La tête et les jambes, épisode 11 : Noémie Vachon, l’instinctive

Noemie Vachon GTNS

En 2018, Noémie était une randonneuse qui ne savait pas que l’on pouvait courir en montagne. En 2023, la bientôt trentenaire est désormais titulaire de l’équipe de France pour les prochains championnats du monde de trail court à Innsbruck. Serge Moro a rencontré cette sportive qui a de qui tenir !

Noémie Vachon, 5e des France de Trail Court 2023

Vachon, c’est un nom qui résonne dans le monde du sport. Le père de Noémie fut champion d’Europe de judo en 1981, médaillé aux mondiaux la même année, et a participé à deux Jeux Olympiques en 1984 et 1988. Une carrière qui a bien dû venir aux oreilles de sa fille Noémie, née en 1993… Mais qui est cette sportive solide et radieuse qui vient d’arracher sa place en Équipe de France en terminant 5ème lors des derniers Championnats de France de Trail Court à la Cité des Pierres en mars dernier ? Il faut déjà savoir qu’elle résidait depuis quelques années en Colombie, où elle a appris à aimer le trail, et à performer. Et que si elle semble vouloir revenir en France, c’est d’abord pour l’adversité sportive, consciente que le niveau est bien plus élevé en Europe.

Noémie Vachon Ecotrail Colombia
Noémie Vachon lors d’un Ecotrail en Colombie. Photo Organisation / DR

ESPRIT TRAIL : Que dire de Noémie Vachon en préambule ?

Noémie Vachon : Je suis française et j’ai récemment déménagé à Font-Romeu, dans les Pyrénées Orientales, pour pratiquer le trail et la course en montagne dans les meilleures conditions. Je suis relativement nouvelle sur la scène du trail running, surtout en Europe. Mon expérience de course à pied est assez curieuse et inhabituelle. Toute mon histoire personnelle est atypique. Après mon Master de commerce international, j’ai décidé de voyager en Amérique du Sud… et je n’ai plus eu envie de rentrer en France. Mon diplôme me destinait à un job sédentaire en grande entreprise, mais l’envie d’ailleurs et de voyage m’a engloutie. Je n’ai jamais pu envisager de m’enfermer 8 heures par jour dans un bureau !

Après un joli périple, je me suis installée en Colombie, à Bogota, que j’adore, à 2600m d’altitude. Quelle surprise que cette population si accueillante. Ne connaissant pas de Français sur place, j’ai tout de suite été immergée au cœur de la vie locale. Mais je n’avais pas de projet de vie sur place, il me fallait trouver un sens à ma présence là-bas. J’avais tout à construire. J’ai été « volontaire », c’est à dire bénévole engagée dans une Organisation Non Gouvernementale qui vient en aide aux victimes des conflits armés. J’ai adoré ces missions, et j’y ai côtoyé des gens fantastiques, malgré le contexte difficile et parfois périlleux. Cela m’a donné une forte raison de vivre et de rester dans ce pays. Aujourd’hui, je retourne régulièrement en Colombie, même si je réside à Font-Romeu.

ET : Et dans ce contexte, comment deviens-tu une traileuse ?

NV : C’est vrai que je n‘étais pas vraiment sportive, même si mes deux parents ont été des sportifs de haut niveau. J’avais déjà fait une brève rencontre avec le monde du trail en 2018 lors d’une randonnée dans les Pyrénées… J’étais sur le sentier balisé du challenge du Montcalm, où j’avais vu des coureurs sur le chemin… J’avais été effarée que l’on puisse ainsi courir dans la montagne. Cela m’a titillé, et en Colombie, à Bogota où le paysage est une invitation à l’escapade, je me suis mise à courir. J’ai contacté un groupe de traileurs locaux, et cela a été un coup de foudre amical. On sortait tous les week-ends, j’avais ma deuxième famille. Ils m’ont emmenée dans des paysages incroyables, juste à côté de Bogota.

Avec eux j’ai découvert l’immensité de la cordillère des Andes. Je me suis prise de passion pour le trail, j’ai participé à des courses où j’ai d’emblée plutôt bien réussi, comme le Merrell Trail Tour, où l’on gagne des places pour Sierre-Zinal. J’ai vraiment senti que j’avais des facilités dans le trail. Pendant 6 mois, en 2019, j’ai couru à l’envie, sans plan. En janvier 2020, un entraîneur très connu de Colombie m’a appelée pour me proposer de m’entraîner. Bingo ! Il m’a entraînée de manière rude et rigoureuse. Cela ne m‘a pas déplu. J’ai progressé !

Noémie vachon Golden Trail National Series
Noémie Vachon lors des Golden Trail National Series. Photo DR

ET : Te voilà donc de retour sur le sol français ?

NV : Je suis revenue en France en 2022 pour me confronter au niveau international et maintenant je suis ici. Ce que je préfère dans les montagnes, c’est la grande variété de terrains et de paysages que vous pouvez rencontrer. Ce qui me plaît dans le trail, c’est le large éventail de compétences que vous devez développer pour être plus rapide et plus agile. J’aspire à explorer les limites de mon corps tout en profitant de la beauté infinie de la nature. En France, l’an dernier, j’ai eu des résultats très vite, comme une seconde place à la SkyRhune.

À l’issue de cette course, Benjamin, de Brooks, m’a appelée… J’ai compris que c’était l’étape supérieure, indispensable pour être performante. La structure de Brooks et les moyens qu’ils m’octroient me permettent d‘avoir un soutien précieux. Je vis ce team comme une aide au quotidien, et non pas comme une pression. On y ressent une belle cohésion d’équipe. C’est tout simplement génial.

Noémie vachon
Photo Brooks

ET : Quel est ton objectif ?

NV : Je m’investis à 100% pour le trail, et je vais chercher à être une professionnelle du trail. Je veux être coureuse à temps plein, pouvoir m’entraîner et me reposer pour progresser. À Font-Romeu, je suis conventionnée avec le CREPS. On verra plus tard si cela fonctionne durablement, je vais vivre cette expérience du trail à fond. Je vis l’instant ou mon instinct me guide. Et aujourd’hui, c’est un honneur pour moi de porter le maillot de l’équipe de France pour les prochains Championnats du Monde de Trail à Innsbruck.

Cet article est paru dans le N°131 du magazine Esprit Trail

Pour vous procurer le numéro complet en format papier ou digital, c’est ICI

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