Lundi matin, 120 équipes se lançaient depuis Chamonix sur les sentiers de la PTL, la bien nommée Petite Trotte à Léon, un parcours sur le grand Tour du Mont-Blanc que tous les amoureux de sports de montagne rêvent de réaliser au moins une fois dans leur vie. Les chiffres font peur : 304km, 24500m D+. Parcourant des hautes routes, sans balisage au sol, les coureurs d’une même équipe devaient compter les uns sur les autres pour progresser sur un parcours inédit à la découverte de la France, de l’Italie et de la Suisse, notamment du massif des Aiguilles Rouges, des versants valaisan et valdotains du mont Blanc pour revenir à Chamonix via le sauvage Beaufortain. A ce petit jeu, les frères Gabioud, déjà 3 fois vainqueurs, n’ont rien laissé au hasard.
Résultat PTL : la passe de 4 pour les frères Gabioud
En un peu moins de 100 heures, les premiers finishers ont franchi l’iconique arche d’arrivée au cœur de Chamonix à 11h36 vendredi 31 août. L’équipe 100% suisse AlpsXperience, composée des frères Jules-Henri (UTMB Index 738) et Candide Gabioud (UTMB Index 738), a bouclé le périple de 304 km et 24500 m de dénivelé positif en 5 jours. Un exploit réédité pour la quatrième fois par ces deux Valaisans qui incarnent, comme les 120 équipes engagées, les valeurs montagnardes d’entraide, d’engagement et d’esprit d’aventure.
Quand on leur demande les clés d’une telle performance, les frères Gabioud confient : « Il n’y a pas de secret, il faut juste aimer et respecter la montagne. » Une leçon…
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/Freres-Gabioud-Photo-UTMB-Group.jpg8001200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-31 06:00:002024-08-31 01:35:11Résultat PTL : et de 4 pour les frères Gabioud
Finale des UTMB World Series dans la catégorie 100K, la CCC, reliant Courmayeur à Chamonix via Champex sur 101km et 6040m D+, a offert un spectacle haletant. La course a été remportée par l’Américain Hayden Hawks et la Sud-Africaine Toni McCann, qui ont été les plus aptes à gérer leur effort dans des conditions anticycloniques et chaudes. Mais rien ne fut simple.
Résultat CCC : le doublé pour Hayden Hawks, 7 ans plus tard
Quelle course indécise ! Alors que généralement les choses se décantent au bout de 40 kilomètres, iles étaient encore près de 20 athlètes en moins de 5 minutes au bout de 60 kilomètres de course. Avec à l’avant un top 10 d’athlètes déterminés à prendre l’avantage. Mais au fur et à mesure des kilomètres, un duo resté en embuscade en début de course et composé des Américains Hayden Hawks (UTMB Index 915) et Adam Peterman (UTMB Index 927), champion du monde de trail long en 2022 en Thaïlande devant notre Nicolas Martin national, s’est constitué et a réussi à progressivement creuser l’écart sur les poursuivants.
Au terme d’une bataille dont le résultat est resté incertain jusqu’aux derniers kilomètres, c’est finalement Hayden Hawks qui s’est imposé en 10h 20mn 11s. Soit 4 minutes et 20 secondes de mieux que sa première victoire, en 2017, le tout sans utiliser de bâtons. Lorsqu’on lui a demandé, sur la ligne d’arrivée, pourquoi il n’en avait pas, il s’est contenté de répondre que puisqu’il n’en avait pas en 2017 et qu’il avait gagné, il avait considéré qu’il ne fallait rien changer. Et ça a marché !
Résultat CCC : Hayden, Peter et Adam…
Hayden Hawks a devancé de 6 minutes le Slovaque Peter Frano (UTMB Index 879), qui a fait une belle remontée depuis la 7ème place. Il coiffe de 2 minutes Adam Peterman, qui a terminé en 10h 28mn 50s.
Encore sous le coup de l’émotion, Hayden Hawks raconte : « Je suis très heureux de partager ce podium avec Peter avec lequel je me suis bien battu sur d’autres épreuves ces dernières années. Et avec Adam, nous étions blessés tous les deux l’an dernier et pendant cette année complexe, nous nous sommes beaucoup entraidés pour surmonter ces moments difficiles. »
Le premier Français, Arnaud Bonin, termine 10ème en 11h 12mn 39s. Antoine Charvolin, 2ème de la SaintéLyon 2023, termine 13ème. 3 autres Français terminent dans le top 20 : Mathieu Delpeuch, 16ème, Jean-Baptiste Curtet, 18ème et Valentin Benard, 19ème.
Le podium CCC hommes. Photo UTMB Group
Résultat CCC : après l’OCC en 2023, Toni McCann monte d’un cran
Dans la course féminine, au bout des 101 km et 6040 m de dénivelé positif, c’est un trio international qui est monté sur le podium. Tout en haut de la boîte, la Sud-Africaine Toni McCann (UTMB Index 801), qui a connu un passage à vide entre Champex et Trient, a tout de même décroché la victoire en 11h 57mn 59s. Elle a devancé la Polonaise (UTMB Index 743) de plus de 14 minutes et l’Allemande Rosanna Buchauer (UTMB Index 768) de 19 minutes.
A peine l’arche d’arrivée franchie sur la place du Triangle de l’Amitié au centre de Chamonix, Toni McCann a déclaré : « La CCC est mon tout premier 100K, j’étais très habituée aux plus courtes distances et ne savais pas comment j’allais gérer ce nouveau format. Lors de mon passage à vide à Champex, j’ai pensé à ma famille et cela m’a donné la force pour continuer. Je les remercie pour leur soutien indéfectible ! »
Gagnante de l’OCC en 2023, aujourd’hui vainqueure de la CCC, Toni McCann a eu naturellement droit à la question de savoir si elle prévoyait de s’attaquer à l’UTMB l’an prochain. Sa répons : « Non… Enfin… Finalement, pourquoi pas ! »
La première Française, Anne-Cécile Thévenot, termine 7ème. Laure Paradan prend quant à elle la 15ème place, juste devant Léa Duhet, 16ème.
