En 9 jours, Kilian Jornet a déjà réussi un exploit hors normes en parvenant à gravir 48 des 82 sommets de plus de 4000 mètres répertoriés dans les Alpes. Point d’orgue, sa 7ème étape, où il a gravi 18 sommets de + de 4000m dans la même journée, en moins de 18 heures. Zoom sur le phénomène.

Alpine Connections : un projet énigmatique

Lorsqu’il a annoncé le 14 août 2024, après sa magistrale victoire sur la course Sierre-Zinal, record de l’épreuve battu de quelques dixièmes de secondes, se lancer dans le projet Alpine Connections, Kilian Jornet n’a pas donné de détails. Volontairement. Il disait simplement vouloir « explorer ses limites physiques, techniques et mentales en reliant des sommets de plus de 4000 mètres dans les Alpes en comptant uniquement sur ses forces physiques ». Rien de plus, rien de moins. Aucun détail sur le parcours envisagé, ni le nombre de sommets qu’il souhaitait gravir, uniquement sur le mode de déplacement, qui serait à pied ou en vélo. Avec, autour de lui, toute une équipe d’assistance pour l’intendance, le suivi médical et les prises de vues . Car il y aura un film, bien entendu !

Pourtant, très vite, il a fallu se rendre à l’évidence : quand Kilian Jornet se lance dans une aventure, c’est généralement pour réaliser une performance hors norme. Normal (sans jeu de mots), le Catalan a des capacités hors normes. Il l’a déjà prouvé par le passé, en s’emparant du record d’ascension du Mont-Blanc en aller-retour depuis Chamonix, ou celui de l’Everest en aller-retour depuis le camp de base. L’an dernier, il avait surpris tout le monde en réalisant une performance sportive inattendue, en reliant tous les sommets de plus de 3000 mètres des Pyrénées en moins de 8 jours. Alors forcément, Alpine Connections devait recéler une tentative de record.

Voir la vidéo de la présentation du projet Alpine Connections sur le blog NNormal

Kilian Alpine Connections
Photo NNormal

Alpine Connections : un record à battre

En fouillant dans les archives, l’objectif est vite apparu : il existe 82 sommets de plus de 4000 mètres dans les Alpes, et le record d’ascension en une saison de ces 82 sommets est détenu par 2 alpinistes italiens depuis 2008. Leurs noms : Franco Nicolini et Diego Giovannini. Leur exploit : avoir relié les 82 sommets en 60 jours, entre le 26 juin et le 24 août. Mais un autre record est certainement dans l’esprit de Kilian Jornet : celui des 82 sommets en 62 jours réalisé en 2015 par celui qui fut surnommé « La Machine », l’alpiniste suisse Ueli Steck, célèbre pour ses ascensions express partout dans le monde, et qui est hélas décédé le 30 avril 2017 au Népal sur les pentes du Nuptse.

Lire aussi l’article Le défi des 4000 alpins : que cherche réellement Kilian Jornet

Alpine Connection : 23 sommets en 6 jours

Durant les 3 premières étapes (Bernina et Oberland), qu’il a enchaînées jour et nuit, Kilian Jornet a parcouru 424 km et 19831m D+ pour gravir 10 sommets de plus de 4000 mètres en ne dormant que 3h30 jours (pour 67h30 d’activités !).

Après une grosse nuit réparatrice (7h30 de sommeil !, Kilian Jornet est reparti à l’assaut des sommets alpins. Durant les 3 étapes suivantes, il a gravi 13 sommets de plus de 4000 mètres supplémentaires, portant son total à 23.

Kilian Jornet Alps
Photo NNormal

Alpine Connection : 18 sommets le 7ème jour !

Mais c’est lors de la 7ème étape que tout s’est emballé : 18 sommets en une seule journée de 17h50, une performance qui a scotché tous les fans de Kilian Jornet. Ce circuit des 18 sommets n’est pas une inconnue. Il est réputé en Valais, et a pour nom le Spaghetti Tour. Ce parcours doit son nom aux refuges italiens qui offrent hébergement et nourriture aux alpinistes en route. Il s’agit en fait d’une célèbre randonnée de 30 km et 4400m D+, incluant le plus haut sommet de la Suisse, la Dufourspitze, qui culmine à 4634 mètres, au départ du refuge Monte Rosa à Zermatt.

Ce parcours, incluant de nombreuses sections d’escalade, se réalise généralement en 3 à 5 jours par des alpinistes expérimentés. Mais il fait également l’objet de records de vitesse. Ainsi, en l’athlète suisse du team Dynafit Andy Steindl, 35 ans, a réalisé l’itinéraire en solo en seulement 7h 45mn 44s, battant le précédent record qui appartenait à Benjamin Védrines en 9h 18mn depuis 2021.

