Finale de la Golden Trail World Series 2024 : Elhousine Elazzaoui va-t-il gagner ? [Interview]
Elhousine Elazzaoui va-t-il devenir le premier Africain à remporter la Golden Trail Series ? À quelques jours de s’élancer sur la Grande Finale qui se tiendra à partir de jeudi à Locarno, en Suisse, le Marocain peaufine ses derniers réglages. S’il est actuellement seul en tête du classement général, avec trois victoires à son actif, il est talonné de près par les Kényans Patrick Kipngeno et Philemon Kiriago, prêts à toutes les alliances pour s’imposer. Une situation qui ne semble pas affecter sa confiance !
Elhousine, tu arrives sur la finale avec trois victoires à ton actif. T’attendais-tu à cette situation au début de la saison ?
Elhousine Elazzaoui : J’ai toujours dit que mon rêve ultime était de remporter la Golden Trail World Series. Ça fait 5 ans que j’essaie, je me suis préparé pour ça depuis longtemps. Les années précédentes, ça n’avait pas souri, en tout cas, pas tout le temps. Là, tout s’aligne et c’est le meilleur scénario pour moi cette année. Mais la finale sera une autre histoire.
Avant de parler de la finale, revenons un peu sur ta saison. Quelle a été la course la plus dure à remporter ?
Elhousine Elazzaoui : Je pense que c’était Headlands (la 7ème des 8 étapes du circuit 2024, première course aux États-Unis, NDLR). La course a été très rapide avec aucun moment de répit. C’était une course roulante et on a dû terminer au sprint avec Philemon.
Et la plus facile ?
Elhousine Elazzaoui : Il n’y a jamais aucune course facile ! Mais celle où j’ai eu l’impression d’avoir le mieux maîtrisé mon sujet, c’était au Marathon du Mont-Blanc. On a eu un beau duel avec Rémi (Bonnet, NDLR), mais j’ai l’impression de finir en ayant encore de la réserve. J’étais à l’aise et finalement je n’ai jamais douté sur cette course.

Tu arrives désormais en tant que grand favori sur la finale, cela te rajoute-t-il de la pression ?
Elhousine Elazzaoui : Non, je n’ai pas de pression ! Je sais que tout le monde me soutient sur la finale. Je suis assez connu ici puisque je vis juste à côté quand je suis en Europe. Je connais le parcours par cœur, je suis habitué à ces sentiers.
C’est un peu comme une course à domicile…
Elhousine Elazzaoui : Oui, exactement ! Alors c’est vrai que tout le monde attend de moi que je gagne, un peu comme tout le monde espère voir Rémi gagner Sierre-Zinal un jour. Mais je ne prends pas cette attente comme quelque chose de négatif, c’est positif pour moi ! En tout cas, je ne suis pas stressé.
Et comment te sens-tu physiquement ?
Elhousine Elazzaoui : Je me sens bien ! Les jambes sont là et je suis prêt à me battre.
Est-ce que la victoire peut encore t’échapper ?
Elhousine Elazzaoui : Je dis toujours qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire, mais le contraire est vrai aussi. On peut toujours faire mal sur la fin. Mais j’ai tout fait comme il fallait cette année, et je ne préfère pas penser à ça. Bien sûr, tu peux tomber, te blesser, rien n’est joué tant que la ligne n’est pas franchie, mais je suis bien physiquement, les jambes sont là, donc j’espère vraiment tout bien faire.

Tu as deux Kényans qui te marquent à la culotte au classement général. Ils ont avoué avoir mis une stratégie en place pour te battre à Mammoth, la dernière étape avant la finale, même si ça n’a pas marché. Ils affirment vouloir durcir encore davantage cette stratégie sur la finale. De ton côté, que comptes-tu faire pour les contrer ?
Elhousine Elazzaoui : Je n’ai pas de stratégie. Je veux faire ma course et surtout éviter les problèmes. Je ne veux pas faire d’erreur, chuter, me tromper de parcours, etc. Personnellement, je n’en ai rien à faire de la stratégie, je sais que ça va être une course difficile, et je me prépare seulement à ça.
Il y a 2 courses lors de cette finale, le prologue, qui attribue 100 points au 1er, 94 au 2ème et 88 au 3ème, et la grande finale, qui attribue 300 points au 1er, 282 au 2ème et 264 au 3ème. Patrick Kipngeno a actuellement 12 points de retard sur toi, 588 contre 600. Ce qui signifie que s’il termine devant toi, il peut te priver de la victoire finale, même si tu es sur le podium. Est-ce que c’est quelque chose qui va modifier ta façon de courir ?
Elhousine Elazzaoui : Non ! En réalité je ne pense pas que ça soit une course pour Patrick ! Ce parcours est beaucoup plus technique que les courses américaines, c’est vraiment différent. Et moi, je le connais par cœur, je l’ai déjà fait plein de fois, et je suis très confiant. Je me sens vraiment bien et je vais donc me focaliser sur ma course.

Lors de la dernière étape il y a eu une petite polémique entre vous deux après qu’on t’a accusé de l’avoir gêné dans le sprint final. Il t’a montré du doigt à l’arrivée, il n’était pas content. Finalement, les images t’ont donné raison mais est-ce que cette histoire est définitivement réglée ?
Elhousine Elazzaoui : Je crois que tout le monde a bien compris ce qu’il s’était passé. Sur le direct ce n’était peut-être pas clair, mais sur le ralenti on voit bien que je garde ma ligne et je vais au plus court. Je crois que la majorité des gens l’ont compris. Tout va bien, ça fait partie du sport, on était dans l’élan du sprint, ça se passe très vite. On en a discuté et tout va bien désormais.
Est-ce que tu es prêt pour une arrivée au sprint à la finale ?
Elhousine Elazzaoui : Ah non ! Je veux absolument éviter ça. J’en ai assez des sprints ! Mais je suis sûr que ça sera différent sur ce parcours.
Tu es peut-être en passe de devenir le premier Africain à remporter la Golden Trail World Series, qu’est-ce que ça représente pour toi ?
Elhousine Elazzaoui : Comme je le disais, ça fait 5 ans que j’essaie de briller sur la Golden. La remporter, ça serait une grande fierté, non seulement pour moi, mais aussi pour mon pays. J’aurais l’impression de marquer l’histoire. J’espère pouvoir inspirer les gens, pousser les jeunes de mon pays à se mettre au trail, à se dire que c’est aussi un sport intéressant.

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