90 km du Mont-Blanc : le triomphe de Théo Detienne et Blandine L’Hirondel
La plus longue et très redoutée épreuve du Marathon du Mont-Blanc, le 90 km du Mont-Blanc, a débuté vendredi 27 juin à 4 heures du matin place du Triangle de l’Amitié, à Chamonix. 886 hommes et 125 femmes étaient alignés au départ, lampe frontale vissée sur le front et détermination au corps, prêts à affronter un parcours aussi technique que somptueux. Nouveauté de cette édition : 40 % des dossards ont été attribués à des participants venus en train ou en bus, une initiative écoresponsable qui a permis à 400 coureurs de s’aligner, parfois pour la première fois, sur cette distance exigeante.
Sous un ciel étoilé et une météo exceptionnellement clémente, les traileurs se sont lancés sur un tracé de 92 km et 6330 m de dénivelé positif, entre 1000 et 2460 m d’altitude. Quelques névés sur les hauteurs, une chaleur estivale frôlant les 30°C en vallée, et un panorama à couper le souffle ont donné le ton d’une journée aussi intense que spectaculaire. Dans cette ambiance estivale, Théo Detienne et Blandine L’Hirondel ont décroché la lune au terme d’une course aussi exigeante qu’haletante.
90 km du Mont-Blanc : une bataille franco-suisse haletante
Dès les premiers kilomètres, la course s’est jouée sur un rythme soutenu. Le Suisse Jean-Philippe Tschumi et Thibaut Garrivier ont ouvert le bal, prenant la tête dès les premières pentes du Brévent. Théo Detienne, plus discret, restait en embuscade dans le groupe de tête, en cinquième position. Les coureurs ont franchi les névés du Brévent à vive allure avant la longue traversée jusqu’au barrage d’Émosson où les attendait un brouillard suspendu. C’est là que Théo Detienne, 26 ans, a amorcé sa remontée. Il a d’abord dépassé Thibaut Garrivier, puis est revenu sur Jean-Philippe Tschumi, passant en deuxième position au Châtelard.

Sa tactique était claire : attaquer à la Tête de Balme pour faire la différence sur les portions plus « roulantes » où sa vitesse pouvait faire la différence. Une stratégie parfaitement exécutée. Passé en tête, il ne serait plus rejoint jusqu’à la ligne d’arrivée, qu’il a franchie en solitaire en après 10h 54mn 13s de course.
Derrière, Virgile Moriset a réalisé une remontée inattendue à partir du Montenvers pour prendre la deuxième position. La lutte pour la troisième place s’est quant à elle jouée à la seconde près : saluant la foule, Jean-Philippe Tschumi allait tranquillement finir quand Gauthier Airiau a fondu sur lui dans un sprint éperdu, manquant de le surprendre. Heureusement, dans un ultime réflexe, Tschumi s’est jeté sur la ligne pour conserver sa 3ème place.
90 km du Mont-Blanc : les réactions des 3 premiers
Théo Detienne, 1er en Théo Detienne 10h 54mn 13s
Classé 4ème l’an dernier, Théo Detienne était revenu cette année avec un objectif clair : décrocher sa première victoire à Chamonix. Mission accomplie, dans une ambiance de fête, alors que son équipementier New Balance célébrait sa toute première course en tant que partenaire titre du Marathon. La veille, Théo Detienne confiait en interview sa stratégie de course. Une tactique qu’il a appliquée à la lettre, avec une rigueur implacable.
« Courir avec la tête, ça sert parfois ! J’ai beaucoup bossé, parfois ça s’aligne ! Ma première victoire à Chamonix, c’est juste dingue… mais je vous annonce que ce n’est pas la dernière ! C’était de la folie, j’étais porté par les supporters mais aussi par tous ceux qui étaient derrière leur écran. Quand j’avais les cam runners avec moi, ça me donnait une force de fou parce que je savais qu’il y avait du monde derrière les écrans. Alors je n’avais pas le droit de relâcher l’effort ! Il fallait que j’aille jusqu’au bout, jusqu’au dernier centimètre de parcours, jusqu’à la dernière goutte de sueur. »
Virgile Moriset, 2ème en 10h 59mn 11s
« C’est un peu ma force les montées, je pense. Faut que je travaille encore mes descentes. J’ai des bonnes cuisses et les bâtons, c’est vraiment un outils que j’aime utiliser. Il faut clairement que je revienne parce que j’ai une place à prendre l’année prochaine ! »
Jean-Philippe Tschumi, 3ème en 11h 01mn 12s
« Merci à vous pour ce parcours, ça m’a permis de venir depuis 3 semaines repérer les lieux. Je suis au camping des Praz, ce qui me permet de sillonner les alentours. La Suisse est là ! Merci pour l’organisation, le balisage, l’ambiance. Première course pour moi et il y avait beaucoup de monde depuis la sortie de la forêt et sur le parcours, c’est magnifique ! Bravo à Théo, aussi jeune et qui démarre trop vite pour moi. J’ai eu quelques petits pépins physiques en début de saison, mais je me dis que c’est cool à mon âge, j’en voulais et puis ça me fait plaisir pour la suite de la saison ! »

90 km du Mont-Blanc : la revanche de Blandine L’Hirondel
Dès le départ, Blandine L’Hirondel a imposé le tempo et mis ses concurrentes en difficulté. Engagée dans un mano a mano avec la Russe tenant du titre Ekaterina Mityaeva jusqu’au Châtelard, elle est ensuite parvenue à creuser l’écart. Implacable, elle a accru son avance pour franchir la ligne d’arrivée en 12h 31mn 51s, avec près de 30 minutes d’avance sur ses poursuivantes, laissant éclater une profonde émotion.
Derrière, Julie Roux a longtemps navigué en troisième position derrière la Russe. C’est après le col des Posettes qu’elle est parvenue à faire la différence et sécuriser la deuxième place (12h 57mn 22s), suivie de près par la Russe Ekaterina Mityaeva, qui complète le podium en 13h 03mn 16s.

90 km du Mont-Blanc : la réaction de Blandine L’Hirondel
« J’avais quelques doutes, mon entourage ne peut que l’acquiescer et le confirmer parce que mes années précédentes n’ont pas été à la hauteur de mon début de ma carrière. J’avais une frustration de ne pas réussir à faire aussi bien, dans le niveau et le mental, il y avait quelque chose qui pêchait. J’ai eu plusieurs petites blessures (pas grave) qui m’ont empêchée d’être à mon plein potentiel. Elles ont disparues 2 semaines avant le 90 km.
Il y a 2 semaines, je n’étais pas encore sûre de prendre le départ, en tout cas pas avec les meilleures conditions. Je me suis régalée sur cette course, j’ai retrouvé le plaisir, la spontanéité. J’ai senti que quand je m’épanouissais et que j’aimais ça, c’était plus facile (même si c’est un bien grand mot). Mon plan c’était d’être dans ma bulle et ne pas faire de focus sur les autres. J’ai écouté mes sensations qui étaient excellentes aujourd’hui et je suis hyper contente. C’est une belle course ! Merci au public, à tous les gens qui étaient là et à ceux qui étaient derrière leur écran. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien. Ça fait tellement chaud au cœur ! »

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