L’Échappée Belle 2022 : le record de D’Haene peut-il tomber ?
Véritable concentré de cailloux, de lacs et de paysages à couper le souffle, L’Echappée Belle est une épreuve hors norme que tout traileur doit avoir courue une fois dans sa vie. Une sorte de voyage initiatique vers l’ultra, caractérisé par sa haute technicité, son engagement sur des sentiers difficiles d’accès, et l’altitude à laquelle la course se déroule. À quelques jours de la 10e édition qui aura lieu du 19 au 21 août, Esprit Trail vous offre une reconnaissance des parcours en mots, photos et vidéos. Et pose la question qui brûle toutes les lèvres : le record de François D’Haene peut-il être battu ?
L’Echappée Belle, une course hors-norme
Créée en 2013, L’Échappée Belle s’est imposée dès sa première édition comme une course à part dans le monde de l’ultra. Très technique, avec 15 cols et 40 km à plus de 2000m d’altitude, une traversée de glacier (Freydane) et un point culminant à 2930m (la Croix de Belledonne), cette traversée de part en part du massif de Belledonne est unanimement considérée comme l’un des plus beaux trails des Alpes. Et si la distance est légèrement inférieure aux mythiques 100 miles (160km), les 149 km du parcours imposent quant à eux un redoutable dénivelé positif de 11400 mètres ! Soit un D+ bien supérieur à celui des 100 miles alpins les plus réputés, qui plafonnent généralement à 10000.
Pour le plaisir des yeux, regardez le film de l’édition 2021 ICI
Le record de l’Intégrale détenu par François D’Haene peut-il être battu ?
Qu’on se le dise, L’Échappée Belle intégrale n’est pas une course de vitesse. Ou alors, de vitesse relative, tant la moyenne horaire des élites peut paraître faible. Jugez plutôt : le record, détenu par François D’Haene depuis 2019, est de pratiquement 24 heures (23h 55min 11s très précisément). Soit une moyenne de 6,20 km/h seulement. Rappelons que le même François a mis presque 5 heures de moins (19h 01mn 54s) pour établir le record de l’UTMB sur les 167km de l’édition 2017. Soit presque 8,20 km/h de moyenne. Certes, les profils sont totalement différents, mais un écart de 2km/h chez un tel champion en dit long sur la technicité du parcours. Et les derniers finishers, qui franchissent la ligne d’arrivée en pratiquement 56h, soit une moyenne de 2,66 km/h, ne diront pas le contraire !
Autant dire qu’il faudra un sacré champion pour venir détrôner le grand François. Lors de l’édition 2021, Thibault Marquet, classé 859 à l’index UTMB, vainqueur du trail Noir de l’EDF Cenis Tour et 6e du 90km du Marathon du Mont-Blanc 2021, avait établi le second meilleur temps de l’histoire de l’Échappée Belle intégrale. Son chrono : 25h 12mn 03s. Soit plus d’1h15 de plus que D’Haene. Mais peut-être qu’ici, cette course contre le temps n’a pas lieu d’être. Car plus encore que la difficulté de l’épreuve et leur chrono, c’est la beauté du parcours, qualifié par tous de spectaculaire, avec d’incroyables panoramas sur les paysages de Belledonne, que retiennent les participants. Une fois les douleurs aux jambes oubliées, bien sûr…
Revivez en vidéo l’Echappée Belle 2019 et le record de François D’Haene ICI
La Du’o des Cimes, L’Échappée Belle 2022 en mode aventure
À l’occasion des 10 ans de L’Échappée Belle, l’organisation propose un format original avec la Du’o des Cimes. Il s’agit là d’un tracé majoritairement non balisé avec un mix des 4 parcours existants. Cette aventure à vivre en duo, en quasi-autonomie, offre un magnifique voyage d’environ 120 km et 11000m D+ sur les hauteurs de Belledonne. Mais attention, ne se lance pas dans une telle aventure qui veut ! La sélection des binômes se fait sur dossier, plusieurs mois avant le départ de l’épreuve (en janvier). Et impose une expérience de haute-montagne pour chacun et qu’au moins un des 2 membres du binôme soit déjà finisher de l’Intégrale. D’ailleurs, la présence d’un baudrier, d’une longe, d’un casque et de crampons traduit bien le fait qu’il ne s’agit pas là d’un trail ordinaire…
L’Échappée Belle 2022, 2 autres formats d’ultra tout aussi exceptionnels
Qu’on ne s’y trompe pas, si les 2 autres formats d’ultra proposés par L’Échappée Belle sont plus courts, ils n’ont rien à envier à l’Intégrale. Ainsi, la Traversée Nord (84km et 6140m D+) offre un parcours qualifié par les participants de « magnifique ». Le nouveau tracé, dessiné en 2021, propose une succession des lacs, blanc, noir et glacé. Mais là aussi, parvenir à sonner la cloche des finishers se mérite, et l’enchaînement des cols de Valloire (2751m), Comberousse (2669m) et Morétan (2503m) est redoutable.
Quant au Parcours des Crêtes (62km et 4700m D+), le plus petit format de L’Échappée Belle, il n’est « petit » que sur le papier. Les concurrents qui s’y frottent son là aussi unanimes, cette épreuve surprend par sa technicité et son engagement. Sa particularité : beaucoup de pierriers. Mais une récompense à la hauteur de l’effort avec l’ascension de la pointe Rognier et son panorama à couper le souffle.
