Anne-Lise Rousset, championne de France de trail long 2023, est impressionnante : record féminin du GR20 en Corse en juin 2022, 2ème de la Diagonale des Fous quelques mois plus tard, 2ème de la Hardrock en juillet 2023, 2ème du MIUT 115 en avril de cette année, depuis 4 ans, quand elle prend le départ d’une course, elle finit invariablement sur le podium. Cet été, elle relève un nouveau défi en s’attaquant à son premier UTMB. Rencontre avec cette championne du team Scott, avant tout vétérinaire et maman, qui vit à fond et sans pression.

En avril, tu as terminé 2ème du MIUT (115 km et 6850 mD+) à Madère, une course que tu as décrite comme brutale, et où l’on t’a vu perdre ton légendaire sourire. Raconte-nous…

Anne-Lise Rousset : Disons que ce n’était pas ce à quoi je m’attendais. Cette course m’a marquée car j’ai pris zéro plaisir. Quand on pense Madère, on pense plutôt soleil, mais là, les conditions étaient vraiment difficiles. Faire 40 bornes sous la pluie, ça passe, mais tout un ultra c’était moins rigolo. J’étais complètement à l’ouest, mais il fallait finir. Cela a été compliqué, loin de l’objectif chrono qu’on s’était fixés. C’est toujours déroutant quand on voit tout ce qu’on fait pour s’entraîner et que cela se passe comme ça. Mais cela fait aussi partie du jeu…

Ton gros objectif de l’année, c’est l’UTMB. Tu as déjà gagné la CCC en 2014, et fait 4ème en 2018. Qu’est-ce qui t’a donné envie de revenir à Chamonix ?

A-L R : L’UTMB, c’est le graal de tout coureur, la grosse référence en matière d’ultra. Quand on a la chance de pouvoir courir ces distances-là, faire le tour du mont Blanc, c’est un objectif qu’on a envie de cocher dans sa vie. Cette année, c’était pour moi le moment d’y aller.

À quoi t’attends-tu sur ce sommet mondial du trail ?

A-L R : J’en ai discuté avec Adri (Adrien Séguret, son mari, coach et sélectionneur de l’équipe de France de trail, NDLR), car je ne suis pas vraiment à guetter les start-list. C’est important pour moi de ne pas m’en préoccuper mais bon, je ne suis pas naïve, je sais un peu qui s’y alignera. Je pense qu’en termes de densité chez les femmes, il y a rarement eu autant de filles qui peuvent être très proches et espérer faire de bons chronos. Même s’il n’y aura pas Courtney, cela promet d’être très chouette !

Quel sera ton objectif ?

A-L R : Faire du mieux que je peux ! (Rires.) Après, la place, on verra… La concurrence sera rude. Il y a des filles très costaudes et c’est une course complexe. C’est moins technique que la Corse, qu’une Diagonale des Fous ou même que Madère, mais pas forcément plus facile. Le parcours demande beaucoup de qualités. Il y a des grosses côtes cassantes qui font mal, mais aussi du plat, et il faut pouvoir avancer.

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Lors de la Hardrock 2023. Photo Cyrille Quintard

En battant le record du GR 20 en Corse en 2022 (35h50 pour 170 km et 13 000m D+, NDRL) moins d’un an après la naissance de ton petit garçon, tu as épaté tout le monde. Comment analyses-tu cet exploit ?

A-L R : Je ne sais pas vraiment car je ne me rends pas compte. Ce que je sais c’est que la Corse, c’était l’aventure de ma vie. Je ne sais pas si je serai capable de refaire un truc pareil aujourd’hui. C’était tellement chouette, même si cela a aussi été une énorme préparation axée sur cet objectif. Forcément si Courtney s’aligne dessus, elle va dégommer ce chrono mais je suis contente d’avoir réussi à faire ça. Et oui, c’était culotté de le faire 11 mois après la naissance de Faustin, mais cela nous a réussi.

Au fait, comment est né ce défi sur le GR20 ?

A-L R : Nous avons eu un coup de cœur pour le parcours en faisant ce sentier en vacances sur 4 jours, et Adrien a eu l’idée d’un projet off. Cela me paraissait tout simplement impossible de faire 170 bornes non stop mais j’avais envie d’essayer. En même temps, on avait aussi le projet d’avoir un enfant. Le calendrier était incertain, on va dire…

Depuis ce record, tu as pris goût aux 100 miles, avec une 2ème place sur la Diagonale des Fous dans la foulée, et une nouvelle 2ème place sur Hardrock 100 en 2023… Qu’en as-tu retiré ?

A-L R : La Diag’, c’était un peu un pêché de gourmandise car je n’avais pas récupéré suffisamment du GR20. Je ne l’ai pas bien vécue car j’étais cramée, pas vraiment certaine de prendre le départ. Finalement, on y est allés mais cela a été complexe. La Hardrock, ça a été une belle aventure où j’ai appris des choses. Un ultra est toujours une expérience car on ne peut pas le reproduire à l’entraînement et c’est dans l’instant de l’effort que l’on apprend, et c’est assez magique. 

Depuis la naissance de ton fils en juillet 2021, rien ne semble te résister. Dirais-tu qu’être maman t’a rendue plus forte, plus endurante ?

A-L R : Difficile de répondre à cette question… D’un point de vue physique, je pense que j’ai passé un cap grâce à ma grossesse. Enceinte, j’ai pu garder beaucoup d’entraînement et faire du renforcement tout en prenant mon poids normalement. Mine de rien, la force que j’ai acquise à ce moment-là m’a énormément servi pour la suite. On va dire qu’à un an post-partum, c’était le top. Depuis j’ai perdu en force. Donc oui, physiquement, être maman m’a donné un plus, et cela donne aussi bien sûr des ailes, mais à côté de cela, mentalement, c’est à double tranchant car je culpabilise de plus en plus de laisser mon fils pendant mes longs entraînements.

Photo Cyrille Quintard
Photo Cyrille Quintard

D’autant qu’en plus d’être maman, tu es aussi vétérinaire à plein temps, un travail très prenant…

A-L R : Oui, comme j’aime bien les défis un peu compliqués (Rires.), je me suis associée l’année où j’ai eu Faustin car j’ai eu une opportunité et je ne pouvais pas rater le coche. Du coup, je travaille à plein temps comme mes collèges associés, avec des astreintes, une garde fixe toutes les semaines et certains week-ends. C’est chargé, il n’y a pas de place pour l’imprévu, mais cela se fait.

Comment organises-tu ton entraînement ?

A-L R : Je m’entraîne entre midi et deux en semaine, en y mettant la qualité pour optimiser ce petit créneau. Je double souvent le soir avec de la musculation, on a un espace aménagé à la maison pour gagner du temps. Ensuite, je profite des mercredis où je ne travaille pas et des week-ends pour faire mes sorties longues. En semaine, je ne touche pas terre, mais je me ménage des coupures, sans quoi je ne tiendrais pas. J’ai coupé 15 jours après le MIUT, j’en avais besoin. L’hiver, je coupe 3 semaines. Je prends ce temps et je ne mets pas des objectifs tous les week-ends non plus car au quotidien, la récupération est assez brève.

Le fait d’avoir un mari entraîneur et sélectionneur de l’équipe de France de trail, c’est une force ou c’est une source de pression ?

A-L R : Disons qu’en fait, je ne l’envisage tout simplement pas autrement. C’est grâce à Adri que je fais tout ça. C’est lui qui m’a fait découvrir ce sport, qui m’a permis de faire tout ce que j’ai pu faire aujourd’hui, donc pour moi, il est indissociable de ma pratique. Je pense aussi qu’il n’y a que lui qui soit capable de m’entraîner vu mes contraintes professionnelles et familiales, et c’est aussi grâce à lui que je peux tout concilier.

Est-il plus exigeant avec toi qu’avec d’autres athlètes ?

A-L R : Clairement, oui il est exigeant ! Pas forcément plus envers moi qu’avec d’autres, mais disons qu’il a de fortes attentes. Et moi aussi d’ailleurs. Au MIUT, ma plus grosse déception, ce n’est pas forcément de ne pas avoir profité mais d’avoir peur de le décevoir, parce que j’ai toujours envie de faire du mieux que je peux pour lui aussi. Pour l’UTMB c’est pareil, j’ai envie de faire une belle perf aussi pour lui.

Anne-Lise Rousset et son mari Adrien Séguret
Anne-Lise Rousset en détresse avec son mari Adrien Séguret lors du MIUT 2024. Photo DR

Quel est ton point fort ?

A-L R : Difficile de répondre… C’est peut-être un paradoxe car d’un côté, j’aime le très technique qui n’avance pas, les passages où il faut mettre les mains et grimper, et d’un autre côté, j’aime courir aussi et je suis un peu frustrée quand on arrive à 120 km et que cela n’avance plus…

La polyvalence, en quelque sorte ! Ça tombe bien, c’est une qualité requise pour briller sur l’UTMB ! Et ton point faible alors ?

A-L R : Ce qui me manque, c’est ce que j’avais acquis pendant ma grossesse : la puissance sur les longues montées. C’était d’ailleurs assez marqué sur la Hardrock l’an dernier : sur du très technique, très raide, cela allait très bien, par contre quand la pente est à 10-15% et qu’il faut courir longtemps en côte, je suis une quiche. Et pourtant, bizarrement, j’ai beaucoup de cela dans mes entraînements… D’ailleurs, Adrien vient de me dire que j’allais recevoir un cadeau à la clinique : un gilet lesté de 10 kilos. J’ai hâte ! (Rire jaune.)

Passer « pro » en tant qu’athlète de haut niveau, tu y penses ?

A-L R : Non parce que j’ai besoin de mes « trois vies », c’est mon équilibre. Courir pour courir et n’avoir que ce graal-là, ce n’est pas ce que j’envisage. D’abord parce que j’aime mon travail et que cela fait relativiser les choses. La course se passe bien, tant mieux, mais si cela n’était plus le cas, ce ne serait pas grave. Quand tout se concentre sur la course et que cela devient une source de rémunération, la pression n’est pas la même, l’impact n’est pas le même. Clairement, je n’ai pas envie de ça.

Revenons-en au commencement. Comment t’es-tu mise à courir ?

A-L R : J’ai fait mon premier trail en 2010 et on va dire que ma vraie première saison, c’était en 2013. Plus jeune, j’avais fait de l’athlé au collège-lycée en UNSS, j’aimais bien courir sans pour autant vouloir me mettre en club. Plus tard, en rentrant à l’école vétérinaire, j’ai découvert le raid aventure et ai rencontré Adrien, qui en faisait pas mal en Occitanie. C’est comme ça que, de fil en aiguille, j’ai découvert le trail et la montagne.

