Les petits secrets de Tom Evans, vainqueur de l’UTMB 2025
Après 2 échecs en 2023 et 2024, le capitaine de l’armée britannique Tom Evan a dominé de la tête et des épaules l’UTMB 2025, s’offrant une victoire de prestige à Chamonix. Si le petit rituel de la canette de RedBull bue à même la chaussure a marqué les esprits, son esprit à lui, où était-il ? Entre playlists, podcasts et datas, que lui susurrait son casque à ses oreilles ? Cécile Bertin lui a posé la question.
Tu as toujours un casque Shokz sur les oreilles. Ta playlist ressemble à quoi ?
Tom Evans : En réalité, je n’ai pas une playlist mais plusieurs que je choisis en fonction de la séance que je dois faire. Pour les séances axées sur l’endurance fondamentale, je cherche à rester détendu en m’assurant de ne pas aller trop vite ou de ne pas « travailler » trop fort, je reste donc sur des sons assez cool. Et dès que je bascule sur des séances au rythme plus soutenu, je bascule sur la musique entraînante et motivante. Du rock quoi ! Mais je dois avouer un truc hyper gênant : même si je suis britannique j’ai une passion honteuse pour la musique country américaine… Je pense même être sur le podium de ceux qui écoutent le plus ce type de musique sur Spotify, ce qui est très embarrassant. (Rires.)

Sur instagram, tu as évoqué le fait que tu écoutais beaucoup de podcasts. Quel genre de podcasts ?
Tom Evans : En réalité, cela va peut-être surprendre mais j’écoute très rarement des podcasts sur le trail running. J’adore écouter des podcasts historiques ou carrément comiques. Ce matin pour ma sortie, j’ai écouté un épisode de « Off Menu » animé par Ed Gamble et James Acaster qui invitent des célébrités pour parler de leurs plats préférés, de leur restaurant de rêve… Ça part vraiment très loin, mais c’est très drôle.
Pendant l’UTMB, tu avais encore ton casque. Tu écoutais des podcasts ?
Tom Evans : Alors non, en course, je pars uniquement avec la musique. Et même mieux, je pars avec 3 playlists différentes qui sont découpées comme je découpe le parcours. La première partie, jusqu’à Courmayeur, j’ai une playlist « cool » avec beaucoup de musique country pour me relaxer, rester dans ma bulle et ne surtout pas partir trop vite, trop tôt. Après Courmayeur, je pars sur une playlist plus joyeuse, plus entraînante et on peut dire que cela ressemble plus à la bande originale du film « The Greatest Showman » avec un peu de Taylor Swift pour le côté musique pop totalement assumé. Et à partir de Champex-Lac, j’attaque la dernière playlist plus rock, plus motivante, en mode power song jusqu’à Chamonix.

Tout le monde parle de ton usage des datas et de ta collaboration avec Joseph Mestrallet, le jeune data-scientist français spécialisé dans le trail, qui collabore également avec Ruth Croft, la gagnante féminine de l’édition 2025 de l’UTMB. Est-ce qu’un jour tu envisagerais d’avoir des infos de sa part pour influencer ta gestion de course directement dans ton casque pendant que tu es sur les chemins ?
Tom Evans : Nous ne l’avons pas fait sur cette édition mais sur le principe, ça pourrait sans souci s’envisager puisqu’il suffit d’un coup de téléphone et aujourd’hui nos casques associés à nos montres connectées permettent de prendre un appel sans avoir à sortir notre téléphone du sac. Mais sur un UTMB, ça n’aurait à mon avis pas vraiment de sens, puisque l’info la plus importante à avoir, c’est de connaître tes écarts avec la tête de course et il y a finalement suffisamment de monde autour de toi pour les connaître sans avoir à passer par un appel. Pour ce qui relève de la gestion de la course, j’avoue que je préfère rester maître de ma vitesse, à l’écoute de mes sensations et pas à l’écoute de conseils venant de l’extérieur. Je préfère rester concentré sur moi, et moi seul pendant un ultra.
Tu as couru dans le désert, dans la jungle, dans la montagne… As-tu un environnement préféré aujourd’hui pour pratiquer le trail ?
Tom Evans : Même si j’ai adoré tous ces décors incroyables, j’avoue qu’aujourd’hui après ces mois de préparation pour l’UTMB, la montagne a gagné mon cœur. Que ce soit en randonnée ou en course, j’ai tellement travaillé pour devenir bon sur ce terrain et de voir qu’enfin les résultats sont là, c’est extrêmement gratifiant pour l’homme et le traileur que je suis. Et forcément ça me fait encore plus apprécier la montagne !
Maintenant j’avoue, s’il y a une course que je rêve de faire un jour, c’est la Spine Race, chez moi en Grande-Bretagne. Même si l’appeler « course » n’a pas vraiment de sens… C’est une aventure, même si bien entendu, je compte prendre le départ un jour avec la ferme intention de la gagner et j’espère que ce sera fait d’ici 5 ans maximum. Nous vivons à quelques kilomètres de la fameuse Pennine Way, je m’entraîne donc régulièrement sur ces chemins et j’ai très envie de faire toute la distance un jour (431km).

Tu es jeune papa. Cela a changé quelque chose dans ta vision du trail ?
Tom Evans : Oui, la naissance de Phoebe a changé beaucoup de choses, a remis beaucoup de choses en perspective. Elle n’en a que faire que je sois un bon traileur, elle veut juste que je sois un bon père et cela permet de remettre en perspective une bonne ou une mauvaise journée d’entraînement, une bonne ou une mauvaise performance sur une course. Aujourd’hui, ce que je souhaite avant tout, c’est être un bon père et un bon époux. Et même si je dois la quitter pour pouvoir m’entraîner ou courir, ce que j’espère elle comprendra quand elle sera plus grande, mon foyer est devenu ma priorité. Plus qu’un cardio un peu élevé en tout cas ! Et j’espère que plus grande elle sera fière de son papa !
Tom Evans, la suite du programme
Touche à tout dès qu’on parle de running, on devrait retrouver Tom Evans sur la Saintélyon prochainement et sur route puisqu’il a en tête de participer au marathon de Valence pour améliorer sa marque sur la distance reine, surtout avec une marque à 1h03’14’’ sur semi. Et comme il l’a déclaré, cela l’amuse énormément d’enchaîner UTMB et marathon sur route la même année !
Pour 2026, Tom Evans n’envisage pas de revenir à Chamonix défendre son titre : après 4 années, il a envie d’aller vers d’autres horizons. Nous devrions le retrouver du côté des Canaries avec la Transgrancanaria et pourquoi pas du côté du Japon avec l’UTMF. Si le tirage au sort lui est favorable, la Hardrock 100 est sur sa to do list, avec la Diagonale des Fous en fin d’année.

Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !