UTMB 2022 : Jim Walmsley pourra-t-il battre Kilian Jornet ?

JIM WALMSLEY UTMB OPEN

Après la démonstration de force de Kilian Jornet sur la Hardrock 100, et sa victoire face à François D’Haene, la question se pose : Jim Walmsley pourra-t-il battre Kilian Jornet sur l’UTMB ? En remportant l’Ultra-Tour du Beaufortain 2022, l’Américain donne un début de réponse : il sera prêt pour la grande bataille.

Le plan de Jim Walmsley pour gagner l’UTMB

En s’imposant sur l’Ultra-Tour du Beaufortain le 16 juillet dernier en un peu plus de 14h30, avec une heure d’avance sur le second, Jim Walmsley a envoyé un signal fort. Très appliqué dans sa préparation de l’UTMB 2022, son objectif majeur de la saison, il suit à la lettre le plan prévu. Et cette course était la troisième et dernière étape avant le grand rendez-vous de Chamonix. On notera que le choix de Walsmley s’est porté sur trois courses de distance similaire (autour des 100km), mais avec des profils très différents, pour travailler différents aspects techniques. Revue de détail.

JIM WALMSLEY 2 UTMB
© Instagram Jim Walmsley / DR

Cape Town : la vitesse pour commencer

Pour la première étape de ce plan initié il y a plusieurs mois, il faut remonter à novembre 2021. Jim Walmsley a choisi l’Afrique du Sud, avec l’Ultra-Trail Cape Town. Sur ce 100km plutôt roulant, à faible altitude, avec « seulement » 4560m de D+, l’Américain a essentiellement travaillé sa vitesse. Il s’est d’ailleurs adjugé le record de l’épreuve en 9h47, battant de 4 minutes l’ancien record détenu par le Zimbabwéen Khumalo depuis 2017.

JIM WALMSLEY PROFIL CAPE TOWN

Madère : le technique pour continuer

La seconde étape a lieu 5 mois plus tard au MIUT, fin avril 2022, à Madère. Ce coup-ci, le parcours de 115 km de l’Ultra-Trail Madeira Island est beaucoup plus technique et vertical, avec 7000m de D+. Un profil a priori peu favorable à l’Américain, déterminé à travailler hors de sa zone de confort. De ses différents échecs à l’UTMB, il sait que son talon d’Achille se situe dans sa capacité à passer la nuit sur des sentiers très techniques et dans des conditions climatiques peu favorables. Ce jour d’avril, tout est réuni : froid, vent, pluie. Rapidement détaché, Jim Walmsley ne sera pas inquiété et s’imposera en un peu moins de 13h, avec près d’une demi-heure d’avance sur Thibaut Garrivier.

JIM WALMSLEY PROFIL MIUT

L’UTB : la similitude pour terminer

L’Ultra-Tour du Beaufortain, à 6 semaines de l’UTMB, était la troisième et dernière étape du plan. Et le choix de cette course ne doit une fois de plus rien au hasard. Ce parcours de 114km et 7200m D+ est une parfaite répétition générale en vue de l’UTMB. Après une première montée violente, la course se déroule sur les hauteurs du Massif du Beaufortain, à des altitudes montant souvent au-dessus de 2000m. Outre un point culminant à 2670 mètres, l’intérêt du parcours est qu’il ne descend jamais en-dessous de 1500m. Autre point d’intérêt, les sentiers de cet ultra ressemblent terriblement à ceux qu’emprunteront fin août les concurrents de la grande boucle du Mont-Blanc. La victoire de Walmsley, même s’il termine relativement fatigué, le rassure pleinement. Jusque là, tout se déroule comme prévu.

JIM WALMSLEY Profil-Ultra-Tour-du-Beaufortain

Devenir “européen”, le pari de Jim Walmsley

Au-delà de l’aspect purement préparation physique, le volet mental a aussi été travaillé par Jim Walmsley. D’ailleurs, si l’Américain s’est installé il y a plusieurs semaines dans le Beaufortain, à Arêches-Beaufort plus précisément, ce n’est pas un hasard. Il est persuadé depuis longtemps que ce n’est qu’en vivant comme un Européen qu’il pourra remporter un jour l’UTMB. Idéalement cette année, sinon l’année prochaine. En arpentant les sentiers des Alpes, en s’imprégnant des paysages, en faisant corps avec cette montagne qui par le passé lui a par deux fois joué des tours et contraint à l’abandon, il pense détenir une des clés du succès.

JIM WALMSLEY UTMB
© Instagram Jim Walmsley / DR

Kilian Jornet, l’anti Walmsley

Très éloignée de la stratégie de l’Américain, celle de Kilian Jornet est d’alterner le court et le long. Le long pour sa course de rentrée, fin février. Première course donc, et première victoire sur le très roulant Ultra-trail de Tjörnarparen, dans le sud de la Suède. Sur un parcours de 163 km avec 2650m de D+, l’Espagnol s’est imposé en un peu moins de 16h20, établissant au passage le nouveau record de l’épreuve. Mi-mars, retour au ski-alpinisme avec une participation à la Pierra Menta, où il prend une remarquable 3e place.

Cette parenthèse refermée, retour à la course à pied 2 mois plus tard. C’est sur le format beaucoup plus court du marathon de Zegama-Aizkorri que Jornet a jeté son dévolu, histoire de boucler un bloc de préparation de puissance. En remportant l’épreuve pour la dixième fois, avec une formidable accélération dans les 10 derniers kilomètres, Kilian a démontré qu’il était toujours un cran au-dessus des meilleurs.

Et sa victoire le 16 juillet à la Hardrock 100 devant François D’Haene ne fait que confirmer l’état de forme exceptionnel du coureur de la Team NNormal. Kilian est dans une très grande année, et se prépare comme jamais pour cet UTMB qu’il n’a pas couru depuis 2017.

JIM WALMSLEY KILIAN JORNET
© DR

UTMB 2022 : quelle stratégie pour Walmsley ?

Jim Walmsley sera-t-il capable de résister à la pression ? Quelle sera la meilleure stratégie de course ? Devra-t-il tenter de partir devant pour faire douter Jornet, comme D’Haene en 2017 ? Devra-t-il au contraire calquer sa course sur celle de l’Espagnol ? Et dans ce cas, ne risquera-t-il pas de s’exposer au finish dévastateur de Jornet, comme D’Haene l’a subi sur la Hardrock 100 ? Le fait de ne pas avoir couru d’ultra en format 160km cette saison ne risque-t-il pas de le pénaliser ? Autant de questions qui, soyez-en sûr, vont torturer le cerveau de l’Américain jusqu’au jour de la course…

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