En vedette, la 2e édition de la Skyrace du Rocher Blanc
Grande nouveauté de l’édition 2021, la Skyrace du Rocher Blanc, 21km et 2000m D+, a immédiatement trouvé son public et conquis ses participants. Considérée comme un véritable concentré de Belledonne, cette course reste dans l’ADN des épreuves Échappée Belle. Comprendre technique et exigeante, avec un sommet à plus de 2900m et des cailloux partout. « C’est un beau parcours, il faut vraiment la faire, cette course ! » a confié Lucas Dupuy, le vainqueur. Une course très spectaculaire et qui s’est jouée au finish, puisqu’il n’a devancé Nicolas Martin que de 6 petites secondes !
Revivez en vidéo la première édition de la Skyrace du Rocher Blanc ICI
L’Échappée Belle 2022, 10 recommandations pour devenir finisher
Avec 51% de finishers sur l’Intégrale, 64% sur la Traversée Nord et 72% sur le Parcours des Crêtes en 2021, L’Échappée Belle enregistre chaque année un nombre assez importants d’abandons. Sur le site de l’épreuve, l’organisation a eu la bonne idée de publier 10 recommandations pour devenir finisher. 10 conseils à lire et relire avant de tenter l’aventure de cette 10e édition.
1 Dans une très bonne frontale (avec des batteries de rechange) tu investiras !
Les sentiers de Belledonne sont parfois peu marqués, voir absents. De nuit il vous faudra une frontale irréprochable pour accrocher les fanions réfléchissants et vous guider.
2 L’altitude tu ne négligeras pas !
40km consécutifs au dessus de 2 000 m, de nombreux cols à plus de 2 400 m… cela explique en partie le faible pourcentage de finishers. L’altitude use physiquement et mentalement et frappe aussi bien les physiques entraînés que les non entraînés. On peut s’y préparer spécifiquement, mais cela ne s’improvise pas. Ici on vous conseille de la lecture : S’entraîner en altitude, de Grégoire Millet et Laurent Schmidt.
3 Très bien reposé et en forme ascendante le départ tu prendras !
Pour nombre d’entre vous il va falloir gérer 2 nuits dehors. Sans compter un levé très tôt le premier jour. Arrivez reposés et tranquilles dans votre tête. La méthode « post-it » fonctionne bien : accouchez sur papier ce qui peut éventuellement vous tracasser avant l’épreuve, cela mettra une pause provisoire à vos tracas.
4 Des sorties longues et à allure lente tu feras !
Ne négligez pas les sorties à allure lente, type « rando-course ». En Belledonne, on marche beaucoup. La vertu de la marche est qu’elle est moins traumatisante. Sa faiblesse est qu’on peut vite perdre ses repères si l’on ne maîtrise pas bien les allures lentes. Marchez vite longtemps, ça s’apprend ! La relance également.
5 Le road book, le plan de marche et le profil tu étudieras !
Sur les précédentes éditions, nombre de participants se sont inscrits uniquement en additionnant les KM et le D+ afin d’évaluer leur vitesse de progression. La composante « terrain » est essentielle. Nous fournissons une table de marche avec des coloris de difficulté et des annotations… Ce n’est pas pour faire joli !
6 Un mental et un physique tu te forgeras !
Côté physique, agilité et résistance sont les maîtres mots dans ces terrains techniques. Travaillez votre souplesse, vos qualités de pied, vous en sortirez moins usé. Des postures rapides et simples d’assouplissement en haut de chaque col vous feront gagner beaucoup de temps. Un tronc tonique (gainage) vous évitera bien des soucis. Côté mental, forgez-vous des images positives (souvenirs de lignes d’arrivées, de moments de solidarité). Pour les mélomanes, associez-les le plus possible à des musiques que vous pourrez réécouter le jour de la course dans les moments difficiles.
7 La gestion de course tu ne mépriseras pas !
Chacun sa gestion, sa petite popote interne. Quelques basiques cependant sont offerts par la base vie et les ravitos (des lits picots, de la soupe chaude…). Abusez-en le plus tôt possible. Belledonne en non-stop est une approche très élitiste. Les vitesses lentes préservent le tube digestif, vous risquez donc d’avoir bien plus faim que sur d’autres courses plus rapides, et d’être en capacité à manger, alors profitez-en avec raison.
8 Des bénévoles et du paysage tu te délecteras !
En Belledonne on a le sens de l’accueil. Les habitants du massif sont pleins de ressources pour vous proposer des petites attentions. Profitez-en !
Les paysages traversés ne sont pas anodins, laissez-vous porter !
9 La montagne et ton corps tu respecteras !
Inutile de le rappeler, toute coupe de sentier et jet de détritus sera disqualificatif. Par ailleurs, votre sécurité est notre priorité, mais elle devrait aussi être la vôtre ! Nous vous invitons à vous responsabiliser car bien que tout soit mis en œuvre pour vous faire partager Belledonne dans de très bonnes conditions. La montagne reste la montagne, avec ses incertitudes.
10 Et enfin, tes repères d’allure tu oublieras !
Belledonne se gagne à la vitesse vertigineuse d’environ 5km/h. Les 60 premiers kilomètres sont engloutis à 6km/h de moyenne par les premiers et certaines descentes sont plus lentes que les montées. Vous êtes au royaume de la lenteur… mais de ces lenteurs qui vous transcenderont !
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