Première finale des UTMB World Series 2024, la plus courte, l’OCC, sur le format 50K (57 km et 3500m D+) a tenu toutes ses promesses avec une course exigeante disputée du début à la fin sous un soleil de plomb. Si l’Américain Eli Hemming a coiffé l’Italien Francesco Puppi chez les hommes, c’est une Chinoise, Miao Yao, qui a devancé les favorites chez les femmes.
OCC : un final haletant chez les hommes
Chez les hommes, un final haletant a départagé les prétendants au podium. Après un début de course en observation, l’Américain Eli Hemming (UTMB Index 914), 2ème du Marathon du Mont-Blanc l’an dernier, a pris la tête de course après Trient et a creusé progressivement l’écart pour s’imposer avec près de 3 minutes d’avance. Mais tout n’a pas été aussi simple que semble l’indiquer le chronomètre. En effet, l’Américain a été victime d’un coup de chaud dans la dernière montée du parcours, vers la Flégère, laissant planer le doute sur sa capacité à rester premier. Puisant au plus profond de ses ressources, Eli Hemming a réussi à conserver la tête de course et franchir l’arche d’arrivée en vainqueur en 5h 11mn 48s.
Cette dernière montée, décidément très sélective, a aussi permis de départager les 2 poursuivants. L’Italien Francesco Puppi (UTMB Index 919) termine second en 5h 14mn 46s, tandis que l’Espagnol Antonio Martinez Perez (UTMB Index 912) prend la troisième place en 5h 17mn 56s.
Sous l’arche d’arrivée, Eli Hemming a affirmé : « Je suis très content de cette victoire, c’était l’un des objectifs de ma saison. J’ai su gérer mon passage à vide à la Flégère, puis j’ai retrouvé des forces pour venir l’emporter ici à Chamonix. »
Côté français, les choses ont été compliquées. Le premier tricolore, Benjamin Roubiol, champion du monde de trail long en titre, termine 11e, à plus de 21 minutes du vainqueur. Sylvain Cachard termine 17e, à près de 33 minutes…
Le podium hommes de l’OCC, avec au centre Eli Hemming. Photo UTMB Group
OCC : Clémentine Geoffray battue
De leur côté, les femmes ont réalisé une course de très haut niveau puisque les dix premières du classement sont toutes arrivées en moins de 20 minutes. Après un départ très rapide et un scénario de course longtemps incertain, la Chinoise Miao Yao (UTMB Index 785), la Suissesse Judith Wyder (UTMB Index 792) et, à la suite d’une belle remontée, la Française Clémentine Geoffray (UTMB Index 791), championne du monde et d’Europe en titre, ont pris les commandes. C’est finalement la Chinoise, 3ème l’an dernier, gagnante de la CCC en 2018, qui a remporté cette OCC particulièrement intense en 5h 54mn 03s, devant la Suissesse 6 minutes derrière et la Française, en 6h 02mn 10s.
Quelques minutes après son arrivée, Mia Yao confiait : « J’adore cette course, c’est vraiment magnifique ! Il faisait chaud mais j’ai su adapter mon hydratation et j’avais prévu aussi des textiles et des manchettes adaptés à ces conditions. » À 27 ans, après avoir remporté la CCC et l’OCC, elle répond avec le sourire à la question de savoir si elle envisage de se lancer sur l’UTMB : « Je viendrai pour mes 30 ans, ce sera un beau cadeau. »
Deux autres Françaises ont intégré le Top 20, Louise Serban-Penhoat (13ème) et Lucille Germain (17ème).
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/IMG_9979.jpg9421200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-30 01:41:342024-08-30 08:43:26Résultat OCC 2024 : les favoris au bout du suspense
C’est le 13 août, 3 jours après avoir remporté pour la 11ème fois la course Sierre-Zinal, que Kilian Jornet s’est élancé de Pontresina, en Suisse, pour son projet Alpine Connections. Bien sûr, il n’a jamais officiellement déclaré qu’il essayait de relier les 82 sommets de plus de 4000 mètres répertoriés dans les Alpes. Il essayait simplement, a-t-il annoncé, « d’explorer ses limites physiques, techniques et mentales en reliant les sommets de 4 000 mètres des Alpes ». Mais il est clair aujourd’hui que le Patron est parti à la conquête d’un nouveau record. Et, après 15 jours et 59 sommets gravis, il est évident qu’il va le pulvériser. Une performance inouïe, qui laisse la communauté de l’alpinisme sans voix.
Kilian Jornet en approche du mont Blanc
Après une journée de repos du côté de Courmayeur, Kilian Jornet a repris son aventure alpine à mardi 27 août à minuit. Il avait alors gravi 51 sommets de plus de 4000 mètres et attaquait le massif du Mont-Blanc et ses 28 sommets, avant d’aller faire les 2 du massif des Écrins et de se diriger vers le Grand Paradis, en Italie, terme de sa quête. Ce départ de Courmayeur était un jour particulier, puisque le Catalan était entouré d’un groupe d’amis qui l’ont rejoint pour affronter les terrains redoutables de la route emblématique des Grandes Jorasses, point d’entrée imposé avant de filer vers le mont Blanc.
Une 12e étape de tous les dangers
Cette étape a été difficile et très technique, mais Kilian Jornet a tout de même réussi à gravir 8 nouveaux sommets de plus de 4000 mètres en un peu plus de 18 heures, couvrant plus de 28 kilomètres d’escalade et 4199m D+. Parmi les sommets qu’ils a gravis lors de cette étape figurent notamment la Pointe Walker (4208m), la Pointe Whymper (4184 m) et la Pointe Croz (4110 m). Les Grandes Jorasses posaient des défis techniques en raison de leur nature rocheuse et de leurs crêtes exposées. C’est la raison pour laquelle Kilian Jornet s’était entourés d’amis expérimentés connaissant bien la région, et destinés à l’accompagner pour les ascensions techniques du jour. Cette équipe, formée par Michel Lanne, entre autres vainqueur de la CCC en 2016 et de la TDS en 2017, Mathéo Jacquemoud et Bastien Lardat, a accompagné Kilian Jornet jusqu’au Refuge Torino, en Italie, proche de la pointe Helbronner, où tous les alpinistes ont décidé de s’arrêter et de laisser Kilian continuer en solo jusqu’au Refuge Couvercle, sur la commune de Chamonix. Unanimement, ils ont été étonnés de voir à quel point il était difficile de suivre Kilian Jornet, même après les 12 étapes d’efforts qu’il avait dans les jambes.
Comment Kilian Jornet s’est préparé ?
En début d’année, Kilian Jornet avait annoncé son objectif : disputer 2 courses majeures, Zegama et Sierre-Zinal, et effectuer un « projet », sans donner plus de détails ; L’an dernier, il avait déjà effectué un « projet », en décidant au dernier moment, fin septembre, d’enchaîner 177 sommets des Pyrénées sur 485 km et 43000m D+ en 8 jours. Cet hiver, Kilian Jornet a donc mis sur pied un entraînement cohérent, ayant bénéficié d’un temps magnifique sur la côte ouest de la Norvège, avec de très bonnes conditions d’escalade sur glace et d’alpinisme qui lui ont permis de beaucoup grimper pendant 2 mois, avant de reprendre la course à pied au printemps, exceptionnellement chaud, sur des sentiers secs. Le choix de ne faire que 2 courses, fussent-elles mythiques, a également permis à Kilian Jornet d’en faire « moins ». « Quand je vais sur des courses, explique-t-il, il y a beaucoup de choses à faire. Et comme je suis introverti, être avec les gens me demande beaucoup d’énergie. En faisant moins de courses, je peux mieux m’entraîner, plus longtemps. Et cela me permet d’être plus concentré quand je viens sur une épreuve. » On a vu le résultat, avec 2 victoires sur les 2 courses disputées, dont un record tombé pour moins d’une seconde à Sierre-Zinal.
Kilian Jornet, la polyvalence pour mieux performer
Être capable de performer à la fois sur des courses très relevées et sur des projets comme les Pyrénées 2023, les ascensions himalayennes ou Alpine Connections cette année, demande une extrême polyvalence. Mais c’est justement cette polyvalence qui le rend plus fort. « La polyvalence, cela se travaille sur le long terme, explique le Patron. C’est le résultat d’années d’entraînement. Ensuite, quand je veux me préparer pour un projet, j’ai besoin d’avoir de la spécificité. Mais la spécificité, c’est à court terme. Pour être en très bonne forme pour une course ou un projet spécifique, des adaptations spécifiques ne prennent pas plus de 6 à 8 semaines. Avec ces 6 à 8 semaines d’entraînement spécifique, je sais que je peux donner le meilleur de moi-même. Je peux donc faire des entraînements spécifiques plusieurs fois par an et réaliser différents types de projets. Et au final, je pense que c’est ce qui me motive autant. Parce que si je faisais seulement de la course, je n’aimerais pas ça. Et si je faisais uniquement des choses en montagne, je serais probablement plus lent et mes capacités en montagne diminueraient également. »
Connaître les limites du corps humain
Au-delà de l’exploit sportif, et des records qu’il accumule, sur les courses comme lors d’ascensions, Kilian Jornet est également passionné par l’exploration scientifique, et ce depuis sa jeunesse. «J’ai étudié les sciences du sport à l’école, raconte-t-il. Quand j’avais 16 ou 17 ans, je faisais déjà des tests. Du genre “Je veux essayer ça et voir ce que cela implique. Comment puis-je analyser cela d’un point de vue scientifique ?” Cela a toujours été en moi, d’une manière plus exploratoire que prescriptive. Bien sûr, quand je vais à une course, comme par exemple Zegama, où j’ai couru 12 fois, il n’y a pas beaucoup d’exploration. Mais aller en montagne et y faire des projets, c’est bien pour explorer les choses et ensuite voir ce qui s’y passe. »
Alors qu’au soir du 28 août, 15 jours après le début de son aventure Alpine Connections, il ne reste à Kilian Jornet « que » 23 sommets de plus de 4000 mètres à gravir pour pulvériser le record de 60 jours détenu par 2 alpinistes italiens, une chose est sûre : il aura prouvé qu’il est capable de pousser les limites de la résistance physique et de l’endurance humaine en haute altitude au-delà de tout ce que l’on pouvait imaginer. Un extra-terrestre, définitivement.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/IMG_9942.jpeg7211024Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-29 07:38:362024-08-29 13:35:02Alpine Connections : Kilian Jornet dans la dernière ligne droite
Alors qu’une TDS haletante partie lundi soir a célébré 2 Tricolores, Thibaut Marquet et Marie Dohin, les 2 courses du mardi à Courmayeur, la YCC et l’ETC, ont démontré le côté éclectique de l’UTMB Mont-Blanc, qui ne se cantonne pas à des courses longue distance mais s’est ouvert sur des formats plus courts et à la jeunesse, pour réunir autour d’une même passion athlètes confirmés, jeunes talents et coureurs amateurs désireux de découvrir le trail running dans l’atmosphère alpine préservée de la ville de Courmayeur, en Italie.
TDS : razzia bleue sur les podiums
Les Tricolores ont fait le show sur la « plus belle et sauvage » des courses de l’UTMB en prenant 5 des 6 places sur les podiums masculin et féminin. Au terme d’une course passionnante, qui s’est déroulée sous une chaleur accablante, c’est un Thibault Marquet noyé d’émotion qui a remporté son 2ème ultra de plus de 100 km, après sa victoire sur l’Intégrale de l’Échappée Belle en 2021. Après avoir pris la tête au premier tiers de la course, longue de 148km pour 9300m D+, le Français, 3ème de la 6000D au mois de juillet, a fait la différence pour s’imposer en 18h59mn. Il devance Alban Berson de près d’une heure (19h56). Gautier Airiau monte sur la 3ème marche du podium en 20h07. A noter que 2 autres Français finissent 4 et 5, respectivement Nicolas Gourdon (20h30) et Kevin Roux (20h44).
Photo UTMB
Côté féminin, la course a longtemps été menée par l’Italienne Emilie Collomb, avant son abandon au 97ème kilomètre. Partie plus prudemment, les 2 Françaises du team Kiprun, Céline Finas et Marie Dohin, pointaient en 5ème position à mi-course, avant d’opérer une remontada. C’est finalement Marie Dohin qui s’est arrachée pour aller chercher la victoire et succéder à Maryline Nakache, gagnante en 2023. Elle s’impose en 24h06, 29ème au scratch, avec plus d’une demi-heure d’avance sur la Suissesse Ariane Wilhem (24h42). Céline Finas complète le podium en 25h41. Quatre autres Françaises figurent dans le Top 10, Julia Harnie, 6e, Charlotte Allain, 8e, Léa Simond, 9e et Laura Mayniel, 10e.
Photo UTMB
ETC : Anaelle Bondoux épatante sur le sprint
Pour sa deuxième édition, l’Experience Trail Courmayeur (ETC) a tenu toutes ses promesses. Plus de 1100 coureurs ont ainsi parcouru les 15 km et les 1200 m de dénivelé au rythme de leurs objectifs, leurs talents et leurs envies. Chacun a pu vivre l’expérience du dépassement de soi dans le cadre exceptionnel du versant italien du mont Blanc. Côté hommes, le podium est 100% international. Le vainqueur, l’Allemand Lukas Ehrle (UTMB Index 880) a réalisé un chrono impressionnant de 1h 19mn 56s, avec 2 minutes de marge sur ses poursuivants. Les accessits se sont joués au sprint, puisque 4 secondes seulement séparent le deuxième, l’Espagnol Alex Garcia Carrillo (UTMB Index 883) du troisième, l’Italien Daniel Pattis (UTMB Index 904).
Chez les femmes, la course a également été très intense. La jeune Française Anaelle Bondoux (UTMB Index 767), qui s’était déjà imposée à la surprise générale sur le 23km du Mont-Blanc, pour sa première course de trail, a remporté une victoire convaincante en 1h 32mn 52s. Elle devance de près de 2 minutes la spécialiste suisse des courses en montagne Maude Mathys (UTMB Index 808). L’Italienne Vivien Bonzi (UTMB Index 699) termine 3ème, 2 minutes plus tard.
Oro Les podiums de l’ETC. Photo UTMB
YCC : la jeunesse au rendez-vous
A 11 heures ce matin, sous un magnifique soleil et des conditions de course optimales, 307 jeunes coureurs nés entre 2005 et 2010 ont pris le départ de l’YCC à Courmayeur. Pour cette course des futurs champions, l’organisation propose des parcours adaptés à chaque catégorie d’âge. Après ce premier acte, qui a donné lieu à un classement provisoire, une deuxième partie aura lieu le 28 août à Chamonix : l’YCC The Revenge, une course où les jeunes talents partiront dans l’ordre inverse du classement de la veille. Suspense assuré !
Pour retrouver l’ensemble des résultats par catégorie d’âge, rendez-vous sur live.utmb.world
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/Thibault-Marquet-TDS.jpeg8811200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-28 06:03:502024-08-28 06:03:52TDS / ETC / YCC : l’endurance, le sprint et la jeunesse à l’honneur sur l’UTMB
Champion de France de trail court 2023, Thibaut Baronian, 3ème de la CCC en 2021, est un des meilleurs traileurs français sur format marathon. Fin août, il va pour la première fois s’attaquer au monument UTMB, une course mythique qui l’attire depuis longtemps, mais qui l’inquiète également pour la part d’inconnu qu’elle recèle. Esprit Trail l’a rencontré.
Pourquoi cette envie d’aller sur le long, alors que tu es encore très performant sur les formats 30 à 60 km ?
Thibaut Baronian : Ça fait plusieurs années que je suis sur le même format marathon et que je fais la Golden trail Series, et j’ai une envie de changement par rapport à mes saisons précédentes. J’essaie depuis quelques années d’intégrer des courses plus longues qui m’attirent, car je pense que je suis un athlète d’endurance à la base, j’aime l’effort long, que je pratique depuis longtemps en off, mais en essayant d’être sur les deux tableaux, en étant toujours focus sur les formats courts, cela me laissait peu de liberté et de place pour le plus long. Et puis je crois que sur le format court des Golden, je suis arrivé au maximum de ce que je peux faire…
Thibaut Baronian lors du Marathon du Mont-Blanc 2024, où il termine 2ème. Photo David Gonthier
Peut-on parler de manque de motivation ?
TB : Oui, il y a de ça, moins de motivation à aller sur les marathons, plus de difficultés à me fixer des objectifs personnels, j’avais moins la flamme. Je connais les préparations, je connais les courses, mon ressenti et ce qui peut m’arriver sur ces courses-là. Le fait qu’il y ait moins d’inconnues fait que je n’ai plus l’excitation que tu as quand tu découvres quelque chose de nouveau.
Côté entraînement, tu as changé quelque chose pour te préparer à l’échéance UTMB ?
