Athlètes de l’année 2024 : les 10 traileuses stars de la saison

HÉROS 2024 WOMEN

Encore une saison fantastique pour le trail, avec des performances qui nous ont fait rêver et nous ont inspiré. Entre la razzia des Bleues aux Championnats d’Europe à Annecy, le record de Katie Schide sur l’UTMB, le sprint fou de Jasmin Paris sur la Barkley, ou encore la victoire éclatante de Manon Bohard sur la Diagonale des Fous, l’année aura été riche en émotions et images fortes. Notre sélection des 10 athlètes féminines qui nous ont le plus fait vibrer en 2024.

Katie Schide, la fusée bleue

Si son palmarès et son aura sont moins impressionnants que ceux de la « Présidente » Courtney Dauwalter, Katie Schide, compagne de Germain Grangier à la ville, continue de bâtir sa légende. Depuis sa victoire lors de la Diagonale des Fous 2023, elle a remporté les trois courses majeures auxquelles elle a participé : le 100 km du Canyons Endurance Runs en avril, les 160 km de la Western States Endurance Run en juin et les 174 km de l’UTMB en août.

Mais surtout, l’Américaine a prouvé qu’elle pouvait rivaliser avec sa compatriote en terme de vitesse. En effet, en s’imposant en 15h47, elle a réalisé le deuxième meilleur chrono de l’histoire de la WSER, à 17 minutes du record de Courtney Dauwalter réalisé en 2023 (Katie Schide avait alors fini deuxième), avant de boucler le tour du mont Blanc en 22h 09mn 31s, le meilleur temps jamais réalisé sur l’UTMB féminin. Et tout le monde d’attendre le grand rendez-vous de 2025 qui verra s’affronter les deux stars de la discipline. Mais les calendriers ne vont peut-être pas s’accorder, Katie Schide ayant fait de la Hardrock 2025 son objectif n°1, alors que Courntey n’y sera pas. « Je ne me préoccupe pas de savoir où vont courir les autres, je fais juste les courses que j’ai envie de faire », répond Katie Schide.

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Katie Schide. Phoo Stéphane Demard

La confirmation Manon Bohard

C’était la victoire majeure qu’elle attendait depuis sa TDS victorieuse de 2021. En l’absence des deux dernières gagnantes du Grand Raid de la Réunion, Courtney Dauwalter en 2022 et Katie Schide en 2023, Manon Bohard figurait parmi les favorites de la Diagonale, mais ne connaissait pas les sentiers de l’île et avait comme redoutable adversaire Maryline Nakache, auréolée d’une année 2023 exceptionnelle avec une victoire dans la chaleur du Marathon des Sables puis une autre dans le froid glacial de la TDS. « Je suis terriblement excitée à l’idée de goûter à la ferveur et à l’ambiance chaude de la Diag’ », confiait Manon Bohard la veille du départ, tandis que son père, l’expérimenté Patrick Bohard, également au départ, lui souhaitait simplement d’être finisheuse.

Portée par son excitation, elle a fait bien mieux, puisque dès les premiers kilomètres, elle a adopté un rythme qu’aucune concurrente n’a suivi, creusant inexorablement l’écart sans jamais être inquiétée. Pourtant, si Manon Bohard s’impose aisément en 31h49, 25ème au classement général, son aventure n’aura pas été de tout repos : « J’ai eu des crampes intestinales et une douleur au mollet jusqu’au 55ème km, alors j’ai décidé de réguler l’allure et je suis parvenue enfin à m’alimenter à Cilaos. Je suis rentrée dans Mafate avec du plaisir et des jambes, un vrai bonheur, mais la douleur est revenue au 140ème km, à la limite du supportable.

Je me suis retrouvée avec Erik Clavery et nous avons poursuivi ensemble, dans la sécurité et l’amitié, et aussi dans la boue ! J’ai passé la ligne dans la douleur, mais profondément satisfaite et soulagée ! » En 31h 49mn 55s, avec plus d’une heure d’avance sur Maryline Nakache, Manon Bohard a écrit la plus belle ligne de son palmarès.

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Manon Bohard. Photo Grand Raid de la Réunion / DR

Claire Bannwarth, l’increvable

En remportant mi-novembre le classement féminin du 360 The Challenge Gran Canaria, un tour de l’île de Gran Canaria de 260 km et 13 000m D+ en semi-autonomie et sans balisage, Claire Bannwarth a bouclé son 24ème ultra de l’année, soit un toutes les deux semaines. Tout a commencé en fanfare dès le début de l’année, avec une victoire mi-janvier sur la Montane Winter Spine Race, une terrible épreuve de 430 km et 16 000m D+ disputée dans le Nord de l’Angleterre, dans le vent, le froid et la pluie, suivie d’une 2ème victoire d’affilée sur le Legends Trail, 274 km de boue et de froid au cœur des Ardennes.