Si Kilian Jornet n’a pas approché ce record légendaire, réaliser le Spaghetti Tour en 17h50 avec déjà une semaine d’activités intenses dans les jambes, et la fatigue qui va avec, reste une performance de très haut vol.

Photo Dynafit
Andy Steindl. Photo Dynafit

Alpine Connection : 48 sommets au bout de 9 jours !

Lors de la 8ème étape, Kilian Jornet a gravi 3 sommets supplémentaires, dont la fameuse pyramide du mythique Cervin, à 4478 mètres d’altitude.

L’étape 9 a été particulière pour Kilian Jornet, après 5 jours en Valais, en Suisse, et 19 heures d’activité en moyenne. En effet, cette 9ème étape l’a ramené à Zinal, deux semaines après avoir remporté la mythique course de montagne de Sierre-Zinal. Pour cette dernière journée en Valais, Kilian Jornet a enregistré 4 nouveaux sommets de + de 4000m : l’Ober Gabelhorn (4064m), le Zinalrothorn (4221m), le Bishorn (4151m) et le Weisshorn (4506m), sommet qu’il attendais avec impatience depuis le début du projet.

De retour à Zinal, il explique : « Pour moi, c’était l’épreuve la plus spéciale et j’avais vraiment hâte d’y être. C’était la fin d’une étape de cinq jours en Valais, j’étais très fatigué et c’était le tronçon le plus technique dans une région très sauvage avec beaucoup de prises de décisions et de difficultés de navigation. Le Weisshorn est pour moi l’une des plus belles montagnes des Alpes. Prendre le soleil pour gravir l’arête sud du Weisshorn était particulier car j’avais assez peur d’entrer dans la face dans le noir car c’est une grosse montée, très technique et très longue et il me fallait auparavant parcourir toutes les arêtes avec du rocher très pauvre et très exigeant.

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Le fameux Weisshorn, tant redouté par Kilian Jornet. Photo Nick Danielson / NNormal

Mais ensuite, la montée au Weisshorn a été l’un des meilleurs moments de ma vie ! Grimper là-bas avec ce rocher qui est magnifique et juste voir le coucher de soleil et le spectre brisé. J’étais fluide, je ne ressentais aucune fatigue, rien. C’était super, super spécial. Et puis aller à Zinal qui est un endroit spécial pour toutes les courses que j’ai faites ici, c’était une journée très spéciale. » À Zinal, son équipe et sa mère l’attendaient, avant de repartir pour une nouvelle liaison vélo.

Après 9 étapes soigneusement préparées, Kilian Jornet a donc déjà parcouru 646 km, grimpé 46 200m de D+ et gravi 48 des 82 sommets de plus de 4000 mètres d’altitude en 160 heures, 33 minutes et 54 secondes d’activité. Un phénomène.

Kilian Jornet
Photo NNormal
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Un an après son bras de fer avec Zach Miller et Germain Grangier pour devenir le premier homme américain à remporter l’UTMB, Jim Walmsley revient sur les sentiers du mont Blanc. Apaisé, le traileur de l’Arizona affirme que le plaisir de courir est cette fois son seul moteur. Même si réussir à remporter la Western States et la boucle de Chamonix la même année lui trotte dans la tête… Alors que le grand départ de l’UTMB 2024 approche, Stéphane Cugnier l’a rencontré.

Jim Walmsley : le défi du doublé Western States Endurance Run / UTMB

Après un été marqué par son retour et sa 4ème victoire sur la Western States Endurance Run, Jim Walmsley est désormais prêt à défendre son titre à l’UTMB. L’Américain de 34 ans se présente toutefois au départ de Chamonix dans un état d’esprit différent de l’an passé : le coureur de Flagstaff n’a pas axé sa saison sur le rendez-vous alpin, ni passé de longs mois en France à tenter de maîtriser les codes d’une course qui semblait se dérober à lui. Pourtant, l’Ultra Trail du Mont-Blanc le fascine toujours autant… Et une victoire lui permettrait d’être le deuxième homme à faire le doublé Western States Endurance Run / UTMB la même année, après Kilian Jornet en 2011.

Photo DR

Revenons un an en arrière… Comment se sont déroulés les jours et semaines qui ont suivi ta victoire à l’UTMB ?