TB : Fondamentalement, non, c’est toujours la même philosophie, avec pas mal d’entraînement en endurance pure. Je n’ai rien révolutionné, j’ai juste fait plus d’heures, avec plus de liberté pour faire des longues sorties. Et peut-être un peu moins de qualité comme j’ai pu en faire pour préparer les Golden Trails. Mais même en modifiant mon programme et en mettant un peu plus d’heures, je garde quand même cette explosivité, comme je l’ai vu mi-juin sur le Neirivue Moleson, où j’arrive à sortir un gros chrono sur une course de montagne alors que je n’ai pas préparé la course. (Thibaut Baronian a pris la 2ème place, à moins de 3 minutes de Rémi Bonnet, en avalant les 10,6 km et 1290m D+ en 1h00mn28s, NDLR) Ça fait plaisir de voir qu’en travaillant autre chose, ça n’empiète pas sur mes forces pures.
Tu as dit que tu n’allais pas sur l’UTMB pour gagner, ni juste pour le finir. As-tu une petite idée de ta « juste place » ?
TB : Je n’ai pas d’objectif chrono précis en tête, je veux surtout réussir à faire une course en posant un peu les bases que j’ai sur ultra pour voir jusqu’où ça peut tenir. Je n’ai jamais fait une nuit, je n’ai jamais couru plus de 120 bornes, donc il y a pas mal d’inconnues qui me font dire qu’il ne faut pas que je sois trop ambitieux et qu’il faut d’abord que je fasse ma course, à mon niveau, pleine. Ceci étant, il faut aussi que ce soit une course que j’aime faire. Je ne suis pas du genre à partir 300ème pour faire une remontée et finir 30ème, je veux faire une course qui me ressemble…
Photo Ben Becker/ Julbo Blaze Series /
Quel est le paramètre qui t’inquiète le plus ?
TB : Peut-être la traversée de la nuit et le lever du jour, parce que ce sont des choses que je n’ai jamais vécues et je ne sais pas trop comment mon corps va réagir. Je l’ai un peu vécu à vélo, mais j’imagine que ça va être différent… Les kilomètres et le dénivelé ne m’inquiètent pas trop, donc c’est vraiment la gestion de la fatigue sur le petit matin qui me pose question. Surtout que cette partie qu’on fera de nuit, je ne la connais pas, alors que la deuxième partie après Courmayeur, qui est commune à la CCC, je la connais bien.
Question nutrition, tu pars dans l’inconnu. Comment envisages-tu les choses ?
TB : C’est l’inconnu mais sur mes derniers ultras, ça n’a pas été un facteur limitant ; j’ai toujours pu manger, m’hydrater… Donc je ne me fais pas trop de souci. Je vais certainement avoir une base semi-liquide dans la première partie, et sur les ravitos avoir des choses un peu solides qui tiennent au ventre. Après, entre les ravitos, je vais voir avec mes produits Baouw, ceux que je peux facilement assimiler, peut-être en les dosant un peu moins que sur les formats plus rapides pour pouvoir tenir dans la durée le taux de glucides.
TB : Depuis 2021 je traîne une inflammation intestinale sur le flanc gauche dont je ne me suis pas trop occupé parce qu’elle ne me limite pas sur les formats courts, et quand elle apparaissait sur les formats longs, je faisais avec. Ça crée des crampes en descente, et ça m’a d’ailleurs handicapé sur le 90km du Mont-Blanc. Donc on est dessus actuellement, avec pas mal de tests et d’analyses pour trouver une solution.
Tu as d’illustres collègues bien expérimentés chez Salomon, François d’Haene, Courtney Dauwalter, Mathieu Blanchard… Tu as déjà parlé stratégie UTMB avec eux ?
TB : Pas encore, parce qu’on ne s’est pas trop vus depuis avril avec Mathieu et François, mais cet été on va avoir l’occasion de passer des moments ensemble, et ça sera le sujet principal, c’est sûr.
Cette interview est parue dans le magazine Esprit Trail n°138 paru en juillet 2024.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/BlazeSeries_ThibautBaronian_DENSITYJ5611513BLAZE@Ben_Becker-7.jpg8001200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-28 05:00:002024-08-28 12:26:34Thibaut Baronian : « L’UTMB est un rêve dont je ne dois pas avoir peur ! »
La 21ème édition du HOKA UTMB Mont-Blanc est bel et bien lancée… Ce lundi 26 août, trois départs se sont enchaînés avec la PTL, la MCC et la TDS. Résumé d’une première journée intense, avec une météo favorable aux plus belles performances et des Français étincellants.
La PTL, première course à s’élancer
« Respectez la nature, prenez soin de vous et des autres coureurs » : devant des centaines de coureurs prêts à s’élancer sur les 300 km et 25 000 m d+ de la PTL, ou Petite Trotte à Léon, Isabelle Viseux-Poletti, directrice de l’HOKA UTMB Mont-Blanc et des événements français de l’UTMB Group, a donné le coup d’envoi d’une épreuve particulièrement intense.
Les coureurs, en équipe de 2 ou 3 athlètes, sont ainsi partis pour une aventure hors norme à travers le Valais, le Val d’Aoste et le pays du Mont-Blanc, un parcours de haute route sans balisage et hors sentier nécessitant sens de l’orientation et une véritable expérience alpine. Une épreuve vécue par 120 teams formant 1 seule et même équipe unie par des valeurs d’entraide et d’amitié tout au long du parcours. Les premiers finishers sont attendus vendredi après-midi… Ou peut-être plus tôt, si certaines équipes se transcendent !
Le départ de la PTL. Photo UTMB Group
Une MCC fédératrice et courue à haute intensité
Cette année, 6 athlètes de la Team Adaptive participaient à la MCC, course de 40km et 2250m D+ réservée prioritairement aux bénévoles de l’UTMB Mont-Blanc. Cette équipe de 12 athlètes en situation de handicap est rassemblée autour de Boris Ghirardi, lui-même athlète amputé et fervent traileur. Ainsi, Claire Verzaux (FRA – UTMB Index 409), Julien Veysseyre (FRA – UTMB 488), Sophie Maigrot (FRA – UTMB Index 449), Franck Derrien (FRA – UTMB Index 687), Pol Makuri Redolad Garcia (ESP – UTMB Index 635) et Vasu Sojitra (USA) ont réalisé de belles performances sur ce parcours technique et exigeant.
