UTMB 2022 : Kilian Jornet « sauvé » par Mathieu Blanchard
Après 100 kilomètres de course, Kilian Jornet était cuit. Victime de douleurs musculaires, il était sur le point d’abandonner. Mais lorsque Mathieu Blanchard l’a rattrapé, il s’est surpris à pouvoir le suivre. Sans le savoir, le Français l’a remis en selle. Jusqu’à la victoire, sa 4e sur l’UTMB. 3 jours après son chrono record, sur son compte Instagram, il raconte quelques moments forts de sa course.
Pour revivre la course de Kilian Jornet, c’est ICI
Partira, partira pas ? Suspense jusqu’au bout
KM 0. La veille du départ, je n’étais pas sûr de courir. Sur la il y a ce mélange entre peur et excitation. Chair de poule. Les acclamations et le bruit dans les oreilles, le silence dans la tête.
(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Positif au Covid mais asymptomatique, Kilian Jornet s’interroge jusqu’au dernier moment sur sa participation. Quelques heures avant le départ, le médecin lui donne le OK. Sur la ligne de départ, Kilian Jornet est isolé, masque sur le visage, pour ne pas risquer de contaminer un coureur.)
KM 70. Un mètre de lumière dans le noir de la nuit. Mon esprit dessine le contour des montagnes que je connais bien et que nous ne voyons pas dans le noir. Peuterey, Brouillard, Miage… J’essaie de me concentrer sur le bien-être que ces montagnes me procurent, plutôt que sur la course.
(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Pendant toute la première partie de course,Kilian Jornet reste au contact de Jim Walmsley, qu’il suit comme son ombre, comptant au maximum quelques poignées de secondes de retard sur l’Américain.)

KM 80. Manger, manger et manger plus. Un ultra-trail est un défi alimentaire tout en courant et en grimpant dans de beaux endroits.
(CE QU’IL FAUT SAVOIR : L’alimentation est la clé d’un ultra, et Kilian est à la pointe en matière de protocoles alimentaires, capable d’assimiler les glucides mieux que quiconque. A la base de vie de Courmayeur, après 80KM de course, il fera cependant un arrêt super-rapide de 4 minutes seulement, contre 5 à Jim Walmsley.)

Quand Kilian Jornet a craqué
KM 100. Des étoiles à l’extérieur et des ténèbres à l’intérieur. Avant Arnuva, Jim Walmsley a porté son attaque, en poussant fort. J’ai du mal à le suivre. Je m’accroche, mais les symptômes de Sierre Zinal reviennent, plus intenses. Ce sera dur dur… Je devrais ralentir et trouver mon rythme pour récupérer.
(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Passé 5 minutes après Jim Walmsley au sommet du Grand Col Ferret, Kilian Jornet se fera ensuite décrocher et comptera 13 minutes de retard à La Fouly.)
KM 120. À ce moment-là, j’étais sûr d’arrêter ma course à cause de douleurs musculaires. J’ai pensé arriver à Champex et arrêter là. Puis Mathieu Blanchard m’a doublé. J’ai pu le suivre jusqu’à Champex et j’ai vu que dans les descentes, mes muscles souffraient mais que je pouvais suivre… Mathieu a changé mes ténèbres en lumière.
(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Arrivé à Champex juste avant Mathieu Blanchard, qui l’a rattrapé, Kilian Jornet compte toujours 13 minutes de retard sur Jim Walmsley, qui va ensuite connaître un énorme passage à vide.)

Mano a mano avec Mathieu Blanchard
KM 130. De retour dans le game. La montée s’est avérée facile. Manger et manger et encore manger.
KM 150. Même si c’est une compétition, l’UTMB, c’est aussi une traversée de villages. Ce sont des gens. Je vois les anciens et nouveaux amis de l’époque où je vivais là-bas. Les ultras peuvent aussi être des circuits d’endurance gastronomiques ou des circuits touristiques pour personnes actives.
KM 160. Après s’être entraidés – je poussais dans les montées et lui dans les descentes -, il était temps de se « battre ». En sortant de Vallorcine, j’ai poussé fort, je suis rentré dans ma bulle des jours de course difficiles, décomptant les kilomètres me séparant de la ligne d’arrivée et l’énergie restante.
(CE QU’IL FAUT SAVOIR : À la sortie de Vallorcine, Kilian Jornet et Mathieu Blanchard font quelques kilomètres côte à côte avant que Kilian ne porte son attaque. Il est plus rapide en montée et veut prendre suffisamment d’avance pour ne pas être repris en descente. Il passera au sommet de la Flégère avec 8 minutes d’avance sur Blanchard et ne sera pas repris.)

Moins de 20 heures, un record
170 KM. S’arrêter est un soulagement. Les émotions sont à fleur de peau. Ça a été dur la plupart du temps, mais beau aussi, très solitaire à certains moments, et un vrai travail d’équipe à d’autres. Merci aux bénévoles, à toutes les personnes qui applaudissent pour faire disparaître notre douleur, aux organisateurs. Et merci Mathieu, et ÉNORME bravo pour ta course, quelle performance incroyable !
(CE QU’IL FAUT SAVOIR : En bouclant le parcours intégral de l’UTMB en 19h 49mn 30s, Kilian Jornet, premier homme à descendre sous les 20 heures, établit le nouveau record de l’épreuve.)

170+. C’est une personne qui court, mais c’est une équipe qui le fait avec elle. Merci à… Bon sang, tant de gens que ce post serait trop long !
Pour revivre en vidéo les derniers mètres de Kilian Jornet au milieu de la foule, c’est ICI

































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