130 km de course par semaine, 1000 mètres de dénivelé positif, grip renforcé sur barre fixe, tapis incliné à 25 %, sessions en sauna, entraînements dans les Dolomites ou les Alpes norvégiennes : bienvenue dans les coulisses de la préparation des champions du monde de course à obstacles et d’ultra-endurance.

A 3 jours du Championnat du Monde Spartan Ultra officiel 2025 et des différentes épreuves organisées à Morzine du 4 au 6 juillet, où plus de 12000 participants sont attendus, les plus grands noms du circuit dévoilent leurs routines, leurs méthodes et leur philosophie d’entraînement. Un aperçu rare d’un monde où la performance naît de la constance, du mental et de l’amour du terrain.

Ryan Atkins, entre polyvalence et adaptation

Pour les champions du monde, la polyvalence semble être une règle d’or. Ainsi le Canadien Ryan Atkins, multiple champion du monde de courses à obstacles, champion du monde BEAST 2023, l’un des « sur-hommes » qui prendra le départ du Championnat du Monde Spartan à Morzine, a déjà réussi l’exploit de gravir l’équivalent de la hauteur du mont Everest (8 848 m) en 11 heures et 30 minutes sur une station de ski à Sutton, Québec. Le tout sans assistance.

En 2019, dans des conditions extrêmes avec des températures atteignant -30°C, il a également parcouru 129 km et plus de 8800m D+ en 23 heures et 22 minutes.Pour atteindre ce type d’objectif, il est formel : « Courir à bloc une montée de 1000 mètres, c’est le top pour moi. » Il parcourt jusqu’à 130 km par semaine, en insistant sur le dénivelé et les longs efforts. Ryan Atkins se distingue par une approche mentale et physique rigoureuses. Il met l’accent sur la constance, la récupération et l’adaptation aux conditions extrêmes.

Luca Pesco, maître des dénivelés, adepte de la basse intensité

Champion du monde Spartan Ultra en 2024, l’Italien Luca Pesco est quant à lui un parfait maître des dénivelés. Amoureux des Dolomites, il partage une philosophie similaire à celle d’Atkins : « Je réalise presque exclusivement des entraînements de basse intensité. J’accumule des heures dans la nature, au cœur des montagnes. Chaque journée passée dehors est une victoire. »

Spartan Morzine
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Thibault Jean, ou l’art d’apprendre à durer

Triple vainqueur de l’Ultra Tour du Môle, 10ème du Cross du Mont-Blanc 2024, trois fois lauréat du Trail des Aiguilles Rouges 15 km à Chamonix et 2ème du format Spartan Ultra 50K – 60 obstacles de Morzine en 2024, le Français Thibault Jean s’annonce comme l’un des favoris incontestés pour 2025. Il incarne un profil solide, technique et méthodique.

Thibault partage une vision claire de la performance : “Ce qui compte, c’est d’accumuler des heures de fond. Je fais beaucoup de sorties longues, seul ou en groupe, avec du D+ mais sans toujours chercher l’intensité. Le corps a besoin d’apprendre à durer.

Parmi ses conseils aux coureurs :
– Alterner les terrains pour développer la proprioception (capacité, du corps, à détecter ses actions, ses mouvements dans l’espace) ;
– Travailler régulièrement les descentes techniques pour limiter la casse musculaire ;
– Intégrer des séances de rando-course à faible intensité, avec sac chargé, pour simuler la durée réelle de course ;
– Ne pas négliger les phases de récupération active : “C’est quand on récupère bien qu’on progresse.”

Sabrina Daolio, l’écoute du corps et le kiff

La Sud-Africaine Sabrina Daolio, qui évolue dans le Top 10 mondial en OCR, répartit ses efforts entre route, piste, trail, musculation et obstacles. Compétitrice accomplie, elle a étudié la psychologie du sport à l’Université d’Afrique du Sud (UNISA), ce qui lui confère une approche mentale solide de la compétition :  « Je suis aussi thérapeute sportive à plein temps. Mon secret ? M’écouter, rester régulière, et ne jamais oublier de kiffer. »

Spartan Morzine
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Chaleur, humidité et altitude : comment préparer l’imprévisible ?

La préparation climatique est aussi cruciale que la condition physique. Les athlètes d’endurance et de sports extrêmes ne laissent rien au hasard lorsqu’il s’agit de performer en conditions difficiles.

Nikolaj Dam, champion OCR danois, veille à intégrer le contraste climatique dans sa préparation annuelle, combinant l’entraînement en altitude et l’exposition à des environnements extrêmes pour maximiser l’adaptabilité. « Je vis au Danemark, donc je pars 2 à 3 fois par an en stage dans les Alpes ou en Norvège. Et je fais 2 séances par semaine en conditions chaudes. » 

De son côté, Ryan Atkins a une approche qui repose sur une exposition constante à des conditions hostiles, qui renforce la résilience mentale autant que physique. Pour lui, l’environnement n’est pas un obstacle mais un partenaire d’entraînement. « Le climat est dur là où je vis, donc j’ai l’habitude de m’entraîner sous la pluie, la neige ou le vent. Ça forge. »

SPARTAN TRAINING
Source Spartan

Morzine, terre de légende

Endurance extrême, obstacles techniques, dénivelé brutal, météo imprévisible : ils s’entraînent pour tout. Pour cette édition 2025 de l’Ultra World Championships, Morzine ne les attend pas. Morzine les met au défi !

Au programme du week-end :

Ultra 50K : 60 obstacles – le Championnat du Monde Spartan Ultra officiel (vendredi 4 juillet)

Beast 21K : 30 obstacles (samedi 5 juillet)

Hurricane Heat : Épreuves d’endurance par équipes de 4, 12 ou 24 heures (samedi 5 juillet)

Kids Race : 1K – 3K avec obstacles adaptés à l’âge de 4 à 14 ans (samedi 5 juillet)

Sprint 5K : 20 obstacles (dimanche 6 juillet)

Super 10K : 25 obstacles (dimanche 6 juillet)

Découvrez le teaser 2025 ICI

Spartan Morzine
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Alors que la température maximale sur le parcours a atteint 36°C, les Américains Caleb Olson et Abby Hall ont réalisé deux des temps les plus rapides de l’histoire lors de la 52ème édition annuelle de la Western States Endurance Run qui s’est tenue les 28 et 29 juin en Californie. Kilian Jornet, très attendu, termine à une belle 3ème place. Côté Français, Vincent Bouillard, qui figurait également dans la liste des favoris, n’a pas tenu la distance.

Western States Endurance Run : le plus rapide des prestigieux 100 miles

Organisée pour la première fois en 1974, la Western States Endurance Run 2025, 52ème édition, a rassemblé 369 coureurs venus de tous les États-Unis et de plus de 30 pays. Considérée comme l’une des courses de trail de 100 miles les plus prestigieuses au monde, la WSER a surtout la particularité d’être un des 100 miles les plus rapides, qui se court entre 14 et 15 heures pour les vainqueurs (record à 14h09 pour Jim Walmsley), là où l’on parle de 19 à 20 heures pour l’UTMB (record à 19h49 pour Kilian Jornet), 21 à 22 pour la Hardrock 100 (record à 21h33 pour Ludovic Pommeret), et entre 23 et 24 pour la Diagonale des Fous (record à 22h58 pour François D’Haene).

La principale raison de cette différence de chrono tient dans le dénivelé de la course, qui n’est « que » d’environ 5500m, pour 7000m de D-, là où la boucle autour du mont Blanc affiche un D+ de 10000 mètres. Par ailleurs, l’autre particularité est qu’elle se déroule principalement sur de larges chemins très roulants, et non des singles techniques. Organisée comme tous les ans le dernier week-end complet de juin, la course se déroule au départ d’Olympic Valley, en Californie, et traverse les hautes terres de la Sierra Nevada et les canyons de l’American River, sur les terres ancestrales des tribus Washoe et Nisenan, avant de se terminer au lycée Placer d’Auburn, en Californie.

Cette année, la course s’est déroulée sous un ciel ensoleillé et sur un parcours sans neige, avec un thermomètre qui a pu atteindre 36°C, créant des problèmes de déshydratation pour bon nombre de coureurs qui ont découvert la course. Car seulement 64 des coureurs de cette année avaient déjà participé à la Western States. 305 étaient donc novices. Un baptême du feu !

