Gregory Vollet cash : le bilan de la Golden Trail Series 2024, les Kényans, le trail aux JO, la GTS 2025, il dit tout ! [interview]

GREGROY VOLLET. Photo Mickael Mussard

À quelques jours de la Grande Finale de la Golden Trail Series à Ascona-Locarno, en Suisse, Gregory Vollet, directeur de l’événement, tire son premier bilan sur la saison 2024 et évoque l’évolution du trail, sa médiatisation, la redistribution des cartes avec l’arrivée en force des Africains, mais aussi son rôle dans l’arrivée du trail aux JO, ou encore les grandes règles de la saison 2025 de la GTS.

Greg, revenons sur la saison de la Golden Trail Series qui vient de s’écouler. Quelle est l’image que tu gardes en tête ?

Gregory Vollet : Il y en a plein, mais disons que j’ai un petit coup de cœur pour l’ouverture de la saison au Japon avec cette grande porte japonaise en guise d’arche pour lancer la première course. La musique nippone, les tambours, c’était une image assez forte. Le parcours était atypique, très technique et c’était la première fois que nous allions en Asie.

Justement, quel est ton retour sur la première expérience asiatique de la Golden Trail Series ?

Gregory Vollet : C’est un premier pas, et nous aurons bien évidemment besoin de quelques années pour vraiment nous imposer en Asie. Mais on voit que la perception de la courte distance et du trail est en train de changer là-bas grâce à la Golden Trail Series. J’ai la chance d’entraîner Miao Yao, et elle me confiait qu’il y a énormément de discussions sur la GTS et sur la courte distance en Chine car les gens peuvent suivre les lives. Ça change l’approche de la discipline, ça la rend plus spectaculaire. Pour le moment, en Chine, la discipline numéro 1 c’est l’ultra, mais ça commence à switcher.

Lire ICI l’interview de Miao Yao pour Esprit Trail

Pourquoi c’était si important pour la Golden Trail Series d’aller en Asie ?

Gregory Vollet : Pour affirmer notre crédibilité en Chine et en Asie. On voulait aussi rééquilibrer la Series. Au départ, on était 100% en Europe, puis on a fait 75/25 avec les États-Unis. Maintenant, on est 50/25/25, c’est davantage équilibré entre les trois continents. J’ai espoir de voir notre communauté asiatique grandir de plus en plus car on voit qu’il y a des profils de coureurs très intéressants là-bas.

Y a-t-il eu des moments compliqués à gérer au cours de cette saison ?

Gregory Vollet : Il y a eu des moments plus compliqués ou plus marquants, dirons-nous. Je pense par exemple à cette petite polémique à gérer à l’arrivée de Mammoth entre Elhousine Elazzaoui et Patrick Kipngeno. Les images ont rapidement fait le buzz et il a fallu désamorcer la situation. Nous avions les images GoPro du sprint final, des images que les gens n’avaient pas pu voir en live, ce qui nous a permis de valider le résultat final. Mais c’est devenu rapidement viral.

Les deux classements sont dominés par les coureurs africains. Que penses-tu du niveau de ces coureurs ?

Gregory Vollet : C’est vrai que c’est un raz-de-marée cette année. C’est d’autant plus impressionnant quand tu vois qu’on a finalement peu de coureurs africains comparés aux autres continents. Mais ils sont tous devant ! Je pense que c’est une ouverture à l’ensemble des continents. On le voit d’ailleurs sur Sierre-Zinal où on a aussi beaucoup de coureurs sud-américains. Nous sommes la Series du monde entier et c’est tant mieux pour nous.

Mais tu n’as pas peur que les Kényans raflent tout sur la courte distance ?

Gregory Vollet : Ce n’est pas impossible… On l’a vu sur la piste ou sur la route. Souvent, les coureurs africains ont des bases physiques extrêmement élevées et ils n’ont finalement qu’à apprendre la base technique pour performer. C’est désormais aux coureurs des autres continents de se mettre au niveau pour rivaliser. Je trouve que c’est un peu trop facile de dire qu’ils vont tout gagner sans chercher plus loin. Il faut juste réfléchir à comment s’entraîner pour avoir le même niveau qu’eux ! Mais je pense que ça sera différent à la finale car le terrain est technique et ils ne seront pas forcément à leur avantage. Même si on a vu que Patrick était capable de gagner au Japon, qui a été décrite comme la course la plus technique de l’année. Tout est possible…

Cette année, beaucoup de critiques sont apparues sur les parcours de la GTS, jugés trop roulants…

Gregory Vollet : Ce n’est pas vrai ! Je pense que la vision générale est parfois biaisée. Chaque année nous avons voulu mixer entre parcours roulants et parcours techniques, et ça a encore été le cas cette année. Mais on peut refaire le tour ! Le Japon était ultra-techique. En Chine, on avait l’altitude qui jouait un rôle important, et à une journée près, avec la boue on aurait eu une descente extrême. Zegama est considérée comme une course technique. Le Marathon du Mont-Blanc est plutôt une course intermédiaire. Sierre-Zinal est roulante. La Pologne aurait été une course technique si elle n’avait pas été annulée. Et ensuite, on arrive aux États-Unis où les parcours étaient très roulants effectivement. Mais c’est surtout une question de culture aux USA, où c’est difficile de trouver des parcours techniques. La finale sera un mixte d’un peu de tout mais avec quand même une majorité technique. En réalité, on ne tend absolument pas vers des parcours roulants, mais plutôt vers des parcours d’une durée de 2h à 2h30 pour pouvoir les diffuser à la télévision.

