Tout savoir sur l’allure d’effort

Allure d'effort Thibaut Garrivier Championnats du monde

Nouvelle métrique proposée par les montres Coros et plébiscitée par les athlètes élite ambassadeurs de la marque, l’allure d’effort est une version re-baptisée de l’allure ajustée à la pente. Cette donnée, exprimée en minutes au kilomètre, s’avère plus compréhensible que la puissance exprimée en watts. De plus, elle permet de mesurer facilement le niveau d’effort instantané ou moyen ou d’analyser l’intensité de l’entraînement. Avec, comme objectif ultime, la possibilité de comparer les séances quelles que soient les conditions dans lesquelles elles s’effectuent. On vous explique tout.

Qu’est-ce que l’allure d’effort, ou allure ajustée ?

L’allure d’effort, ou allure ajustée à la pente, est une métrique qui convertit votre allure instantanée lorsque vous courez sur un terrain ayant du dénivelé en une allure instantanée équivalente lorsque vous courez sur du plat, en comparant les efforts fournis. Ainsi, lorsque vous courez en montée, l’allure ajustée sera plus rapide que l’allure réelle de la course. Normal, puisque la course en montée exige un effort supplémentaire. A l’inverse, la course en descente donnera une mesure d’allure ajustée plus lente que l’allure réelle. Logique là aussi, puisque vous fournissez moins d’effort que sur du plat.

Attention cependant, l’algorithme d’Allure Ajustée ne peut pas prendre en compte tous les facteurs qui peuvent avoir un impact sur la vitesse de course. La nature du terrain sur lequel vous courez, la technicité du sentier, l’altitude ou la météo n’interviennent donc pas. Ainsi, une descente hyper technique peut parfois exiger plus d’efforts, par exemple pour se freiner, qu’une allure sur le plat. Mais aucun algorithme ne peut hélas intégrer ce facteur dans son calcul.

Comment est calculée l’allure ajustée de Coros ?

Lorsque Coros s’est rapproché de Kilian Jornet en mars 2022 pour développer cette notion de mesure d’effort sur leur montre, la donnée d’allure ajustée à la pente existait déjà chez les concurrents tels que Suunto, Garmin ou Strava avec la VAP. Cependant, au lieu de se baser uniquement sur la vitesse et le dénivelé, l’algorithme de l’allure d’effort de Coros intègre également dans son calcul l’utilisation de l’oxygène. En clair, Coros fait correspondre l’allure sur différentes pentes à un point où un athlète prendrait la même quantité d’oxygène en courant sur une route plate. Cette méthode de mesure, plus sophistiquée que la méthode standard utilisée pour d’autres mesures similaires, permet une estimation plus précise.

Grâce aux données mondiales d’utilisateurs et aux infos récupérées sur leur plateforme collaborative EvoLab, Coros pourrait être en mesure d’affiner l’algorithme d’ajustement de l’allure en établissant des corrélations entre l’allure, la fréquence cardiaque et le dénivelé. De plus, l’intégration de l’altitude et des effets de la température fait également partie des futures évolutions de l’algorithme, pour encore plus de précision.

Allure d'effort Coros Audrey Tanguy Championnats du monde
6e en individuel des Championnats du Monde de Trail Long 2022, Audrey Tanguy est médaillée d’or par équipe. Photo DR
Allure d'effort Audrey Tanguy Championnats du monde
Les datas d’Audrey Tanguy : une allure d’effort moyenne durant l’épreuve de 5mn 25s au kilomètre pour une allure réelle de 6mn 46s au kilomètre.

Comment bien utiliser l’allure d’effort instantanée ?

Lors d’une course comportant des dénivelés importants, l’allure d’effort ou allure ajustée à la pente peut être utilisée comme une donnée complémentaire à la fréquence cardiaque pour donner une meilleure idée du niveau d’effort fourni. Et une plus grande fiabilité.

En effet, la fréquence cardiaque, qui permet de savoir quand on passe dans le rouge, présente souvent un décalage dû aux réactions physiologiques. Il se passe généralement environ une minute entre l’augmentation de la consommation en oxygène des muscles et la réaction du cœur. Une telle latence peut totalement fausser les données sur du fractionné court, si par exemple vous faites une séance 30 secondes / 30 secondes, ou même 1 minute / 1 minute. L’allure d’effort instantanée permet alors de connaître avec plus de précision le niveau réel d’effort fourni.

De plus, la fréquence cardiaque peut être affectée par des facteurs extérieurs à la course, comme le travail, le stress, etc. L’avantage de l’allure d’effort instantanée est qu’elle indique votre effort en temps réel. Elle permet donc des ajustements de rythme immédiats, sans temps de latence.