Pol Makuri Redolad Garcia, de la Team Adaptive. Photo UTMB
Chez les femmes, c’est finalement un podium 100 % français avec la victoire incontestée de l’athlète originaire du Grand-Bornand Iris Pessey (FRA – UTMB Index 715) qui a dominé la course en 4h12’41”. Dans ses pas, une bataille pour la deuxième place, emportée par Elodie Alexandre (UTMB Index 706), habitante de Servoz, suivie 2 minutes plus tard par la Savoyarde Stéphanie Manivoz (UTMB Index 699).
Iris Pessey. Photo UTMB Gorup
Côté hommes, la course a été rapide et intense avec une victoire sous la mythique arche d’arrivée décrochée par Kevin Vermeulen (FRA – UTMB Index 877) en 3h34’39”, devant son compatriote Thomas Butez (FRA – UTMB Index 838) et le Suisse Cesar Costa (UTMB Index 807) pour la troisième place. Un podium très disputé, moins de 2 minutes séparant chacune de ces trois arrivées.
Kevin Vermeulen. Photo UTMB Group
Derniers échauffements pour la TDS
Le départ de la mythique TDS sera donné ce soir depuis Courmayeur à 23h50, pour 146 km et 9 300 m de D+. Belle, technique, sauvage, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la Trace des Ducs de Savoie. L’occasion pour les 1600 coureurs engagés au départ de vivre la chaleur de l’accueil valdotain à Courmayeur, puis de découvrir la nature préservée beaufortaine et ses villages authentiques : Beaufort, Hauteluce ou encore les Contamines-Montjoie.
Parmi les coureurs à suivre, les profils sont avant tout européens. Sont à noter chez les hommes Mark Dabyshire (GBR – UTMB Index 888), vainqueur du 100M en mai dernier sur l’Ultra-Trail Snowdonia by UTMB®, Simen Hjalmar Wastlund (SWE – UTMB Index 848), deuxième l’an dernier de la TDS et déterminé à remporter la première place. Il y a également l’Espagnol Tofol Castanyer (UTMB Index 812), qui a remporté la CCC en 2012, une arrivée folle avant même le départ de l’UTMB. Sans oublier les Français Simon Gosselin (UTMB Index 874) qui s’est notamment entraîné avec Jim Walmsley et Julien Chorier (UTMB Index 808), récemment arrivé troisième sur le 100k du Desert RATS Trail Running Festival™ by UTMB®.
Les favorites sont notamment l’Autrichienne Esther Fellhofer (UTMB Index 709), DNF l’année passée est prête à prendre sa revanche et tenter de monter sur le podium. Sans oublier l’Italienne Elisabetta Negra (UTMB Index 710), la Suissesse Ariane Wilhem (UTMB Index 746) ou encore les Françaises Jocelyne Pauly (UTMB Index 725), 3ème en 2018 et 4ème en 2022 sur l’UTMB, et Marie Dohin (UTMB Index 681) qui seront également à suivre de près.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/Iris-Pessey-MCC-Photo-UTMB-Gorup.jpg12691903Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-26 20:08:572024-08-26 20:08:59PTL, MCC, TDS : l’UTMB 2024 est bien lancé, les Français font le show !
Après 10 jours et 51 sommets de plus de 4000 m gravis sur les 82 que comptent les Alpes, Kilian Jornet semble parti pour pulvériser le record de 60 jours détenu par deux alpinistes italiens depuis 2008. Mes attention, le Patron arrive maintenant dans le massif du Mont-Blanc, où l’attendent les ascensions les plus compliquées de son aventure. Et, la fatigue aidant, il va devoir redoubler de vigilance !
Alpine Connections : le massif du Mont-Blanc, massif de tous les dangers
Après avoir débuté par le Piz Bernina, seul 4000 du massif de la Bernina (4049m), Kilian Jornet a écumé les 4000 des Alpes Bernoises et des Alpes Valaisannes, pour porter son total à 51 sommets en 10 jours, dont 18 d’un coup avec le fameux Spaghetti Tour, une célèbre randonnée pour alpinistes aguerris que le Catalan a gravis en moins de 18 heures lors de sa 7ème étape.
Mais les 31 sommets restants promettent un autre niveau de difficulté. Il faudra aller chercher le Grand Paradis, isolé en Italie, les 2 sommets du Massif des Écrins (la Barre des Écrins, à 4101m, et le Dôme de Neige des Écrins, à 4015m), et surtout les 28 sommets du Massif du Mont Blanc, dont quelques-uns sont parmi les plus redoutables.
En effet, il faut tenir compte des difficultés d’ascension. Parmi les plus difficiles, Kilian Jornet a déjà gravi le Cervin (cotation AD), le Schreckhorn (AD+). Mais la partie la plus redoutable de son aventure sera certainement la traversée des Grandes Jorasses (D), l’Aiguille Blanche de Peuterey (D), le Grand Pïlier d’Angle (D). Sans oublier les terribles Aiguilles du Diable, cotées D+. Et sans oublier non plus que ces cotations sous-entendent des conditions météo parfaites, ce qui ne sera sans doute pas le cas…
Le Cervin, gravi la semaine dernière. Photo Nick Danielson / NNormal
Alpine Connections : le mont Blanc, une connaissance
Contrairement à ce que le néophyte pourrait imaginer, le plus redoutable ne sera pas le mont Blanc et ses 4809m, car le toit de l’Europe ne nécessite pas de pratiquer l’alpinisme à haut niveau. C’est d’ailleurs un sommet que Kilian Jornet connaît très bien, pour être le détenteur du record de vitesse d’ascension aller-retour au départ de l’église de Chamonix, environ 3800m plus bas… Il a établi ce record le 11 juillet 2013, avec un chrono de 4h 57mn 40s (pour 28 km).
