothèse.
Aux côtés de Patrick Leick, ils ont passé plusieurs mois à tester différents prototypes avec Jérôme Bernard et Boris Ghirardi, sur les sentiers et dans le laboratoire biomécanique de Salomon. Grâce à des décennies de connaissances en biomécanique acquises lors de la création de chaussures pour coureurs, aventuriers et randonneurs de tous niveaux, et à la technologie Contagrip, développée et affinée par Salomon au fil des ans, l’équipe a pu créer une semelle durable pour les amputés qui marchent ou courent en montagne.
Le coût global de la lame a été réduit de moitié par rapport aux prothèses précédentes. Les étudiants ont maintenant créé une entreprise pour rendre cette prothèse accessible au grand public. La nouvelle « lame » de prothèse est désormais disponible à l’achat au prix de 1950 € auprès d’un prothésiste professionnel.

Bientôt une semelle pour la course sur route…
« Notre objectif est qu’ils puissent pratiquer tous les sports couverts par Salomon et plus encore, explique Patrick Leick. Nous avons maintenant une prothèse pour la course sur sentiers que nous avons contribué à développer, nous visons à mettre au point une semelle spécifique pour la course sur route et nous nous penchons également sur les sports d’hiver. J’ai bénéficié d’un soutien considérable de la part de Salomon, de notre PDG Franco Fogliato à Guillaume Meyzenq, vice-président de la division Chaussures, en passant par les membres de diverses équipes internes qui ont contribué à raconter l’histoire de ces personnes incroyables. »
« C’est un excellent exemple d’innovation ouverte, déclare de son côté Guillaume Meyzenq. En regroupant plusieurs com-pétences, nous avons pu réaliser des choses bien plus importantes que ce que nous aurions pu faire seuls. Pour Salomon, il ne s’agit pas d’un projet destiné à faire de l’argent, mais simplement à rendre le monde meilleur. »
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