Everest par l’arête Ouest : Kilian Jornet renonce

Kilian Jornet Everest 7

C’est une voie difficile, rarement empruntée, que Kilian Jornet a tenté en solitaire le 22 mai dernier. Brassé par des vents violents puis pris dans une avalanche à quelques centaines de mètres du sommet de l’Everest, le Catalan a préféré faire demi-tour. Il raconte ce jour où son rêve de suivre les traces de Tom Hornbein s’est réalisé, même s’il n’a finalement pas atteint l’objectif qu’il s’était fixé.

Everest par l’arête Ouest : un échec, mais pas que…

« Cette expédition a-t-elle été un échec ? Bien sûr ! Je n’ai pas atteint le sommet que je visais, mais tout le reste. Je crois fermement que le ‘comment’ est bien plus grand et plus important que le ‘quoi’, et en ce sens, la montée était tout simplement parfaite. Comme un grand puzzle avec toutes les pièces sauf une, celle du sommet », raconte Kilian Jornet, qui a rejoint Katmandou après avoir quitté le Khumbu, où il séjournait depuis plusieurs semaines avec sa famille.

Kilian Jornet Everest
Photo NNormal / DR

Everest par l’arête Ouest : le récit de Kilian Jornet

« En 1963, les défunts Tom Hornbein et Willi Unsoeld ont fait une première ascension de cette belle route. Ce fut un plaisir de suivre un peu leurs traces. J’ai emprunté un couloir très raide pour atteindre l’épaule ouest de l’Everest, mais les conditions là-haut étaient horribles, avec de la glace bleue sous une couche de neige épaisse. Je faisais 2 pas en avant pour un un pas en arrière, et ce pendant 1000 mètres d’ascension. Quand j’ai atteint la crête, il y avait beaucoup de vent. Je suis resté à l’abri sous une corniche pendant 3h pour me reposer et me calmer, et j’en ai profité pour regarder les files d’attente des grimpeurs des voies normales népalaises et tibétaines qui progressaient vers le sommet.

Kilian Jornet Everest 5
Photo Kilian Jornet / NNormal / DR

Après que le vent se soit un peu calmé, j’ai continué sur la crête et traversé un terrain mixte de roche et de neige vers le pied du couloir Hornbein. Là, je me sentais bien et les conditions étaient parfaites. Mais après quelques centaines de mètres dans le couloir, une masse de neige fraîche, accumulée je suppose par les vents du matin, s’est détachée et a provoqué une avalanche qui m’a emporté sur environ 50m. À ce moment, j’ai hésité entre continuer ou faire demi-tour, et j’ai décidé de renoncer. La descente était intéressante. Les fortes chutes de neige m’ont obligé à utiliser la fonction ‘retour au départ’ de ma montre Coros pour rentrer, car la visibilité était de 2-3 mètres et mes traces de la montée avaient disparu sous la neige épaisse. »

Kilian Jornet sur l’arête Ouest, la vidéo

Le couloir Hornbein, une voie difficile et exposée

C’est par ces mots que Kilian Jornet résume le voyage de plus de 30 heures qui lui a permis de voir de découvrir un itinéraire dont il rêvait depuis un certain temps et dont il connaissait très peu de détails, en dehors des photographies ou des descriptions dans les livres d’alpinisme. La route de la crête ouest vers l’Everest est la moins courante en raison de sa difficulté technique et de sa longue exposition à l’altitude. De plus, c’est un parcours très vertical, avec un terrain rocheux et glacé très exposé, qu’il a affronté en solitaire et sans oxygène supplémentaire. Cette route, ouverte en 1963, est connue sous le nom de Hornbein Corredor (couloir Hornbein), en l’honneur de l’un des grimpeurs qui l’a empruntée pour la première fois, ce qui était à l’époque considéré comme un événement historique très important pour l’alpinisme.

L’acclimatation de Kilian Jornet avant l’ascension

Kilian Jornet a rejoint l’Himalaya le 19 avril dernier, accompagné d’Emelie Forsberg et de leurs deux enfants. Ensemble, ils sont progressivement montés de Namche (3440m), puis à Pheriche (4371m) pour s’acclimater à l’altitude. De Pheriche, Kilian Jornet a effectué quatre rotations qui lui ont servi d’entraînement et d’acclimatation. Lors de sa dernière rotation, il a même atteint le camp 4, à 7900m d’altitude, ce qui lui a permis de constater l’état du terrain et de vérifier qu’il se sentait bien en altitude. Sa tentative d’ascension par l’arête ouest n’est intervenue qu’après plusieurs jours d’attente des meilleures conditions possibles, même si l’imprévisibilité de la météo est un facteur important à prendre en compte dans l’Himalaya.

Kilian Jornet et l’Everest, une passion

Kilian Jornet a déjà effectué plusieurs expéditions dans l’Himalaya. Son histoire avec le plus haut sommet du monde a commencé en 2016. Mais c’est surtout en 2017 que le champion espagnol a défrayé la chronique, avec une double ascension de l’Everest en une semaine, toujours en style alpin, sans assistance ni oxygène supplémentaire (autre que celui emmené avec lui). Ses deux dernières expéditions, en 2019 et 2021, l’ont aidé à explorer le terrain et à vérifier les différentes possibilités avant d’affronter cette fameuse crête ouest.

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Photo Kilian Jornet / NNormal / DR
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