Depuis, l’infatigable ultra-traileuse a couru en Suisse, en Espagne, au Canada, au Portugal, en Croatie, aux États-Unis, et plus récemment 396 km lors du Crossing Switzerland (1ère), 174 km autour du mont Blanc (18ème), 330 km sur le Tor des Géants (3ème), 105 km sur l’Atlas Quest marocain (1ère) et donc 260 km sur l’île de Gran Canaria. Increvable, on vous dit…

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Claire Bannwarth. Photo Atlas Quest / Thomas Giraud

Courtney Dauwalter, entre humour et performance

Les années se suivent et se ressemblent pour la « Présidente », qui a une nouvelle fois fait un carton plein sur les courses auxquelles elle a participé. Du 127 km de la TranGranCanaria en février en passant par le 100 milles du Mont Fuji en avril, le 70 km de la SwissPeaks en septembre et le 100 milles de la 3ème édition du Nice Côte d’Azur by UTMB en octobre, Courtney Dauwalter a tout raflé, étant même toute proche de la victoire scratch à Nice puisqu’elle a terminé seconde à seulement 13 petites minutes du vainqueur, l’Espagnol Cristofer Clemente Mora, vice-champion du monde de trail en 2017. Lot de consolation, la « Présidente » a assuré sa qualification pour le grand rendez-vous de l’UTMB 2025 à Chamonix.

Mais c’est lors de la Hardrock 100, au mois de juillet, que l’Américaine a une fois de plus fait des étincelles, remportant avec la manière sa 3ème victoire consécutive sur cette boucle de haute altitude. Après une 6ème place au scratch et un record dans le sens horaire en 26h 44mn 36s en 2022, puis une 4ème place au scratch et un record dans l’autre sens en 26h 14mn 8s en 2023, Courtney Dauwalter a de nouveau buté au pied du podium, mais a amélioré son record absolu en bouclant la boucle en 26h 11mn 49s. Un talent fou, mais un humour tout aussi fou, comme en témoigne son déguisement lors de l’UTMB, où elle était venue encourager ses « collègues » camouflée dans un costume de… canard géant. On adore !

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7_Courtney Dauwalter Stéphane Demard

Clémentine Geoffray au bout du suspense

Personne ne l’attendait en haut du podium, après un début d’année compliqué. Pourtant, Clémentine Geoffray a trouvé les ressources nécessaires pour revenir en toute fin de parcours sur la double championne du monde de trail Blandine L’Hirondel et décrocher à Annecy le titre de championne d’Europe de trail, un an après son titre mondial en trail court à Innsbruck. « J’ai eu des hauts et des bas, j’ai eu du mal à m’alimenter, je ne savais pas trop si ça allait tenir mais le mental a tenu et voilà, a-t-elle commenté à l’arrivée. 

J’ai beaucoup douté de moi dernièrement, j’étais à la rue dans le dernier stage d’entraînement, et finalement je suis très contente d’avoir réussi à boucler cette distance qui était inconnue pour moi. Et puis faire ça à la maison, c’était incroyable ! » Tout comme la suite de sa saison, avec une belle 3ème place sur l’OCC à Chamonix et une 4ème place sur le Grand Trail des Templiers, juste derrière une certaine… Blandine L’Hirondel !

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Clémentine Geoffray. Photo Kiprun

Jasmin Paris, l’inoubliable sprint

Un sprint d’anthologie, après plus de 59 heures de course, et ce 22 mars 2024 l’Histoire de la Barkley venait de basculer, faisant au passage mentir le diabolique Lazarus Lake, créateur de la Barkley Marathons en 1995, qui avait prédit que « jamais une femme ne terminerait la Barkley ». Au terme d’un suspense infernal, l’Écossaise Jasmin Paris est parvenue à terminer la 5ème boucle de l’épreuve 99 secondes avant le clap des 60 heures, en 59h 58mn 21s, devenant la première femme finisheuse de la Barkley. Son exploit est d’autant plus retentissant qu’au point de passage de la Tower, distant d’environ 4 heures de la ligne d’arrivée (temps mis par le Canadien d’origine ukrainienne Ihor Verys, premier des 5 finishers de l’édition 2024, pour parcourir la distance en question), l’Écossaise ne disposait plus que de 3h37 pour arriver.

