Katie Schide, gagnante de l’UTMB, s’impose aussi sur les skis à l’Alpi Serre Che
On le sait, la plupart des traileurs élites habitant en milieu montagnard rangent les baskets l’hiver pour s’adonner au ski alpinisme, une discipline parfaitement complémentaire du trail pour travailler le cardio et l’endurance. Parmi les plus en vue, Kilian Jornet bien sûr, mais aussi François D’Haene, Ludovic Pommeret, Mathieu Blanchard, ou encore Germain Grangier. Et c’est justement sa compagne, Katie Schide, désormais détentrice du record de l’UTMB lors de sa seconde victoire sur la boucle autour du mont-Blanc, en août dernier, qui s’est illustrée le 19 janvier sur l’Alpi Serre Che, où elle s’est imposée chez les féminines, devant les spécialistes de la discipline. Julien Michelon, autre traileur émérite, a raflé la mise chez les hommes. Vincent Laroche était sur place.
Le ski-alpinisme, sport en vue chez les traileurs
La course à pied est un sport à fort impact qui sollicite les systèmes squelettique et musculaire. Le ski alpinisme, qui est un sport à faible impact, permet de développer la base aérobique sans trop de stress sur le corps, donc de faire de l’exercice beaucoup plus longtemps avec un risque de blessure beaucoup plus faible. A titre d’exemple, Kilian Jornet passe généralement 15 à 20 heures par semaine à s’entraîner en course à pied au printemps et en été, tandis qu’il peut passer 25 à 30 heures par semaine sur les skis en hiver.
« Il est beaucoup plus facile de rester plus longtemps sur des skis en zone 2 que de courir, souligne Kilian Jornet. (La zone de fréquence cardiaque 2 correspond à l’endurance aérobie. Vous êtes capable de maintenir une conversation. Il convient à l’entraînement de base de la fonction cardio-pulmonaire, qui permet d’augmenter principalement la capacité aérobie de base, NDLR.) Vous n’avez pas l’impact mécanique de la course à pied, mais vous bénéficiez toujours des avantages de l’entraînement d’endurance. »

Alpi Serre Che : Katie Schide devant, les autres derrière
Si la double vainqueur de l’UTMB (2022 et 2024) et gagnante de la Diagonale des Fous 2023 n’est pas née dans le ski alpinisme, discipline peu développée aux Etats-Unis d’où elle est originaire, elle a pu, depuis son installation dans le Mercantour avec Germain Grangier, en découvrir tous les plaisirs et bénéfices. Et avec le potentiel d’endurance dont elle fait preuve, Katie Schide s’est rapidement hissée au niveau des meilleures. C’est ainsi qu’elle s’est imposée en 1h 31mn 38s sur le Parcours A de l’Alpi Serre Che, qui comptait comme manche de la Coupe de France de Ski Alpinisme, en reléguant les spécialistes à plus de 10 minutes (Noélie Gautier seconde en 1h 41mn 58s, Marie-Laure Thieux troisième en 1h 52mn 11s).
Pourtant la course n’était pas gagnée d’avance sur ce parcours qui totalisait 1540 mètres de dénivelé positif et négatif, avec deux sections de portage, dont la montée au Cibouit à 2611 mètres d’altitude.
Katie Schide ne cachait pas sa joie sur la ligne d’arrivée de pouvoir ajouter cette manche de coupe de France à son palmarès : « C’était une très belle course, il y avait plus de neige que ce que je pensais. J’avais fait un peu de ski alpinisme aux États-Unis, mais ce n’est réellement qu’en France que je me suis mise à ce sport car aux USA, il n’y a que très peu de courses. Ça fait toujours plaisir de gagner. C’était compliqué de me situer dans la course car en combinaison, il est difficile de dire qui est qui, homme ou femme, mais au final je suis première et je suis donc très contente. »

Alpi Serre Che : les traileurs en force chez les hommes
Chez les hommes, les traileurs n’ont pas démérité non plus, avec la victoire de Julien Michelon du Team Élite Hautes Alpes en 1h 17mn 00s. Lui aussi, comme bien d’autres traileurs de haut niveau, aime alterner depuis plusieurs années les deux disciplines, ski alpinisme l’hiver et trail l’été. Sa performance est d’autant plus remarquable que le Haut-Alpin, qui a été victime d’un important accident à vélo courant septembre, n’était pas à son maximum : « Pour moi, c’était la reprise sur les parcours individuels, je m’étais bien préparé en début de saison après mon accident à vélo de route, mais je suis tombé malade avant les championnats de France (les 7 et 8 décembre 2024 à Méribel, NDLR), c’était donc une grosse frustration.
J’ai quand même continué à m’entraîner mais ça m’a un peu calmé, et je vois bien que je ne suis pas revenu à 100%. Mais aujourd’hui j’avais à cœur de reprendre confiance en mes sensations. Je suis parti devant, mais en ski alpinisme rien n’est joué jusqu’à la fin. Il faut donc à la fois pousser fort, mais rester prudent car on peut quand même chuter. De plus, derrière, Valentin Clarys était en forme et n’était pas très loin. » Ce dernier termine second.
À noter derrière la très belle troisième place de Johann Baujard (1h 22mn 53s), et la quatrième place de Germain Grangier, qui finit au pied du podium (1h 24mn 40s).

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