Pour la petite histoire, Kilian Jornet a effectué l’ascension avec son ami Mathéo Jacquemoud (qui l’a accompagné sur quelques étapes de cet Alpine Connections). Les 2 hommes sont arrivés ensemble au sommet du mont Blanc en 3h30 en passant par la Jonction et les Grands Mulets, mais seul Kilian est redescendu sur les chapeaux de roue pour établir le chrono record, Mathéo Jacquemoud ayant été victime d’une chute sans gravité qui l’a retardé dans sa descente.
Photo Nick Danielson / NNormal
Alpine Connections : les 5 pointes des Grandes Jorasses
L’arête des Grandes Jorasses, longue d’environ un kilomètre, est une arête faîtière marquant la frontière entre la France et l’Italie. Elle domine du côté français le glacier de Leschaux, affluent de la Mer de Glace, et du côté italien le Val ferret et la vallée de Courmayeur, bien connue des coureurs de l’UTMB et de la CCC.
Sur cette arête se détachent successivement six pointes, dont 5 dépassent les 4000m : la pointe Walker (4208m, point culminant des Grandes Jorasses), la pointe Whymper (4184m), la pointe Croz (4110m), la pointe Hélène (4045m), la pointe Marguerite (4065m) et la pointe Young (3996m). La face Nord des Grandes Jorasses (versant français) est l’une des plus grandes faces granitiques des Alpes, avec 1200m de haut sur près d’un kilomètre de long. L’ascension de cette face fut considérée comme l’un des plus grands défis des Alpes, jusqu’à la première les 28 et 29 juin 1935 par les alpinistes allemands Martin Meier et Rudolf Peters.
Photo Nick Danielson / NNormal
Alpine Connections : l’épouvantail des Aiguilles du Diable
La traversée des Aiguilles du Diable est aujourd’hui l’une des grandes classiques du massif du Mont Blanc, qui permet de passer par 6 sommets de plus de 4000m d’un coup si l’on respecte l’itinéraire original à partir du col du Diable. Cette course d’alpinisme pur se déroule sur un rocher magnifique, dans un cadre grandiose, et consiste en un enchaînement d’escalade de 5 aiguilles rocheuses : la Corne du Diable (4064m), la Pointe Chaubert (4074m), la Pointe Médiane (4097m), la Pointe Carmen (4109m) et la Pointe Blanchet, ou de l’Isolée (4114m), avant d’atteindre le sommet du mont Blanc du Tacul, à 4247m.
Cette section cotée D+ sera certainement la plus technique que devra affronter Kilian Jornet, avec de longs passages de niveau 5 (inclinaison à 85/90°) en rocher, avec une approche sérieuse en neige et glace. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les Aiguilles du Diable sont les derniers sommets de plus de 4000m des Alpes à avoir été gravis, de 1923 à 1926, essentiellement sous l’impulsion d’un grand guide chamoniard de l’époque, Armand Charlet. L’enchaînement des 5 aiguilles, appelée traversée des Aiguilles du Diable, a quant à elle été réalisée pour la première fois le 4 août 1928.
Les Aiguilles du Diable. Source Wikipedia / DR
Alpine Connections : fatigue et privation de sommeil
Au moins aussi importantes que les difficultés techniques qui vont se présenter dans les prochaines étapes du projet Alpine Connections, la fatigue accumulée sera un paramètre qui va jouer un grand rôle.
En effet, depuis son départ, Kilian Jornet enchaîne des journées d’efforts de 16 à 18 heures sans relâche, avec quelques courtes nuits de récupération de 3 à 4h et, tous les 3 jours, une vraie pause de 7 heures. S’il est attentivement suivi par tout un staff médical (explorer les limites de la résistance physique étant un des thèmes de son aventure hors normes), il est évident, et les photos le montrent, que l’accumulation d’efforts impacte sur l’état de forme physique et mentale de Kilian Jornet. Or, avec l’arrivée d’ascensions très techniques, ou aucune place ne devra être laissée au hasard, le patron va devoir redoubler de vigilance.
Personne n’a oublié la disparition du très expérimenté guide Patrick Berhault, mort accidentellement lors de l’effondrement d’une corniche entre le Dom et le Täschhorn, en Haut-Valais, en 2004, alors qu’il s’était lancé dans ce même défi de gravir les 82 sommets de plus de 4000m des Alpes.
Et Kilian Jornet n’a certainement pas oublié non plus ce jour de juin 2012 où, lors d’une tentative de traversée à skis du massif du Mont-Blanc d’Ouest en Est, avec 8 sommets au programme, l’un de ses compagnons de cordée, Stéphane Brosse, a fait une chute mortelle suite à la rupture d’une corniche de neige au sommet de l’Aiguille d’Argentière.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/Kilian-Jornet-Alpine-Connections-fatigue-Photo-Nick-Danielson.jpg10001200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-26 19:26:032024-08-26 19:26:05Alpine Connections : ça se complique pour Kilian Jornet
C’est un programme vertueux qui a soufflé ses 10 bougies l’année dernière ! Créé par Patagonia en 2013, le programme Worn Wear, qui signifie « Vêtements usés », encourage les amateurs de sports et loisirs outdoor à prolonger la durée de vie de leurs vêtements en les entretenant avec soin, en les lavant correctement et en les réparant si nécessaire. Il se matérialise à travers une série de tutoriels en ligneainsi que des événements de réparation itinérants qui parcourent l’Europe, tant en été qu’en hiver. L’un de ces événements aura lieu au cœur de Chamonix les 28 et 29 août, durant la semaine UTMB, dans la boutique de l’équipementier américain. L’occasion de faire réparer gratuitement vos équipements de trail et d’outdoor !
