UTMB 2022 : qui a été le plus rapide et où ?

Blanchard © Saragossa : DR

Si Kilian Jornet a remporté avec maestria l’édition 2022 de l’UTMB, battant le record de l’épreuve sur le parcours intégral en descendant sous la barre des 20 heures, il n’a pas été le plus rapide dans toutes les sections du parcours. Sa moyenne générale, 8,66km/h sur 171km, est la somme de vitesses variables atteintes sur les 24 « segments » que compte le parcours. Ainsi, son « segment » le plus rapide, 13,16km/h, se situe entre Champex-Lac et Plan de L’Au, au km 125, et le plus lent, 4,91km/h, entre Trient et Les Tseppes, au km 143. Et sur ces différents segments, certains athlètes ont enregistré de sacrées performances. Analyse des chronos des athlètes du Top 10.

Départ fulgurant pour tout le monde, Jim Walmsley donne le ton

C’est le b.a.-ba de toute course : ne pas partir trop vite. Mais quand les élites sont toutes sur la ligne de départ du Sommet Mondial du Trail, difficile de se contenir. Et, traditionnellement, les 21,6 premiers kilomètres entre Chamonix et Saint-Gervais donnent le ton. Sur une distance équivalente à celle d’un semi-marathon (mais avec le Col de Voza au milieu et 921m D+), ça part toujours très fort. Et comme il fallait s’y attendre, c’est Jim Walmsley qui a défini le rythme des premiers, emmenant le peloton de tête pour passer à Saint-Gervais en 1h 46mn 34s, soit une vitesse de 12,17km/h. Si Kilian Jornet était dans son sillage, à 5 secondes, Beñat Marmissolle, qui terminera 6e, passera 23e en 1h 51mn pile, concédant déjà près de 4mn30 sur cette première section.

PROFIL UTMB
© UTMB

Col de la Seigne : Thomas Evans au top

Troisième grosse difficulté du parcours après le col de Voza et le col du Bonhomme, la montée du Col de la Seigne depuis Les Chapieux est un segment de 10,7km en montée que les coureurs ont dû affronter pour atteindre le Col de la Seigne, situé à 2516 m d’altitude, aux alentours de minuit. Dans ce début de nuit, c’est l’Américain Thomas Evans qui a été le plus rapide, avalant les 1054m de D+ de cette section en 1h 21mn 21s, à la vitesse impressionnante de 8,67km/h. Il prend 20 secondes à Kilian Jornet et Zach Miller. Mathieu Blanchard, montant à la vitesse de 7,79km/h, perd 2mn 40s sur Evans dans cette section.

UTMB 2022 : Jim Walmsley supersonique dans la montée du Grand Col Ferret

Véritable épouvantail de l’UTMB, la terrible montée d’Arnouvaz au Grand Col Ferret est une section courte, d’à peine 4,6km, mais qui fait généralement de gros dégâts tant elle est raide, avec ses 740m de D+. Sur cette portion, c’est Jim Walmsley qui a fait son show, montant à la vitesse de 5,39km/h en 51mn 28s. Kilian Jornet, qui jusque-là était dans son sillage, présente le second meilleur chrono sur ce segment, en 53mn 57s, soit 2mn29s de plus que l’Américain. C’est Mathieu Blanchard qui présente le 3e meilleur chrono, juste devant les Américains Thomas Evans et Zach Miller, montés à 5km/h. À titre de comparaison, Robert Hajnal, le plus lent du Top 10 sur ce segment, a franchi l’obstacle en 1h 6mn 40s à la vitesse de 4,16km/h, concédant plus d’un quart d’heure à Jim Walmsley.

walmsley foulée © marz merwe
Une des plus belles foulées du Top 10 : Jim Walmsley en action. © Marz Merwe / DR

Champex-Lac – La Giète : panne sèche pour la fusée Walmsley

Sur la première section de 5 km relativement plane (151m de D+) entre le ravitaillement de Champex-Lac et Plan de l’Au, Kilian Jornet et Mathieu Blanchard ont sorti le turbo, courant à plus de 13 km/h, tandis que le Suisse Russi était à 12 et que Jim Walmsley, qui commençait à faiblir, était à 11,72km/h. C’est dans la section suivante, 6,6 km et 810m de D+ pour passer à La Giète, que l’Américain allait connaître une défaillance terrible.

Alors que les plus rapides, Kilian Jornet et Mathieu Blanchard, avalaient la section en respectivement 1h 1mn 38s (6,4km/h) et 1h 3mn 50s (6,18km/h), Walmsley, victime d’ennuis gastriques et n’ayant pu s’alimenter correctement, allait mettre 1h 25mn 13s pour passer au sommet. Plus de 20 minutes de perdues en moins de 7 km ! Avec une moyenne de 4,63 km/h, il devait laisser l’Espagnol et le Français s’en aller et voyait s’envoler tous ses espoirs de victoire.

