Théo Detienne : « L’UTMB, c’est la course qui me fait rêver ! » [Interview]

MDS Jordanie Photo @mirandahdz

Après une première année chez New Balance couronnée de quelques résultats convaincants, dont notamment une victoire sur le 100 kilomètres de l’Alsace Grand Est by UTMB, une 4ème place sur le 90km du Mont-Blanc et une 5ème place sur le Grand Trail des Templiers, Théo Detienne est allé courir le Marathon des Sables Jordanie avant de clôturer sa saison 2024 sur la SaintéLyon (14ème place). Pour sa première incursion dans le désert, sur une épreuve par étapes, l’homme habitué aux départs canon a étonné tout le monde en rivalisant avec Rachid El Morabity, roi du MDS, dix fois vainqueur de la célèbre épreuve marocaine. Mais à peine la SaintéLyon achevée, il s’est tourné vers la saison 2025 avec un objectif majeur : l’UTMB Mont-Blanc ! Comme Thibaut Baronian, Baptiste Chassagne ou Sébastien Spehler en 2024, l’attrait du mythe est plus fort que tout. Interview « La vie est dure, mais pas la mienne ».

Te voir aligné sur une épreuve par étapes en Jordanie en novembre dernier était plutôt inattendu, entre les Templiers et la SaintéLyon. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’aller courir dans le désert ?

Théo Detienne : C’est l’aspect aventure qui m’a le plus branché. Je n’avais jamais fait des courses comme ça, par étapes, sur plusieurs jours, et encore moins quand tu dors en bivouac, en plein milieu du désert. L’aventure, c’est vraiment pour ça que je suis allé là-bas. Le côté performance, je l’avais mis de côté, je ne voulais pas du tout faire la course, je me disais que j’y allais pour profiter, avec mon petit groupe de copains. J’ai adoré découvrir des endroits magnifiques, et tout ce qui a été mis en place par l’organisation. Le Wadi Rum, on me l’avait dit, c’est fantastique. Pendant notre jour de repos, on a pu se balader un peu dans les montagnes autour du bivouac, c’était une claque. Les paysages sont incroyables, on s’en prend plein les yeux à tous les kilomètres. 

Templiers Photo Greg Alric
Théo Detienne durant le Grand Trail des Templiers 2024, où il a mené toute la première moitié de la course. Photo Greg Alric

Donc tu es parti faire du trail tourisme, et tu as fini par te tirer la bourre avec Rachid El Morabity, 10 fois vainqueur du MDS ?

Théo Detienne : (Rires.) Oui, je suis tombé dans le piège, surtout avec Rachid, et je me suis pris au jeu de la compétition. Mais c’était quasiment sûr que ça allait arriver…

MDS Jordanie Photo Ian Corless
Au coude à coude avec Rachid El Morabity. Photo Ian Corless

Tu termines deuxième au général à moins de 8 minutes de Rachid, et tu t’es même payé le luxe de le devancer de 28 secondes lors de la 3ème et dernière étape, 26 km, 730m D+ dont 50% de sable !

Théo Detienne : Oui, je ne m’attendais pas à pouvoir courir à ce niveau-là. Mais j’avais bien récupéré des Templiers (5ème après avoir mené pendant la moitié de la course, NDLR) et on a pu se se pousser tous les deux sur toutes les étapes. Sur les parties de sable il a une technique qu’on ne peut pas égaler. Sur les deux premières étapes, il m’a distancé sur la fin, sur des parties de sable, et comme sur la dernière étape la fin était sur du terrain un peu plus dur, j’ai pu pousser. Après, il savait qu’il était à l’abri au général. Mais il m’a quand même dit qu’il n’avait jamais autant bataillé avec un Européen ! C’est un sacré compliment venant de sa part !

MDS Jordanie Photo @mirandahdz
Victoire de Théo Detienne sur la 3ème étape du MDS Jordanie. Photo @mirandahdz

C’est une aventure que tu as envie de revivre ?