L’affaire semblait pliée, impossible de rejoindre l’arrivée sauf miracle. Et le miracle a eu lieu. Au bout d’un sprint hallucinant après tant d’heures d’effort, Jasmin Paris a touché la barrière jaune et marqué l’histoire de la Barkley, sous les ovations d’un public tout acquis à sa cause, avant de s’écrouler, épuisée. « Je savais que je devais vraiment courir, sinon je n’y arriverais pas, alors que mon corps voulait vraiment marcher, a-t-elle déclaré après avoir repris ses esprits. Je ne savais même pas que c’était possible, je pensais que j’étais déjà aux limites de ce que je pouvais faire. »

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Jasmin Pari. Photo Howie Stern

Christel Dewalle fait le mur

Alors que tous les regards étaient tournés vers la Diagonale des Fous et le Festival des Templiers, c’est à Fully, en Suisse, que la Française Christel Dewalle a réalisé samedi 19 octobre une performance historique en devenant la première femme à descendre sous la barre des 34 minutes sur le KV de Fully, un « mur » de 1,9 km pour 1000m D+. 33mn 43s, record du monde pulvérisé ! Vitesse ascensionnelle : 1780 m/h ! Un exploit de taille sur cette épreuve qu’elle remportait pour la 9ème fois (la première date de 2012!) et qui la rapproche à moins de 5 minutes du record de l’Italien Philip Gotsch, 28mn 53s établi en 2017.

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Christel Dewalle. Photo DR

Tara Dower, la power girl des Appalaches

L’ultra-runneuse américaine Tara Dower a établi un nouveau record absolu sur le légendaire Appalachian Trail, un sentier mythique de 3535 km et 140 000m D+ parcourant les Appalaches, sur la côte est des États-Unis. En réalisant un chrono de 40 jours 18 heures et 5 minutes, elle efface des tablettes le record de 41 jours, 7 heures et 39 minutes détenu depuis août 2018 par le Belge Karel Sabbe. Soit une moyenne ahurissante de 87 km et 3450m D+ par jour pendant… 40 jours d’affilée !

« Si je dois être honnête, je ne pensais pas que c’était possible, a modestement déclaré Tara Dower après son exploit. Cependant, j’avais dans mon équipe des gens qui croyaient en mes capacités et qui me poussaient dans mes limites. Je sais que cela semble intimidant, mais je pense que davantage de femmes devraient s’attaquer à ce record. Je crois sincèrement que les femmes ont – je l’ai déjà dit – un don spécial d’endurance ! »

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Tara Dower. Photo DR

Joyce Njeru, la perle kényane

En se classant 3ème de la grande finale des Golden Trail Series le 19 octobre à Ascona-Locarno, en Suisse, la Kényane Joyce Njeru, du team Atletica Saluzzo, a remporté la victoire au classement général. Elle est ainsi devenue la première athlète africaine à s’imposer sur ce circuit mondial, devançant la Suissesse Judith Wyder et succédant au palmarès à l’Amércaine Sophia Laukli. « Je suis vraiment contente de remporter la Series, a commenté la Kényane. C’est un grand accomplissement pour ma carrière, mais aussi pour la personne que je suis en train de devenir. »

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Joyce Njeru. Photo Rising Story / Mathis Decroux

Sara Alonso, dernière à jamais

De l’émotion, mais aussi une grande fête. Voilà comment s’est conclue la 10ème édition de la Skyrhune, la « Zegama basque », comme la surnomme Blandine L’Hirondel, tenante du titre féminin mais absente cette année à Ascain, petit village du Pays Basque. Lancée en 2014, cette épreuve de 21km et 1700m D+ était devenue au fil du temps un rendez-vous incontournable du trail français et mondial, réunissant les meilleurs comme les anonymes dans une ambiance dont les Basques ont le secret. Mais il n’y aura pas de 11ème édition en 2025. Nicolas Darmaillacq, l’organisateur, a en effet annoncé un peu plus tôt dans l’année mettre fin à l’événement, pour protester contre le « trail business », à l’œuvre selon lui depuis plusieurs années. « Le trail d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier, déplore-t-il. On n’est plus dans les valeurs que nous défendons. »

Cette dernière édition, courue le 22 septembre sous un grand soleil, a donné lieu à une bataille intense. Côté féminin, c’est l’une des toutes meilleures traileuses mondiales, Sara Alonso, détentrice du record espoir de l’épreuve, qui s’est imposée après avoir livré une bataille féroce avec la Française Cécile Jarousseau, championne de France de course en montagne 2023. L’Espagnole, un temps derrière la Française, a réussi à passer en tête au sommet et garder son avance dans la descente pour finalement s’imposer. Dernière à jamais.

10e et dernière édition. La Skyrhune
Ascain 21/09/2024
Sara Alonso
Sara Alonso. Photo DR
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