Aujourd’hui, entre trail court et trail long, ton cœur balance ?

A-L R : C’est sûr qu’avec mon travail et ma vie de famille, du format un poil plus court serait plus adapté. 80 à 100 km, c’est peut-être là que je serai le mieux. D’un côté, plus j’avance, plus je vieillis, plus j’ai du mal à me dire que je ferai ça longtemps. Et d’un autre côté, j’ai encore envie d’en profiter quelques années, de cocher de belles courses, de voir ce que cela donne sur du long avant de lever le pied.

A part l’UTMB, y a-t-il un autre 100 miles te fait rêver ?

A-L R : J’aimerais bien refaire une belle Diagonale des Fous, comme il faut !

Cet article est paru dans le magazine Esprit Trail N°138. Vous pouvez vous le procurer en version papier ou numérique ICI

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4ème l’année dernière à Sierre-Zinal, meilleur performeur français sur cette mythique épreuve suisse, Sylvain Cachard est de retour sur la 5ème manche de la Golden Trail Series après un début d’année entaché d’une blessure. Sera-t-il capable de se battre pour la victoire cette année ? Nous lui avons posé la question.

Sylvain, à quelques jours de Sierre-Zinal, comment te sens-tu ?

Sylvain Cachard : Je me sens bien ! Depuis trois ou quatre semaines j’arrive à faire ce que je veux à l’entraînement. Donc c’est déjà une bonne chose. Après, il restera à être prêt mentalement sur la fin. Mais ça, je sais que ça va monter avec l’affûtage et quand je vais monter en forme la semaine prochaine.

Après avoir fini 4ème l’année dernière, quel est ton objectif cette année ?

SC : Franchement, sur des courses de ce format, qui sont longues pour moi, il peut se passer plein de choses, y avoir plein de rebondissements. Du coup, mes objectifs sont plutôt personnels, sur le chrono, plutôt qu’un classement. J’ai avant tout envie de faire une course pleine. L’année dernière je n’étais pas satisfait de ma montée, j’avais vraiment des sensations pourries, je ne me sentais pas bien. Ça s’est vu sur le chrono à Chandolin après la bosse.

Donc cette année, j’espère faire mieux sur cette partie-là et conserver une consistance sur toute la course. J’ai fait ce qu’il fallait à l’entraînement pour être moins bridé. Je sais que je suis bon ensuite sur le faux-plat donc j’espère ne pas être trop loin après la montée pour pouvoir m’amuser avec les gars de devant ensuite.

Lire aussi l’article Record français de Sylvain Cachard à Sierre-Zinal : comment a-t-il fait ?

Est-ce que dans ta préparation il y a une séance particulière qui t’a marqué ?

SC : Non, pas vraiment. Je ne suis pas vraiment un gars qui charge à l’entraînement. Je pense que la course de la Montée du Nid d’Aigle était une belle séance il y a quelques jours. C’était quand même 1h50 d’effort et je suis très satisfait des sensations que j’ai eues, même si je me suis senti un peu limite sur la durée. Mais c’est normal à ce moment de la préparation. De manière générale, je ne suis pas quelqu’un qui va faire des grosses séances du style « KV + 10 km » pour faire des clics sur les réseaux. Moi, les clics, je préfère les faire le jour de la course ! J’ai besoin du piment des compétitions pour aller chercher quelque chose de bien.

As-tu suivi la Golden Trail Series cette année ? Tu penses quoi du niveau ?

SC : Je pense que depuis deux ou trois ans c’est la référence dans le milieu du trail. Il y a quasiment tous les athlètes de référence et moi ça me motive énormément à l’entraînement. Le niveau est souvent très proche de celui de la course parfaite, tout le monde est là et c’est ça que je recherche. J’aurais adoré faire le Marathon du Mont-Blanc pour cette raison. C’est ça qui me pousse à m’aligner sur les courses. Je pense aussi que c’est une belle vitrine pour notre sport.

Qui t’impressionne le plus depuis le début de la saison ?

SC : Je ne suis pas quelqu’un qui est impressionné. Mais voilà, je pense que Rémi (Bonnet) est encore vraiment costaud cette année. En tant qu’athlète on se rend compte du travail qu’il y a derrière pour être à ce niveau, pour être toujours présent depuis toutes ces années. J’aime voir la passion qu’il a pour la discipline, son talent aussi. Il y a Patrick (Kipngeno) qui est aussi très costaud cette année. Philemon (Kiriago), je l’ai affronté il y a dix jours et je l’ai trouvé un cran en-dessous mais j’aime aussi voir ces mecs qui ont été au top et qui continuent à se donner à 100 %, même si ça ne va pas. En tout cas, j’ai hâte de les affronter, je suis comme un gamin là.

Si tu te regardes dans le miroir, en toute honnêteté, est-ce que tu penses que tu as une chance de gagner la course ?

SC : Non, je ne pense pas. C’est compliqué de répondre à ça… Il y a des courses où je peux me le dire, mais là je pense que ce n’est pas possible. Mon gabarit m’handicape beaucoup, je fais 1m91, 72 kg, il faut réussir à monter tout ça en haut. Après, je rattrape mon retard sur la partie roulante, j’ai prouvé l’année dernière que j’étais l’un des meilleurs, mais je ne pense pas que ça suffira pour gagner. C’est un rêve évidemment, mais je prends cette course plus comme un contre-la-montre que comme une course au classement. Malgré tout, je vais donner mon maximum et ça sourira peut-être un jour.

Si ce n’est pas toi, qui va gagner selon toi ?

SC : C’est compliqué à dire. Moi j’aimerais juste que Rémi (Bonnet) remporte la course, il le mérite. Ça a été dur de le voir comme ça l’année dernière, j’étais triste pour lui quand je l’ai rattrapé. (Rémi Bonnet était souffrant et n’a pas pu se battre avec les meilleurs, NDLR.) Il n’a pas eu de chance et je sais ce qu’il vaut. Patrick n’a jamais gagné non plus et il le mérite aussi, mais voilà, moi, j’aimerais bien que ça soit Rémi !

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Lors de la présentation de la nouvelle gamme endurance de son partenaire Tailwind Nutrition – la Dauwaltermelon with Lime –, l’Américaine Courtney Dauwalter, double gagnante de l’UTMB (2021-2023) connue pour manger pizzas, burgers et bonbons à gogo, a évoqué la façon dont son alimentation en course a évolué au fil du temps et est devenue bien plus minutieuse qu’il n’y paraît. Et lui a permis, malgré des difficultés, de remporter une fois de plus la Hardrock, record féminin battu.

Les débuts hasardeux de Courtney Dauwalter

“Quand je me suis lancée dans l’ultrarunning, en 2011, je n’avais aucun plan nutritionnel. Je ne savais pas ce que je faisais. Je me souviens être arrivée sur un ravitaillement lors de ma première course, un 50 km, et avoir été époustouflée par le buffet proposé. Tout était tentant, et c’est là que j’ai commencé à remplir mes poches de bonbons. Au cours de ces premières années, j’ai beaucoup imité ce que faisaient les gens autour de moi. Si quelqu’un arrivait au ravito et mangeait des cornichons, je mangeais des cornichons. Si c’était des bretzels et du fromage, je mangeais des bretzels et du fromage. Je ne me posais jamais la question de savoir si ça marcherait ou pas pour moi. C’était une sorte de roulette russe.

Ensuite, en 2017, j’ai participé au Run Rabbit Run 100, une course de 100 miles dans le Colorado, et j’ai testé les produits de la marque Tailwind qui étaient disponibles sur les ravitaillements. Je me souviens les avoir adorés et ne plus avoir eu tous les problèmes d’estomac et les baisses d’énergie que j’avais souvent. C’est là que j’ai compris la différence entre essayer un peu tout et n’importe quoi et avoir quelque chose de fiable.”

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Photo Tailwind Nutrition

Le temps des premiers plans nutritionnels de Courtney Dauwalter

“C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à établir des plans de nutrition en course pour des efforts de 10 à 24 heures. Mais je ne suis pas du genre à faire biper ma montre pour me rappeler de manger, et je ne veux pas m’obliger à m’alimenter toutes les 15 ou 30 minutes pendant une course. Je préfère consommer lentement les calories que j’ai aussi souvent que possible. En gros, je fais un « concours d’alimentation en mouvement ». (Rires.)

Avec l’expérience, je sais aujourd’hui que mon corps fonctionne plutôt bien avec environ 200 calories par heure pendant ces efforts. Ainsi, en fonction de la distance entre les postes de ravitaillement, je me base sur une ou deux flasques de boisson Tailwind, que je complète avec des barres, des gaufres ou des gels, car j’ai généralement une sensation de faim et avoir quelque chose de solide m’aide, toujours en visant cette référence de 200 calories à l’heure.”

Courtney Dauwalter et la stratégie des plans B, C ou D

“Parfois, le plan nutritionnel parfait ne fonctionne pas, je l’ai déjà expérimenté, surtout l’an dernier lors de l’UTMB. C’est pourquoi ces dernières années j’ai travaillé avec un ami nutritionniste pour imaginer des plans B, C ou D… Le principe est de savoir quels éléments vous pouvez remplacer pendant une course en fonction de vos besoins. Un plan est un puzzle, et parfois les pièces s’intègrent là où nous le souhaitons, parfois il faut changer un peu les choses. C’est d’ailleurs une partie très intéressante des courses d’ultra : être capable, lorsque les choses ne se passent pas comme prévu, de résoudre les problèmes.

La Hardrock est un bon exemple, avec les effets de l’altitude. Lors de mes dernières participations, j’ai eu un peu de mal à m’alimenter correctement. J’aimerais essayer d’entraîner mon estomac à mieux absorber les calories tout en poussant fort à 3500 ou 4000 mètres d’altitude, juste pour voir si je peux être plus performante. “

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Photo Tailwind Nutrition

Liberté et plaisir, les clés de nutrition de Courtney Dauwalter

“Avant et après les courses, je mange mes plats préférés chaque fois que j’en ai envie, en quantités raisonnables, et je n’ai pas l’intention de changer ça car cela me procure simplement beaucoup de plaisir. Je suppose que c’est en partie dû à mon éducation, et aussi à la façon dont Kevin (son compagnon, NDLR) et moi souhaitons profiter pleinement de la vie, aller au restaurant et ne pas nous soucier de ce que nous mangeons. Cependant j’avoue qu’au cours des deux dernières années, je prends plus systématiquement une boisson de récupération après une longue course ou après des efforts intenses. C’est une chose avec laquelle j’étais un peu plus laxiste au départ, que j’ai corrigée depuis et dont je ressens les effets positifs.”