Kilian Jornet. Photo NNormal
Kilian Jornet. Photo NNormal

Western States Endurance Run : Caleb Olson de bout en bout

Caleb Olson, 29 ans, originaire de Draper, dans l’Utah, a dominé l’un des pelotons masculins les plus relevés jamais réunis à Western States et a frôlé le record du parcours en s’imposant en 14h11mn25s, à moins de deux minutes du record du parcours établi en 2019 par Jim Walmsley (14h09mn28s), le grand absent de cette édition, en délicatesse avec un genou. Caleb Olson faisait partie du peloton masculin qui a fait la course en tête depuis le début de la course. Au ravitaillement d’El Dorado Creek, au 53ème mile, ils n’étaient plus que 2, Olson et son compatriote Chris Myers, 29 ans, originaire de Nederland, dans le Colorado, tandis que Kilian Jornet comptait déjà 8 minutes de retard. Caleb Olson a alors commencé à se détacher et a porté son avance à sept minutes au ravitaillement de Rucky Chucky, au 78ème mile. Cet écart n’allait plus bouger jusqu’à la fin.

Chris Myers a terminé deuxième en 14h17mn, soit le quatrième meilleur temps de l’histoire de la course. C’est dire si la performance de Kilian Jornet, 37 ans, vainqueur de la WSER en 2011, est à la hauteur de la classe du champion : en terminant troisième en 14h19, il a réalisé le cinquième meilleur temps jamais enregistré sur l’épreuve. À eux trois, ces champions ont ainsi réalisé le podium le plus rapide de l’histoire de Western States.

Le vainqueur du dernier UTMB, Vincent Bouillard, très attendu pour une confrontation revanche avec Kilian Jornet après leur duel en mars sur le Chianti Ultra Trail remporté par Jim Walmsley, et qui leur a valu leur qualification pour la WSER, n’a pas pesé dans la balance. Parti dans le peloton de tête, il a assez rapidement dû baisser de rythme, et a fini par abandonner au 80ème mile.

Caleb Olson. Photo WSER
Caleb Olson. Photo WSER

De son côté, Kilian Jornet s’est dit impressionné par la vitesse à laquelle s’est courue l’épreuve, et s’est satisfait de sa performance. Il a notamment rappelé qu’il avait mis 1h15 de moins que lors de sa victoire en 2011. 14 ans plus tard, à l’âge de 37 ans, il s’est réjouit d’avoir “encore des jambes capables de courir aussi vite“, précisant qu’il était maintenant temps pour lui de récupérer.

Kilian Jornet. Photo NNormal
Kilian Jornet. Photo NNormal

Western States Endurance Run : la déclaration de Caleb Olson

« C’est assez incroyable », a déclaré Caleb Olson, qui, en plus de devenir le premier coureur de l’Utah à remporter la course, était rejoint à l’arrivée sur la piste de Placer High à Auburn, en Californie, par sa femme Morgan et leur nouveau-né de sept semaines, Marshall. « Je ne savais pas comment la journée allait se dérouler et je m’étais fixé un objectif très ambitieux. Je m’étais dit : “Il faudra probablement battre le record du parcours pour gagner aujourd’hui, et si je vise un record du parcours, ce serait vraiment génial.” J’ai tenu bon jusqu’au kilomètre 130. Et puis j’ai commencé à le payer. Le record de Jim est vraiment rapide. Finalement, j’ai compris que ça n’arriverait probablement pas et j’ai préféré vivre pleinement la fin de ma course comme une expérience agréable. »

Caleb Olson. Photo WSER
Caleb Olson. Photo WSER

Western States Endurance Run : l’incroyable victoire d’Abby Hall

L’Américaine Abby Hall, 34 ans, originaire de Flagstaff, en Arizona, n’y croyait pas. Après une grave blessure au genou en 2023, elle a réalisé un retour incroyable, signant le quatrième meilleur temps féminin de l’histoire en 16h37. Pourtant, rien ne la destinait à performer sur cette course. Abby Hall n’a en effet appris son inscription à la course que fin avril, lorsque l’Américaine EmKay Sullivan, originaire de Reno, dans le Nevada, qui l’avait devancée lors d’une épreuve permettant d’obtenir un Golden Ticket plus tôt dans l’année, a annoncé qu’elle utiliserait l’option de report de grossesse de la WSER.

Abby Hall a su saisir l’opportunité pour réaliser la course parfaite, se plaçant en tête de la course féminine presque dès le début. Elle a définitivement pris la tête à Michigan Bluff, au 55ème mile, et a porté son avance à 10 minutes au ravitaillement de Foresthill, au 62ème mile, écart qui n’a plus varié jusqu’à la fin. La Chinoise Fuzhao Xiang, 33 ans, originaire de Chine, a terminé deuxième en 16h47, réalisant le septième meilleur temps de l’histoire. La Canadienne Marianne Hogan, 35 ans, a terminé troisième en 16h50.

« La citation que je me répétais sans cesse et à laquelle j’avais pensé toute la semaine était quelque chose comme “Ce qui est pour toi te trouvera”, a déclaré Abby Hall à l’arrivée. J’ai vraiment eu l’impression d’être dans le moment présent. Je me suis sentie tellement chanceuse de la façon dont les choses se sont déroulées pour ma qualification, et d’avoir finalement pu obtenir un Golden Ticket pour pouvoir disputer la course. Alors la gagner, c’est vraiment surréaliste. »

Abby Hall. Photo WSER
Abby Hall. Photo WSER

Western States Endurance Run : les vétérans à l’honneur

Parmi les 285 des 369 participants qui ont terminé la course, l’Américain Jan Vleck, 72 ans, médecin de famille à la retraite originaire d’Olympia, dans l’État de Washington est devenu le deuxième finisher le plus âgé de l’histoire de la course, derrière Nick Bassett, qui avait 73 ans lorsqu’il a terminé la Western States en 2018, en signant un temps de 29h02. Cette année, ils étaient 5 coureurs inscrits dans la catégorie des 70 à 79 ans, qui comptait également un octogénaire, Bassett, soit le plus grand nombre de coureurs de plus de 70 ans de l’histoire de la course. Jan Vleck a cependant été le seul du groupe à terminer la course. Chez les femmes, Lesley Dellamonica, 60 ans, de Truckee, en Californie, était la plus âgée à terminer la course et a remporté la catégorie des 60 à 69 ans en 27h36.

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13000 passionnés le long des sentiers de 16 courses en octobre 2024 ! Odile Baudrier et Gilles Bertrand, les deux fondateurs, en 1995, de la première course hors-bitume de France, au cœur de la nature aveyronnaise, étaient loin de s’imaginer que 30 ans plus tard, un tel succès serait au rendez-vous. Ni que les valeurs du trail, qu’ils ont su préserver au fil des éditions, seraient aujourd’hui plus vivantes que jamais. La légende des Templiers s’est écrite autour de celles-ci, mais l’épreuve trentenaire a également su ouvrir ses chemins aux plus jeunes et aux femmes. A quelques semaines de la 31ème édition, zoom sur quelques-unes des belles histoires des Templiers.

Voir le film de l’édition 2024 ICI, 16 minutes pour revivre l’intensité et la magie de l’événement

Festival des Templiers : les trentenaires à l’honneur, du nouveau pour les Juniors

Un vent du rajeunissement souffle les Grands Causses ! Les moins de 30 ans sont de plus en plus nombreux à courir sur les sentiers nichés au cœur de ce parc naturel régional. Pour 2025, la tendance se confirme : un bon tiers de participants de moins de 30 ans sur le VO2 Trail (17,2 km), soit 10 % de plus en 10 ans. Le marathon des Causses (36,1 km) se paie aussi une cure de jouvence, avec 19% de participation en 2025 contre 15% en 2015. 

Au-delà de ce phénomène « naturel » de rajeunissement, l’événement réaffirme son engagement en faveur de la jeunesse, amorcé dès 2004 avec la Kinder Trail et renforcé en 2021 grâce à la KD Trail. Taillée sur mesure pour la nouvelle génération de traileurs, la Junior Trail, un nouveau format de 17,2 km, s’adresse aux jeunes espoirs de la discipline (U20 nés en 2007 et 2008), leur donnant une opportunité unique de marquer les sentiers de leur empreinte, et de tester leurs limites dans un terrain de jeu exceptionnel. 

