Western States Endurance Run : Caleb Olson au sommet, Kilian Jornet 3ème, Abby Hall revenante
Alors que la température maximale sur le parcours a atteint 36°C, les Américains Caleb Olson et Abby Hall ont réalisé deux des temps les plus rapides de l’histoire lors de la 52ème édition annuelle de la Western States Endurance Run qui s’est tenue les 28 et 29 juin en Californie. Kilian Jornet, très attendu, termine à une belle 3ème place. Côté Français, Vincent Bouillard, qui figurait également dans la liste des favoris, n’a pas tenu la distance.
Western States Endurance Run : le plus rapide des prestigieux 100 miles
Organisée pour la première fois en 1974, la Western States Endurance Run 2025, 52ème édition, a rassemblé 369 coureurs venus de tous les États-Unis et de plus de 30 pays. Considérée comme l’une des courses de trail de 100 miles les plus prestigieuses au monde, la WSER a surtout la particularité d’être un des 100 miles les plus rapides, qui se court entre 14 et 15 heures pour les vainqueurs (record à 14h09 pour Jim Walmsley), là où l’on parle de 19 à 20 heures pour l’UTMB (record à 19h49 pour Kilian Jornet), 21 à 22 pour la Hardrock 100 (record à 21h33 pour Ludovic Pommeret), et entre 23 et 24 pour la Diagonale des Fous (record à 22h58 pour François D’Haene).
La principale raison de cette différence de chrono tient dans le dénivelé de la course, qui n’est « que » d’environ 5500m, pour 7000m de D-, là où la boucle autour du mont Blanc affiche un D+ de 10000 mètres. Par ailleurs, l’autre particularité est qu’elle se déroule principalement sur de larges chemins très roulants, et non des singles techniques. Organisée comme tous les ans le dernier week-end complet de juin, la course se déroule au départ d’Olympic Valley, en Californie, et traverse les hautes terres de la Sierra Nevada et les canyons de l’American River, sur les terres ancestrales des tribus Washoe et Nisenan, avant de se terminer au lycée Placer d’Auburn, en Californie.
Cette année, la course s’est déroulée sous un ciel ensoleillé et sur un parcours sans neige, avec un thermomètre qui a pu atteindre 36°C, créant des problèmes de déshydratation pour bon nombre de coureurs qui ont découvert la course. Car seulement 64 des coureurs de cette année avaient déjà participé à la Western States. 305 étaient donc novices. Un baptême du feu !

Western States Endurance Run : Caleb Olson de bout en bout
Caleb Olson, 29 ans, originaire de Draper, dans l’Utah, a dominé l’un des pelotons masculins les plus relevés jamais réunis à Western States et a frôlé le record du parcours en s’imposant en 14h11mn25s, à moins de deux minutes du record du parcours établi en 2019 par Jim Walmsley (14h09mn28s), le grand absent de cette édition, en délicatesse avec un genou. Caleb Olson faisait partie du peloton masculin qui a fait la course en tête depuis le début de la course. Au ravitaillement d’El Dorado Creek, au 53ème mile, ils n’étaient plus que 2, Olson et son compatriote Chris Myers, 29 ans, originaire de Nederland, dans le Colorado, tandis que Kilian Jornet comptait déjà 8 minutes de retard. Caleb Olson a alors commencé à se détacher et a porté son avance à sept minutes au ravitaillement de Rucky Chucky, au 78ème mile. Cet écart n’allait plus bouger jusqu’à la fin.
Chris Myers a terminé deuxième en 14h17mn, soit le quatrième meilleur temps de l’histoire de la course. C’est dire si la performance de Kilian Jornet, 37 ans, vainqueur de la WSER en 2011, est à la hauteur de la classe du champion : en terminant troisième en 14h19, il a réalisé le cinquième meilleur temps jamais enregistré sur l’épreuve. À eux trois, ces champions ont ainsi réalisé le podium le plus rapide de l’histoire de Western States.
Le vainqueur du dernier UTMB, Vincent Bouillard, très attendu pour une confrontation revanche avec Kilian Jornet après leur duel en mars sur le Chianti Ultra Trail remporté par Jim Walmsley, et qui leur a valu leur qualification pour la WSER, n’a pas pesé dans la balance. Parti dans le peloton de tête, il a assez rapidement dû baisser de rythme, et a fini par abandonner au 80ème mile.