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Courtney Dauwalter lors de la Western States Endurance Run 2023. Photo DR
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Gênée par une blessure depuis plusieurs mois, Maude Mathys s’interroge quant à la suite à donner à sa saison. L’actuelle 2ème au classement général de la Golden Trail World Series se demande en effet s’il ne serait pas préférable d’arrêter la compétition afin de complètement récupérer, et ce, malgré une belle victoire en début d’année sur le Kobe Trail au Japon. À quelques jours de la classique Sierre-Zinal du 10 août, dont elle détient le record féminin depuis 2019 et qui pourrait être sa dernière course de 2024, Mickael Mussard l’a rencontrée.

Maude, comment vas-tu depuis le Marathon du Mont-Blanc, où tu as terminé 7ème féminine ?

Maude Mathys : Psychologiquement, ça va beaucoup mieux ! J’ai pu déconnecter un peu en allant en vacances au Québec avec ma famille, ça m’a permis de réfléchir un peu pour la suite. J’ai pu faire autre chose aussi, j’ai arrêté de ne penser qu’au sport et je me suis reposée. Physiquement, en revanche, j’ai toujours cette douleur à l’ischio qui me gêne. Elle est moins présente, mais si je suis sur de grosses intensités, elle m’embête vraiment. J’ai même parfois l’impression qu’elle s’aggrave au-delà d’une heure de course. Donc ce n’est pas l’idéal et ça joue sur ma motivation.

Je commence à en avoir assez de ne pas pouvoir m’entraîner comme je veux. Ma forme ne fait que baisser, c’est de plus en plus dur d’accrocher des podiums sur les courses. Je commence d’ailleurs à me poser des questions sur ma saison. Je ne sais pas si je vais continuer la Golden Trail Series… Est-ce que ça en vaut la peine ? Est-ce que ça ne serait pas mieux de m’arrêter pour vraiment me remettre de ma blessure ? Je ne sais pas…

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Maude Mathys lors de sa première victoire de la saison de la Golden Trail World Series 2024, sur le Kobe Trail, au Japon. Photo Colin Olivero

Quel bilan tires-tu de ta saison jusque-là ?

M.M. : Le bilan est plutôt négatif… C’est vrai qu’en début de saison la forme était là, étonnement. Mais depuis, c’est un peu la catastrophe, entre les championnats d’Europe où je passe complètement à côté et le Marathon du Mont-Blanc où je n’arrive pas non plus à faire une bonne course…

Que s’est-il passé exactement au Marathon du Mont-Blanc ?

M.M. : Déjà, je n’avais pas envie de courir cette course. Je ne me sentais pas au top à cause de ma blessure, on était la veille de nos vacances avec la famille et j’avais déjà la tête dans les bagages et le départ. Je savais que je n’avais pas fait le volume pour performer, j’étais juste là pour limiter la casse au classement général de la Golden Trail Series.

J’ai eu très vite envie d’abandonner. Heureusement, ce n’est pas parti vite, c’est ce qui m’a permis de suivre jusqu’à la mi-course. Ensuite, je pense que j’ai mal géré ma nutrition et mon hydratation parce que j’ai très peu bu et j’ai manqué d’énergie sur la fin. Mais c’est surtout le manque d’entraînement qui s’est fait sentir.

Tu obtiens malgré tout une belle 7ème place… Au vu de ton état de forme, c’est quand même satisfaisant ou cela reste une déception ?

M.M. : Au final, ça reste assez cool de voir que je peux quand même accrocher un top 10 dans ces conditions, c’est valorisant. Mais j’ai l’habitude de jouer le podium et là, je dois accepter d’être hors du coup, c’est difficile pour moi. Ça prouve l’importance de l’entraînement, que l’on ne peut pas être devant si la préparation ne suit pas. Je ne peux pas me reposer sur mes lauriers en me disant que ce n’est pas grave si je cours moins.

Malgré tous ces pépins, tu es deuxième au classement général de la Golden avec 3 courses à ton actif. Estimes-tu devoir quand même revoir tes objectifs à la baisse pour la fin de saison ?

M.M. : C’est vrai que j’ai un bon classement, même si je pense que Judith (Wyder), Sophia (Laukli) et Madalina (Florea) finiront devant moi quand elles auront couru toutes leurs courses (le classement qualificatif pour la finale qui se disputera fin octobre à Locarno est effectué au cumul des 4 meilleurs résultats sur les 8 courses de la saison, NDLR). Je pense que le top 5 peut être un objectif pour la fin de saison.

C’est sûr que ce n’est pas agréable de devoir revoir les objectifs à la baisse mais il faut être réaliste… Je ne sais même pas si j’irai jusqu’au bout. En fonction de comment ça se passe à Zinal, je verrai si le top 5 reste quelque chose de faisable ou si j’abandonne complètement pour me laisser du temps en ne restant éventuellement que sur des courses locales.

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Maude Mathys à Kobe, Japon. Photo Justin Galant

Qu’est-ce qui va te décider ? Uniquement le résultat de Sierre-Zinal ?

M.M. : Je vais devoir peser le pour et le contre. Est-ce que je privilégie ma santé ? La notoriété d’un top 5 sur la GTWS ? Il y a le côté financier aussi, parce qu’il faut l’avouer, finir dans le top 5, même dans le top 10, ça rapporte une belle somme d’argent, sans compter les primes de courses.

Concrètement, que peux-tu espérer pour Sierre-Zinal ?

M.M. : En l’état actuel des choses, je sais juste que je ne suis pas à 100 %. Je pense que je peux courir en 3h10, peut-être 3h05, ce qui devrait m’amener dans le top 10, mais pas beaucoup mieux. La douleur change tout le temps, parfois c’est en montée, parfois c’est sur les parties roulantes, je ne sais donc pas trop à quoi m’attendre.

Qui est la fille qui te fait le plus peur sur le circuit ?

M.M. : Je pense que Judith (Wyder) va monter crescendo alors qu’elle est déjà très forte. Madalina (Florea) n’est pas encore à son meilleur niveau selon moi, j’ai l’impression qu’elle va aussi monter en forme, sauf si elle fait une rechute après sa mononucléose. Il faudra ensuite surveiller Sophia (Laukli), même si je pense qu’elle sera un peu en retrait par rapport aux deux autres.

Et quand est-ce qu’on pourra revoir Maude Mathys au top de sa forme ?

M.M. : C’est une bonne question ! J’avais dit à la fin de l’été, mais là, on y est presque et ça ne sera clairement pas le cas… Je ne sais même pas si j’arriverai à revenir un jour. C’est frustrant parce que j’ai dominé la discipline pendant plusieurs années, mais peut-être que j’ai trop tiré sur la corde. Peut-être que j’ai vieilli tout simplement… Ça m’énerve parce que je n’arrive pas vraiment à comprendre… J’espère quand même revenir à mon meilleur niveau pour être capable de jouer contre Judith, Madalina et Sophia !

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Si la périodisation linéaire est un modèle d’entraînement classique offrant un cadre structuré et facile à suivre, les coureurs confirmés iront plutôt vers la périodisation par blocs, moins rigide, autorisant plus de souplesse et d’adaptations en cours de saison. On vous explique les principes.

Les principes de la périodisation par blocs

Lancée dans les années 60 par le Dr Yuri Verkhoshansky, un scientifique du sport et entraîneur russe connu pour son travail novateur dans le domaine des méthodologies d’entraînement sportif, la méthode de périodisation par blocs s’est imposée comme un modèle d’entraînement alternatif efficace et a gagné du terrain parmi les coureurs confirmés recherchant une plus grande flexibilité et un entraînement ciblé. Et ce d’autant plus que certains athlètes (probablement la plupart) ne réagissent pas bien à un entraînement linéaire, et que l’approche par étapes est plus indiquée pour un individu sujet aux blessures.

Cette approche, effectuée de préférence avec l’aide d’un coach capable d’analyser les résultats et d’ajuster les variables, se caractérise par l’organisation des plans d’entraînement en blocs plus courts et ciblés qui permettent aux coureurs d’atteindre leur pic de performance pour plusieurs événements au cours d’une année.

Les avantages de la périodisation par blocs

Contrairement au modèle linéaire traditionnel, la périodisation par blocs autorise des ajustements et des variations plus fréquents au sein des blocs, améliorant ainsi sa polyvalence en tant qu’outil d’entraînement. Attention cependant, il ne faut pas croire qu’en s’entraînant sur un laps de temps court on puisse avoir des bénéfices dans tous les domaines. Dans son livre fondateur Supertraining, le Dr Verkhoshansky affirme au contraire que l’entraînement simultané de différents paramètres physiologiques, tels que le VO2max, le seuil de lactate et l’endurance au cours de la même semaine, risque de ne pas stresser suffisamment un domaine physiologique particulier pour induire des adaptations optimales. Par conséquent, cette approche s’adresse plus particulièrement à des athlètes expérimentés avec plusieurs années d’entraînement constant et des bases solides.

La périodisation par blocs leur permettra de soumettre un système physiologique spécifique à un stress important, puis de permettre une récupération adéquate, favorisant ainsi des adaptations robustes et durables. En personnalisant ces blocs pour cibler des adaptations physiologiques spécifiques, les coureurs confirmés peuvent répondre efficacement à leurs besoins individuels et se concentrer sur les aspects physiologiques essentiels pour répondre aux exigences spécifiques de leurs épreuves cibles.

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Photo Cimalp / FOCUS-OUTDOOR

Périodisation par blocs : le bon dosage

Dans un modèle de périodisation par blocs, un coureur peut commencer un bloc d’entraînement axé sur l’amélioration de la capacité aérobie. Au cours de cette phase, il pourrait effectuer des séances d’entraînement par intervalles de haute intensité ciblant le VO2max, telles que des répétitions ou des intervalles de trois à cinq minutes, répétées trois à quatre fois pendant deux à trois séances d’entraînement par semaine.

Par la suite, un bloc mettant l’accent sur le travail de seuil pourra inclure des intervalles de seuil de lactate plus longs, allant de 8 à 15 minutes, répétés deux à trois fois par semaine.

Les entraînements les plus difficiles seront programmés au début du bloc d’entraînement, lorsque le coureur est frais et capable de gérer ses efforts les plus durs. Au fur et à mesure que le bloc progresse, le coureur va accumuler la fatigue. Pour en tenir compte, les répétitions ou la durée des intervalles peuvent diminuer afin que le coureur ne fasse pas ses entraînements les plus durs au moment où il est le plus fatigué, ce qui permet de minimiser les risques de blessures.