Photo 2 Cyrille Quintard
Photo Cyrille Quintard

Festival des Templiers : ils sont nés en 1995, et seront sur les sentiers en 2025 pour leurs 30 ans !

Florian, inscrit sur l’Endurance Trail (100 km)

« Je pesais 130 kilos, je fumais, et aujourd’hui j’ai perdu plus de 30 kilos, je ne fume plus, je cours 4-5 fois par semaine, j’ai déménagé dans un endroit où je n’ai qu’à passer le portail pour être sur des sentiers ! Ma femme, qui n’était pas du tout sportive, vient de terminer ses premières courses officielles en trail ! Effectivement, je suis né en 1995, et pouvoir participer à un événement tel que les Templiers pour mon 30ème anniversaire est quelque chose d’exceptionnel ! »

Baptiste, inscrit au Marathon des Causses (36,1 km)

« La course à pied a toujours marqué ma vie, j’ai suivi mon père sur ses lignes de départ, et j’ai naturellement pris le relais. Je connais les Templiers depuis mon enfance, mon papa aurait dû y participer, mais une blessure l’en a empêché, j’avais 8 ans. Cette course représente une étape importante dans mon évolution au fil des années afin d’augmenter les distances. »

Archives 1995 Photo Hoka Les Templiers
Archives 1995. Photo Hoka Les Templiers

Benoît, inscrit sur Endurance Trail (100 km)

« J’ai frôlé l’amputation de la jambe gauche en 2012, suite à un accident au foot. Après une année de combat, j’ai pu remarcher. Une première rencontre en 2017 m’a poussé à chausser des baskets afin de tenter de réaliser 10 km. Énorme défi ! Cette rencontre, c’est le petit Tom, de l’association Le Combat de Tom, décédé en mars 2025. Je me suis dit que je n’avais pas le droit de me plaindre… J’ai découvert le trail en 2023. Alors, pour mes 30 ans, je me suis lancé le défi d’atteindre la barre des 100 km ! Et, à quel meilleur endroit le faire qu’ici ? »

Festival des Templiers : vive Les Templières !

Les femmes, d’habitude inscrites sur les plus petites distances, sont de plus en plus nombreuses à participer à des formats plus longs. En témoignent une constante progression en 10 ans :  +6% de femmes sur le Grand Trail des Templiers (80 km), +8% sur l’Endurance Trail (99 km) et +12% sur l’Intégrale des Causses (62 km). La parité est même dépassée sur des courses plus courtes avec 68% de femmes sur Les Troubadours (12 km), 59% de femmes sur la VO2 Trail (17 km) et 54% de femmes sur la Monna Lisa (28,5 km). Et ce sont celles qui courent qui en parlent le mieux !

Photo Cyrille Quintard
Photo Cyrille Quintard

Éloïse 26 ans, inscrite sur la Boffi Fifty (48,5 km)

« Ancienne cycliste pro, le trail est devenu une discipline de tous les jours pour moi. Que ce soit comme exutoire après des gardes aux urgences éprouvantes ou simplement pour sillonner mon Morvan que j’aime tant ! Cette course représente un bon défi, un objectif pour cette année, car je n’ai jamais couru autant, et les Templiers c’est mythique ! »

Roseline, 70 ans, inscrite à La Templière (7,3 km)

« Je suis une héritière du Spiridon et de son époque glorieuse ! Pour mes 70 ans je voulais faire une belle course. Je cours depuis 48 ans. J’ai déjà couru le 8 km féminin il y a 15 ans. J’ai adoré l’ambiance et voir des traileurs si courageux. Je n’avais jamais participé à une aussi grande course ! » 

Clotilde, 43 ans, Marathon du Larzac (34,6 km) et Marathon des Causses (36,1 km)

« J’ai commencé le trail en 2019, 2 ans après un accident de ski ayant eu un gros impact sur un genou (5 chirurgies, 8 mois d’arrêt de travail, 2 ans avant de remarcher sans boîter). En 2019, je mords à ce sport. Mais, mon genou me rappelant à l’ordre, je me résigne : je ne pourrais jamais faire d’ultras. Petit à petit, je passe pourtant de 20 à 24 à 28 km… Les Templiers, c’est pour moi des premières : 26 km sur l’Hivernale en 2023, 28 km sur la Mona Lisa et 44 km sur le Tarn Valley en 2024. 2025, ce sera un ultra à ma façon, car j’ai décidé de faire les 2 marathons : 34 km le vendredi et 36 km le samedi. 70 km en 2 jours !»

Le mot de Sylvia Nordskar, pro-traileuse HOKA, 2ème du Grand Trail des Templiers 2024

« Je voulais courir Les Templiers parce que j’ai entendu dire que c’était un événement unique vibrant de passion, de culture locale, à travers une nature magnifique. Le parcours est roulant, le terrain et le climat me conviennent bien. J’espère aider les femmes à avoir plus de confiance et de force en elles pour prendre le départ de davantage de courses ! »

Découvrez le programme complet de toutes les courses ICI

Parcours, dénivelés, barrières horaires, retrouvez toutes les informations sur les courses ICI

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Dimanche 29 juin, le légendaire 42 km du Marathon du Mont-Blanc a offert un épilogue spectaculaire aux 3 journées des épreuves chamoniardes, marquées dès vendredi par les victoires de Théo Detienne et Blandine L’Hirondel sur le 90 km du Mont-Blanc. Considéré comme l’un des marathons de montagne les plus exigeants et les plus beaux au monde, il a débuté dès 6h45 par les élites femmes, suivies à 7h15 par les hommes et le reste des 2 250 participants. Avec, au bout du suspense, les victoires de l’Italien Davide Magnini, 6 ans après s’être imposé en 2019, et de la Kényane Joyline Chepngeno, première Africaine à s’imposer sur cette prestigieuse épreuve.

Marathon du Mont-Blanc : Davide Magnini ressuscite, Raoul Raus crée la surprise

Le parcours du Marathon du Mont-Blanc est un vrai piège. Après une première partie roulante jusqu’au fond de la vallée chamoniarde, où les coureurs atteignent parfois les 20km/h, l’ascension vers l’Aiguillette des Posettes donne un premier aperçu des difficultés, avant l’enchaînement technique et terriblement éprouvant pour les organismes entre Vallorcine et la Flégère. Ce n’est qu’une fois le dernier ravito de La Flégère passé que vient la descente finale vers le cœur de Chamonix., où depuis 3 ans est jugée l’arrivée.

La course masculine a offert un scénario haletant. L’Ukrainien Vitaliy Shafar, spécialiste de la route, tente sa chance dès le début. Il mène jusqu’à l’Aiguillette des Posettes, avant de céder face au trio Ezekiel Rutto (KEN), Thomas Roach et Thomas Cardin.

Après Vallorcine, Rutto semble en route vers la victoire. 5ème en 2024, il connaît le terrain et attaque avec autorité. Mais dans la montée vers la Flégère, il explose physiquement. À bout de souffle, il marche, laissant la voie libre.

C’est alors que le Belge Raoul Raus entre en scène. Inconnu du grand public, non listé parmi les favoris, il bouscule la hiérarchie mondiale. Tour à tour, il dépasse ses adversaires, parvenant même à prendre la tête de la course au sommet de La Flégère et malgré une lourde chute et une plaie ouverte au front, il s’accroche avec courage à sa deuxième place dans la descente.

Mais le coup de maître revient à Davide Magnini. Pointé 6ème à Vallorcine avec 4 minutes de retard, l’Italien lance une remontée d’école. Vainqueur ici même en 2019, il connaît chaque virage. Il rattrape tout le monde après la Flégère et dévale la dernière descente pour s’imposer en 3h42’55” (avec une moyenne de 11,9 km/h) avec plus de 3 min d’avance ! Un retour magistral après deux années de blessures, salué à l’arrivée par Théo Detienne, vainqueur du 90 km, champagne à la main. Tous deux offrent une double victoire au nouveau partenaire titre du Marathon du Mont Blanc, New Balance !

Le Français Thomas Cardin, 3ème, confirme sa montée en puissance. Vainqueur du 23 km en 2024, il s’offre désormais une place sur le podium de l’épreuve reine. La belle histoire continue. Rutto finit tout de même courageusement  à la 4ème  place malgré une chute impressionnante en dernière partie.