De son côté, Kilian Jornet s’est dit impressionné par la vitesse à laquelle s’est courue l’épreuve, et s’est satisfait de sa performance. Il a notamment rappelé qu’il avait mis 1h15 de moins que lors de sa victoire en 2011. 14 ans plus tard, à l’âge de 37 ans, il s’est réjouit d’avoir “encore des jambes capables de courir aussi vite“, précisant qu’il était maintenant temps pour lui de récupérer.

Western States Endurance Run : la déclaration de Caleb Olson
« C’est assez incroyable », a déclaré Caleb Olson, qui, en plus de devenir le premier coureur de l’Utah à remporter la course, était rejoint à l’arrivée sur la piste de Placer High à Auburn, en Californie, par sa femme Morgan et leur nouveau-né de sept semaines, Marshall. « Je ne savais pas comment la journée allait se dérouler et je m’étais fixé un objectif très ambitieux. Je m’étais dit : “Il faudra probablement battre le record du parcours pour gagner aujourd’hui, et si je vise un record du parcours, ce serait vraiment génial.” J’ai tenu bon jusqu’au kilomètre 130. Et puis j’ai commencé à le payer. Le record de Jim est vraiment rapide. Finalement, j’ai compris que ça n’arriverait probablement pas et j’ai préféré vivre pleinement la fin de ma course comme une expérience agréable. »

Western States Endurance Run : l’incroyable victoire d’Abby Hall
L’Américaine Abby Hall, 34 ans, originaire de Flagstaff, en Arizona, n’y croyait pas. Après une grave blessure au genou en 2023, elle a réalisé un retour incroyable, signant le quatrième meilleur temps féminin de l’histoire en 16h37. Pourtant, rien ne la destinait à performer sur cette course. Abby Hall n’a en effet appris son inscription à la course que fin avril, lorsque l’Américaine EmKay Sullivan, originaire de Reno, dans le Nevada, qui l’avait devancée lors d’une épreuve permettant d’obtenir un Golden Ticket plus tôt dans l’année, a annoncé qu’elle utiliserait l’option de report de grossesse de la WSER.
Abby Hall a su saisir l’opportunité pour réaliser la course parfaite, se plaçant en tête de la course féminine presque dès le début. Elle a définitivement pris la tête à Michigan Bluff, au 55ème mile, et a porté son avance à 10 minutes au ravitaillement de Foresthill, au 62ème mile, écart qui n’a plus varié jusqu’à la fin. La Chinoise Fuzhao Xiang, 33 ans, originaire de Chine, a terminé deuxième en 16h47, réalisant le septième meilleur temps de l’histoire. La Canadienne Marianne Hogan, 35 ans, a terminé troisième en 16h50.
« La citation que je me répétais sans cesse et à laquelle j’avais pensé toute la semaine était quelque chose comme “Ce qui est pour toi te trouvera”, a déclaré Abby Hall à l’arrivée. J’ai vraiment eu l’impression d’être dans le moment présent. Je me suis sentie tellement chanceuse de la façon dont les choses se sont déroulées pour ma qualification, et d’avoir finalement pu obtenir un Golden Ticket pour pouvoir disputer la course. Alors la gagner, c’est vraiment surréaliste. »

Western States Endurance Run : les vétérans à l’honneur
Parmi les 285 des 369 participants qui ont terminé la course, l’Américain Jan Vleck, 72 ans, médecin de famille à la retraite originaire d’Olympia, dans l’État de Washington est devenu le deuxième finisher le plus âgé de l’histoire de la course, derrière Nick Bassett, qui avait 73 ans lorsqu’il a terminé la Western States en 2018, en signant un temps de 29h02. Cette année, ils étaient 5 coureurs inscrits dans la catégorie des 70 à 79 ans, qui comptait également un octogénaire, Bassett, soit le plus grand nombre de coureurs de plus de 70 ans de l’histoire de la course. Jan Vleck a cependant été le seul du groupe à terminer la course. Chez les femmes, Lesley Dellamonica, 60 ans, de Truckee, en Californie, était la plus âgée à terminer la course et a remporté la catégorie des 60 à 69 ans en 27h36.
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