Vers la fin du bloc, des signes de baisse de performance dus à la fatigue accumulée peuvent devenir évidents dans les données d’entraînement. À ce stade, le coureur passe à une phase de récupération ou de « décharge », où le volume et l’intensité de l’entraînement sont réduits pour permettre un repos et une récupération adéquats. (C’est une des raisons pour lesquelles les coachs insistent sur le fait que la récupération fait pleinement partie de l’entraînement et est essentielle à la progression.) Cette phase de quatre à sept jours permet au corps de surcompenser, ce qui signifie qu’il reconstruit et renforce ses compétences, conduisant à une amélioration des performances lors des blocs d’entraînement suivants.

D’une certaine manière, il s’agit d’une oscillation au-dessus (surcharge) ou en dessous (décharge de ce qu’un athlète peut accomplir de manière réaliste à l’entraînement. Atteindre des surcharges plus importantes est l’objectif des athlètes performants, mais surveiller leur fatigue est essentiel pour éviter le surentraînement. Cette approche ne convient donc pas aux coureurs débutants dépourvus de conseils professionnels. Une évaluation et une gestion appropriées de la fatigue sont essentielles pour minimiser le risque de blessure.

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Photo Cimalp / FOCUS-OUTDOOR

Périodisation par blocs modifiée et ultra-trail

La périodisation par blocs modifiée est une approche de la périodisation imaginée pour répondre aux besoins spécifiques des coureurs d’ultra-trail possédant plusieurs années d’expérience en entraînement et que l’on peut considérer comme athlètes confirmés. En s’inspirant des concepts de « périodisation inversée », ce modèle de périodisation par blocs modifiée consiste à démarrer tôt la saison d’entraînement avec des efforts de plus forte intensité, puis de passer progressivement à des séances plus longues et de moindre intensité à l’approche d’une épreuve, en s’alignant sur le principe de spécificité.

Ce concept pose ainsi comme une erreur de vouloir faire beaucoup de travail de haute intensité, comme des intervalles de trois minutes à un effort VO2max, juste avant un ultra-trail. Si l’athlète n’utilise pas ou très peu ce système énergétique de haute intensité le jour de son ultra, celui-ci n’est pas considéré comme spécifique aux exigences de son épreuve. À l’inverse, si un athlète s’entraîne pour un trail de 10 km, il devra atteindre des intensités plus spécifiques à l’approche du jour de la course, comme des intervalles de trois minutes à VO2max.

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Impressionnante ! Lorsqu’on regarde le carnet de courses de Claire Bannwarth ces trois derniers mois, on est pris d’une irrésistible envie de se coucher. Entre Minorque, la tentative de FKT sur le Long Trail aux USA, le passage par la Guadeloupe, le Québec Mega Trail et la Hardrock 100, ce sont des milliers de kilomètres au compteur. Là où tout athlète « normal » aurait besoin de repos, une semaine après avoir terminé le mythique ultra dans les montagnes du Colorado (31ème au scratch, 8ème féminine), Claire Bannwarth est allée se frotter au terrible Crossing Switzerland, une traversée intégrale de la Suisse de 390 km et 25000m D+. 93 heures et 47 minutes plus tard, elle déboulait à Montreux, terminant 8ème au scratch et première féminine. Moins de 4 jours pour traverser tout le pays par ses sommets ! Une aventure qu’elle a raconté sur les réseaux sociaux, et que nous ne pouvons résister au plaisir de vous partager. Car Claire Bannwarth, au-delà des performances, c’est aussi une plume à déguster. Récit d’une « petite balade pas très dure », dixit l’intéressée.

Le Crossing Switzerland de Claire Bannwarth en quelques chiffres

94 heures
8ème scratch
1ère femme
7 jours après la Hardrock 100
2 paires de Topo MTN Racer 3,
10 paires de chaussettes Decathlon à 3 euros
2 tee-shirts Raidlight Ultralight
Un short et un pantacourt Raidlight défoncés,
20 gaufres Näak
6 paquets de crakers
5 cafés
Des litres de coca
Des litres de Rivella (miam !) (boisson suisse à base de lactosérum, NDLR)
Une bande de strapping
Un paquet de pansements
Un pot de vaseline
Une paire de Léki qui n’a miraculeusement pas pété, pour une fois !

Crossing Switzerland
Crossing Switzerland, la traversée intégrale de la Suisse sur 390 km et 30000m D+

Crossing Switzerland Section 1 : 78 km, 5500 D+ – Vaduz – Linthal

Départ 22h dans la rue principale de Vaduz. On est quand même plus de 300 (trois fois plus qu’il y a deux ans !), ce qui pour un 200 miles est plutôt beaucoup. (Punaise, je ne m’imaginais pas qu’autant de monde voulait faire cette connerie !). Les 20 premiers kilomètres sont très roulants, faut courir, je les torche tranquilou en 2h. Ce sera ma section la plus rapide de la course ! Peu après, je me fais dépasser par Denise, puis Anita. Bon, c’est pas très étonnant, il y a du niveau chez les femmes cette année et les « usual suspectes » ont l’air en forme.


Quelques jardinages, en partie de ma faute, et en partie en voulant suivre d’autres coureurs, me font perdre un peu de temps, mais bon, vu qu’on est parti pour 4 jours ce n’est pas bien grave. Cela finit par monter un peu. Cool, la marche bâtons, c’est la vie ! Le jour finit par se lever, et je peux profiter des paysages magnifiques, et des vaches, meuhhh ! Première bosse passée, il en reste une deuxième, les jambes commencent à couiner un peu, mais j’ai tendance à rattraper des gens plutôt qu’à me faire rattraper donc cela me rassure.

Il y a un peu de neige au sommet. Je ne trouve pas le ravito (je suis certainement passée devant sans le voir…) et devrai faire les 27 derniers km sans manger, et sous une pluie de m***e… Après une trèèèèsss longue descente où je dois bien jouer des bâtons (sans les casser cette fois !) et où je dois me retenir de ne pas croquer dans le cul des vaches, j’arrive à la base vie, au bout d’environ 12h30 de course, ce qui ne me paraît pas si mal surtout avec ma jambe en mousse ! (Claire Bannwarth souffre d’un


Bien entendu je défonce le ravito et j’engloutis deux assiettes de pâtes. Puis je me maudis d’avoir autant chargé mon sac d’allègement quand je dois aller le récupérer. Je croise Denise, puis Anita arrive, puis Céline… Damn, on est encore si proches ! Je croise également Fabien qui n’a pas l’air bien… Changement de chaussures et chaussettes car les pieds ont bien douillé avec toute cette flotte ! MTN Racer 3 pas neuves vs MTN Racer 3 neuves, et c’est reparti mon kiki !

Crossing Switzerland Section 2 : 76 km, 4500 D+ – Linthal – Trübsee

On commence fort par une belle montée de bâtard… et après on redescend tout tout tout au fond de la vallée. Une partie un peu plate le long de la rivière permet de délier les jambes. Je fais le yoyo avec un gars qui court très bien le plat mais que je retrouve assez souvent en PLS sur un rocher dans les montées. Il se met à pleuvoir à fond, je suis trempée, mes pieds aussi. Un ravito bienvenu me permet de me changer et de refaire mes bandages. J’y retrouve Denise, que je pensais super loin devant… Cela me rassure. Je me rends compte aussi que ma balise était éteinte depuis mon départ de la base vie ! Je la rallume dare-dare, et je comprends pourquoi mon téléphone vibrait toute les demi-heures depuis mon départ de la base vie !

Puis on se retape une autre montée de la mort, toujours sous la pluie, mais cette fois la nuit tombe, et on finit par devoir chercher son chemin dans le brouillard et au milieu des névés… Heureusement, je ne suis pas seule et me retrouve dans un petit groupe, ce qui aide à ne pas se perdre. Peu avant la fin de la montée, je rattrape une frontale : c’était Denise, visiblement zombifiée. Je ne fais pas trop la maligne, je suis dans le même état !

Cela fait plaisir de basculer en descente et d’enfin avoir l’impression d’avancer. Une dernière remontée bien raide, où je me fais rattraper par Denise, et c’est enfin la base vie, en 29h environ. Je suis contente d’y voir Wouter, il est sur le point de partir, mais je peux le saluer. Il y a aussi un Japonais et deux trois autres gars, mais globalement c’est calme. Les écarts sont enfin là !

Je décide d’aller m’allonger 15 minutes, pas parce que j’en ai particulièrement besoin, mais parce que je viens de passer 17h avec les pieds mouillés par la pluie, la neige, la boue et les rivières et que j’ai besoin que cela sèche un peu… Je suis surprise de ne pas trouver Denise dans le dortoir femmes… J’apprendrai plus tard qu’elle a raté la base vie, glups ! Je me refais un bandage, change de chaussettes et repars rapidos, après avoir inondé tout le ravito en remplissant ma flasque d’eau dans un beau epic fail !

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Photo Montreux Trail Festival

Crossing Switzerland Section 3 : 76 km, 4500 D+ – Trübsee – Lauterbrunnen

Je m’endors dans la montée qui suit. Je tente plusieurs micro-siestes, mais rien n’y fait, j’ai du mal à garder les yeux ouverts. Heureusement, le jour arrive vite, et un premier ravito au pied d’un joli lac (le Tannensee). Autant dire que je défonce le stock de coca et passerai les kilomètres suivants à roter. Je me fais rattraper dans la montée suivante par un mec. J’arrive à m’accrocher dans la descente et à rester avec lui jusqu’en bas (une dizaine de km cette descente, lonnnnggggg). Je retrouve Denise au ravito de Meiringen. Heureusement pour elle, il était en dur et avec tout ce qui fallait pour dormir et elle a pu s’y reposer. Je m’occupe de mon côté encore et toujours de mes pieds et repars un peu avant elle.

J’ai à peine fait 1km qu’elle me rattrape déjà… Bon, de toute manière, je m’en fiche, je fais ma course. Mais j’avoue pour l’instant avoir passé une grande partie de la course à me faire déposer par elle en montée, en essayant de trouver pourquoi elle avançait deux fois plus vite que moi (où est caché le moteur bordel ? ;-).

La suite m’est familière: c’est les sentiers de l’Eiger. C’est lonnnnnng, et c’est la mud fest. On traverse quelques torrents et c’est un peu le casse-tête pour gardert les pieds secs, puis pour traverser tout court…Ensuite, au lieu de remonter vers le Maennliche comme sur l’Eiger, on redescend sur Lauterbrunnen. Une des bénévoles, qui a aussi fait le balisage, nous dit d’être vigilants au niveau de la gare… C’est bien sûr le moment où la batterie de ma montre me lâche et où je dois naviguer au téléphone. Et donc j’arrive bien sûr à me planter et dois tirer tout droit dans le pentu et traverser les voies de chemin de fer et des arbustes pour retrouver le bon sentier.