Jim Walmsley : C’est difficile à exprimer. Il y avait une telle joie, un tel soulagement, mais aussi une telle surprise en voyant l’émotion que cela avait provoqué chez mes proches. J’ai ressenti un peu d’euphorie aussi, je pense. C’est la raison pour laquelle je me suis aligné sur le « Nice Côte d’Azur by UTMB 100K », alors qu’il aurait été plus prudent de laisser mon corps récupérer. J’avais le sentiment d’avoir atteint le summum de ce sport, mais immédiatement les gens me demandaient : « Et maintenant ? Quel est ton objectif ? » Cela m’a ramené sur terre. Même si, pour moi, la réponse était évidente. Après une victoire, on veut recommencer ! Un joueur qui gagne la Coupe du Monde de football veut revivre cette émotion.

Voir le documentaire passionnant sur la victoire de Jim Walmsley à l’UTMB 2023 ICI

Pourquoi avoir décidé de repartir vivre en Arizona plutôt que de rester à Arêches ?

JW : Nous ne sommes pas repartis immédiatement. C’était impossible car nous avons maintenant tellement d’amis en France. Mais il y avait un peu de mal du pays et le besoin de revoir ma famille. Jess (Jessica Brazeau, son épouse, NDLR) et moi sommes donc retournés à Flagstaff (Arizona) où nous possédons une maison.

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UTMB 2023. Photo UTMB Group

Comment s’est déroulée la transition entre Arêches et Flagstaff ?

JW : Je n’ai presque pas perçu le changement car l’hiver en Arizona a été marqué par des chutes de neige inhabituelles. Je souhaitais commencer à me préparer tôt dans l’année pour la WSER et j’ai donc été contraint de faire beaucoup de séances sur route. Dans le cadre de cette préparation, je pensais m’aligner sur la Transgrancanaria 126 KM fin février, mais quelques petites blessures m’ont fait perdre mon rythme et ma forme. En mars, je suis retourné à Arêches pour aller voir François (D’Haene) et Simon (Gosselin), pour me relaxer et pour faire du ski de randonnée en haute altitude, tout en allant courir sur les sentiers à plus faible altitude. J’ai aussi consacré du temps avec l’équipe de développement de produits Hoka, à Annecy. Cela m’a permis de recharger les batteries, avant un été plus intense. J’avoue que je me suis un peu laissé porter. Je n’étais pas trop stressé ni en mode « s’entraîner, s’entraîner, s’entraîner » puisque mon calendrier de courses était vide. C’était une super remise à zéro afin de rentrer à Flagstaff en bonne santé pour penser à la Western States.

Cette période t’a aussi permis de présenter le documentaire consacré à ta préparation de l’UTMB 2023…

JW : Le projet avait commencé en 2021 à la signature du partenariat avec Wahoo. Nous avons commencé à filmer l’entraînement et les préparatifs pour les courses, mais le projet a évolué au fur et à mesure. Au départ, l’objectif était de réaliser une série de vidéos pour la chaîne YouTube de Wahoo. Après le succès des premières vidéos, Hoka s’est associé au projet. Et avec mon déménagement en France et la focalisation sur l’UTMB, l’idée a germé d’un projet plus important sur mon séjour là-bas. Je suis très heureux du produit final. Il est bien réalisé, et je trouve qu’il est important qu’il soit disponible gratuitement et sans publicité, pour que tout le monde en profite. Les critiques ont été très positives. Nous sommes tous fiers du travail accompli.

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UTMB 2023. Photo UTMB Group

Le documentaire est-il fidèle à ta personnalité ?

JW : Totalement. Je suis généralement très décontracté, d’humeur légère, tout en étant sérieux dans le cadre de l’entraînement. Le film capte bien cet esprit. Il montre aussi que le déménagement à Arêches n’a pas été simple pour Jess et moi : le processus d’immigration pour le visa n’a pas été facile, et il était dur de s’éloigner de nos amis et de notre famille. Mais au final nous sommes très heureux d’avoir pu être acceptés en France et de vivre près de gens bienveillants.

Comment envisages-tu l’UTMB cette année ? Tu dis que la victoire n’est pas une priorité…

JW : Ma stratégie sera complètement différente. Elle sera plus proche de celle des années où je n’ai pas réussi à gagner l’UTMB. J’ai participé à la Western States avant d’aller à Silverton (Colorado) pour courir et aider François (D’Haene) et Ludo (Pommeret) sur la Hardrock 100. Et depuis le retour à Arêches, j’essaie d’intensifier mon entraînement, mais je ressens moins de pression. Après, la victoire est toujours une priorité ! (Rires.) Mais je veux profiter de l’entraînement et de la course sans ressentir le besoin de gagner l’UTMB à tout prix. Tout succès supplémentaire sera vraiment un bonus. La victoire l’an passé était vraiment significative. J’étais comblé. Je veux cette fois me concentrer sur le fait de réussir deux courses solides : la Western States et l’UTMB. Pour la première fois de ma carrière, j’espère réussir ce que je n’avais pas pu faire auparavant, à savoir terminer les deux. (Les deux fois où Jim Walmsley s’est aligné sur les deux courses, en 2018 et en 2021, il a remporté la WSER mais a abandonné sur l’UTMB, NDLR.)