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David Magnini. Photo Morgan Bodet

Marathon du Mont-Blanc : le TOP 5 hommes

1. Davide MAGNINI (ITA), 03:42:55 – New Balance
2. Raoul RAUS (BEL), 03:46:00 – New Balance
3. Thomas CARDIN (FRA), 03:46:29 – Kiprun
4. Ezekiel RUTTO (KEN) 03:50:25 – Milimani Runners Salomon
5. Valentin MARCHON (SUI), 03:51:17 – Salomon DACH

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Le Top 3 masculin. Photo David Gonthier

Marathon du Mont-Blanc : les réactions du podium hommes

Davide Magnini (ITA) 1er :

« Ce fut très dur dès le départ. J’avais mal aux jambes, la première partie de course était trop rapide pour moi, et la descente vers Vallorcine a été un calvaire. J’étais loin, avec un gros écart, et pourtant je suis parvenu à revenir.
Je me suis accroché à mon rythme, j’ai essayé d’écouter mes sensations. Dans la montée vers La Flégère, j’ai commencé à reprendre du terrain. Je n’ai même pas pu boire au torrent, mais j’ai trouvé les ressources pour bien descendre.
Même si je me suis tordu la cheville, abandonner à 3 km de l’arrivée était impensable. Je suis arrivé complètement vidé, mais heureux. Remporter à nouveau cette course, après ma première victoire en 2019, c’est un immense bonheur. Maintenant, place à la récupération ! »

Raul Raus (BEL) 2ème :

« L’objectif était de terminer dans les premiers, mais ma deuxième place a surpris : je n’étais pas forcément attendu sur cette course. Je savais que j’étais en forme, sans trop savoir si ça tiendrait sur un marathon. Je cours peu pour rester en forme, mais j’avais des doutes sur ma capacité à encaisser musculairement, surtout avec cette chaleur.
On a vraiment souffert, notamment dans la dernière montée vers La Flégère. À ce moment-là, on était tous presque à l’arrêt. Dans la dernière descente, j’ai chuté au début car j’ai eu pas mal de crampes mais j’ai réussi à gérer. Je n’ai pas fini comme je l’aurais voulu, mais ça fait partie du jeu.
Je suis content de ma course, même si pas totalement satisfait. J’étais en tête à La Flégère et, normalement, je fais la différence en descente. Ce sera une vraie motivation pour revenir l’an prochain et prendre ma revanche. »

Thomas Cardin (FRA) 3ème :

« Je ne ressens aucune frustration, je suis très content de ce que j’ai réalisé. Bien sûr, on est là pour gagner, mais j’ai su composer avec une forme moyenne sur la deuxième partie de course, marquée par de fortes crampes liées à la chaleur.
J’ai passé beaucoup de temps à m’hydrater et à me rafraîchir dans les ruisseaux. C’est rare de devoir maintenir une telle intensité sous une chaleur pareille, et le corps en souffre. Mais je suis fier d’avoir tenu, d’avoir géré la douleur et terminé alors qu’à un moment, je pensais abandonner.
C’est aussi pour ça qu’on vient à Chamonix : se dépasser, comme le font les milliers d’amateurs au départ. Après plusieurs années sur des formats autour de 40 km, j’ai désormais envie de me lancer sur des distances plus longues, peut-être le 90 km l’an prochain. »

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Thomas Cardin au passage de La Tour, encouragé par Théo Detienne (porte-voix). Photo Morgan Bodet

Marathon du Mont-Blanc : Joyline Chepngeno impériale, Judith Wyder en mode fusée

Dès les premiers kilomètres, la Kényane Joyline Chepngeno impose son rythme. Elle creuse rapidement un écart de 5 minutes sur ses poursuivantes, Naomi Lang et Fabiola Conti, et conserve la tête jusqu’à l’Aiguillette des Posettes, même si pendant la descente l’écart se réduit un peu.

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Joyline Chepngeno à l’Aiguillette des Posettes. Photo David Gonthier

Au milieu de course, Fabiola Conti revient en force, imprimant un tempo fluide, mais cède dans les portions finales. Dans la montée du Béchar, Naomi Lang reprend la deuxième place, tandis que la Suissesse Judith Wyder, (vainqueur en 2024) encore en retrait, prépare son retour.

À la Flégère, Chepngeno compte plus de 7 minutes d’avance. Mais sur la dernière descente, Judith Wyder passe à l’attaque. Sur ce terrain ultra-technique, elle vole littéralement, effaçant l’écart avec une facilité déconcertante. Elle termine finalement à seulement 1’08” de la kényane. Un final d’anthologie. Une performance d’autant plus remarquable que toutes deux partagent un autre point commun : elles sont mères de deux enfants. Un magnifique  podium complété par  Naomi Lang, deuxième tout au long du parcours mais supplantée sur les derniers kilomètres par Judith.

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Joyline Chepngeno. Photo David Gonthier

Marathon du Mont-Blanc : le TOP 5 femmes

1. Joyline CHEPNGENO (KEN), 04:15:20 – Milimani Runners Salomon
2. Judith WYDER (SUI), 04:16:28 – Hoka / Redbull
3. Naomi LANG (ENG), 04:17:43 – Salomon
4. Rosa LARA FELIU (ESP), 04:18:33 – Compressport
5. Fabiola CONTI (ITA), 04:18:53 – Otso / Mud&Snow

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Le Top 3 féminin. Photo David Gonthier

Marathon du Mont-Blanc : les réactions du podium femmes

Joyline Chepngen (KEN) 1ère :

« La course a été très difficile, mais j’ai tout donné ! En début de parcours, je n’ai pas voulu partir devant car c’était la première fois que je courais sur un 42 km, une course très longue. Je savais que je pouvais tenir sur les 30 premiers kilomètres, mais si je suivais Judith, qui a gagné l’année dernière, ce n’était pas une bonne idée. Alors j’ai décidé de suivre le groupe et de voir comment elles couraient. Vers le 13e kilomètre, j’ai pris la décision d’y aller parce que le rythme était lent et que j’avais encore beaucoup d’énergie. Mais je ne pensais pas que je pouvais gagner. Je suis très heureuse ! »

Judith Wyder (SUI) 2ème :

« Aujourd’hui, c’était une journée intense. J’avais un problème ces derniers temps à l’ischio jambier et j’ai ressenti une douleur dès le début de course et je me demandais sans cesse si c’était intelligent de continuer. J’étais constamment à la limite, je n’étais pas totalement sereine. Mais j’ai pensé à mes filles (5 et 7 ans), qui m’attendaient à la Flégère, et ça m’a donné une énergie énorme pour continuer à pousser jusque-là.

Une fois là-haut, je savais que la suite était une longue descente, et que je suis généralement bonne dans cet exercice (du moment que mes jambes tiennent le coup !). Au final, je ne savais pas exactement à quelle distance était la concurrente devant et derrière moi, alors j’ai tout donné. Aucun regret car Joyline était juste plus forte aujourd’hui, mais je suis contente de ma course. C’était un beau combat. 

Ce que j’aime vraiment ici à Chamonix, c’est l’ambiance, l’atmosphère. C’est un endroit magnifique, on peut venir en train, et il y a un vrai esprit de communauté. Je peux venir avec ma famille, et ça, c’est exceptionnel pour moi. Et bien sûr, l’organisation est incroyable. C’est une course emblématique, mais en même temps très familiale, très accessible. Je me sens toujours très bien accueillie ici. »

Naomi Lang (ENG) 3ème :

« Honnêtement, je ne m’y attendais pas vraiment. Ce n’était pas un objectif clair, mais je travaille dur pour progresser dans mon approche de course, et surtout pour être dans le rythme dès le départ. Cette sensation d’être vraiment “dans le coup” dès le début, c’était une première pour moi.

Je me suis sentie bien sur la première partie, comme portée par l’ambiance, par l’énergie du parcours. J’étais là pour passer un bon moment, et je pense que j’ai vraiment bien performé aujourd’hui. Ça me donne confiance pour la suite.

La montée vers la Flégère était rude, surtout avec la chaleur — ce n’est pas du tout une météo que j’apprécie. Et le terrain technique, il fallait vraiment rester concentrée. Mais je pense que ce genre de difficultés, ça me pousse à me dépasser.