Je ne suis alors pas encore rendue, il reste encore 6km avant Lauterbrunnen et la navigation sur gpx viewer me file des boutons. Je réussis à arriver à la base vie sans avoir à ressortir la frontale – il est 22h et quelque ! Là encore, Wouter est sur le départ alors que je m’installe pour manger la première de mes trois assiettes de quiches. Et Denise est également là, elle est visiblement arrivée quelques instants avant moi.

Je ne sais pas trop quoi faire. J’ai encore les pieds défoncés, et comme on est à la mi-course et qu’on attaque le début de la troisième nuit – et d’une section de maboule, cf le D+ – je sais que c’est le moment idéal pour faire un bon cycle de sommeil. Problème : je n’ai pas particulièrement envie de roupiller. Je décide quand même de me poser 1h15 dans la salle de repos. Au bout d’une demi-heure à faire la crêpe, je comprends que c’est mort, je n’arriverai jamais à dormir. J’arrête donc de perdre mon temps et change totalement de plan : ce sera opération caféine et zéro sommeil jusqu’à la fin de course. Quatre jours sans dormir ne me font pas peur, je l’ai déjà fait sur la Spine sans (trop de) problèmes. Je me demande juste si cela va passer avec les montées… On verra !

Crossing Switzerland Section 4 : 81 km, 7500 D+ – Lauterbrunnen – Lenk (et non, il n’y a pas d’erreur, c’est bien le bon D+ !)

Ça grimpe secos d’entrée, puis c’est un peu plus roulant et je me surprends à courir (heu, courotter disons !), puis on se prend un beau mur dans la tronche. Que je reconnais d’ailleurs, je l’avais fait en rando avec mon mari. Je suis surprise de rattraper Denise dans la montée, c’est la première fois que je vais plus vite qu’elle dans une partie ascendante… Il fait nuit et il y a du brouillard, et comme je navigue toujours au téléphone, au chou total, c’est un peu la galère pour rester sur le bon sentier. Mais j’arrive néanmoins vers la fin de la montée : une série de marches bien raides pour bien t’achever !

Je sais qu’on doit normalement descendre. Seulement après quelques minutes, j’arrive dans un pierrier dégueulasse, et ne vois plus aucune marque. Mon téléphone me met hors trace, et le « chemin » devient carrément dangereux. Je me demande alors si il ne fallait pas continuer encore un peu plus haut (il y avait un sentier marqué blanc et rouge qui remontait encore un peu) et décide de faire demi-tour. Je retrouve Denise qui venait juste de finir l’ascension des marches. Je lui dis que je ne sais pas trop où il faut passer, et qu’en bas c’est vraiment dégueulasse…

On remonte un peu en suivant le sentier balisé, mais on s’éloigne de la trace… J’appelle alors le PC course, histoire juste d’être sûre du bon chemin. Cela ne me dérange pas de faire mumuse dans un pierrier hyper raide à 4h du mat’ (ça me rappelle la Hardrock), à condition d’être sûre que ce soit bien par là qu’il faille aller ! On me confirme que c’est bien par là. Bon, bah c’est reparti pour 20 minutes de glissades non contrôlées dans la pierraille.

On ne voit absolument rien dans la nuit et le brouillard. Aucune trace, aucune voie qui ressemble à un sentier… Je passe sur les fesses, complètement hors sentier, et finis par retomber sur la trace. Denise retrouve également un vrai sentier et je suis soulagée. Je me taille dans la descente (enfin, cela roule, youpi !). Je n’ai surtout plus d’eau et plus de bouffe et il me tarde d’arriver au ravito refaire le stock. Je ne peux d’ailleurs pas attendre pour la flotte : je remplis ma flasque dans un ruisseau en espérant que pas trop de vaches n’aient pissé dedans.

Le jour se lève, et j’arrive enfin au ravito. J’y soigne mes pieds pour la énième fois et repars juste quand Denise arrive. Elle me demande ce que je fous encore là, et lui explique que mes pieds sont en charpie. Allez, encore une bonne grosse bobosse, et surtout une descente bien foireuse sur des sentiers qui n’en étaient pas, et Kandersteg et son ravito est en vue !

Pareil, je dois une nouvelle fois changer de chaussettes. J’en profite pour engloutir trois assiettes de croziflette (ultimeeeeee !) et me barre fissa. Une nouvelle bobosse m’attend. J’y passe une paire d’heures et suis de nouveau affamée, j’attends avec impatience le ravito d’Adelboden. Je traverse toute la ville sans rien voir… Bon, cela doit être un peu plus loin… Je sors littéralement de la civilisation pour commencer à grimper et comprends que je l’ai raté… Je mange mon ultime gaufre Näak. Il reste encore 20 km avant Lenk, avec certainement une longue descente. Je devrais survivre…

J’arrive à Lenk vers 21h avec une faim de loup et des pieds de biche (ie défonce). La base vie est énorme et remplie de gamins qui crient et courent partout… Le plan est simple : engloutir un max de calories et un max de caféine dans le moins de temps possible. J’hésite à changer de chaussures mais bon, on ne change pas une équipe qui marche (moyen). Je profite de l’écran où le live tracking est affiché pour checker ma position et les écarts pour la première fois de la course : je suis 8ème scratch et 1ère femme. Denise est dans la descente et ne devrait pas tarder à arriver. Le 5ème est très loin, et le 6ème, mon ami Wouter, et le 7ème sont également à la base vie, certainement en train de roupiller. Raison de plus pour ne pas trop traîner ! Un dernier café et je bouge mes miches, prête à torcher cette (normalement) dernière nuit de course. Il est 22h passées. La nuit va donc être longue.

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Photo Montreux Trail Festival

Crossing Switzerland Section 5 : 30 km, 1500 D+ – Lenk – Rossinière

J’ai un peu de mal à repartir, ma foulée ressemble plus à celle de Terminator que celle de Bip Bip le Coyote, mais ça revient vite et tant mieux car il y a une bonne section de plat, avant d’entamer l’une des dernières grosses montées de la course. Je profite d’être seule pour chanter à tue-tête histoire de rester éveillée – pauvres vaches ! Puis je suis complètement paumée pendant une bonne demie-heure (je pense que quelqu’un de mal intentionné à volontairement changé le balisage pour faire une boucle et perdre les coureurs…). Ismaël, le 7ème, me rattrape et me remet sur le bon chemin et je peux voir à quel endroit ça a merdé. On fera une grande partie de la montée ensemble, mais il finira par me dépasser et me distancer.

Dans la descente, Wouter me rattrape également, il semble voler ! On discute brièvement, mais il est beaucoup plus rapide que moi et me laisse rapidement à mes pensées. Je le retrouve, ainsi qu’Ismaël, au ravito de Turbach. Ils repartent ensemble, et je choisis de prendre mon temps pour bien manger. Je sais que je ne les reverrai pas. Il reste alors 11 km de faux plat descendant jusqu’à la base vie, et il est 4h du mat’.

Je jette un coup d’œil au live tracking pour voir où est Denise. Elle vient juste de partir de Lenk, je dois donc avoir environ 2h d’avance. Je repars donc gaiement, cependant je me rends compte rapidement que je n’arrive pas à garder les yeux ouverts. Je tente une première micro sieste, puis une seconde, mais rien à faire, je suis un vrai zombie. Je passe une bonne heure à faire je ne sais pas trop quoi, toujours est-il que vers 5h15 du mat’ j’ai la mauvaise surprise de me retrouver… au ravito de Turbach ! Je m’excuse auprès de la pauvre bénévole que j’ai dû affoler : voir un zombie marmonner « oups, la boulette, je me suis trompée de sens » à 5h du mat’ doit être assez traumatisant. Cela a au moins l’avantage de me réveiller entièrement et de me faire galoper jusqu’à la base vie. Je passe les 11km suivants à me maudire et essayer de me rappeler à quel moment j’ai bien pu merder et me tromper de sens… En vain.

Crossing Switzerland Section 6 : 50 km, 3000 D+ – Rossinière – Montreux

À la base vie, je regarde le live tracking pour voir à quel point c’est la cata. Wouter et Ismaël sont maintenant à 2h et 1h30 respectivement, et je dois toujours avoir 1h d’avance sur Denise. Bon, c’est pas si grave. Il fait jour maintenant, je devrais moins m’endormir… J’engloutis mon cheese burger frites, vide tous les trucs inutiles de mon sac et repars pour les 50 derniers km… Si proche et à la fois si loin !

La première section est bien chiante, faut courir ! Mais la section d’après est carrément horrible : je passe une heure à enjamber des racines puis à barboter dans la boue…. On redescend un peu pour regrimper ensuite… Heureusement que la vue est belle car les sentiers sont bien pourris. Bref, c’est interminable, et je commence à me demander combien de temps je vais mettre pour finir.

J’entends ensuite un gros bourdonnement : c’est un drone. Les photographes de la course sont en train de bien faire mumuse, et je suppose qu’ils me filment en train de descendre avec la grâce et l’agilité d’un pachyderme vers le dernier ravito… J’y mange un raclette (une course en suisse sans raclette, ça aurait été un scandale!), et rechecke le tracking pour voir si je peux finir en moonwalk… Je peux !
Je finirai donc la dernière montée vers les rochers de Nayes et la dernière descente vers Montreux tranquilou, non sans manquer de me péter la gueule trois fois car c’est une vraie diablerie.

Et voilou, binz bouclé en un peu moins de 94h – tant mieux, car je n’avais pris que trois jours de congés ! Des bonnes sensations tout du long, sauf durant mon moment d’absence de la dernière nuit. Toujours une jambe en mousse, mais qui peut tenir 390km. On a un mois pour corriger tout ça avant l’UTMB Mont-Blanc ! Un grand merci à l’orga pour cette course de ouf parfaitement bien organisée (quoique, les ravitos étaient trop bons, moi qui voulais sécher avant l’UTMB, c’est raté… Scandaleux !)

Comme d’hab, merci les sponsors trop forts: Topo Athletic, Raidlight, Go’Lum, Näak

Claire Bannwarth Photo DR
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On entend souvent parler des avantages d’un VO2max élevé, et c’est une vérité incontestable, car c’est à la fois un indicateur de longévité et un puissant déterminant du potentiel de performance d’un athlète. Ça n’est pas un hasard si Kilian Jornet a l’un des VO2max les plus élevés de la planète trail. Mais la séance 4X4 classique généralement présentée comme le meilleur entraînement pour améliorer son VO2max est-elle réellement efficace ? Et si non, que faire à la place ?

Qu’est-ce que le VO2max ?

Le VO2max est le volume maximal d’oxygène que l’organisme peut utiliser par unité de temps. Pour simplifier, c’est la quantité d’oxygène que les poumons sont capables d’inspirer, transmettre dans le sang et que les muscles vont pouvoir utiliser. Cette quantité s’exprime avec deux unités différentes : soit en litres (ou millilitres) d’oxygène par minute (L/min ou mL/min), soit en millilitres d’oxygène par minute par kilogramme de poids corporel (mL/min/kg). La première unité est dite absolue tandis que la deuxième, dite relative ou normalisée, permet la comparaison entre deux athlètes de gabarits différents.