Tu as souvent évoqué le fait de vouloir réaliser une course parfaite, sans trous d’air, à l’UTMB. Penses-tu pouvoir atteindre cet objectif ?

JW : J’ai une nature à vouloir tout contrôler, tout maîtriser, lors des courses. J’ai l’obsession de la préparation de mes affaires et de mon ravitaillement. Tout doit être calé à la perfection. Dès que quelque chose va de travers, je suis souvent déstabilisé. Cela m’est arrivé par le passé à l’UTMB car cette course vous sort de votre zone de confort et ne vous permet pas d’être en maîtrise. J’ai mis du temps à le comprendre et c’est pour cela que j’ai parfois abandonné. Mais j’ai compris – grâce à mes discussions avec François – que tout le monde avait des passages à vide dans des courses aussi longues, même Kilian, et que le talent d’un coureur était sa capacité à les gérer. (Jim Walmsley fait ici allusion au coup de mou qu’a connu Kilian Jornet en 2022 quand Mathieu Blanchard est revenu sur lui, NDLR.) L’an dernier, j’étais vraiment au plus bas dans la portion entre La Fouly et Champex, quand Germain m’a rattrapé, mais je pense qu’être parvenu à laisser passer l’orage montre ma maturité sportive. Je sais maintenant que j’en suis capable. Je pourrais le refaire. La course parfaite est une chimère. Je me concentre donc davantage sur le fait d’apprécier l’expérience de course, mais aussi l’inconfort.

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UTMB 2023. Photo UTMB Group

Qu’as-tu retenu de ta préparation et de ta victoire l’an passé ?

JW : J’ai acquis énormément d’expérience lors de mon séjour dans les Alpes. J’ai progressé dans des domaines intangibles, en cherchant à comprendre la vie, la nature et les gens. C’était une leçon de simplicité et d’humilité. J’ai aussi revu tout mon système de préparation d’équipement avec le sac à dos et les bâtons. Cela sera à nouveau mon point fort cette année. Quant à mon rythme en montagne, il devrait rester le même. Je pense que d’une manière générale, mon séjour en France a permis d’améliorer ma « boîte à outils » de coureur d’ultra.

Quelle a été l’importance de tes amis français, et de François D’Haene en particulier ?

JW : Énorme ! Ils m’ont tous pris sous leurs ailes. Ils ont facilité mon adaptation. Toute la communauté trail running a été très accueillante et chaleureuse, de même que les coureurs de la Team Hoka. Simon (Gosselin) a été une présence bienveillante en permanence et son amitié m’a été précieuse chaque jour que j’ai passé en France, car je le savais toujours prêt à me donner un coup de main. En ce qui concerne François, son apport a été immense. Lorsqu’un gars qui a gagné quatre fois l’UTMB te donne des conseils, tu l’écoutes ! Mais au-delà des petits détails qu’il a su corriger intelligemment, il m’a donné du temps. Sa présence dégage quelque chose de rassurant, d’apaisant. Je lui serai toujours reconnaissant. Et le fait qu’il assure mon dernier ravitaillement m’a donné un coup de fouet pour terminer la course.

Après ton séjour en France, tu as à ton tour accueilli Simon Gosselin sur tes terres…

JW : Nous sommes devenus très proches ces derniers mois. Il est arrivé fin avril aux États-Unis, afin de se préparer pour la Western States. Nous avons pu nous entraîner en altitude dans le Colorado avant de revenir en Arizona. Il s’est préparé sur tous les terrains, que ce soit en Californie près du lac Tahoe ou dans l’Utah. Je lui ai fait découvrir les sentiers dans les hauteurs de Flagstaff. Nous avons aussi fait un entraînement thermique dans un sauna, une sortie longue par temps très chaud à Phoenix et plusieurs sorties de montées et descentes au Grand Canyon. Par le passé, je me suis souvent entraîné seul, uniquement concentré sur moi-même. Partager ces moments avec un ami proche comme Simon est très sympa. Être en phase avec quelqu’un, fixés tous les deux vers le même objectif, est une expérience que j’ai pu apprécier. Cela m’a aussi enlevé beaucoup de stress.