Avant la course, pas mal de gens m’ont conseillé de ne pas partir trop vite, de rester patiente. Je crois que ça m’a beaucoup aidée à gérer mon effort. Dans les dernières montées, j’ai réussi à garder du rythme, et sur le final, j’ai senti que j’avais encore de la vitesse. C’était dur, mais j’ai vraiment aimé cette sensation d’aller chercher quelque chose jusqu’au bout. »

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La plus longue et très redoutée épreuve du Marathon du Mont-Blanc, le 90 km du Mont-Blanc, a débuté vendredi 27 juin à 4 heures du matin place du Triangle de l’Amitié, à Chamonix. 886 hommes et 125 femmes étaient alignés au départ, lampe frontale vissée sur le front et détermination au corps, prêts à affronter un parcours aussi technique que somptueux. Nouveauté de cette édition : 40 % des dossards ont été attribués à des participants venus en train ou en bus, une initiative écoresponsable qui a permis à 400 coureurs de s’aligner, parfois pour la première fois, sur cette distance exigeante.

Sous un ciel étoilé et une météo exceptionnellement clémente, les traileurs se sont lancés sur un tracé de 92 km et 6330 m de dénivelé positif, entre 1000 et 2460 m d’altitude. Quelques névés sur les hauteurs, une chaleur estivale frôlant les 30°C en vallée, et un panorama à couper le souffle ont donné le ton d’une journée aussi intense que spectaculaire. Dans cette ambiance estivale, Théo Detienne et Blandine L’Hirondel ont décroché la lune au terme d’une course aussi exigeante qu’haletante.

90 km du Mont-Blanc : une bataille franco-suisse haletante

Dès les premiers kilomètres, la course s’est jouée sur un rythme soutenu. Le Suisse Jean-Philippe Tschumi et Thibaut Garrivier ont ouvert le bal, prenant la tête dès les premières pentes du Brévent. Théo Detienne, plus discret, restait en embuscade dans le groupe de tête, en cinquième position. Les coureurs ont franchi les névés du Brévent à vive allure avant la longue traversée jusqu’au barrage d’Émosson où les attendait un brouillard suspendu. C’est là que Théo Detienne, 26 ans, a amorcé sa remontée. Il a d’abord dépassé Thibaut Garrivier, puis est revenu sur Jean-Philippe Tschumi, passant en deuxième position au Châtelard.

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Jean-Philippe Tschumi devant Théo Detienne à La Flégère. Photo Morgan Bodet / MMB


Sa tactique était claire : attaquer à la Tête de Balme pour faire la différence sur les portions plus « roulantes » où sa vitesse pouvait faire la différence. Une stratégie parfaitement exécutée. Passé en tête, il ne serait plus rejoint jusqu’à la ligne d’arrivée, qu’il a franchie en solitaire en après 10h 54mn 13s de course.

Derrière, Virgile Moriset a réalisé une remontée inattendue à partir du Montenvers pour prendre la deuxième position. La lutte pour la troisième place s’est quant à elle jouée à la seconde près : saluant la foule, Jean-Philippe Tschumi allait tranquillement finir quand Gauthier Airiau a fondu sur lui dans un sprint éperdu, manquant de le surprendre. Heureusement, dans un ultime réflexe, Tschumi s’est jeté sur la ligne pour conserver sa 3ème place.

90 km du Mont-Blanc : les réactions des 3 premiers

Théo Detienne, 1er en Théo Detienne 10h 54mn 13s

Classé 4ème l’an dernier, Théo Detienne était revenu cette année avec un objectif clair : décrocher sa première victoire à Chamonix. Mission accomplie, dans une ambiance de fête, alors que son équipementier New Balance célébrait sa toute première course en tant que partenaire titre du Marathon. La veille, Théo Detienne confiait en interview sa stratégie de course. Une tactique qu’il a appliquée à la lettre, avec une rigueur implacable.

« Courir avec la tête, ça sert parfois ! J’ai beaucoup bossé, parfois ça s’aligne ! Ma première victoire à Chamonix, c’est juste dingue… mais je vous annonce que ce n’est pas la dernière ! C’était de la folie, j’étais porté par les supporters mais aussi par tous ceux qui étaient derrière leur écran. Quand j’avais les cam runners avec moi, ça me donnait une force de fou parce que je savais qu’il y avait du monde derrière les écrans. Alors je n’avais pas le droit de relâcher l’effort ! Il fallait que j’aille jusqu’au bout, jusqu’au dernier centimètre de parcours, jusqu’à la dernière goutte de sueur. »

Virgile Moriset, 2ème en 10h 59mn 11s

« C’est un peu ma force les montées, je pense. Faut que je travaille encore mes descentes. J’ai des bonnes cuisses et les bâtons, c’est vraiment un outils que j’aime utiliser. Il faut clairement que je revienne parce que j’ai une place à prendre l’année prochaine ! »

Jean-Philippe Tschumi, 3ème en 11h 01mn 12s

« Merci à vous pour ce parcours, ça m’a permis de venir depuis 3 semaines repérer les lieux. Je suis au camping des Praz, ce qui me permet de sillonner les alentours. La Suisse est là ! Merci pour l’organisation, le balisage, l’ambiance. Première course pour moi et il y avait beaucoup de monde depuis la sortie de la forêt et sur le parcours, c’est magnifique ! Bravo à Théo, aussi jeune et qui démarre trop vite pour moi. J’ai eu quelques petits pépins physiques en début de saison, mais je me dis que c’est cool à mon âge, j’en voulais et puis ça me fait plaisir pour la suite de la saison ! »

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Le podium du 90 km du Mont-Blanc. Photo Adrien Colleur / MMB

90 km du Mont-Blanc : la revanche de Blandine L’Hirondel

Dès le départ, Blandine L’Hirondel a imposé le tempo et mis ses concurrentes en difficulté. Engagée dans un mano a mano avec la Russe tenant du titre Ekaterina Mityaeva jusqu’au Châtelard, elle est ensuite parvenue à creuser l’écart. Implacable, elle a accru son avance pour franchir la ligne d’arrivée en 12h 31mn 51s, avec près de 30 minutes d’avance sur ses poursuivantes, laissant éclater une profonde émotion.

Derrière, Julie Roux a longtemps navigué en troisième position derrière la Russe. C’est après le col des Posettes qu’elle est parvenue à faire la différence et sécuriser la deuxième place (12h 57mn 22s), suivie de près par la Russe Ekaterina Mityaeva, qui complète le podium en 13h 03mn 16s.

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La tenante du titre Ekaterina Mityaeva. Photo Fabian Bodet / MMB

90 km du Mont-Blanc : la réaction de Blandine L’Hirondel

« J’avais quelques doutes, mon entourage ne peut que l’acquiescer et le confirmer parce que mes années précédentes n’ont pas été à la hauteur de mon début de ma carrière. J’avais une frustration de ne pas réussir à faire aussi bien, dans le niveau et le mental, il y avait quelque chose qui pêchait. J’ai eu plusieurs petites blessures (pas grave) qui m’ont empêchée d’être à mon plein potentiel. Elles ont disparues 2 semaines avant le 90 km.

Il y a 2 semaines, je n’étais pas encore sûre de prendre le départ, en tout cas pas avec les meilleures conditions. Je me suis régalée sur cette course, j’ai retrouvé le plaisir, la spontanéité. J’ai senti que quand je m’épanouissais et que j’aimais ça, c’était plus facile (même si c’est un bien grand mot). Mon plan c’était d’être dans ma bulle et ne pas faire de focus sur les autres. J’ai écouté mes sensations qui étaient excellentes aujourd’hui et je suis hyper contente. C’est une belle course ! Merci au public, à tous les gens qui étaient là et à ceux qui étaient derrière leur écran. J’ai reçu beaucoup de messages de soutien. Ça fait tellement chaud au cœur !  »

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Blandine L’Hirondel tout sourire, filant vers la victoire. Photo Florian Legrand / MMB

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Après un samedi marqué par le froid et la neige, le site d’Olympic Valley, en Californie, a offert une météo exceptionnellement ensoleillée qui a vu des duels enflammés tant dans la course hommes que femmes de la Broken Arrow Skyrace, 5ème manche de la Golden Trail World Series 2025. Le Marocain Elhousine Elazzaoui et la Kényane Joyce Njeru se sont imposés, mais la lutte a dans les 2 cas été intense. Il s’agit de la deuxième victoire consécutive pour Elhousine Elazzaoui, après sa première place à Zegama, et de la première victoire de la saison pour Joyce Njeru.