Plus le VO2max est élevé, plus les qualités cardio-respiratoires sont remarquables car plus le volume d’oxygène que les muscles vont pouvoir utiliser est important. Donc plus les performances sont potentiellement importantes, et plus les risques de maladies cardiovasculaires, d’accidents vasculaires cérébraux et de diabète de type 2 sont faible.

Comment calculer votre VO2max ?

On distingue deux méthodes classiques pour mesurer le VO2max, une directe et une indirecte. La première nécessite de se rendre chez un professionnel qui vous fera courir sur un tapis de course équipé d’un appareil spécifique permettant de mesurer la quantité d’oxygène consommée pendant l’effort. Le VO2max correspond au maximum atteint.

La méthode indirecte correspond au test de Cooper : il s’agit de parcourir la plus grande distance possible en 12 minutes à intensité stable sur une piste d’athlétisme. Une fois le test terminé, la formule (22,35 X distance en km) – 11,288 permet de connaître son VO2max. Par exemple, si vous courez 3km en 12 minutes, soit du 4mn/km, votre VO2max sera de 22,35 X 3 = 67,05 – 11,288 = 55,8 ml/mn/kg.

Quels facteurs affectent le VO2max ?

Plusieurs facteurs peuvent affecter le VO2max, notamment l’âge, le sexe, la composition corporelle et la génétique. L’âge est un facteur majeur dans la baisse du VO2max, votre potentiel VO2max diminuant d’environ 1% par an après 30 ans. Le sexe joue également un rôle, les hommes ayant généralement un VO2max plus élevé que les femmes. La composition corporelle intervient aussi, un pourcentage plus élevé de graisse corporelle étant associé à un VO2max plus faible. Enfin, la génétique joue également un rôle dans le VO2max, certaines personnes naissant avec un potentiel génétique plus élevé pour cette métrique.

Quelles sont les valeurs de VO2max ?

Les adultes sédentaires présentent des valeurs de l’ordre de 30 à 40 mL/min/kg. À l’opposé, les athlètes élite en sport d’endurance type course à pied, trail ou ski de fond affichent des valeurs de l’ordre de 85 à 90 mL/min/kg. Entre ces 2 extrêmes, on trouve la majorité des coureurs, avec des valeurs entre 40 et 65 ml/min/kg. Kilian Jornet, qui fait partie des cas les plus remarquables, a un VO2max oscillant entre 88 et 92 ml/min/kg.

VO2max et séance 4X4 classique : les questions

De nombreux sites internet de coaching présentent la séance 4×4 classique comme le meilleur des entraînements pour améliorer le VO2max. Cette séance consiste à effectuer 4 répétitions de 4 minutes à l’effort le plus intense que vous puissiez maintenir pendant toute la durée de l’entraînement, après avoir pris soin de vous échauffer 15 minutes minimum et en faisant un footing de récupération de 5 minutes ensuite.

De nombreuses études corroborent l’idée que cette séance, effectuée une fois par semaine, est efficace pour augmenter le VO2max. Le problème, c’est que ces informations ne sont qu’à moitié vraies, car privées de leur contexte, et ne permettent pas d’optimiser la performance sur le long terme. On vous explique ici pourquoi ces conseils peuvent vous orienter dans la mauvaise direction, surtout si vous vous entraînez activement pour les courses, et que faire à la place.

VO2max : commencez par les bases

Le premier point est que vous ne pouvez pas utiliser ce que vous n’avez pas. En effet, cette séance 4×4 classique est un entraînement d’affûtage, qui permet de mieux utiliser votre forme physique à un instant T, mais ne crée pas une « nouvelle » forme physique. Ou, pour parler physiologiquement, cela aide vos mitochondries à devenir plus efficaces, mais cela ne construit pas de nouvelles mitochondries. Or les coachs avisés conseillent depuis longtemps aux coureurs de construire d’abord une solide base d’endurance grâce à de grands volumes de courses faciles, avant de perfectionner cette forme physique avec des entraînements intensifs pour mieux exploiter leurs capacités. Or s’il n’y a pas de base d’endurance (développement aérobie), il n’y a pas grand-chose à perfectionner !

Les limites de la séance 4X4 classique

Ensuite, vous remarquerez vite que toutes les études qui présentent la séance 4×4 comme la plus efficace pour augmenter le VO2max n’intègrent cette séance que dans des plans de 4 à 12 semaines. Mais après cette période, les améliorations de cette métrique vont ralentir, et s’arrêter complètement. La raison est simple : si les entraînements courts et intensifs améliorent votre VO2max, c’est parce qu’ils améliorent uniquement votre système anaérobie. En d’autres termes, vous vous améliorez en courant dur après avoir déjà contracté une dette d’oxygène. Mais on ne peut pas continuer à pousser indéfiniment car la course anaérobie se produit dans un état physiologique instable. L’amélioration à long terme de votre VO2max ne se fera pas en 4 à 12 semaines, c’est un processus qui dure toute la vie et qui demande de la patience.

Commencez par retarder la dette d’oxygène

Ce qui vous permettra d’obtenir de meilleurs résultats sur une épreuve, c’est de retarder en premier lieu le moment où votre organisme va basculer en dette d’oxygène, pour que vous puissiez continuer à courir de manière aérobique et, par conséquent, prolonger la durée pendant laquelle vous pouvez courir avant d’être épuisé. Pour ce faire, il s’agit de se concentrer sur un entraînement de renforcement des capacités qui développe le système aérobie, et non le système anaérobie.

Ne pas se contenter de la séance 4X4 classique

Tout coureur qui a déjà suivi un plan de course a probablement remarqué que faire le même entraînement chaque semaine n’est presque jamais considéré comme une bonne pratique. Les coureurs doivent aborder leur entraînement dans une perspective plus cyclique, avec un progression de très facile à modéré puis à difficile à mesure qu’ils passent de l’entraînement de base à la phase d’entraînement de compétition, tandis que pendant la phase de pointe, le volume diminuera mais l’intensité sera maintenue (ou légèrement augmentée).

Aussi la recommandation de faire la même séance 4×4 chaque semaine pendant 4 à 12 semaines va à l’encontre de tous les plans d’entraînement réalistes. D’ailleurs, si 4 répétitions de 4 minutes sont considérées comme « idéales », qu’en est-il de 5×3 minutes ? Ou 2×5 min + 4×1 min ? Vous l’aurez compris, il existe de nombreuses façons de structurer un entraînement, et il serait contre-productif de se limiter à un seul type d’entraînement sur une longue période en sacrifiant les pratiques nécessaires de périodisation.

Comment augmenter le VO2max de la bonne manière

Nous voici maintenant au cœur du problème. Et, désolé de vous décevoir, il n’y a pas de séance miracle. Parvenir à signer de meilleures performances de course n’est pas possible sans une amélioration de la condition physique globale, c’est-à-dire de l’économie de course, du seuil de lactate et du VO2max. C’est ici qu’il est important d’écouter votre coach, car vous ne pourrez augmenter cette dernière métrique qu’en travaillant les autres, c’est-à-dire en suivant les bonnes pratiques d’entraînement qu’il vous indiquera. Cela signifie donc courir autant de kilomètres faciles que possible pour développer l’endurance aérobique en toute sécurité (séances que vous pouvez compléter avec un entraînement croisé comme le vélo), mais également structurer l’entraînement pour qu’il soit cyclique (c’est-à-dire périodisé au cours d’une saison) et pour exécuter des entraînements intensifs aux bons moments de la saison.

Ce n’est qu’en progressant en volume et en intensité de manière stratégique au fil du temps, avec une perspective à long terme, que vous parviendrez à augmenter votre VO2max et courir plus vite. Car finalement, en tant que coureur, qu’est-ce qui vous intéresse réellement : améliorer une des nombreuses mesures physiologiques qui président la performance, ou simplement courir plus vite ? La réponse semble évidente, non ?

Gains de VO2max selon les zones d’intensité

Une étude récente relayée par l’entraîneur et chercheur américain Alan Couzens a corrélé les gains espérés de VO2max et la zone cardio dans laquelle on s’entraîne. Le résultat montre clairement que l’entraînement le plus efficace pour améliorer son VO2max est celui dans les hautes intensités (zone cardio 4 et 5). Il faut 10 heures en zone 2 pour arriver au même gain qu’une heure en zone 5. Cependant, dans la réalité, des niveaux élevés d’entraînement de haute intensité ne sont pas durables car ils accumulent trop de fatigue et se situent en zone anaérobie, donc en dette d’oxygène.

C’est la raison pour laquelle la plupart des athlètes élite privilégient les volumes élevés de travail de faible intensité, afin d’augmenter lentement et progressivement le VO2max, ainsi que les autres facteurs de la performance. Mais si vous n’êtes pas un pro et disposez de beaucoup moins de temps disponible pour vous entraîner, effectuer des entraînements à haute intensité à raison d’environ 2 heures par mois vous permettra d’augmenter relativement facilement (mais non durablement) votre VO2max de 1 point.

Source Alan Couzens-twitter
Les gains de VO2max selon les zones d’intensité d’entraînement. Source Alan Couzens-twitter
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La périodisation linéaire est une programmation classique qui s’adresse aux coureurs de tous niveaux, et surtout ceux qui débutent ou n’ont jamais suivi de plan d’entraînement. Elle peut les aider à s’entraîner plus efficacement et sainement pour programmer des pics de performance au moment des courses. Explications.

Progrès et stagnation, pourquoi ?

Commencer un nouveau sport comme le trail offre un avantage particulier : une amélioration rapide dès le départ. En effet, lorsque vous commencez à courir sur les sentiers, votre corps est confronté à un tout nouveau défi, poussant ses systèmes physiologiques au-delà de leurs limites habituelles. En réponse, votre corps renforce ses systèmes et ses tissus, vous préparant ainsi mieux aux défis futurs. Ce processus est une adaptation à l’entraînement, où le stress suivi du repos conduit à une meilleure condition physique. C’est la raison pour laquelle les coureurs débutants vivent souvent une phase de progression spectaculaire lorsqu’ils suivent un nouveau programme d’entraînement, où les adaptations semblent rapides et faciles.

Cependant, il finit par arriver un moment où le corps semble stagner. Les différents systèmes physiologiques, tels que les systèmes cardiovasculaire et respiratoire, et les tissus mous, notamment les muscles, les tendons, les ligaments et les os, parviennent à proposer une réponse adaptée au stress qui leur est imposé, et n’évoluent plus. C’est à ce moment-là que procéder à de nouvelles adaptations devient plus difficile et nécessite des approches différentes, plus nuancées et organisées.