La dernière montée (synonyme de podium) pour Thomas Evans

Sortis côte à côte du ravitaillement de Vallorcine, Kilian Jornet et Mathieu Blanchard savaient qur tout aller se jouer dans l’ultime montée vers la Tête aux Vents. Conscient que Blanchard était plus rapide que lui en descente, l’Espagnol allait mettre un coup de boost phénoménal pour s’envoler, parcourant les 7,7km et 880m D+ en 1h 12mn 20s, à 6,37km/h de moyenne. Impuissant, Mathieu Blanchard ne pouvait que limiter les dégâts, concédant plus de 7mn 20s à Jornet. Il venait de perdre l’UTMB. Mais le plus rapide sur cette dernière montée fut Thomas Evans. En avalant la section en 1h 11mn 7s, à 6,48km/h de moyenne, l’Américain allait ravir la 3e place à Jim Walmsley, le plus lent du Top 10 final, qui ne put avancer qu’à 4,8km/h de moyenne.

Evans © Ian Corless : DR
Thomas Evans à l’arrivée, heureux de monter sur la 3e marche du podium. © Ian Corless / DR

La dernière descente pour Blanchard et Marmissolle

Après le passage de la Flégère, le parcours de l’UTMB se résume en une longue descente de 7 kilomètres vers Chamonix. C’est avec déjà 164,6km dans les jambes que les coureurs attaquent ce dernier sprint très exigeant pour les cuisses, et où les crampes ne sont pas rares. Sur ce segment, c’est Mathieu Blanchard, motivé par son désir de descendre sous les 20h, qui a claqué le meilleur chrono. Il a parcouru les 7km en 35mn 46s, à la vitesse de 11,7 km/h.

C’est un autre Français, le Basque Beñat Marmissolle, qui présente le second meilleur chrono sur cette descente, près de 2 minutes derrière Blanchard, en 37mn 32s. Le Roumain Robert Hajnal est 3e, et devance Kilian Jornet et Thomas Evans, descendus à 11,03 km/h, en respectivement 37mn 54s et 37mn 56s. À titre de comparaison, Jim Walmsley, totalement cuit à ce moment de la course, a terminé à moins de 9km/h, en 47mn 02s, perdant plus de 11 minutes sur Blanchard.

UTMB 2022 : des temps de repos très variables, Mathieu Blanchard « unstoppable »

Autre variable importante dans cet UTMB, le cumul des temps de repos dans les bases de vie est très différent d’un athlète à l’autre. Certains vont faire des pauses de plusieurs minutes, pour s’alimenter, s’hydrater, soigner une plaie, changer de vêtements, voire de chaussures, d’autres vont faire des pauses éclair et repartir au combat en perdant le moins de temps possible. À ce petit jeu, l’athlète du Top 10 s’étant arrêté le moins longtemps est de très loin Mathieu Blanchard. Sur l’ensemble des 6 bases de vie (Les Chapieux, Courmayeur, La Fouly, Champex-Lac, Trient et Vallorcine), le Français ne se sera arrêté que 11mn 05s, soit moins de 2 minutes par base.

Seuls 3 autres athlètes se sont arrêtés moins de 20 minutes en tout : Kilian Jornet,16mn 13s (soit tout de même 5 minutes de plus que Blanchard), Arthur Joyeux-Bouillon (17mn 38s) et Zach Miller (19mn 34s). À l’inverse, les deux athlètes du Top 10 qui se sont arrêtés le plus longtemps sont le Suisse Jonas Russi, 8e au général, avec 30mn 10s, et Jim Walmsley, 26mn 24s.

WALMSLEY COURMAYEUR © marz merwe : DR
Jim Walmsley à la base de vie de Courmayeur. © Marz Merwe / DR

Zoom sur les chronos de Katie Schide

23ème au général et 1ère féminine, l’Américaine Katie Schide a terminé la boucle en 23h 12mn 15s, soit une vitesse moyenne de 7,36km/h. Son temps de repos cumulé a été de 25mn 32s, sa section la plus rapide se situe entre le Col de Voza et Saint-Gervais, où elle avançait à 12,66km/h, et sa section la moins rapide après Trient, dans la montée des Tseppes, à 4,02km/h.

UTMB 2022 : 3,62km/h de moyenne pour le dernier classé

À titre de comparaison, prenons le classement général à l’envers pour découvrir la performance du Japonais Tomio Suyama. 1789ème et dernier classé de cet UTMB ayant enregistré 838 abandons, Suyama a mis 47h 11mn 53s, à une vitesse moyenne de 3,62km/h. Son temps de repos cumulé a été de 2h44mn. Parti la fleur au fusil, son segment le plus rapide a été le premier, entre Chamonix et le Col de Voza, à 6,7km/h. Son segment le plus lent a été, comme pour la plupart des concurrents, la montée des Tseppes, à 2,49km/h. Respect.

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