Cette mesure permet également de s’entraîner intelligemment, quel que soit le terrain et l’objectif visé. Par exemple, des personnes qui vivent ou voyagent dans des zones montagneuses peuvent utiliser l’allure ajustée pour s’entraîner aux courses sur route sur terrain plat. L’allure ajustée leur donnera une indication de niveau d’effort, qui permet d’estimer une performance sur du plat et d’éliminer l’incertitude liée à l’entraînement avec un fort dénivelé.

allure d'effort thibaut garrivier
Thibaut Garrivier lors des Championnats du Monde de Trail Long à Chiang Mai. Il termine 6e en individuel, médaille d’argent par équipe. Photo DR
Allure d'effort Thibaut Garrivier Championnats du monde
Les datas de Thibaut Garrivier : une allure d’effort moyenne durant l’épreuve de 4mn 52s au kilomètre pour une allure réelle de 5mn 57s au kilomètre.

L’allure d’effort, une future donnée universelle ?

Comme l’explique Quentin Auberger, Country Manager France de Coros, si la marque décide aujourd’hui de mettre en avant l’allure d’effort, c’est parce qu’elle estime que « cette métrique est plus parlante et plus accessible que la traditionnelle donnée de puissance exprimée en watts », qui de plus varie selon les méthodes de calcul utilisées par les différents équipementiers.

L’objectif à terme est de « prendre la vitesse instantanée, qui s’exprime en minutes au kilomètre, et y appliquer différents critères pour que cela devienne une donnée corrigée universelle ». Le projet de Coros est donc de faire des mises à jour pour ajouter d’autres critères. Le premier, effectif d’ici peu, est la prise en compte du profil de chaque coureur.

Ensuite seront pris en compte dans les évolutions futures des critères tels que la météo, le vent, l’humidité, l’altitude, pour arriver à un résultat qui, quelles que soient les conditions, puisse être comparée à une allure de n’importe quel autre run. « Ainsi, explique Quentin Auberger, si vous allez courir un jour de vent et de pluie où vous n’êtes pas en forme sur un parcours avec du dénivelé, vous pourrez comparer votre allure avec celle d’un run où vous étiez sur du plat, en forme un jour de soleil. »

Lire aussi notre article : Comment savoir su vous courez plus vite ICI

La mesure de puissance, une métrique non intuitive

« La mesure de puissance est une métrique que nous étions les seuls à avoir de façon massive sur toutes nos montres », détaille Quentin Auberger. « Maintenant, d’autres s’y mettent, parce qu’ils ont vu que cela plaisait à une certaine population. Nous, ce que nous avons constaté, c’est que sur l’usage populaire, cette mesure n’est pas intuitive, elle est plus difficile à appréhender qu’une donnée exprimée en minutes par kilomètre, qui parle à tout coureur à pied. D’où notre choix de nous concentrer sur l’allure d’effort. »

La mesure de puissance, une métrique controversée en trail

Mais au-delà de la facilité de compréhension de la mesure d’allure d’effort, le choix de Coros de miser sur cette métrique relance le débat sur la pertinence d’utiliser la mesure de puissance de course en trail. D’abord, parce que la précision de la mesure de puissance, qui correspond rappelons-le à la puissance que les muscles développent pour avancer malgré les résistances rencontrées, telles que le dénivelé, les frottements au sol, la pénétration dans l’air, etc, si elle est globalement fiable en vélo, est discutable lorsqu’il s’agit de course à pied, et plus particulièrement de trail.

En effet, et nous l’avons déjà évoqué, jamais un capteur ne pourra évaluer la résistance du sol sur lequel vous courez, qui est très différente selon que vous courez sur un terrain sec ou boueux, ou sablonneux. Et comme en trail on court sur des terrains variés, les capteurs ne peuvent mathématiquement pas donner de valeur de puissance exacte.

De plus, les capteurs de puissance vont prendre en compte dans leur calcul la mesure de vitesse. Mais si sur une course sur route linéaire cette vitesse est globalement assez stable, en trail, ou les accélérations, relances et variations d’allure sont permanentes, la mesure de vitesse via le GPS ne peut être suffisamment précise pour que la puissance instantanée mesurée soit fiable.

Enfin, les algorithmes des différentes marques ont tous des méthodes de calcul différentes, avec des systèmes de pondération particuliers (et secrets). Du coup, les résultats ne sont généralement pas comparables d’un équipement à l’autre, créant plus de confusion qu’autre chose.

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