Western States 100 / UTMB : le défi de Jim Walmsley en 2024

Jim Walmsley UTMB Photo UTMB 2023

Après avoir enfin remporté l’UTMB Mont-Blanc cette année, Jim Walmsley rêve d’un nouveau challenge pour 2024 : remporter la Western States Endurance Run et être de nouveau sacré sur l’UTMB. Pour Hoka, le missile américain raconte ce long chemin qui l’a mené sur la plus haute marche du podium à Chamonix, ses deux années d’apprentissage en France et le défi que représente le doublé WSER / UTMB.

L’UTMB, une si longue attente

La 5ème aura été la bonne. Jim Walmsley, est sans doute le coureur le plus rapide de l’histoire du trail. Mais il est également l’un des plus fragiles. Et l’un des plus tenaces. Lors de son premier UTMB, en 2017, l’Américain avait terminé 5ème au classement général. Des débuts impressionnants, qui laissaient augurer ce qui n’avait jamais encore été réalisé : la victoire prochaine d’un homme américain à Chamonix. Car si en 2017 des femmes s’étaient déjà imposées (Krissy Moehl par 2 fois, en 2003 et en 2009, Nikki Kimball en 2007, Rory Bosio en 2013 et 2014), les hommes butaient toujours. Topher Gaylord lors de la première édition et Mike Wolfe en 2010 avaient fini 2èmes, d’autres avaient fini 3èmes, mais la plus haute marche restait inaccessible. C’est le défi que voulait relever Jim Walmsley. Et il allait s’en donner les moyens.

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Après une longue attente, Jim Walmsley s’impose enfin à Chamonix, devant Zach Miller et Germain Grangier. Photo UTMB 2023 / Peignée Verticale

2 échecs et un déménagement en France

Après avoir remporté la course californienne de la Western States en 2018, Jim Walmsley figure parmi les favoris de la 16ème édition de l’UTMB. Hélas, il abandonnera après la mi-parcours, épuisé par la nuit, perdu, laissant Xavier Thévenard aller cueillir sa troisième couronne. Une autre victoire dans l’Ouest américain en 2021 le positionne de nouveau parmi les favoris de la 18ème édition de l’UTMB, mais une fois de plus il abandonnera. François D’Haene en profitera pour remporter sa 4ème victoire.

Plutôt que renoncer, ces revers ont motivé Jim Walmsley à se concentrer davantage sur cette course européenne qui lui échappe. En 2022, il décide de s’installer en France à temps plein, avec sa compagne, Jessica Brazeau, traileurse également. Ils louent une maison à Arêches-Beaufort, une vallée alpine non loin du parcours de l’UTMB, avec François D’Haene comme voisin. Désormais, Walmsley peut s’entraîner sur un terrain similaire à celui de la course. Mais le choc culturel fut énorme pour le couple. « C’était la première fois que je déménageais depuis plus de sept ans, raconte aujourd’hui Jim Walmsley. Et ma femme Jess, sa première fois en plus de cinq ans. C’était donc certainement la partie la plus difficile. Pour enfin commencer à se sentir plus à l’aise en France et en Europe, ça a pris beaucoup de temps. »

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Photo Peignee Verticale

S’entraîner comme un Français, avec François

Mais ce temps long d’adaptation était nécessaire. Aujourd’hui, Jim Walmsley estime que sa familiarité culturelle avec la France constitue un avantage aussi important que sa connaissance du terrain. Et cela élimine une partie du stress lié aux voyages à travers le monde pour le grand événement. Néanmoins, tout n’est pas parfait. En 2022, après avoir passé seulement quelques mois à l’étranger, il termine 4ème de l’UTMB, après avoir mené puis s’être effondré, victime d’une terrible baisse de régime après Champex-Lac, à moins de 50km de l’arrivée. Cette place au pied du podium était son meilleur résultat à ce jour, mais pas la victoire qu’il souhaitait.

