Stian Angermund, double champion du monde de trail, contrôlé positif lors de sa victoire sur l’OCC

Stian Angermund OCC

C’est le choc dans la communauté trail : le Norvégien Stian Angermund, champion du monde de trail court en Thaïlande en novembre 2022 de nouveau titré à Innsbruck en juin 2023, a révélé samedi 11 février avoir été contrôlé positif à la chlorthalidone à la suite de sa victoire sur l’OCC lors des finales de l’UTMB World Series à Chamonix en août 2023. Alors qu’il clame son innocence, les interrogations se multiplient.

Stian Angermund positif à la chlorthalidone

C’est le 20 octobre dernier, soit 1 mois et demi après sa victoire sur l’OCC, que l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage) a annoncé les résultats du test à Stian Angermund. Le champion norvégien de 37 ans a donc été contrôlé positif à la chlorthalidone. Ce produit faisant partie de la liste des produits interdits est un diurétique. Habituellement, on l’utilise pour diminuer la tension artérielle. On l’emploie aussi pour traiter la rétention d’eau (œdème) qui se produit lors d’une insuffisance cardiaque congestive et de certains désordres du foie et des reins. La chlorthalidone figure sur la liste des produits interdits car il est considéré comme un produit masquant capable de dissimuler la prise de produits dopants.

Le message de Stian Angermund sur son compte Instagram (traduction)

« Ces derniers mois ont été les plus difficiles de ma carrière sportive. Le 20 octobre 2023, j’ai reçu un mail de l’agence française antidopage qui a changé ma vie, m’informant que l’échantillon d’urine prélevé après ma victoire à l’OCC contenait la substance interdite, la chlorthalidone. Je suis complètement déconcerté. Je n’ai pas utilisé de médicaments ou de suppléments, et je n’ai jamais pris ou utilisé de mauvaises drogues.

D’où cela pourrait-il venir ? Je suis un athlète propre. Je suis actuellement en train de défendre avec vigueur mon innocence pour prouver que je suis propre. En raison de ma suspension et de l’enquête en cours, je ne ferai pas de compétitions durant l’été 2024, et je ne suis pas certain de revenir un jour sur la scène mondiale.
La profonde tristesse et la douleur que je ressens en perdant ma carrière, ma réputation et ma passion pour le sport ne sont pas feintes. Cette épreuve a déjà apporté d’innombrables larmes, des nuits blanches et met à l’épreuve mon estime de moi-même.
J’exhorte tout le monde à faire preuve de prudence et de gentillesse, que vous décidiez de croire en moi ou non. »

Stian Angermund positif 1
Le communiqué de Stian Angermund.

La réaction de Francesco Puppi, 2ème de l’OCC (traduction)

L’Italien Francesco Puppi, 2ème de l’OCC derrière Stian Angermund, est également membre du conseil d’administration et co-fondateur de la Pro trail Running Association, sorte de « syndicat » des traileurs professionnels initié par Kilian Jornet fin 2022. Il a immédiatement réagi sur son compte Instagram à l’annonce faite par Stian Angermund.

« Après avoir appris que Stian Angermund est positif à un contrôle antidopage réalisé après l’OCC 2023, où je suis arrivé deuxième et où j’ai également été testé, je me sens très désorienté et triste. Stian a été testé positif à un diurétique, qui est une substance que l’on retrouve communément dans de nombreux médicaments et suppléments, mais qui peuvent aussi masquer d’autres substances interdites.

Ma perte personnelle n’est pas aussi importante que celle que subit tout le sport, quelle que soit la responsabilité. Je pense juste que tant que l’enquête n’est pas terminée, ce n’est pas à nous de juger ou de prendre position. Alors soyez attentif aux mots que vous utilisez, si vous commentez ce problème. Ne contribuez pas au drame et au poids inutiles, quoi que vous écriviez et dites les choses avec respect envers Stian, mais aussi envers le système antidopage, l’UTMB et tous les athlètes qui étaient là en compétition.

Je serai toujours partisan du sport propre quoi qu’il arrive, c’est la seule chose dont je suis sûr. Si c’est une erreur, c’est très effrayant de penser que cette situation pourrait arriver à n’importe qui. D’un autre côté, douter du système antidopage et de la justice sportive (bien que non infaillible) est également extrêmement dangereux et remet en question la crédibilité et l’équité de tout le sport.

Je me sens assez triste et impuissant. Honnêtement, les deux dernières semaines ont été assez difficiles et assez épuisantes, avec différentes situations liées à notre sport qui me causent beaucoup de stress. (Francesco Puppi fait ici allusion à l’appel au boycott de l’UTMB lancé par Kilian Jornet et Zach Miller). Maintenant, il y a cette autre très triste nouvelle.

S’il vous plaît, essayons de rester fidèles à nos valeurs. Faites de bonnes choses. Courez pour de bon ! »

Stian Angermund positif
Le communiqué de Francesco Puppi.

Les athlètes sous le choc, un cas d’erreur déjà connu

Quelques athlètes élite, choqués par l’annonce de Stian Angermund, ont immédiatement réagi en commentaire de son annonce en lui apportant leur soutien, mais ils sont peu nombreux, traduisant un malaise de la communauté. Parmi ces soutiens, citons Mathieu Blanchard, l’Espagnole Sara Alonso, les Suédoises Emelie Forsberg et Mimmi Kotka, le Japonais Ruy Ueda, le Russe Dmitry Mityaev, la Néerlandaise Ragna Debats ou encore l’Américain Dakota Jones.

Si, comme le rappelle Francesco Puppi, il ne nous appartient pas de juger de la culpabilité ou non de Stian Angermund alors que l’enquête est en cours, trois choses méritent cependant d’être soulignées.

La première, c’est que les athlètes, surtout du niveau d’un champion du monde, se doivent de connaître précisément les produits interdits. Si Stian Angermund a volontairement ingéré un médicament ou supplément contenant un diurétique, c’est indiscutablement une faute. Et s’il n’était pas au courant de la présence du diurétique en question, c’est une négligence coupable.

La seconde, c’est qu’un cas similaire de contrôle positif à la chlorthalidone où l’athlète a été innocentée est déjà répertorié dans les annales, comme l’a révélé le traileur Ugo Ferrari. Il s’agit de la championne de BMX Mariane Beltrando, contrôlée en novembre 2022, et qui dans les mêmes circonstances s’est battue de longs mois pour prouver qu’elle n’avait pas intentionnellement ingéré ce diurétique. La bataille judiciaire, menée avec un avocat, a permis d’annuler la sanction qu’encourait l’athlète, l’AFLD finissant par statuer, au vu des arguments fournis, que “Madame Beltrando doit être regardée comme ayant établi de manière suffisante que la présence de chlorthalidone dans ses urines […] est le fruit d’une contamination accidentelle d’origine alimentaire ou environnementale qui ne procède d’aucune faute ou négligence de sa part”.

La troisième, que souligne également Francesco Puppi, c’est qu’on ne peut que se réjouir du fait que la lutte contre le dopage s’intensifie, et que des contrôles soient régulièrement effectués. C’est grâce à ce système de contrôles que le Kényan Mark Kangogo avait été confondu après sa victoire sur la classique suisse Sierre-Zinal en août 2022. Il faut donc garder à l’esprit que même s’il peut y avoir (hélas) des erreurs d’interprétation, seule une intensification de ces contrôles permettra de tendre vers un sport propre. Le trail ne mérite pas moins.

Les derniers articles
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *