Interview Elhousine Elazzaoui : « Je vis un rêve éveillé ! »

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Il en a rêvé depuis 5 ans, Elhousine Elazzaoui a finalement remporté la Golden Trail World Series en signant au passage un « perfect » : 3 victoires + la finale. Aucun homme n’avait jamais réalisé un tel exploit. Seule la Suissesse Maude Mathys l’avait fait en 2021 chez les femmes. Il est aussi le premier Africain à remporter la GTWS. Nous l’avons rencontré au lendemain de sa victoire. Une chose est certaine : si le Marocain n’a pas beaucoup dormi après son titre, il est désormais en train de vivre son rêve éveillé !

Elhousine, comment te sens-tu au lendemain de cette victoire sur la Golden Trail Series ?

Elhousine Elazzaoui : Je n’en reviens toujours pas. C’était mon rêve depuis plus de 5 ans. Il y a beaucoup de choses qui remontent, je me rappelle comment tout ça a commencé. En 2019 je suis allé sur la Limonextreme Skyrace et j’ai rencontré Kilian Jornet qui m’a parlé des Golden Trail Series. Il m’a dit de prendre contact avec Gregory Vollet. Je me souviens de lui avoir envoyé un mail – il se souvient d’ailleurs lui aussi de ce mail – et il m’a répondu que je devais d’abord décrocher un Golden Ticket sur les National Series. J’ai couru deux GTNS et j’ai décroché mon billet pour 2020. Ensuite, j’ai donc été aux Acores sur le Golden Trail Championship, où j’ai beaucoup appris. 5 ans plus tard, je cours avec Kilian pour NNormal et je remporte la Golden Trail World Series. Je n’arrive toujours pas à y croire, c’est un rêve qui devient réalité.

Qu’est-ce qu’elle représente cette victoire pour toi maintenant qu’elle est là ?

Elhousine Elazzaoui : Beaucoup de fierté ! Déjà, je suis le premier à avoir remporté la Series avec les points au maximum (chez les hommes, NDLR), ce qui montre que j’ai été très régulier cette saison. C’est vraiment l’expérience qui parle parce que les années précédentes c’était plutôt le contraire, je finissais parfois bien mes courses et parfois je ne finissais même pas.

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Elhousine Elazzaoui à l’arrivée de la grande finale , en vainqueur. Photo GTWS 2024

Tu es aussi le premier Africain à remporter la Series, en même temps que la Kényane Joyce Njeru chez les femmes…

Elhousine Elazzaoui : Oui, ça aussi c’est beaucoup de fierté. On peut dire que j’ai marqué l’histoire. J’espère vraiment qu’on va réussir à inspirer le peuple africain. J’ai déjà pu voir les retombées de cette victoire : grâce à la Golden et aux interviews d’après-course qu’ils diffusent dans le monde entier, on a parlé de moi en Europe, mais aussi au Qatar, au Maroc, dans d’autres pays d’Afrique ! C’est incroyable tout cet engouement !

Quand tu as franchi la ligne, tu étais en pleurs. Qu’est-ce que tu as ressenti à ce moment-là ?

Elhousine Elazzaoui : J’avais envie de pleurer, j’avais envie de rire, tout se mélangeait dans ma tête ! J’ai repensé à l’anecdote dont j’ai parlé avant, à ces 5 années. Je me suis dit qu’enfin j’ai réussi. Puis Rémi est arrivé, Patrick aussi, on s’est pris dans les bras ! On est peut-être rivaux sur les courses, il peut se passer des choses dans l’action, comme ce sprint à Mammoth, mais on est tous assis à la même table le soir au dîner et on est tous amis !

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Elhousine Elazzaoui dans les bras de Rémi Bonnet et Patrick Kipngeno, la grande famille de la Golden. Photo GTWS 2024

Rémi Bonnet a confié en interview qu’il était heureux pour toi car tu méritais cette victoire et que vous étiez amis. Quelle relation as-tu avec lui ?

Elhousine Elazzaoui : On s’entend très bien en dehors des courses, mais il me motive surtout énormément pendant. Hier je me suis accroché à lui, je pense qu’on s’est poussés mutuellement ! Il a attaqué dans la descente et dans la montée, puis j’ai pris le relais, ce qui a fait que Patrick a lâché. On se tire vers le haut mutuellement et j’aime ça.

Philemon Kiriago a affirmé dans une interview qu’il fallait que tu te méfies l’année prochaine car ils reviendraient avec d’autres Kényans pour t’empêcher de faire Top 5 !

Elhousine Elazzaoui : C’est très drôle comme affirmation, j’aime beaucoup ! C’est une façon de me mettre la pression, c’est normal, c’est le sport, c’est comme ça. On essaie de se challenger, d’entrer dans la tête de l’autre, mais je n’accorde pas beaucoup d’attention à ces choses-là.

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Photo GTWS 2024

Quelle est la suite désormais ? Comment tu vois l’année prochaine ?

Elhousine Elazzaoui : Je vois certains athlètes partir pour essayer des choses différentes, il y en a qui préfèrent se tourner vers plus long, vers l’UTMB. Moi, je ne sais pas, je n’ai pas encore vraiment réfléchi et il n’y a rien d’officiel, mais si je suis honnête, je sais que j’ai envie de revenir sur la Golden Trail Series. Il y a plein de belles courses à faire, mais la Golden a quelque chose en plus. Ce ne sont pas que des courses, c’est une organisation, une famille. C’est là où je suis à l’aise finalement.

Et maintenant, qu’as-tu prévu pour cette fin de saison ?

Elhousine Elazzaoui : J’ai annoncé que je ne courrai plus un seul kilomètre depuis hier ! Je vais attraper mes chaussures et les accrocher en haut de la terrasse ! Je veux rentrer au Maroc et ne plus penser à la course à pied pendant quelques temps. Je vais certainement prendre des kilos, mais ce n’est pas grave. Là, j’ai besoin de me ressourcer auprès de la famille, de me vider la tête. J’ai quand même beaucoup donné cette année, le rythme n’a pas été facile et j’ai besoin de me reposer.

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