Pour atteindre cet objectif, Jim Walmsley décide donc de rester en France et de passer son premier hiver dans les Alpes. Au fil des mois, l’Américain s’est intégré à une communauté de coureurs dans la vallée du Beaufortain, qu’il appelle de manière ludique les « Beaufortain’s Boys ». Le groupe comprend François D’Haene, qui habite à moins de 300 mètres de chez lui, et Simon Gosselin, un redoutable traileur. Le groupe court souvent ensemble, contribuant à rendre les exigences de l’entraînement plus agréables. « Avec la communauté, il y a la responsabilité, la camaraderie, la motivation et les encouragements, avoue Jim Walmsley. Je trouve François extrêmement motivant et il a toujours des idées amusantes et folles. »

Le bonus du ski-alpinisme

Les « idées folles » de D’Haene ne se limitent pas au trail. Pendant la saison hivernale, Jim Walmsley se lance dans le ski-alpinisme (également connu sous le nom de skimo), largement pratiqué par les athlètes européens qui ont réussi à l’UTMB, Kilian Jornet et François D’Haene en tête. « En skiant et en restant en montagne, tu continues à avoir beaucoup de gain vertical dans ton entraînement, reconnaît Jim Walmsley. C’est comme avoir un entraînement de force tout au long de l’année. Cela m’a permis de me sentir vraiment fort cette année. »

Mais on ne s’invente pas skieur du jour au lendemain, et là encore, Jim Walmsley a dû s’armer de patience. Même s’il est aussi rapide que ses camarades de jeu en montée, en descente, c’est une uatre histoire. « Je suis nul en ski, donc ça a été un gros test de patience, faire attention à ne pas trop me dépasser. Mais j’ai aussi pu constater une amélioration continue, ce qui est vraiment gratifiant. »

Savoir gérer son équipement

L’aspect préparation du matériel est une autre façon dont le ski-alpinisme peut être bénéfique aux courses en montagne l’été. Le temps peut changer rapidement, et l’UTMB dispose d’une longue liste d’équipements obligatoires qui comprend, entre autres, plusieurs vestes, pantalons de pluie et bâtons de randonnée, à adapter en fonction de la météo. Savoir se servir des bâtons est essentiel pour parcourir efficacement les terrains techniques de montagne, et un hiver à skis est parfait pour améliorer cette pratique.

Le ski a également permis à Jim Walmsley de s’entraîner à emballer et à superposer les vêtements nécessaires pour rester à l’aise dans un environnement montagneux pouvant évoluer rapidement. Lui qui avait terriblement souffert du froid en 2018 en sait quelque chose. « Le skimo rend définitivement la course à pied beaucoup moins compliquée, même avec tout l’équipement, le sac à dos et la logistique obligatoires », admet-il aujourd’hui.

La victoire à Chamonix, enfin

La suite, on la connaît. Après un mano a mano avec Zach Miller, et une petite frayeur du côté de Champex-Lac, lorsqu’il a été rattrapé par Germain Grangier, Jim Walmsley a su puiser dans ses forces physiques et mentales pour enfin s’imposer à Chamonix. Le dernier ravitaillement à Vallorcine, managé par son ami François D’Haene, et la joie de la foule dans les rues de Chamonix, témoigne de l’attachement du public pour ce coureur hors norme, qui a tout sacrifié pour suivre son rêve.

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Au ravitaillement de Vallorcine, l’accolade entre Francois D’Haene et Jim Walmsley, qui vole vers sa première victoire.

Cap sur 2024

Le 30 septembre, un mois après sa victoire à Chamonix, Jim Walmsley a remporté le 115 km du Nice Côte d’Azur by UTMB, devant le « Beaufortain’s Boy » Simon Gosselin. Il a ainsi obtenu un Golden Ticket qui lui garantit sa qualification pour la Western States Endurance Run 2024. Une course mythique dans la Sierra Nevada, en Californie, considérée par beaucoup comme fondatrice de l’ultra-trail. Jim Walmsley l’a courue 4 fois, l’a gagnée 3, en 2018, 2019 et 2021, et en détient le record en 14h 09mn 28s (2019).

