Golden Trail Series : le rêve américain des athlètes kényans
Pour la première fois de leur vie, Philemon Kiriago et Patrick Kipngeno vont pouvoir participer à une course aux États-Unis. Une opportunité qu’ils n’auraient certainement jamais pu avoir sans la Golden Trail Series, notamment à cause de la difficulté pour les athlètes kényans d’obtenir un visa pour entrer sur le sol américain. Mais pour que le rêve américain devienne réalité, les deux athlètes espèrent terminer sur le podium des deux dernières courses de la saison, avant la finale en Italie.
Vous avez tous les deux couru votre première course de la Golden Trail World Series 2023 à Sierre-Zinal. Vous terminez respectivement premier et deuxième. Comment avez-vous vécu cette course ?
Patrick Kipngeno : Sierre-Zinal est une course magnifique et cette année ça a été une bonne course pour nous avec ce doublé. L’ambiance était également très bonne avec beaucoup de gens qui poussaient et nous encourageaient sur le bord des sentiers. Pour moi la partie en montée s’est très bien déroulée, mais j’ai eu plus de mal dans la descente.
Philemon Kiriago : L’année dernière la course s’était mal passée pour moi (5ème place après la disqualification de Mark Kangogo pour contrôle anti-dopage positif, NDLR) mais j’en ai tiré des leçons et je suis très content d’avoir pu remporter cette édition. Les gens sur le bord des sentiers n’ont pas arrêté de nous encourager et forcément ça aide à trouver un petit peu plus d’énergie.

Est-ce qu’il y a des coureurs qui vous ont impressionnés sur cette course ?
Patrick Kipngeno : Beaucoup d’athlètes étaient en très bonne forme à Sierre-Zinal et c’est un véritable plaisir de courir avec eux sur ces courses. Je suis vraiment content d’être ici aux États-Unis pour les affronter à nouveau.
Philemon Kiriago : Je préfère ne pas me dire que quelqu’un est plus fort que moi parce qu’après je vais rentrer dans un schéma négatif et perdre en confiance si cette personne me double. Je préfère me concentrer sur moi et faire de mon mieux sans regarder les autres.
On annonçait un combat entre vous et Rémi Bonnet sur Sierre-Zinal… Un combat qui n’a finalement pas eu lieu puisque Rémi a dû abandonner, diminué par un virus. Comment l’avez-vous vécu ?
Patrick Kipngeno : Sincèrement, on était très content avec Philemon parce que Rémi était avec nous dans la montée et on formait un bon groupe de trois. Mais au sommet, il a disparu et on était triste de se dire que l’un de nous avait des problèmes… C’est à ce moment que j’ai dit à Philemon que l’on devrait essayer de pousser pour aller chercher un temps, on savait que si on n’avait pas de problème, on gagnerait certainement la course.
Philemon Kiriago : Oui, c’est dommage pour la course mais ce sont des choses qui arrivent.

Vous êtes désormais aux États-Unis pour les deux dernières courses de la saison avant la finale en Italie. Mais avant de parler des courses, comment vivez-vous cette première expérience sur le sol américain ?
Patrick Kipngeno : Je suis vraiment content d’être ici, c’est la première fois pour moi et je ne m’étais pas vraiment imaginé ça… Je pensais que c’était un peu comme en Europe mais les montagnes ici sont bien plus hautes. Au Kenya, je vis à 2500 mètres d’altitude mais ici ça monte jusqu’à 4300 mètres. On a essayé de s’adapter doucement avec Philemon, on verra comment ça se passe.
Philemon Kiriago : Pour ma part je n’avais rien imaginé, mais c’est vrai que c’est différent de l’Europe. Je passe pas mal de temps en Autriche et les montagnes sont hautes mais pas comme ici. L’altitude est un facteur important mais on s’est un peu entraîné pour s’adapter tranquillement. J’ai hâte de voir ce que cela va donner mais je me dis que si je souffre, les autres aussi souffrent et que c’est finalement celui qui aura le plus gros mental qui gagnera à la fin !

Quels sont vos objectifs sur ces deux prochaines courses ? Est-ce que Pikes Peak Ascent, qui est une montée sèche, correspond davantage à votre style de course que le Mammoth 26K, qui est une montée/descente ?
Patrick Kipngeno : En ce qui me concerne, je ne suis pas bon en descente… Donc clairement Pikes Peak est mon objectif. Ça sera peut-être différent pour Philemon.
Philemon Kiriago : Quand tu vas à la guerre, tu dois être prêt à mourir ! Je ferai de mon mieux si je ne suis pas en position de gagner, mais je sais que je vise la victoire.
Vous savez certainement que Rémi va tenter le record de la course à Pikes Peak, un record qui tient depuis 30 ans. Et vous ?
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Patrick Kipngeno : Rémi est un athlète très costaud et je crois sincèrement en ses capacités. De notre côté, on espère vraiment faire un podium et si on est dans de bonnes conditions, on tentera aussi le record.
Philemon Kiriago : Tu ne peux pas essayer de tuer un éléphant si tu n’as jamais tué de lapin… Je ne connais même pas le parcours de la course, c’est ma première fois ici, donc je ne fais pas du record une priorité ! Je vais d’abord faire de mon mieux pour gagner la course et ensuite je verrai combien de temps il me manque pour essayer d’obtenir ce record. J’essaierai d’analyser où est-ce que j’ai perdu du temps, où est-ce que je peux en gagner, je me préparerai mieux et je reviendrai l’année prochaine !

Quel est votre objectif sur la Golden Trail Series 2023, en ce qui concerne le classement général ?
Patrick Kipngeno : Ça dépendra des résultats sur ces courses américaines, mais je vais faire tout mon possible pour atteindre le top 5 à la fin de la saison.
Philemon Kiriago : Si je ne suis pas en mesure de remporter la Series, j’espère clairement pouvoir jouer le podium.
Que pensez-vous du niveau des athlètes que vous affrontez sur cette saison de la Golden Trail Series, vous qui avez l’habitude de courir sur d’autres formats.
Patrick Kipngeno : C’est ma première saison sur la Golden Trail Series et j’apprécie vraiment ces moments. On rencontre plein de gens vraiment sympa qui nous encouragent et nous poussent pour les entraînements. Le niveau est très élevé, peut-être le plus élevé que j’ai pu voir, les courses sont très relevées, mais je sais que je peux performer sur ce circuit !
Philemon Kiriago : La Series possède un niveau très relevé. Il ne suffit pas de savoir courir ici… Il faut arriver préparé spécialement pour ça. C’est ce que j’ai fait et j’ai hâte de voir le résultat !

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