Ce texte est un extrait du livre « Running, trail – Objectif zéro blessure », qui s’adresse à tous les trailers qui veulent prévenir les douleurs chroniques en agissant dès l’apparition des petites gênes ou tensions.
Ecrit par une équipe de médecins du sport, kinés, podologues et nutritionnistes, ce livre est une mine d’infos pour se préserver des blessures à court, moyen et long terme ! Il présente en effet tous les moyens de prévention, de l’amélioration de la condition physique à celle du geste technique, en passant par l’hygiène de vie et l’équipement sportif. Dans les prochains numéros d’Esprit Trail, nous partagerons d’autres extraits tirés de cet ouvrage précieux, mais commençons par un petit inventaire des pathologies les plus courantes chez les trailers et des meilleures stratégies de prévention…
Pour les tendinopathies d’Achille :
Il ressort l’importance de l’adaptation du tendon à la charge. Cela passe par un travail régulier de l’élasticité et la souplesse du complexe musculo-tendineux par des étirements, ainsi qu’un travail régulier de la force du complexe notamment par un travail de renforcement musculaire en mode excentrique (les points d’insertion musculaire s’éloignent et le muscle s’allonge). Il convient d’augmenter progressivement la difficulté de ce travail par une augmentation douce et progressive du volume (nombre de répétitions) et/ou de l’intensité (charge soulevée), tout en respectant la non-douleur. La morphologie du pied, la répartition des contraintes au sol en statique et en dynamique, sont aussi des éléments pouvant être des facteurs de risque de survenue de pathologie de l’appareil suro-achilléo-plantaire. Il est donc important de faire un bilan podologie, et plus ou moins de mettre en place des semelles orthopédiques (orthèses plantaires) pour aider et prévenir. Attention cependant à ne pas porter de semelles orthopédiques de manière systématique ! Il s’agit de faire un bilan et d’évaluer la balance bénéfice/risque. Et bien entendu, il faut être à l’écoute d’une douleur éventuelle, qui sera un signal d’alarme à prendre en compte.
Pour les entorses de la cheville :
Le renforcement musculaire des stabilisateurs de la cheville, le travail du contrôle postural, ou le travail du contrôle sensori-moteur, sont des éléments à travailler lors de la pratique de l’entraînement. L’usage d’attelle (orthèse) amovible a aussi été rapporté comme étant un élément protecteur. Mais attention si l’on aide et protège l’organisme avec une attelle, il est important de réaliser un travail pour améliorer les capacités des chevilles. Un compromis peut être trouvé par le port d’attelle en situation de compétition (situation durant laquelle on est peut-être un peu moins vigilant car davantage focalisé sur la performance), mais sans l’utiliser lors des entraînements durant lesquels on peut être plus vigilant. Il est aussi fondamental de prendre correctement en charge une première (ou les épisodes subséquents) entorse de la cheville. Cela suppose de réaliser un diagnostic précis des lésions initiales et de mettre en place le traitement le mieux adapté, de reprendre progressivement les activités sportives et d’augmenter au fur et à mesure en restant dans la non-douleur.
Pour le genou
Un travail harmonieux des stabilisateurs du genou (quadriceps et ischio-jambiers), des stabilisateurs du bassin (dont le renforcement des moyens fessiers), un travail des appuis et une prise en compte de la morphologie et statique plantaire, ainsi qu’une souplesse des chaînes antérieures et postérieures, ont été décrits comme des éléments favorisants la prévention.
Pour les lésions musculaires
Il est important que le muscle soit bien préparé, autant en termes de force musculaire, d’élasticité que d’endurance. Les aspects hydratation et alimentation, ainsi que les éléments biomécaniques (techniques de course et de pose d’appui) sont à prendre en compte.
Pour les lésions cutanées
Il est important de noter qu’elles représentent des pathologies importantes chez les traileurs. Dans l’entraînement, il ne suffit donc pas de faire progresser l’appareil cardio-respiratoire et musculaire, il faut aussi faire progresser le système cutané. Pour cela, il faut repérer les zones de faiblesses, les protéger, les accompagner pour qu’elles se consolident. Il faut mettre en place des contraintes mécaniques proches de celles durant un trail. Il convient d’utiliser le même équipement : mêmes chaussures et mêmes chaussettes, pas de nouvel essai pour le jour J de la compétition ! La peau doit pouvoir bénéficier d’une adaptation progressive, sans être agressée ni lésée, durant les semaines voire les mois avant la compétition. L’humidité étant un élément favorisant les lésions cutanées, il convient de faire attention aux flaques, aux conditions de pluie, voire au système d’évacuation de la sueur. La prise en charge précoce d’une lésion cutanée (ampoule ou brûlure cutanée aux zones de plis) est indispensable pour que celle-ci ne s’aggrave pas et n’empêche pas la poursuite de la pratique.
Par le Dr Pascal Edouard
RUNNING, TRAIL
OBJECTIF ZERO BLESSURE
Prévenir, repérer et prendre en charge les différentes pathologies du coureur
Coordonné par le Dr Jacques Pruvost
Publié aux Editions du Chemin des Crêtes
Disponible sur www.chemindescretes.fr