Sierre-Zinal : l’interview de Sophia Laukli, qui rêve d’un doublé après sa victoire en 2023
Après un début de saison perturbé par une blessure, Sophia Laukli a signé son retour sur la Golden Trail Series avec une 4ème place au Marathon du Mont-Blanc. Un résultat encourageant mais insuffisant pour l’Américaine, gagnante de la Golden Trail Series 2023, qui espère être capable de renouer rapidement avec la victoire. Et quel meilleure occasion que la 5ème étape de la Golden, la doyenne suisse Sierre-Zinal, qu’elle a remporté largement l’année dernière ! Nous l’avons rencontré quelques jours avant ce défi…
Sophia, comment vas-tu depuis le Marathon du Mont-Blanc ?
Sophia Laukli : Je vais bien ! En réalité, je suis beaucoup plus excitée maintenant à l’idée de courir. La dernière fois que nous avons parlé ensemble, j’avais confié que je n’avais pas vraiment l’envie de courir parce que je savais que je n’avais pas retrouvé mon meilleur niveau. Mais je me sens beaucoup mieux maintenant et je me sens bien mieux préparée pour Sierre-Zinal.
Au Marathon du Mont-Blanc, tu disais avant la course que tu serais contente si tu arrivais à finir correctement. Un mois plus tard, es-tu finalement satisfaite avec cette 4ème place à Chamonix ?
SL : Je pense que ce résultat m’a surtout fait prendre conscience que je ne peux pas juste venir sur une ligne de départ comme ça, sans préparation. Il faut travailler avant une course ! J’ai aussi réalisé que l’année dernière s’est passée beaucoup plus facilement pour moi. J’étais en forme et je n’avais pas beaucoup d’efforts à faire pour que ça marche pour moi. J’avais juste à courir pour faire une bonne course. Cette année, j’ai bien compris qu’il va falloir en faire plus.
Je n’ai pu me préparer que trois ou quatre semaines avant la course de Chamonix à cause de ma blessure, alors que les autres filles sont déjà fortes. J’étais déçue du résultat, et il m’a fallu du temps pour changer ça. Mais j’ai aussi pris conscience qu’avec le peu de préparation que j’avais, j’ai quand même réussi à courir une course aussi longue et à terminer 4ème !
Comment t’es-tu sentie durant la course ?
SL : Pas si mal, finalement, si on regarde de là où je viens. Je me sentais très confiante sur la première moitié de course parce que j’avais de très bonnes sensations. J’avais l’impression de contrôler, je me rappelle même avoir souri au deuxième ravito car je n’avais aucune douleur. Mais la première moitié est beaucoup plus facile que la deuxième et j’ai commencé à sentir que ça coinçait. Je pense que j’ai un peu trop poussé dans la descente vers Vallorcine et soudain les jambes ont commencé à ne pas aller bien.
Du coup, la deuxième partie de course a été super longue. J’ai compris que ça faisait un moment que je n’avais pas couru aussi longtemps, que je n’avais pas fait de séances sur des cailloux, des séances en descente aussi. J’avais espoir de maintenir la 3ème place jusqu’à l’arrivée mais Miao Yao m’a doublée dans les derniers kilomètres avant l’arrivée. C’était frustrant, mais il faut quand même se contenter de cette 4ème place.
Penses-tu que c’est toi qui étais plus faible, ou que ce sont les autres filles qui ont augmenté leur niveau ?
SL : C’est certainement un peu des deux. Mais c’est sûr que je n’étais pas à mon meilleur niveau, loin de là. C’est compliqué à jauger parce que l’année dernière, j’ai affronté Judith Wyder dans des conditions particulières : j’avais le Covid en Italie, en finale, et je n’étais pas au mieux. Je pense que la course de Pikes Peakétait une confrontation juste (Sophia Laukli s’était imposée avec plus de 3mn40 d’avance sur Judith Wyder, NDLR), mais finalement, j’ai du mal à savoir si elle a beaucoup progressé. Madalina (Florea), quant à elle, était très forte à la finale, et je pense qu’elle a encore progressé !
Entre Judith et Madalina, laquelle des deux t’a le plus impressionnée au Marathon du Mont-Blanc ?
SL : Je savais que Judith allait être en forme, elle est très intelligente. Donc finalement, ça ne m’a pas beaucoup surprise. J’ai davantage été impressionnée par la façon dont Madalina a géré une course aussi longue à cette vitesse. L’année dernière, c’était un peu son problème, de savoir gérer le rythme. Comme à Sierre-Zinal, où je la dépasse aux trois-quarts de la course. Miao Yao m’a aussi surprise. Je savais que je n’étais pas à mon meilleur niveau en descente, mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me rattrape malgré tout. Je pense qu’elle a beaucoup progressé, surtout en descente, et qu’il va falloir s’en méfier.
Et comment te sens-tu à quelques jours de Sierre-Zinal ?
SL : Je sais que c’est une course difficile, surtout pour faire mon vrai retour. C’est la course la plus compétitive au monde, donc je suis super motivée. J’étais énervée au Mont-Blanc, pas à cause du résultat mais simplement parce que je n’étais pas à mon niveau. Là, ça sera le moment de montrer que je suis vraiment de retour. Mais je sais que ça sera dur à faire !
T’es-tu fixé un objectif ?
SL : Oui, mais je ne veux pas trop en parler. J’espère qu’avec mon début de saison je ne serai pas trop regardée. Je veux m’enlever un peu de pression. Mais bon, je sais qu’en tant que vainqueur sortant, les gens vont m’attendre au tournant.
Est-ce que tu as réévalué tes objectifs au général au vu de ton début de saison ou espères-tu toujours remporter la Golden cette année ?
SL : Je pense que ça reste possible de la remporter, il faut juste que je fasse une deuxième partie de saison parfaite. Mais je pense aussi que c’est une bonne chose d’avoir cette adversité aussi tôt dans la saison, car je ne vais pas arriver à la finale en étant surprise de ne pas être devant. Je sais désormais à quoi m’attendre et ça va m’aider dans ma préparation. Je commence aussi à me dire que si je n’y arrive pas, ce ne veut pas dire que c’est une saison horrible pour autant, surtout au regard de comment elle a débuté. Bien sûr, je vais donner le maximum pour revenir et gagner, mais il faut aussi prendre du recul et regarder la saison dans son ensemble.
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