Théo Detienne : Oui, ça m’a donné envie de retenter ça. Normalement, je devrais aller sur le MDS au Pérou l’année prochaine…

Tu as terminé ta saison avec une 14ème place à la SaintéLyon. Quel bilan fais-tu de cette première année avec New Balance ?

Théo Detienne : Au-delà de l’aspect purement performance, je suis super content du projet. Ça partait un peu de zéro, on ne se connaissait pas et on a réussi à créer un groupe, on s’entend bien entre nous, il y a une bonne ambiance, et au final ça s’est passé bien mieux que ce qu’on pouvait espérer. On a fait beaucoup de stages, notamment en Italie et à Chamonix pour différentes courses, et un aussi à Millau pour la prépa des Templiers, on a eu l’occasion de vraiment bien se rencontrer.

Et sur la performance ?

Théo Detienne : Je suis super content de mon année, surtout de l’apprentissage que j’ai eu sur les gestions de course, l’expérience sur des efforts plus longs. Et plus précisément sur la gestion des périodes pendant une course, les coups de moins bien, les coups de bien, savoir gérer tout ça. Mentalement et physiquement, j’ai appris beaucoup de choses et j’ai hâte de pouvoir retranscrire ça l’année prochaine sur les objectifs majeurs.

MDS Jordanie Photo Ian Corless
Photo Ian Corless

Justement, elle va ressembler à quoi ta saison 2025 ?

Théo Detienne : Le planning est fixé. Pour commencer, ça sera le marathon de Londres fin avril pour remettre un peu de vitesse. J’aime bien courir sur route et j’espère aller chercher un chrono sympa. J’avais fait le marathon de Chambéry il y a 2 ans sans préparation, en 2h27. Donc, bien préparé, j’espère faire mieux que ça. Après, je fais la MaxiRace d’Annecy, le 100 kilomètres, fin mai. Ce sera la première course, donc pas de pression. Ensuite, ce sera le 90 kilomètres du Mont-Blanc fin juin, et l’objectif majeur, ce sera l’UTMB fin août. La grande course !

Donc ça y est, tu bascules sur ce format-là !  

Théo Detienne : Oui, parce que ça fait vraiment longtemps que j’en ai envie, mais il fallait prendre de l’expérience avant de vouloir aller au-dessus. Je ne l’ai pas vécu, mais je pense qu’un format 100 kilomètres et un format 100 milles, ce sont deux mondes très différents. On ne sait pas comment ça va se passer, j’espère que ce sera gagnant. Et puis j’ai envie de me dire que mon premier 100 milles ça a été l’UTMB, parce que c’est la course qui me fait rêver.

On est loin des skyraces de tes débuts !

Théo Detienne : C’est sûr, mais maintenant, avec l’expérience, je trouve que les formats skyrace sont moins complets, dans le sens où sur de l’ultra, tu vas aller optimiser plein de facteurs, alors que sur une skyrace, l’alimentation, tu n’as pas besoin d’y faire attention parce que tu sais que tu n’auras jamais mal au bide, et la gestion de l’effort, ben t’es à bloc tout le temps, sur 20 bornes t’as pas à réfléchir. Alors que sur du long c’est plus fin, taquin, faut savoir gérer. Même quand tu te sens bien, il faut savoir se réfréner, ne pas s’enflammer, pour pouvoir être bien ensuite. C’est ça qui me branche dans l’ultra. Sans compter le paramètre mental, qui est énorme.

Et les championnats de France, avec une possible sélection pour les championnats du monde ?  

Théo Detienne : C’est pas du tout pour moi. Mon objectif, cette année, c’est l’UTMB. Donc tout le reste, peu importe. 

Cet article est paru dans le numéro 141 d’Esprit Trail. Vous pouvez vous le procurer en version papier ou digitale ICI

Esprit Trail 141
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