Broken Arrow Skyrace : Joyce Njeru enfin

La Roumaine Madalina Florea et la Kényane Joyce Njeru ont dominé la course féminine dès les premiers kilomètres, prenant les commandes et courant ensemble pendant la majeure partie du parcours. Derrière, les Américaines Anna Gibson, gagnante du kilomètre vertical du vendredi et Lauren Gregory, ainsi que la Française Marie Nivet ne voulaient pas laisser filer la tête de course, maintenant un écart d’environ une minute.

Si Anna Gibson a réussi un moment à se rapprocher légèrement, elle n’est toutefois pas parvenue à transformer la course en un duel à trois. Le suspense est cependant resté entier jusqu’au dernier sommet, mais c’est finalement Joyce Njeru qui a su creuser un petit écart dans la descente vers Olympic Valley, s’imposant en 2h01mn06, avec plus de 45 secondes d’avance sur Madalina Florea. Anna Gibson, Lauren Gregory et l’Italienne Alice Gaggi complètent le top 5 de la course. La Française Marie Nivet termine finalement 6ème.

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Photo Rising.Story / colin olivero

Joyce Njeru : « L’année dernière, tout a commencé ici, à la Broken Arrow Skyrace. Revenir avec la victoire aujourd’hui et ma deuxième place lors du kilomètre vertical de vendredi dernier marque un nouveau départ pour ma saison. C’était un très bon week-end pour moi et je suis prête à affronter le reste de l’année. »

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Photo Rising.Story / antho.dx

Broken Arrow Skyrace : le Top 10 féminin

  1. Joyce Njeru (Kenya) – 2:01:06
  2. Madalina Florea (Roumanie) – 2:02:03
  3. Anna Gibson (États-Unis) – 2:03:46
  4. Lauren Gregory (États-Unis) – 2:06:02
  5. Alice Gaggi (Italie) – 2:08:23
  6. Marie Nivet (France) – 2:08:53
  7. Jade Belzberg (Canada) – 2:09:06
  8. Allie McLaughlin (États-Unis – Hoka)–2:09:54
  9. Alexa Aragon (États-Unis) – 2:11:24
  10. Sydney Petersen (États-Unis) – 2:14:20
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Le Top 5 Femmes. Photos Rising.Story / antho.dx

Broken Arrow Skyrace : Elhousine Elazzaoui au finish, comme toujours

L’histoire de la saison 2025 de la GTWS s’est transformée en un véritable duel à trois entre le Marocain Elhousine Elazzaoui et les Kényans Patrick Kipngeno et Philemon Kiriago. Et cette course n’a pas fait exception : c’était la première fois de la saison que les trois s’affrontaient directement, révélant à nouveau toutes leurs cartes et stratégies.

La course masculine a été dominée de bout en bout par les 3 hommes, même si l’Américain Chris Allen et l’Allemand Lukas Ehrle ont été à leur poursuite à seulement 15 secondes jusqu’au neuvième kilomètre. L’écart avec les trois leaders s’est ensuite creusé jusqu’à 30 secondes au kilomètre 12, point culminant du parcours. Chris Allen, vainqueur du kilomètre vertical du vendredi (où Kilian Jornet, en fin de préparation de la Western States, a terminé 22ème) a réussi à maintenir cet écart jusqu’à l’arrivée, tandis que Lukas Ehrle a perdu du terrain, franchissant la ligne avec une minute et demie de retard.

Mais devant, la bataille a été éblouissante. Les trois coureurs de tête sont restés groupés jusqu’à un sprint final palpitant, remporté par Elhousine Elazzaoui qui a fait retentir avec force la célèbre cloche de la Broken Arrow Skyrace en 1h44mn53s, nouveau record de l’épreuve. Cette victoire lui permet de reprendre la tête du classement général de la GTWS 2025.

Elhousine Elazzaoui : « Je suis très content de mon résultat aujourd’hui. Revenir en Amérique est toujours une bonne chose pour moi. J’ai déjà gagné à Zegama-Aizkorri, ma course préférée au monde. Mais gagner ici, en Amérique, me rend très heureux. L’an dernier, j’ai aussi remporté la Mammoth 26K et la Headlands 27K, mais triompher à nouveau ici, c’est vraiment spécial. »

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Photo Rising.Story / antho.dx

Broken Arrow Skyrace : le Top 10 masculin

  1. Elhousine Elazzaoui (Maroc) – 1:43:53
  2. Philemon Ombogo Kiriago (Kenya) – 1:43:57
  3. Patrick Kipngeno (Kenya) – 1:44:11
  4. Christian Allen (États-Unis) – 1:44:46
  5. Lukas Ehrle (Allemagne – Asics) – 1:45:19
  6. Taylor Stack (États-Unis) – 1:46:11
  7. Cameron Smith (États-Unis) – 1:46:25
  8. Mason Coppi (États-Unis) – 1:47:32
  9. Andy Wacker (États-Unis) – 1:51:19
  10. Remi Leroux (Canada) – 1:52:51
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Le Top 5 Hommes. Photo Rising.Story / antho.dx

Golden Trail World Series : prochaine étape au Mexique

Le 29 juin, la GTWS se tiendra au Mexique pour disputer la sixième manche de la saison, la toute première de l’histoire à se tenir sur le sol latino-américain. Huasca de Ocampo, à seulement deux heures de route de Mexico, sera le théâtre d’un parcours rapide aux paysages variés, reflétant toute la richesse et la culture de la campagne mexicaine. Plusieurs des grands protagonistes du jour, comme Elhousine Elazzaoui, Philemon Kiriago, Patrick Kipngeno, Madalina Florea ou Joyce Njeru se retrouveront à nouveau au départ.

Golden Trail World Series : le calendrier complet

19 avril : Kobe Trail (Japon)
26 avril : Jinshanling Great Wall Trail Race (Chine)
17 mai : Il Golfo dell’Isola Trail (Italie)
25 mai : Zegama-Aizkorri (Espagne)
22 juin : Broken Arrow Skyrace (États-Unis)
29 juin : Tepec Trail (Mexique)
2 août : Salomon Pitz Alpine Glacier Trail (Autriche)
9 août : Sierre-Zinal (Suisse)
9–12 octobre : Ledro Sky Trentino Grand Finale (Italie)

Découvrez le classement général de la GTWS 2025 et plus d’informations sur la GTWS ICI

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Quand le quadruple vainqueur de l’UTMB prépare un objectif, il ne laisse rien au hasard. Surtout aujourd’hui, maintenant qu’il a 37 ans, est père de 3 enfants en bas âge et qu’il est impliqué dans de nombreux projets, dont les plus importants sont la marque d’équipements NNormal qu’il a créée en 2022 et sa Fondation pour la protection des montagnes. Si un lien fort avec la nature, une profonde conscience de soi lors de l’entraînement et une curiosité scientifique sont les 3 piliers qui, combinés, lui ont permis de créer un modèle durable et efficace pour développer sa propre forme physique, son approche peut aussi profiter à tous les athlètes, même les moins aguerris. Immersion dans l’entraînement de Kilian Jornet.

Base et intensité, deux éléments indissociables à savoir doser

Pour Kilian Jornet, la condition physique de base est la clé de ses performances optimales. Il consacre une part importante de son temps à l’entraînement aérobique de faible intensité. « Je fais toujours une longue période de base aérobique de 3 à 4 mois, avec des parcours de moyenne à longue distance. C’est indispensable pour développer la condition physique de base et ensuite suivre l’entraînement spécifique. »

Cette phase de base est bien plus qu’un simple entraînement : c’est un mode de vie. Kilian Jornet passe ainsi environ 80 % de sa phase d’entraînement de base en zone 1, sa zone de récupération. Même lors de ses phases d’entraînement intense, les zones 2 et 3 représentent la majeure partie de son temps d’entraînement total. Les zones d’endurance aérobie et de puissance aérobie sont celles où Kilian Jornet travaille en compétition.