Périodisation. Photo Cimalp : Nicolas Acloque
Photo Cimalp / Nicolas Acloque

Planification stratégique des adaptations : une approche de la périodisation

Il existe trois outils pour piloter les adaptations : la fréquence, le volume et l’intensité. Constamment sollicités, ils créent une transformation au sein du corps, contribuant au développement continu et à l’amélioration de la forme physique au fil du temps. La périodisation est une façon de planifier et d’organiser lors d’une saison le passage d’un entraînement général à un entraînement spécifique, en fonction des exigences d’une épreuve.

La périodisation va à l’encontre de la pensée généralement établie qui dit qu’une fois que vous avez un plan, vous ne devriez jamais le modifier. Car c’est un fait : les programmes d’entraînement trop rigides peuvent aussi entraîner des résultats non désirés, comme le surentraînement et les blessures. Or l’un des paramètres les plus importants à prendre en compte est l’historique d’entraînement d’un individu (nombre d’années de sport, volume, etc.) et son engagement en temps, incluant le travail et les obligations familiales. Un programme d’entraînement doit s’adapter à ces données et avoir suffisamment de souplesse pour être efficace et durable.

La périodisation correspond à cette approche de planification stratégique pour structurer un entraînement avant une compétition ou un événement. Cela implique de décomposer le processus de formation en phases distinctes, chacune avec ses propres orientations et objectifs. Ces phases peuvent varier en durée et en intensité, permettant au coureur de progresser systématiquement vers ses objectifs de performance. Et rassurez-vous, si le concept de périodisation peut paraître complexe, celle-ci peut être adaptée aux besoins des coureurs ayant des modes de vie et des engagements différents.

Une brève histoire de la périodisation

Avant de découvrir les principes de la périodisation linéaire, intéressons-nous en premier lieu à son histoire et son évolution en tant que concept d’entraînement. En pour cela, on peut remonter loin dans le temps, jusqu’aux anciens Grecs et Romains. Ces derniers avaient en effet déjà compris l’importance du concept de périodisation, comme en témoigne leur préparation pour des événements comme les Jeux Olympiques. Leur approche structurée de l’entraînement, bien que basique par rapport aux méthodes modernes, suivait déjà des phases systématiques, qui commençaient par le développement de l’endurance et la force, avant de passer à un entraînement plus intense et spécifique à l’épreuve visée et la performance espérée à mesure que les compétitions approchaient.

Le concept moderne de périodisation a commencé à prendre forme au milieu du XXème siècle, grâce au travail du physiologiste et entraîneur russe, le Dr Leonid Matveyev. Matveyev a mené des recherches approfondies sur les méthodologies d’entraînement et a introduit le concept de « planification systématique » dans les années 1950, appliqué à diverses disciplines sportives.

Pendant la guerre froide, les pays du bloc de l’Est, dirigés par l’Union soviétique, ont affiné les principes de périodisation, contribuant ainsi au succès de leurs athlètes sur la scène mondiale. Tudor Bompa, entraîneur roumain et chercheur dans le domaine de l’entraînement sportif, connu comme le « père de la périodisation », a apporté d’importantes contributions dans divers sports, inspirant des entraîneurs comme Joe Friel et Dan Pfaff à intégrer la périodisation dans les sports d’endurance au cours des années 1980 et 1990. Aujourd’hui, les athlètes et les entraîneurs, y compris ceux du trail et de l’ultra-trail, continuent d’appliquer les concepts de périodisation pour optimiser les performances.

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Périodisation classique ou linéaire, mode d’emploi

La périodisation classique ou linéaire est un modèle d’entraînement bien établi qui constitue la pierre angulaire de la préparation sportive depuis des décennies. Il offre un cadre structuré et facile à suivre qui s’aligne sur la progression naturelle, fournissant une « feuille de route » claire pour développer progressivement la forme physique, ce qui le rend particulièrement adapté à ceux qui débutent tout juste leur parcours dans le trail. Cette périodisation classique divise le plan d’entraînement en phases distinctes, chacune avec une concentration et un niveau d’intensité spécifiques. Elle comprend généralement trois phases principales : la phase de base, la phase de construction et la phase de pic.

Au cours de la phase de base, les nouveaux coureurs construisent une base aérobique solide, en mettant l’accent sur des courses plus longues et plus lentes pour développer leur endurance.

Dans la phase de construction, l’accent est mis sur le développement de la force et de la vitesse, en intégrant des entraînements plus courts et plus intenses, comme par exemple des séances en montagne ou des entraînements par intervalles.

Enfin, la phase de pic consiste en une préparation liée aux spécificités de l’épreuve envisagée, incluant généralement une simulation des conditions de course. Ce modèle s’établit généralement en prenant en compte une période de plusieurs mois, voire une saison complète, dans laquelle on va pouvoir programmer 2 ou 3 pics de performance correspondant à des objectifs de course majeurs, par exemple en mars/avril, en mai/juin et en septembre/octobre. À moins d’être assez pointu dans la science de l’entraînement et dans la connaissance de son propre corps, ce modèle classique ou linéaire est recommandé car c’est le plus simple à utiliser. Et si le coureur découvre qu’il peut en gérer davantage, il est alors possible de changer de modèle.

4 bonnes raisons d’opter pour la périodisation pour améliorer vos performances

1/ Ne pas avoir de plan d’entraînement intentionnellement structuré et périodisé, c’est comme ne pas planifier sa journée : vous pouvez certainement survivre et potentiellement prospérer, mais sans plan, vous réduisez vos chances de succès.

2/ La périodisation offre une approche structurée qui fait progresser systématiquement les variables d’entraînement telles que l’intensité, le volume et la spécificité. Cela se traduit par une adaptation progressive et une amélioration des performances au fil du temps, et permet aux coureurs de culminer au bon moment pour leurs courses cibles.

3/ La périodisation peut réduire le risque de blessures dues au surentraînement en intégrant des périodes de récupération planifiées et en traitant systématiquement les faiblesses. L’augmentation progressive de l’intensité et de la charge de travail permet au corps de s’adapter de manière plus sûre.

4/ La périodisation implique intrinsèquement de fixer des objectifs d’entraînement spécifiques pour chaque phase, aidant ainsi les coureurs à rester motivés et concentrés. Savoir que l’on travaille pour des objectifs spécifiques peut renforcer la motivation, la concentration et donc la cohérence.

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Pionnière des longues épreuves de course en montagne, la 6000D, mythe du trail dans les années 2000, reste l’une des courses les plus populaires de France, qui chaque année fin juillet attire des milliers de passionnés. Pour sa 34ème édition, ils étaient plus de 4000 à avoir migré vers La Plagne, dont plus de 1300 pour son épreuve phare, ses 69 km et 3400m D+. Avec en tête de liste le grand favori Sébastien Spehler, déjà 3 fois vainqueur entre 2014 et 2016 et qui revenait sur les lieux de son règne après 8 ans d’absence. Récit d’une course toujours aussi passionnante et pleine de suspense, avec un final comme on en a rarement vu.

6000D : naissance d’une course mythique

« À la fin des années 1990, la 6000D était plus qu’une course. C’était un mythe de ce que l’on n’appelait pas encore le trail, mais la course en montagne. C’était un défi physique quasi biblique où des coureurs d’un autre temps, sans équipement, partaient du fond d’une vallée pour aller toucher la neige d’un glacier, 3 000 mètres plus haut. » Voilà comment Serge Moro, fondateur du magazine Esprit Trail et journaliste pionnier du trail running, résume la 6000D, course fondée par six passionnés en 1990 à La Plagne.

« Quand on a pensé au concept de la 6000D à la fin des années 1980, 3000 m de dénivelé de montée d’une traite et autant de descente, on nous a d’abord pris pour des fous », se souvient l’un des fondateurs, Jean-Marc Ganzer, premier directeur de course, entre 1991 à 2015.

« Des courses aussi longues et qui montaient aussi haut, cela n’existait pas vraiment en France », souligne Serge Moro, également coureur élite à cette période. « La 6000D a très vite intrigué et quelques années après sa création, les meilleurs coureurs en montagne s’y rendaient dans l’espoir d’accrocher une victoire de prestige avec un beau chèque à la clé. La victoire, c’était 10000 francs (1500 €, NDLR) et, à l’époque, ce n’était pas rien. »

« On l’appelait la course des géants. Lorsqu’on était coureur au début des années 2000, il y avait trois mythes à cocher : le Marathon du Mont-Blanc, les Templiers et la 6000D. On y croisait tous ceux qui s’intéressaient au trail et les meilleurs coureurs », rappelle de son côté Fred Bousseau, autre mémoire du trail, et commentateur de nombreuses épreuves phares de la discipline.

Sébastien Spehler départ Photo Stéphane Demard
Sébastien Spehler au départ. Photo Stéphane Demard

6000D : Sébastien Spehler décroché dans la montée vers le glacier

Les visages étaient souriants, mais l’envie était grande ce matin peu avant 5 heures sur la ligne de départ, dans le village d’Aime La Plagne, tout au fond de la vallée. La météo, parfaite, promettait une journée de soleil et de chaleur. Sébastien Spehler, coiffure impeccable, plaisantait avec quelques concurrents, attendant la libération. De 2014 à 2016, par trois fois, le coureur alsacien s’est imposé ici, un parcours qui n’a quasiment pas changé depuis. Seule modification, un nouveau point haut, inauguré cette année, avec le Glacier Live 3000, qui promet un panorama exceptionnel sur les Alpes avant d’entamer la grande descente pour boucler la boucle.

Il est rare que la différence se fasse dans la première partie de course, une très longue montée de 30 km jusqu’au passage de Roche de Mio. Et, comme attendu, deux hommes se sont installés en tête et ont mené le bal ensemble : Sébastien Spehler, bien entendu, et le jeune Antoine Thiriat, un coureur des Vosges de 24 ans ayant déjà à son actif un titre de champion de France de trail long espoir.

Antoine Thiriat Photo Stéphane Demard
Antoine Thiriat. Photo Stéphane Demard

C’est au niveau de la montée vers le Glacier Live 3000 que tout s’est joué. Antoine Thiriat a réussi à décrocher l’Alsacien et est passé au sommet avec 2 minutes d’avance, puis a pris 2 minutes supplémentaires dans la descente du glacier, pour pointer au CP de Carroley avec 4 minutes d’avance, et même 5 au sommet de l’Arpette, dernier coup de cul juste avant d’entamer les 20 kilomètres de descente.