L’UTMB et la Western States 100 sont sans doute les deux courses de trail de 100 miles les plus compétitives du monde, et Jim Walmsley fait désormais partie d’un groupe très restreint de quatre coureurs à avoir remporté les deux. Côté masculin, seul Kilian Jornet a réussi cet exploit, en s’imposant une fois sur la WSER en 2011 et quatre fois sur l’UTMB (2008, 2009, 2011 et 2022). Côté féminin, Nikki Kimball détient trois victoires sur la WSER (2004, 2006 et 2007) et une sur l’UTMB (2007), tandis que Courtney Dauwalter s’est imposée deux fois sur la WSER (2018 et 2023) et trois fois sur l’UTMB (2019, 2021 et 2023).

Parmi ces quatre champions, seul Jim Walmsley n’a pas réussi le doublé WSER-UTMB la même année. Kimball l’a fait en 2007, Jornet en 2011, Dauwalter en 2023. Il n’en fallait pas plus pour motiver l’Américain à relever un nouveau défi et entrer dans l’ultra-légende.

Retour aux États-Unis

Après deux années consacrées uniquement à s’entraîner pour remporter l’UTMB, Jim Walmsley retourne aux États-Unis cet hiver pour s’entraîner chez lui, à Flagstaff, en Arizona. Il prévoit toujours de passer du temps sur les skis mais souhaite se concentrer sur la course à pied dès janvier, afin de préparer la Transgrancanaria en février. Bon nombre des connaissances qu’il a acquises en Europe seront utiles pour ses futures courses, reconnaît-il. Dont deux des points les plus importants, l’organisation et l’efficacité.

« Si vous énumérez les trois gars qui ont remporté la plupart des courses au cours des 15 dernières années – François [D’Haene], Xavier [Thévenard] et Kilian [Jornet] – je pense qu’une chose qu’ils ont tous en commun est une très grande une grande attention aux détails. J’ai travaillé sur cet aspect pour affiner mon propre système. Je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur système, mais c’est un système que j’ai commencé à utiliser tous les jours, jour après jour, et avec lequel je suis devenu vraiment à l’aise. »

Un autre élément qu’il a rapporté de ses deux années en France est la camaraderie qu’il a bâtie à Arêches. Le partenaire d’entraînement de Walmsley, Simon Gosselin, qui a terminé deuxième à Nice Côte d’Azur et a également décroché un Golden Ticket pour Western States, le rejoindra aux États-Unis. Walmsley se souvient avoir dit à Gosselin : « Vous devriez venir à Flagstaff. Nous ferons de nombreuses séances de sauna et courrons dans le Grand Canyon et vous pourrez vivre l’expérience complète. » L’élève d’Arêches deviendra alors le professeur, et Jim se fera un plaisir de montrer à son ami français les subtilités de la préparation à un ultra américain.

Nice Cote d'Azur - Jim Walmsley et Simon Gosselin Photo UTMB Press 2023
Jim Walmsley et Simon Gosselin à l’arrivée du Nice Côte d’Azur by UTMB. Photo UTMB Press 2023

Western States – UTMB : le grand écart

« En pensant à la Western States de l’année prochaine, je me rends compte à quel point les deux courses sont différentes, admet Jim Walmsley. En expliquant certaines de ces choses à Simon, le fait qu’il n’a pas d’expérience là-bas et me dise : ‘Woah, c’est fou !’ me fait réaliser tout cela. Par exemple, parler de glace, ou de refroidissement. Ou le fait qu’il ne savait pas que les bâtons n’étaient pas autorisés. »

Les différences entre la Western States, qui se court en 14h et quelque pour les plus rapides, et l’UTMB, qui se court en 20 heures, mettent en évidence la complexité de s’entraîner pour les deux la même année. Mais l’Américain est un coureur qui aime les défis, et il aborde celui-ci avec des attentes mesurées. « Le rêve serait de gagner les deux. Mais les deux courses sont les deux 100 miles les plus compétitifs au monde. Il sera toujours intéressant d’y retourner. Ni l’un ni l’autre n’est donné. »

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