6 questions à se poser avant de tenter un ultra-trail
L’ultra a la cote. Avec ses stars, sa médiatisation, les records qui tombent, le public qui se passionne… Mais au-delà de la distance de 100 kilomètres, on entre vraiment dans un autre monde. Surtout lorsqu’il s’agit de parcours montagneux. Pas question de se présenter au départ de telles épreuves sans une sérieuse expérience de coureur et un bon entraînement. Sinon, les fameuses BH (Barrières Horaires) auront vite raison de vous. Alors même si le challenge est tentant, avant de vous embarquer dans la grande aventure de l’ultra-trail et de partir à la rencontre de vous-même, demandez-vous si vous avez les moyens de réussir en répondant honnêtement aux six questions suivantes.
1 – Suis-je assez disponible pour préparer un ultra-trail ?
Si un ultra peut se dérouler sur un week-end (voire 4 jours, avec un jour avant pour se rendre sur place et un jour après pour récupérer un minimum et retrouver un peu de mobilité des jambes), le préparer demande de la disponibilité. Et cette disponibilité dépend d’un certain nombre de critères. Les plus basiques d’entre eux tiennent en 2 questions. Avez-vous un travail à plein temps ? Avez-vous des enfants ?
Si c’est le cas, soyez conscient que même si vous trouvez le temps d’enchaîner les rando-courses de plus de 5 heures, ce sera forcément au détriment de votre vie familiale. Voire professionnelle. Car outre le temps passé dehors, il ne faut pas négliger la fatigue engendrée par ces sorties. Et cette fatigue, on le sait, rend moins patient et disponible pour son entourage. Et moins efficace et motivé au boulot.
2 – Suis-je assez costaud physiquement pour faire plus de 100km ?
Si vous enchaînez les contractures et les tendinites à la moindre accélération ou allongement de séance, il faut totalement revoir votre préparation physique avant d’imaginer vous lancer sur 100km ou plus. Car non, l’ultra, ce n’est pas de la randonnée. Pour passer les barrières horaires, il faut être capable de courir sur le plat et en descente. Et ce, même après plus de 50km et de nombreuses heures passées sur les sentiers.
3 – Comment est-ce que je supporte le manque de sommeil ?
Tout ultra-trail de plus de 100km implique au minimum une nuit sans sommeil. Car même si 100km sur route se bouclent généralement en moins de 15h, en trail, avec le dénivelé et la technicité du terrain, les durées sont beaucoup plus conséquentes pour un même kilométrage. Sur l’UTMB, où le départ s’effectue vendredi en fin d’après-midi, la première nuit arrive très vite. Et la plupart des concurrents doivent ensuite en affronter une deuxième. Si le manque de sommeil vous met dans un état très désagréable, réfléchissez bien avant de vous engager sur une telle épreuve. Se retrouver de nuit en pleine somnolence sur une portion de sentier exposé où la moindre chute peut être fatale n’est pas anodin.
4 – Ultra-trail : est-ce que je digère bien en courant ?
L’une des principales difficultés de l’ultra, c’est qu’il est obligatoire de manger durant l’effort pour espérer tenir jusqu’au bout du chemin et voir l’arrivée. Or de très nombreux estomacs ne supportent pas d’être peu irrigués et ballottés durant la digestion. Si le vôtre est dans ce cas, comme de nombreux traileurs, vous risquez fort de vous retrouver plié en deux sur le bord du sentier, incapable d’avaler ni boire quoi que ce quoi. Cette situation, très courante dans le peloton, est la cause d’un grand nombre d’abandons. Pour durer, soyez conscient qu’il faut s’alimenter quasiment en continu. Or ce protocole déstabilise fortement le système digestif.
5 – Suis-je prêt à investir un vrai budget dans l’aventure ultra-trail ?
Entre le coût de l’équipement nécessaire (et pour partie obligatoire), les tarifs élevés des inscriptions, les frais de déplacement et d’hébergement, la pratique de l’ultra-trail demande un vrai budget. En plus de l’investissement en temps et en énergie que cette pratique va requérir, demandez-vous aussi comment votre famille ou votre entourage va accepter que vous consacriez toutes ces sommes et ce temps, qui seront retranchés à d’autres loisirs plus collectifs. Même si l’on parle là de passion, passer pour un égoïste n’est jamais très agréable…
Lire l’article Comment progresser au contact des ultra-traileurs
6 – Suis-je assez costaud au niveau mental pour être finisher d’un ultra-trail ?
Autant vos rando-courses (de 7 à 8h grand maximum) et vos éventuelles reconnaissances de parcours ne seront globalement que du plaisir, autant il faut vous attendre à réellement souffrir le jour J, lorsque vous en serez à plus de 10h de course avec peut-être déjà une nuit sans sommeil ou bien du sommeil largement amputé par un départ aux aurores.
Vous allez passer par des moments où vous allez vraiment vous demander ce que vous faites là, et où il vous faudra être très motivé pour ne pas monter dans la navette prévue pour les abandons ou dans la voiture d’un proche venu vous encourager ou vous assister. Autant dire que si votre mental est friable, vous êtes quasiment sûr d’abandonner en route. Il existe tout un tas de techniques pour renforcer son mental, commencez déjà par les étudier.
Notre conseil : allez-y progressivement
Même si vous avez répondu positivement à toutes ces questions, évitez de vous lancer sans transition du trail court à ultra. Pour la première année, il sera pertinent de passer au moins une fois sur une distance de 40km à 60km. La deuxième année, vous pourrez programmer un trail de 60 à 80km. Vous en ferez l’objectif de votre année, avec une progression en charge d’entraînement et en courses de préparation, et vous vous offrirez ensuite une bonne période de régénération.
Après ces deux expériences, la troisième année pourra éventuellement être celle d’un ultra. L’objectif sera d’y être en bonne santé du début à la fin, et de ne pas être dégoûté du sport ensuite… Votre patience le permettra, puisque vous aurez permis à votre corps d’adapter sa structure interne et externe, avec en particulier l’optimisation de votre système hormonal, la perte de masse adipeuse, et le renforcement cardiaque. En complément de cet apprentissage du corps, vous aurez aussi apprivoisé l’approche mentale et logistique de ces épreuves qui sont de vraies aventures personnelles, même dans des domaines aussi faussement simples que la gestion du matériel ou de la nourriture par exemple…
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