Worn Wear, un état d’esprit vertueux
Les équipes de couturiers et couturières qui animent les évènements Worn Wear proposent aux amateurs d’outdoor qu’ils rencontrent au gré de leurs tournées, de réparer fermetures éclairs, accrocs, déchirures, boutons ou autres tirettes de leur vêtement. Ils leur apprennent aussi à faire les réparations eux-mêmes (recoudre un trou, réimperméabiliser les vestes, remplacer les zips…). Les réparations sont gratuites, sur la base du premier arrivé, premier servi, et concernent tous les types de vêtements, de toutes marques.
Dès lors, la préservation des vêtements prend une nouvelle dimension dans la protection de l’environnement. En prolongeant la durée de vie de nos vêtements, nous réduisons significativement notre empreinte écologique. Chaque couture renforcée et chaque accroc réparé représentent un pas de plus vers la réduction des émissions de CO2, ainsi qu’une diminution de déchets et une économie d’eau (nécessaire à la fabrication de nouveaux vêtements) significatives.
Selon l’organisation WRAP, basée au Royaume-Uni, prolonger la durée de vie d’un vêtement de 9 mois permet de réduire la consommation de carbone, de déchets et d’eau de 20 à 30%. Simplement parce que l’on fabrique et jette moins de vêtements. Un comportement nécessaire, d’autant plus que selon la Fondation Ellen MacArthur, d’ici 2050, l’industrie de la mode pourrait représenter jusqu’à un quart du budget carbone annuel mondial. La meilleure façon de réduire l’empreinte écologique et carbone de nos vêtements est donc de les garder plus longtemps, pour nous ou pour quelqu’un d’autre.
Photo Patagonia Worn Wear WWT_LaGrave
Worn Wear, un concept qui à plus de 50 ans
La réparation de vêtements n’est pas un concept nouveau pour Patagonia, qui dispose de services de réparation depuis les années 1970. Le programme Worn Wear, qui n’était qu’un blog lancé en 2005 pour raconter l’histoire des produits portés par ses consommateurs, s’est transformé en tournées de réparations gratuites de vêtements de toutes marques aux Etats-Unis en 2013, puis en Europe en 2018.
Concernant ses propres produits, Patagonia offre une garantie à vie pour la réparation gratuite. Cette garantie est soutenue par une plateforme en ligne, disponible ICI, qui simplifie l’accès à ces services. En outre, Patagonia collabore avec des partenaires locaux et expert.e.s, comme à Chamonix, où tous les vêtements apportés au shop sont réparés. Pour étendre les réparations à toute l’Europe, Patagonia s’est associée au United Repair Center et a ouvert des centres de réparation à Amsterdam et à Londres, avec pour objectif de réparer 100000 vêtements par an d’ici à 2028.
« Notre entreprise existe pour sauver notre planète », tel est le credo de Patagonia. Fondée par Yvon Chouinard en 1973, l’entreprise de vêtements de plein air est basée à Ventura, en Californie. Certifiée B Corporation et membre fondateur de 1% pour la Planète, Patagonia est reconnue internationalement pour son activisme environnemental, ainsi que pour ses contributions de plus de 250 millions de dollars à des organisations environnementales. Sa structure de propriété unique reflète le fait que la Terre est son seul actionnaire : les bénéfices non réinvestis dans l’entreprise sont versés sous forme de dividendes pour protéger la planète.
Photo Patagonia Worn Wear
Worn Wear, rendez-vous à Chamonix
C’est donc dans la boutique Patagonia de Chamonix, au 249, rue du Docteur Paccard, en plein centre-ville, que vous pourrez faire réparer gratuitement vos vêtements les mercredi 28 et jeudi 29 août. Le principe est simple : premier arrivé, premier servi. N’hésitez pas à offrir ce service à vos vêtements fétiches, ils le méritent !
La PICaPICA est l’une des courses les plus exigeantes du calendrier, un véritable chantier de 109 km pour 11500m D+. Depuis 34 ans, son concept n’a pas changé : relier les pics ariégeois et revenir à l’essence de ce qu’est la course de montagne. Dans ce film de 14 minutes servi par des images sublimes, Justin Galant nous entraîne dans le sillage de Martin Kern, l’un des coureurs de montagne les plus talentueux du circuit, qui a pris le départ de l’édition 2023 alors qu’il était en plein doute. Course, souvenirs, introspection, un document à la fois beau et émouvant.
« Il y a un an, j’ai suivi Martin Kern sur le Challenge du Montcalm, raconte Justin Galant, réalisateur du film. Plus qu’une course, la PICaPICA est un ultra de montagne, une épreuve inqualifiable. Venu pour se recentrer sur sa pratique, sa vie, et son amour pour la montagne, Martin se redécouvre durant ces longues heures passées sur ces sommets pyrénéens. »
Véritable fil rouge de ce film, la PICaPICA, qui se résume à monter, descendre, monter, descendre, sur une trace sur laquelle il doit y avoir 500 mètres de plat, offre des paysages exceptionnels qui servent de support à un voyage plus personnel, où Martin Kern évoque ses souvenirs en revenant sur des montagnes qu’il connaît par cœur pour les avoir arpentées juste après avoir fini ses études, en 2012, alors qu’il était à Toulouse et qu’il passait son temps en Ariège.
Martin Kern lors de la PICaPICA 2023. Source Vidéo
À 35 ans, l’ultra-traileur basé à Grenoble, déçu par sa contreperformance lors des Mondiaux de trail en Thaïlande (15ème place tout de même!), de retour de blessure et non qualifié pour l’UTMB 2023, cherche une course pour répondre à ses interrogations sur la notion de plaisir de courir. Et c’est en partant à l’assaut des 18 pics à plus de 2400m du parcours de la PICaPICA, dont 4 à plus de 3000m d’altitude, qu’il ira chercher une réponse. Magnifique et profond.
Le profil redoutable de la PICaPICA.
PICaPICA – Face aux montagnes ariégeoises : le film
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/08/PICaPICA-Martin-Kern.png6731200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-08-26 05:00:002024-08-24 19:06:33PICaPICA – Face aux montagnes ariégeoises – Martin Kern [vidéo]