Le schéma de préparation d’une saison et des courses objectifs est toujours le même : Kilian Jornet développe son endurance par la course à pied et l’entraînement croisé, comme le vélo et le ski-alpinisme en saison hivernale. Il passe ensuite à une intensité plus élevée à l’approche de la course objectif. Pour atteindre des performances optimales, ces deux phases d’entraînement doivent aller de pair.

L'entraînement croisé. Photo Coros
Photo Coros
Phase de base et phase d'intensité
Temps d’entraînement de Kilian passé dans les zones de fréquence cardiaque pendant sa phase de base (à gauche) et sa phase d’intensité (à droite). Source Coros

Entraînement et importance de la cohérence

La philosophie d’entraînement de Kilian Jornet pendant la phase de base est claire : la régularité prime sur l’intensité. Connaissant précisément l’objectif de chaque séance, il comprend également comment elle s’intègre à son plan d’entraînement. Ce niveau de connaissance exige de la discipline et une passion profonde pour son objectif. D’autant que même si sa condition physique n’est pas toujours optimale, il est convaincu qu’en respectant son tableau de marche elle atteindra le niveau souhaité le jour de la course.

Grâce aux produits COROS, avec lesquels il travaille depuis plusieurs années, il est possible de suivre précisément l’évolution de sa forme. Son graphique de condition physique de base montre l’évolution de sa condition physique au fil du temps, directement liée à ses phases d’entraînement. Son conseil aux coureurs d’ultra-marathon : « Soyez patients, l’adaptation se fait au fil des années de stimulations régulières. Alors, optez pour une activité durable et agréable. »

Evolution de la condition physique de base de Kilian Jornet entre 2022 et 2025
Graphique de la condition physique de base de Kilian de 2022 à 2025. Source Coros

Une constante d’entraînement : les courses longues

Si les objectifs de Kilian Jornet évoluent au fil de l’année, puisqu’il peut s’entraîner aussi bien pour une course courte comme Sierre-Zinal (10 victoires) ou Zegama (11 victoires) que longue comme l’UTMB (4 victoires) ou la Hardrock (5 victoires), ou encore pour des projets personnels comme la traversée des Pyrénées par ses sommets en octobre 2023 ou le projet Alpine Connection des 82 sommets de plus de 4000 mètres des Alpes durant le mois d’août 2024, un élément constant demeure : ses longues courses d’entraînement.

Pour intégrer ces courses longues, Kilian Jornet augmente progressivement l’effort et la durée, en utilisant souvent le terrain montagneux comme guide de progression. « J’ai quelques montées ici que je répète souvent pour m’entraîner et évaluer ma condition physique. J’apprécie toujours les journées techniques en montagne. »

Ces courses longues ciblent des adaptations spécifiques, avec des ajustements effectués en temps réel en fonction des données. « Je m’entraîne en me basant sur le RPE (taux d’effort perçu) et si je constate que ma fréquence cardiaque n’augmente pas, je peux changer de séance, » témoigne Kilian Jornet.

Kilian Jornet de retour sur la Western 100, 14 ans après sa victoire de 2011

14 ans après avoir couru et remporté la Western States 100, qu’il avait terminé à la 3ème place en 2010 derrière Geoff Roes et Anton Krupicka, Kilian Jornet est donc de retour en 2025. Mais en 14 ans, le monde de trail a considérablement évolué. En 2011, c’était un monde différent, avec moins de données et plus de détermination, moins de mesures et plus de moments pleinement vécus. Sa victoire à la Western 100 de 2011, comme toutes celles de l’époque, était due à un entraînement intensif, mais sans spécificité : « À l’époque, je ne m’entraînais pas spécifiquement, je passais juste des heures en montagne », rappelle-t-il.

Si le trail a évolué, la Western States 100 a aussi, et Kilian Jornet également. Avec des chronos plus rapides (Kilian Jornet avait un temps d’arrivée de 15h35), comme le record établi en 2019 par Jim Walmsley, et des outils à disposition des athlètes plus performants, un nouveau chapitre est ouvert : celui où la préparation exige de la précision. Ainsi, l’entraînement actuel de Kilian Jornet repose sur la structure, la régularité et des indicateurs plus précis comme l’allure d’effort.

Cependant, la paternité, le lancement de sa marque NNormal, les sollicitations qui en découlent et les années qui passent ont modifié l’approche de Kilian Jornet. Comme beaucoup d’athlètes cherchant à concilier ambition et responsabilités, il s’entraîne désormais avec plus d’intention et moins d’heures.

« Je suis un bien meilleur athlète et mes performances sont bien meilleures, mais je dois m’entraîner plus intelligemment. Avec les enfants, j’ai moins de temps pour m’entraîner et une routine beaucoup plus précise, surtout une question de logistique. »

Tout le but de ce retour sur la Western 100 est bien là : plus que de viser le podium, il s’agit our Kilian Jornet de relever le défi, de renouer avec un moment marquant de sa carrière et de mettre à l’épreuve des années de connaissances durement acquises.

Comment Kilian Jornet s’est-il entraîné pour la Western 100

Les longues courses de Kilian ont été plus ciblées que jamais. L’un de ses efforts clés a consisté en une course d’entraînement de 80 km (50 miles) effectuée trois semaines avant la course, conçue pour simuler les conditions, le terrain et la fatigue de la course.

Tout au long de sa course longue, Kilian a contrôlé avec beaucoup d’attention ses performances en temps réel. Ce sont ainsi sa fréquence cardiaque moyenne, son allure d’effort et son RPE qui ont guidé son allure et son effort avec précision. Cependant, il s’est efforcé de maintenir l’intensité juste en-dessous de ce qui pourrait entraîner une fatigue excessive. Un tel « dosage » implique d’être très attentif aux tendances : si sa fréquence cardiaque commence à augmenter alors que son allure reste constante, cela indique une fatigue croissante qu’il faut prendre en compte. À l’inverse, si la fréquence cardiaque diminue alors que son allure reste constante, cela indique une bonne forme qu’il prend également en compte en ajustant son intensité.

Ces micro-ajustements aident Kilian Jornet à maintenir une allure rapide et à atteindre la bonne intensité pendant plusieurs heures. « Je m’entraîne en fonction de mes sensations et j’utilise ma fréquence cardiaque pour voir si j’ai une réponse cardiaque qui pourrait suggérer si je suis fatigué ou frais, explique d’ailleurs le champion catalan. Si je constate que l’intensité de l’effort ou la fréquence cardiaque diminue par rapport à ce que j’avais prévu, j’accélère ! »

Graphique 3

Les zones d'entraînement de Kilian Jornet
Zones d’entraînement de fréquence cardiaque de Kilian Jornet. Source Coros

À la fin d’une séance intense, les données recueillies par Coros permettent à Kilian Jornet de consulter ses paramètres, comme sa fréquence cardiaque moyenne et son effort ajusté en fonction du dénivelé, après la séance. Par exemple, sur cette course de 80 km et 2349m D+ réalisée en 6h06, la fréquence cardiaque de Kilian Jornet est restée stable à 142 bpm. Cette stabilité témoigne d’une bonne condition aérobie, fruit des mois d’entraînement précédents. Par ailleurs, en optant pour un parcours de plus de 2 500 mètres de dénivelé positif, Kilian a volontairement reproduit certaines caractéristiques du profil de la Western 100. Il a ainsi préparé son corps aux montées et descentes qu’il va affronter le jour J, le 28 juin prochain.

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La séance de 80km de Kilian Jornet le 3 juin 2025. Source Strava
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Les datas de la séance. Source Coross
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L’analyse de la séance de 80 KM. Source Coros

Ce que tous les coureurs peuvent apprendre de l’entraînement de Kilian Jornet

L’intérêt des analyses et données que partage Kilian Jornet est que son approche va au-delà de l’entraînement physique. Il est évident que très peu d’athlètes élite peuvent reproduire ne serait-ce que partiellement les performances du quadruple vainqueur de l’UTMB, mais tous les coureurs peuvent apprendre de sa vision des plans d’entraînement, basée sur l’apprentissage, la connaissance de soi et la prise de décisions fondées sur des données statistiques précises et fiables. Il apparaît clairement que l’entraînement de Kilian Jornet répond toujours à un objectif clair, qu’il adapte son effort aux exigences de la journée et qu’il surveille attentivement les signes de fatigue. Ainsi, en s’appuyant comme lui sur une planification rigoureuse et une exécution précise, le tout avec une vision à long terme pour une amélioration constante, il est tout à fait possible de gagner en performance.

