Ultra-trail et nutrition : l’incroyable régime alimentaire de Karl Meltzer

MELTZER OPEN © redbull.com

Vous culpabilisez à chaque envie de pizza ? Vous êtes impressionné par la science de la nutrition, quasi chirurgicale, développée par les meilleurs coureurs du monde ? Et si, pour changer (et se rassurer ! ), on se penchait sur le secret du succès de l’ultra-traileur américain Karl Meltzer ? Son truc : ne rien faire comme les autres. Et ne surtout pas s’en inquiéter.

« Speedgoat » Meltzer, un OVNI de l’alimentation

Il détient le record de courses de plus de 100 kilomètres. Autant dire que Karl « Speedgoat » Meltzer connaît les souffrances du coureur de fond. Ses 5 succès acquis lors de l’éreintante Hardrock 100, cette course de 160 kilomètres qui se tient au cœur de l’été dans le Colorado par des températures asphyxiantes, donnent une idée du personnage et de ses capacités d’endurance. Et, comme tout ultra-traileur, Karl Meltzer sait que pour réussir une course de longue distance, une alimentation adaptée est essentielle et que cette préparation commence bien avant le jour de la course.

A ce propos, lire Que faut-il manger et éviter avant de courir

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© DR

Le régime « portnawak » de Karl Meltzer

Oui, Karl Meltzer connaît bien les règles strictes de la nutrition pour performer. Pourtant, à l’inverse de certains coureurs connus pour leur respect religieux d’un régime strict composé de calories de qualité supérieure et d’ingrédients qui stimulent les performances, Karl Meltzer ne respecte aucune règle. À l’inverse, il boit tous les jours de la bière, remplit ses poches de bacon lorsqu’il parcourt le sentier des Appalaches et engloutit régulièrement des barres et des crèmes glacées. Il y a quelques temps, il nous avait confié les secrets (ou peut-être devrait-on dire les « non secrets ») de son alimentation durant les jours et les heures qui précèdent une course. Et Karl Meltzer de prévenir : « La meilleure chose à faire, c’est de rester simple et régulier. »

Pour aller plus loin, lire Les 5 erreurs nutrition les plus fréquentes des coureurs

Une semaine avant la course

« Là, je ne change rien. Je mange ce que je veux sans trop y penser. Dans mon cas, ça comprend beaucoup d’aliments qui, associés les uns avec les autres, peuvent sembler bizarres : des steaks, du poulet, beaucoup de bacon, des pizzas, des crêpes, des burritos verde, peu m’importe. Mais ce que je préfère, ce sont les burritos verde préparés avec une sauce verte aux herbes et des piments jalapeños. » (Recette mexicaine composée d’une tortilla de farine de blé garnie de divers ingrédients tels que de la viande de bœuf, des haricots, des tomates, des épices, du piment, de l’oignon, de la salade, etc., ndlr.)

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Le secret de Karl Meltzer ? Manger ce qui lui fait envie. © RedBull.com

Un ou deux jours avant la course

« À ce moment-là, avant une course, je suis presque toujours en voyage. Mais je ne suis pas de ceux qui prennent la route avec des repas équilibrés parfaitement conservés. Je mange au restaurant et je commande ce qui me plaît. Est-ce que j’irais au McDonald ? Non, mais je ne suis pas vraiment difficile. Honnêtement, au bout de seulement deux heures d’une course de 160 kilomètres, tout ce que contient mon estomac a déjà été éliminé. Par conséquent, je ne me préoccupe pas tellement de modifier mon alimentation. »

La nuit précédent le départ

« La veille d’une course, je suis de nouveau au restaurant et je satisfais toutes mes fringales. Ça implique en général un hamburger et des frites ou une pizza, probablement une pepperoni. Je ne mange pas excessivement, mais plus tôt que d’habitude, pour être sûr de faire la grosse commission le lendemain matin. Je peux aussi me laisser tenter par un burrito verde mais j’essaie d’éviter de manger trop de fibres. »

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Une pizza pepperoni la veille de la course ? Aucun problème pour Karl Meltzer ! © DR

Le jour de la course

« Là, je suis très constant (c’est-à-dire ennuyeux). Je mange un yaourt et une banane. Ça descend tout seul et ça n’encombre pas mon système digestif. Auparavant, je prenais un énorme petit déjeuner avant les courses importantes, mais ça perturbait mon estomac. Il semblerait qu’un déjeuner plus léger me convient mieux, d’autant plus que mon estomac se vide hyper rapidement dès le début. Alors je prends des gels, des capsules de sel et quelques portions de fraises et d’ananas le long des 160 kilomètres. » Une année, lors de la Western States, Karl Meltzer avait même emporté des glaces aux fruits dans une glacière remplie de neige carbonique. Logique, il adore les glaces !

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Pour un ultra de160 km, prévoir des fraises et de l’ananas. Et des glaces, s’il fait très chaud ! © RedBull.com / DR

Zach Miller, l’autre OVNI de la nutrition en ultra

Dans le même genre, l’Américain Zach Miller détonne sur le circuit. Qui l’a vu une fois lors d’un ravito d’ultra ne pourra jamais l’oublier. Pour moi, c’était en 2018, au 80e kilomètre de l’UTMB, sur la base de vie de Courmayeur, en Italie. Arrivé en tête dans le gymnase, Zach Miller ne prend même pas le temps de s’asseoir et commence à piocher sur la table qui lui est réservée, et où son staff lui a entreposé un peu de tout : des sandwichs, des chips, du coca… Et l’Américain d’engloutir pêle-mêle différents aliments et gorgées de boissons, quasi frénétiquement. Et plus encore quand, quelques minutes plus tard, Kilian Jornet déboule dans le gymnase et va sereinement s’asseoir sur son banc pour s’alimenter précisément, sans précipitation.

ZACH MILLER
Zach Miller, dossard n°6, petite moustache bien taillée, sur la ligne de départ de l’UTMB 2018. C’est Xavier Thévenard, dossard n°9, en jaune, qui l’emportera après un mano a mano de 125 km avec l’Américain qui abandonnera, épuisé. © UTMB / DR

Jornet et Thévenard tout en gestion

À la limite de l’affolement, Zach Miller enfourne encore une bouchée d’un sandwich plein de sauce, fait passer ça avec une énorme lampée de Coca et repart comme une fusée sous le regard amusé de Kilian. J’observerai de la même façon Xavier Thévenard, futur vainqueur, effectuer juste après Zach Miller et Kilian Jornet une pause parfaitement calme et orchestrée, suivant un plan de nutrition visiblement précis. Un grand moment d’alimentation en ultra-trail… Pour la petite histoire, Kilian abandonnera au refuge Bonatti (96e km) sur problème médical, tandis que Zach Miller, à bout de forces, explosera après Champex.

Pour aller plus loin, lire Comment mieux s’alimenter pour performer

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