Est-ce que ça change la donne selon toi ?

Gregory Vollet : Je ne suis pas certain. Si on regarde bien, que ce soit sur des 42 km ou des 27 km, ce sont les mêmes coureurs qui gagnent ! Elhousine fait 2ème à Zegama derrière Kilian, qui gagne d’ailleurs Sierre-Zinal. Elhousine a ensuite remporté le Marathon du Mont-Blanc mais également les deux courses américaines. Chez les femmes, Malen Osa fait 2ème à Zegama et 3ème au Japon. On a aussi Madalina Florea qui fait 2ème au Marathon du Mont-Blanc ou aux USA… Quand un athlète est prêt à performer, il l’est sur 25 ou 42 kilomètres finalement. Les résultats sont proches. C’est simplement que le suspense est beaucoup plus intéressant sur une course folle de 2 heures plutôt que sur une course où on se regarde pendant 3 heures avant d’attaquer dans la dernière partie.

On entend beaucoup parler des JO en ce moment, et il semblerait que tu n’y sois pas complètement étranger… Crois-tu que le trail puisse rapidement arriver aux Jeux olympiques ?

Gregory Vollet : En réalité, j’ai toujours été contre le trail aux JO, du fait de mon passif en VTT. Puis, il y a 2 ans, j’ai réalisé que de toute façon, le trail allait y aller et que les responsables ne demanderaient la permission à personne… On a vu dans le passé que quand les comités ont fait ça, le sport s’est retrouvé complètement dénaturé, comme en VTT ou en ski-alpinisme par exemple. Je n’avais donc pas la bonne attitude. Je me suis donc dit que de toute façon ça allait arriver et qu’il fallait trouver le meilleur compromis entre ce que le Comité International Olympique est capable de faire et ce que la communauté trail est capable d’accepter.

Ce n’est clairement pas facile pour un athlète d’accepter ces changements, parce que ce n’est finalement pas ça qu’il a forcément envie de faire, mais il est certain que le trail actuel n’est pas compatible avec les JO. Donc, plutôt que de créer une boucle complètement artificielle à refaire plusieurs fois, on a réfléchi au meilleur compromis possible afin de répondre aux besoins de tous. Ces nouveaux formats en fleurs peuvent y répondre : ce ne sont pas les mêmes sentiers entre les boucles, il y a donc de l’improvisation technique à chaque boucle, il y a une gestion de course différente, des stratégies différentes. Maintenant qu’on a trouvé ce compromis, il nous fallait trouver le bon lobbying pour intégrer les JO sous cette version.

Et tu penses que c’est faisable ?

Gregory Vollet : C’est en bonne voie. Actuellement je suis sur la finale de la Golden, donc je ne suis pas de près le dossier, mais nous avons trouvé des partenaires puissants et nous sommes assez confiants. Mais, à un moment, ça sera hors de notre portée avec des décisions politiques. On ne pourra pas influencer jusqu’au bout mais il faut que le projet soit cohérent pour chacun.

Le Marathon du Mont-Blanc va quitter la Golden Trail Series l’année prochaine, quelle course va le remplacer ?

Gregory Vollet : Le calendrier n’est pas encore finalisé, nous l’annoncerons comme d’habitude en décembre. Tout est quasiment validé, mais je ne peux évidemment pas le publier avant cette date.

Et tu n’as pas un scoop à nous révéler pour l’année prochaine ?

Gregory Vollet : Je ne peux pas parler des courses, car il y a des enjeux de communication. Mais je peux cependant vous annoncer que les règles vont un peu changer. Cette année, on avait prévu de baser le classement général sur les quatre meilleurs résultats de chaque athlète. Mais, on a vu avec l’annulation de la Pologne qu’il y avait pas mal d’athlètes qui pouvaient se relancer avec uniquement trois résultats. On a donc décidé de ne garder que les trois meilleurs résultats de chaque athlète, en plus de la finale, pour le classement général en 2025.

La Golden Trail Series œuvre beaucoup pour la diffusion du trail à la télé, est-ce que ça sera encore le cas l’année prochaine ?

Gregory Vollet : Plus que jamais ! L’année dernière, uniquement sur Eurosport, nous avons atteint 12 millions de spectateurs uniques. On en espère encore plus cette année et encore davantage l’année prochaine. Nous avons une réelle volonté de pousser la visibilité du trail à la télévision afin de toucher une audience de plus en plus large.

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