Les 4 points clés de la méthode d’entraînement de Kilian Jornet

Que vous vous entraîniez pour votre premier ultra ou que vous cherchiez à battre un nouveau record personnel, les points clés de la méthode de Kilian Jornet peuvent être résumés comme suit :

1 – Soyez intentionnel dans votre approche
Alignez chaque séance d’entraînement sur un objectif spécifique et sachez pourquoi vous vous entraînez.

2 – Réagissez à vos données
Utilisez les retours en temps réel de votre montre pour ajuster votre séance selon vos besoins. Vous restez ainsi en phase avec les performances et la récupération de votre corps.

3 – Construisez patiemment
Privilégiez la régularité. Les véritables progrès proviennent d’un entraînement durable à long terme.

4 – Équilibrez ambition et intention
La vie évolue, et votre entraînement doit évoluer aussi. Que vous cherchiez à concilier travail, famille ou autres engagements, progresser ne signifie pas forcément travailler plus d’heures, mais travailler plus intelligemment.

La montre de Kilian Jornet : COROS APEX 2 Pro
Source Coros

Kilian Jornet
Kilian Jornet
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Sortie : 2025
Durée : 42 minutes
Langue : Français

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Entre la Provence où elle a grandi, La Réunion où elle a vécu pendant 8 ans et découvert le trail et le Pays Basque où elle réside maintenant et enseigne – en basque ! – les mathématiques, Maud Combarieu a toujours eu la bougeotte. Et cette véritable pile électrique a une batterie qui semble ne jamais s’épuiser. Sa source d’énergie ? L’envie. Et ça marche ! Depuis sa première grande victoire sur le Trail de Bourbon dans le cadre du Grand Raid de La Réunion en 2010 à sa toute dernière victoire sur le grand format de la terrible Travesera Picos de Europa mi-juin 2025, elle n’a jamais arrêté d’enchaîner les performances. Confessions.

Esprit Trail : Tu vas avoir 47 ans le 15 août prochain, ta première victoire sur la scène internationale remonte au Trail du Bourbon, le format 100 km du Grand Raid de La Réunion, en 2010. 15 ans plus tard, tu continues de briller et gagner, comme début avril sur le format 60 km de l’Ultra Sierra Nevada ou encore mi-juin sur le format 74 km et 6560mD+ de la Travesera Picos de Europa, que tu avais également gagnée l’an dernier. Quel est ton secret de longévité ?

Maud Combarieu : Varier et prendre du plaisir. J’ai toujours fait ça. Et quand je dis varier, c’est autant les sports que les distances et les formats sur le trail. Je crois que c’est Thibaut Baronian qui avait dit « Pour pour garder le plaisir, il faut garder l’envie ». Il est impressionnant, car depuis des années et des années il fait toujours pareil, sur les mêmes formats, et je ne sais pas comment il fait pour garder cette envie ! Moi je ne pourrais pas faire la même chose pendant des années…

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Photo Urrullu Visual
Maud lors de la Travesera Picos de Europa, qu’elle a gagnée pour la seconde fois le 14 juin 2025. Photo Urrullu Visual

C’est pourtant la théorie de la progressivité très répandue chez les coachs : prendre le temps, maîtriser une distance avant d’aller sur du plus long, etc… Et Thibaut a attendu longtemps avant de faire enfin l’UTMB l’an dernier, alors que ça le faisait rêver depuis des années.

Maud Combarieu : Je sais, et moi aussi, quand j’habitais à La Réunion, on me disait que j’étais trop jeune pour faire le Grand Raid, alors que j’en avais envie. La progressivité est importante, parce qu’il y a une mémoire du corps. Quand tu fais une pause par exemple, tu ne reprends pas à zéro, les années se mettent les unes sur les autres, c’est comme ça que tu construis quelque chose. Mais sans faire de folie, en acceptant le fait qu’on a besoin d’un peu de temps pour que le corps s’habitue, il faut aussi savoir varier. Entre le moment où tu t’y mets et 4 ans plus tard, ton corps, il a déjà accumulé pas mal de trucs, tu peux passer à autre chose…

Comment as-tu dosé ta progression au fil du temps ? Avec un coach ?

Maud Combarieu : Oh non ! Tu sais, au siècle dernier, on ne parlait pas de coach ! (Rires.) C’est quand j’étais chez Hoka que ça a commencé, les coachs, vers 2010-2012. J’avais un niveau assez bon, j’avais fait 2ème de la CCC et les gens me demandaient si j’avais un coach et tout… Mais pour moi, c’était plus une charge mentale qu’autre chose. Mon équilibre, je le trouvais ailleurs, dans la montagne. Avant même de commencer à courir en montagne, je faisais de l’escalade et du ski de rando.

J’ai toujours aimé bouger, j’ai toujours eu beaucoup d’énergie à dépenser… Et je suis sûre que c’est cette multiplicité de pratiques qui m’a permis de progresser et de garder mon envie et ma passion intactes. Et je vais toucher du bois – mais alors du très bon bois -, je n’ai jamais été arrêtée par une blessure. En 21 ans !

Maud Combarieu Photo Jean-Benoît Roubinet
Quand Maud Combarieu ne court pas, elle prépare ses affaires. Inarrêtable… Photo Jean-Benoît Roubinet

Et ce n’est pas faute de prendre des risques, car il faut rappeler que tu as à ton palmarès un nombre incalculable de titres de meilleure descendeuse à la SkyRhune, qui était un piège à chevilles redoutable !

Maud Combarieu : C’est vrai, je pense que je les ai quasiment tous eus ! (Rires.) Mais il y en a un qui n’a pas été pris en compte, contre Blandine L’Hirondel, parce que je n’ai pas été bipée. Donc il m’en manque un ! Mais tu vois, ça me permet de revenir à la première question sur les secrets de longévité : je te disais qu’il y avait la variété et le plaisir. Eh bien les descentes, pour moi, c’est un jeu en fait. La course, c’est du plaisir.

J’ai toujours ce souvenir du pote avec lequel je courais beaucoup quand j’étais à La Réunion, je me cachais derrière les arbres, je courais d’un côté, j’allais l’emmerder de l’autre, j’étais une vraie gamine. Et ici, au Pays Basque, c’est un peu pareil avec les copains : on fait la course pour arriver au sommet, on s’amuse… Le fait que ce ne soit pas mon gagne- pain y fait aussi beaucoup, parce que j’ai d’autres choses, j’ai ma famille, j’ai mon boulot que j’aime

Quel regard portes-tu du coup sur la professionnalisation du trail aujourd’hui ?

Maud Combarieu : Ça met du stress pour la performance. Je n’ai pas ce stress-là et je n’en veux pas. Pour moi, la course est un plaisir personnel que je partage. C’est vivre. Et la vie, c’est le partage, la montagne. Et je n’ai pas l’impression que ce soit l’état d’esprit qui domine aujourd’hui dans ce milieu qui est axé sur la performance et rien que la performance.

Ça ne t’es jamais arrivé d’en avoir marre de courir et d’avoir envie de faire une pause ?

Maud Combarieu : Je n’arrive même pas à m’arrêter 3 jours, donc non, jamais ! (Rires.) Par contre j’ai plein de gens dans mon entourage qui ne sont pas des athlètes de haut niveau, des gens disons « lambda », qui quand ils se blessent ne savent plus quoi faire. Mais allez marcher en montagne ! Moi si j’ai un tendon qui me gêne, je vais marcher en montagne, je ne vais certainement pas essayer de recourir dessus ! Le cardio, je vais le bosser pareil et je vais laisser le tendon tranquille ! Ou alors je vais aller faire de l’escalade.

Mais ça, pour beaucoup, c’est pas clair ; ils vont se mettre la pression alors que si tu as autre chose que la course, tu n’auras pas la frustration de ne rien faire, tu n’auras pas le risque de reprendre trop tôt, ni l’impatience, et tu vas cultiver l’envie d’y retourner. Pour moi, ces notions de varier et de plaisir sont fondamentales !

Photo Jean-Benoît Roubinet
Maud Combarieu avec quelques membres du Team GlobeTrailers, parmi lesquels Christophe Le Saux, Antoine Guillon et Cédric Chavet. Photo Jean-Benoît Roubinet
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