Sébastien Spehler Photo Stéphane Demard
Sébastien Spehler. Photo Stéphane Demard

6000D : Antoine Thiriat au bout du suspense

Spécialiste des parcours vallonnés nécessitant des relances, Sébastien Spehler a fait durer le suspense en s’élançant à fond de train dans la descente. Si Antoine Thiriat pointait toujours en tête au ravito de Plagne Bellecôte, il ne perdait pas de temps et s’élançait en direction de Montchavin. Moins rapide, prenant le temps de s’hydrater, Sébastien Spehler donnait cependant une impression de puissance et de facilité impressionnante. Parviendrait-il à reprendre les 6 minutes qui le séparaient de la tête de course ?

Glacier Live 3000. Photo Stéphane Demard
La montée spectaculaire vers le point le plus haut de la course, le Glacier Live 3000. Photo Stéphane Demard

Gérant parfaitement sa fin de course, Antoine Thiriat ne s’est pas affolé et a réussi à maintenir l’écart jusqu’à Montchavin. Alors que Sébastien Spehler pointait 4mn30 plus tard – il avait donc repris 1mn30 en 10km -, un nouveau fait de course chamboulait la donne : l’Alsacien s’arrêtait sous la tente de secours et se déchaussait pour présenter son talon, sous lequel on pouvait apercevoir une énorme ampoule. Soigné en moins de 2 minutes, il repartait mais l’affaire était pliée : handicapé sur la partie la plus rapide du parcours, il ne pourrait pas revenir.

Sébastien Spehler chaussettes
Sébastien Spehler à l’arrêt à Montchavin pour se faire soigner les ampoules. (Capture écran)

6000D : Sébastien Spehler en chaussettes

Antoine Thiriat s’impose finalement en moins de 6h, en 5h 54mn 29s précisément. Une performance majuscule pour une première, qui lui fait oublier son abandon sur le 90km du Marathon du Mont-Blanc quelques semaines plus tôt. Il devance Sébastien Spehler, qui termine dans la douleur avec une foulée allégeant au maximum les impacts sur le talon, puis choisissant d’enlever ses chaussures pour terminer… en chaussettes ! Il signe un chrono de 6h 09mn 04s, remarquable au vu des terribles douleurs aux pieds qu’il a dû supporter.

Pour la troisième place, le suspense aura été total, avec une lutte formidable entre Thibault Marquet et Valentin Joachim, revenu sur son concurrent après avoir compté 3 minutes de retard au sommet du glacier. Moment étonnant, dans la dernière descente, Thibault Marquet descendait même… en marche arrière, pour tenter de faire passer ses crampes. Mais Valentin Joachim n’allait pas mieux, et le classement n’allait pas bouger. Thibault Marquet prend donc la 3ème place en 6h 24mn 07s, devançant de 1mn52 Valentin Joachim, 4ème.

À noter l’abandon au bout de 20km de l’ambassadeur trail emblématique de la station de La Plagne, Yoann Stuck, totalement vidé et dans un jour sans.

Sébastien Spehler chaussettes
Sébastien Spehler à l’arrivée, chaussures à la main. (Capture écran)

6000D féminine : Géraldine Prost devant pendant 50km

Il y avait du beau monde sur la ligne de départ de la 6000D ce samedi. Parmi les grandes favorites, Lucie Bidault, gagnante de la Pierra Menta Été et de la Marathon Race du Lac d’Annecy cette année, ayant déjà gagné la 6000D en 2022. Autre cliente pour la victoire finale, Manon Gras, habituée des longues distances, gagnante cette année de l’EcoTrail Paris et seconde du 130km du Trail du Saint-Jacques by UTMB. Sans oublier Manon Campano, 2ème de l’EcoTrail Paris et gagnante du format 111km de la VVX cette année.

Mais c’est une autre traileuse habituée des longues distances, Géraldine Prost, 7ème de la dernière Diagonale des Fous, qui a surpris tout le monde en prenant la course à son compte dès le départ. Sans jamais vraiment se détacher, l’expérimentée traileuse de 39 ans est passée avec 2 minutes d’avance sur Manon Gras et Lucie Bidault au sommet du glacier, mais restait à portée de fusil.

Lucie Bidault. Photo Stéphane Demard
Lucie Bidault lancée à la poursuite de Géraldine Prost. Photo Stéphane Demard

6000D féminine : Lucie Bidault devant pour un souffle

6e de la 6000D en 2015, Géraldine Prost connaissait la dernière partie de course et semblait capable de gérer son effort. Mais elle n’a pas pu résister au retour de Lucie Bidault, qui l’a rattrapée au ravitaillement de Plagne Bellecôte, à 20km de l’arrivée. Impossible, alors, de dire laquelle de ces deux femmes allait s’imposer, surtout que les 2 Manon, Gras et Campano, étaient encore à l’affût !

Sans jamais creuser d’écart définitif, Lucie Bidault s’est finalement imposée avec à peine 3 minutes d’avance sur Géraldine Prost, méritante 2ème. Manon Gras prend la troisième place, à peine une minute plus tard. 3 femmes en moins de 5 minutes, toutes sous les 8 heures de course, la course a été palpitante.

Lucie Bidault
Lucie Bidault à l’arrivée, épuisée. (Capture écran.)

Voir les résultats complets de toutes les courses de la 6000D ICI

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Le Bjorka X3 Courchevel a tenu sa promesse ce dimanche 21 juillet, en rassemblant 300 athlètes venus défier ces parcours uniques et exigeants. Ce triathlon original qui combine 6 000 mètres d’aviron indoor, 12,2 km de vélo avec 750m D+ et 9,6 km de trail avec 550m D+, a offert un spectacle époustouflant aux spectateurs massés sur le site des tremplins olympiques et sur les hauteurs de Courchevel. Si, chez les hommes, c’est le triathlète Thomas Lemaître qui s’est imposé au finish, chez les femmes, c’est la toute nouvelle championne d’Europe de trail Clémentine Geoffray qui a su gérer son effort sur les 3 disciplines pour monter en haut de la boîte.

Bjorka X3 Courchevel : un parcours adapté à la météo

Malgré des conditions météorologiques difficiles qui ont retardé le départ de la course d’une heure et demie, les athlètes ont fait preuve d’une grande détermination et d’un mental d’acier. La section trail a été modifiée pour des raisons de sécurité, passant de 9,6 km à 5 km avec 300 mètres de dénivelé positif. « Les orages prévus dans le milieu de l’après midi-midi se sont décalés dans la matinée. Pour la sécurité et le bon déroulement de la course, cette décision collégiale du Comité d’Organisation a ravi l’ensemble des participants qui ont pu s’exprimer au sec et profiter du retour du soleil à l’arrivée », a déclaré Fleury Roux, président du club organisateur Courchevel Sports Outdoor Triathlon.

Bjorka X3 Courchevel : Thomas Lemaître résiste à Yoann Sert

Chez les hommes, le triathlète Thomas Lemaître, sociétaire du club de Saint-Raphaël Triathlon et lauréat de l’épreuve en 2022, s’est à nouveau imposé au sommet de l’altiport de Courchevel. Son chrono : 1h 27mn 16s. « Je suis plus spécialiste des formats longs mais là, c’est très intense du début à la fin. En triathlon, on commence généralement par la natation où on se fatigue les bras, mais avec le rameur, on a dès le début les jambes qui sont occises. Le vélo empire les choses et le trail, c’est le bouquet final. Je redoutais le retour de Yoann Sert sur la partie trail après être arrivé roue dans roue sur l’épreuve de cyclisme. J’ai réussi à le contenir et c’est une fierté de gagner devant ce sportif d’un tel niveau. »

Thomas Lemaître
Thomas Lemaître, vainqueur chez les hommes. Photo Organisation

« Je suis parti beaucoup trop vite sur la partie aviron et ensuite, j’ai craqué à vélo. C’est sûr que j’aurais préféré que la partie trail ne soit pas écourtée car j’étais en train de remonter sur Thomas », a expliqué de son côté Yoann Sert, second à moins d’une minute du vainqueur. Après avoir terminé 3ème en 2020, il monte donc d’un cran sur le podium. La troisième place s’est réglée au sprint entre Thomas Berthoud et Nicolas Raybaud, second en 2023. Pour 6 secondes, le rameur du club de Lyon Caluire, Thomas Bertoud vice-champion de France d’aviron en 2022 et médaillé de bronze en 2021 et 2023, complète le podium en1h 29mn 40s.

Podium Hommes
Le podium Hommes. Photo Organisation

Bjorka X3 Courchevel : Clémentine Geoffray fait la loi

Dans la course féminine, c’est également un scénario à suspense qui a livré son verdict. La championne du monde et d’Europe de trail Clémentine Geoffray et la sky runneuse Perrine Abadie sont arrivées dans un mouchoir de poche après l’épreuve de cyclisme, pour s’élancer sur les 5 km de trail. Un mano a mano intense entre ces deux spécialistes de course à pied s’est soldé par la victoire de Clémentine Geoffray en 1h 44mn 12s.

« Perrine m’a fait suer jusqu’au bout, c’était psychologiquement usant. J’ai vu sur la première épreuve, j’avais 2min30 voire 3 minutes de retard par rapport aux spécialistes de l’aviron. Je ne me suis pas affolée plus que ça en me disant qu’elles étaient moins fortes à vélo. Perrine, je la connais un peu et nous étions dans les mêmes temps en aviron. Par la suite, le rythme a été effréné. Sur la fin, avec les 2 boucles de trail, les encouragements du public ont été très boostants » a expliqué la gagnante, exténuée à l’arrivée.

Perrine Abadie conserve la seconde place en 1h 44mn 58s devant une autre spécialiste de la course à pied, Caroline Delors, championne du Rhône de Cross 2024 en catégorie Master et victorieuse du 22km du Millet XTrail Courchevel en 2021, créditée d’un temps de 1h 53mn 28s.

Le podium Femmes. Photo Organisation

Challenge X3 Courchevel 2024 : Yoann Sert et Francoise Molliet Ribet sacrés X3 Man et X3 Woman 2024

Ce dimanche 21 juillet s’est achevé le challenge X3 Courchevel 2024. Pour décrocher ce titre tant convoité, les concurrents ont dû performer sur 2 épreuves redoutables :

  • Le Dynastar X3 Courchevel, le 14 avril dernier, avec 13,9 km de vélo (930m D+), 6,3 km de trail (180m D+/-) et 4,8 km de ski-alpinisme (950m D+).
  • Le Björka X3 Courchevel, ce dimanche 21 juillet

Le classement de ce challenge qui prend de l’ampleur au fil des années résulte du cumul des temps de ces 2 courses exigeantes. Cette année, le challenge X3 Courchevel a couronné Yoann Sert en 3h 29mn 28s et Françoise Molliet Ribet en 5h 19mn 09s.

Pour en savoir plus, infos et résultats ICI

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