« ITRA-terrestre » ! : Rémi Bonnet réalise la plus grande performance ITRA de l’histoire du trail
Dimanche 16 juin, Rémi Bonnet a remporté la course de montagne Neirivue-Moléson. Jusque-là, rien d’étonnant, le Suisse étant le tenant du titre et l’un des meilleurs grimpeurs du monde. Mais au-delà de la victoire, il a surtout atomisé le record de l’épreuve et réalisé la plus grande performance de l’histoire du trail en terme de cote ITRA. Explications.
Cote ITRA : comment ça marche ?
Pour chaque épreuve de trail, l’International Trail Running Association, ou ITRA, calcule une cote en fonction de la performance chronométrique réalisée sur un parcours donné. Le parcours est lui-même évalué en fonction de sa longueur, son dénivelé et sa technicité. C’est ensuite le chrono réalisé qui compte, pas le classement du coureur. La valeur maximale de l’indice ITRA d’une épreuve est de 1000 points, un nombre qui correspond à la performance maximale théorique sur le parcours en question. Par exemple, si le marathon avait une cote ITRA, l’indice de 1000 points serait attribué à un chrono de 2 heures. Autant dire que plus on se rapproche des 1000 points, plus la performance est exceptionnelle.
Coureurs et indice de performance ITRA
La cote, ou indice de performance ITRA de chaque coureur dans les différentes catégories est calculée en fonction des 5 meilleures cotes obtenues par l’athlète au cours des 36 derniers mois. Chez les hommes, une cote supérieure à 900 correspond au top du top. Chez les femmes, cette valeur est de 800. Fin juin 2023, c’est l’Espagnol Kilian Jornet qui domine toujours le classement ITRA masculin, avec 949 points. De son côté, l’Américaine Courtney Dauwalter domine le classement féminin avec 843 points.
Neirivue-Moléson 2023 : le chrono canon de Rémi Bonnet
Dimanche 18 juin, 563 coureurs se sont affrontés sur le redoutable parcours de 10,6 kilomètres pour 1 290 mètres de dénivelé positif de la 44ème édition de cette course historique. Vainqueur en 2022 et détenteur du record, le Suisse Rémi Bonnet a réalisé un chrono exceptionnel de 55mn 41s, battant son précédent temps de 1mn 26s. Un écart considérable à ce niveau ! Le Canadien Alexandre Ricard, 2ème, a terminé à plus de 4 minutes de Rémi Bonnet, en 59mn 55s (un indice de performance ITRA de 901). Et c’est un autre Canadien, Rémi Leroux, qui a terminé 3ème en 1h 1mn 9s (indice de performance ITRA de 883). Derrière eux, on retrouve dans le top 10 nos spécialistes tricolores Baptiste Ellmenreich, Julien Rancon, Anthony Felber ou encore Simon Gosselin.
Côté féminin, c’est également une grande spécialiste française de la montée, Christel Dewalle, qui s’est imposée en 1h 09mn 12s. Elle a totalement dominé la course pour devancer la Suissesse Simone Troxler de plus de 8 minutes (1h 17mn 42s) . Et c’est une autre Française, Julia Combe, qui a terminé 3ème, en 1h 21mn 29s.
La plus grande performance de l’histoire du trail selon l’ITRA
Avec son chrono exceptionnel, Rémi Bonnet a établi ce qui peut être considéré comme la plus grande performance de l’histoire du trail, avec une cote ITRA de… 970 ! Il devance désormais l’Américain Matt Carpenter, qui avait établi une cote de 968 lors de la Pikes Peak Ascent il y a 30 ans, en… 1993 ! Plus récemment, l’Américain Jim Walmsley avait réalisé une performance cotée 966 lorsqu’il avait établi son record sur la Western States Endurance Run, en 2019. Il avait alors parcouru les 160 kilomètres et 5360 mètres de dénivelé positif en 14h09.
Quant à Kilian Jornet, actuel leader du classement ITRA, il a obtenu sa meilleure cote lors de la course de Sierre-Zinal en 2019. Elle était de 964 pour son chrono de 2h 25mn 35s pour parcourir les 31km et 2190m D+. Une performance qu’il a été proche d’égaler lors de son record sur le marathon de Zegama-Aizkorri en 2022. Il a alors établi une perf cotée 961 grâce à son chrono de 3h 36mn 40s pour parcourir les 42km et 2560m D+.
Une cote ITRA contestable
Bien sûr, les spécialistes diront que ces performances ne sont absolument pas comparables. Rien à voir en effet entre un effort court d’une heure, un effort de 3 heures et un effort de plus de 10 heures. Et ils auront raison de le souligner. L’ITRA a beau avoir mis des coefficients de lissage pour pouvoir avoir un indice le plus juste possible entre les différentes épreuves, les disciplines sont tellement différentes qu’une comparaison aussi large peut laisser circonspect. D’ailleurs, l’ITRA elle-même classe les épreuves dans 7 catégories, allant de XXS (0 à 24km) jusqu’à XXL (plus de 210km). C’est donc dans la catégorie XXS que la performance de 970 de Rémi Bonnet a le plus de sens. Même si elle se classe également en tête dans la catégorie générale, qui regroupe l’ensemble des résultats.
Rémi Bonnet flashé à 16km/h… en montée !
Pour réaliser une telle performance, le Suisse a couru à une allure moyenne de 5mn26 au kilomètre, malgré les 1290m de D+. Selon « Les Genoux dans le Gif », qui a analysé cette performance, Rémi Bonnet a parcouru le premier kilomètre avec 80 mètres de dénivelé positif en 3mn 48s, soit près de 16 km/h. Et il a même enchaîné le deuxième kilomètre à la même allure, avec 100 mètres de dénivelé positif ! Tout simplement bluffant.
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