Pour finir, qu’as-tu pensé de la polémique lancée par Zach Miller et Kilian Jornet vis-à-vis de l’UTMB ?

JW : Je pense que cette histoire n’est pas très importante au final. Zach et Kilian ont tous les deux une grande admiration pour l’UTMB et ils doivent beaucoup à cette course. Ils ont essayé de susciter une réflexion collective sur l’état actuel de notre sport et sur ses perspectives d’avenir. Leurs intentions étaient bonnes, mais les moyens utilisés n’étaient pas les meilleurs. L’important est qu’un dialogue a pu naître de tout cela.

Lire aussi Coup de théâtre : Kilian Jornet et Zach Miller appellent au boycott de l’UTMB 2024

Cette interview est parue dans le magazine Esprit Trail n°138 paru en juillet 2024.

Pour commander le magazine en version papier ou numérique, c’est ici

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Alors que le grand rendez-vous de l’UTMB Mont-Blanc approche, découvrez le programme complet des différentes courses, qui sont les principaux favoris et comment suivre les épreuves. Et, pour le plaisir, replongez dans l’ambiance de toutes les courses du « Sommet mondial du trail » à travers les vidéos de l’édition 2023. L’occasion de revivre la victoire de Jim Walmsley, mais aussi de découvrir les paysages exceptionnels de la PTL, ou encore les conditions dantesques de la TDS et de la MCC…

UTMB, la course vedette

170 km, 10000m D+, 3 pays traversés. Le tour du Mont-Blanc est la course mythique qui, depuis 2003, fait rêver nombre de passionnés de course nature. Devenue finale 100M du circuit UTMB World Series, elle attire chaque année les meilleurs ultra-traileurs du monde et les anonymes en quête de leur propre Graal.

Départ vendredi 30 août à 18h00 de la Place du Triangle de l’Amitié, à Chamonix.

Voir le best of 2023 ICI

JIm Walmsley Photo UTMB Group
Jim Walmsley. Photo UTMB Group

UTMB 2024 : qui sont les favoris ?

Jim Walmsley, UTMB Index 935
Pour son 6ème UTMB, l’Américain, vainqueur l’an dernier et auteur d’un chrono impressionnant, espère effectuer une course pleine, sans aucun coup de mou. « La victoire serait un plus », explique-t-il, mais il est clair que Jim, déjà vainqueur de la Western States Endurance Run cette année, a une idée en tête : devenir le deuxième homme à réussir le doublé WSER / UTMB la même année. Seul Kilian Jornet a pour l’instant réussi cet exploit, en 2011.

Germain Grangier, UTMB Index 898
Son 4ème UTMB, après avoir fait 3 Top 10, et être monté sur le podium en 2023 derrière Jim Walmsley et Zach Miller.

Mathieu Blanchard, UTMB Index 905
2ème en 2022, 4ème en 2023, Mathieu Blanchard, vainqueur de la MaXiRace du Lac d’Annecy en début de saison, a attendu le dernier moment pour annoncer sa participation. Principale raison : s’assurer de pouvoir aussi être au départ de la Diagonale des Fous, son gros objectif 2024.

Jonathan Albon, UTMB Index 936
Vainqueur de l’OCC en 2021, puis second de la CCC 2022 avant de la remporter l’année suivante, le Britannique Jonathan Albon s’attaque à son premier 100 miles. « La saison de trail est longue. Pour moi, le défi est d’arriver sur la ligne de départ de l’UTMB en forme et en bonne santé. Si j’y parviens, je serai très heureux. Quoi qu’il arrive pendant la course, c’est une autre histoire. Je suis impatient de voir comment tout cela va se dérouler. »

Jonathan Albon Photo UTMB Group
Jonathan Albon. Photo UTMB Group

Aurélien Dunand-Pallaz, UTMB Index 896
« Je suis très heureux de revenir pour la 3ème fois sur l’UTMB. Après ma seconde place en 2021 puis mon abandon en 2022, j’ai envie de renouer avec la course phare de notre sport : l’ultra trail. J’ai déjà hâte de retrouver les montagnes et massifs qui entourent le Mont-Blanc ainsi que toute la communauté trail présente autour de l’événement. »

Tom Evans, UTMB Index 914
Vainqueur de la CCC (2018), de la Western States Endurance Run (2023), 3ème de l’UTMB en 2022, le Britannique Tom Evans a fait de l’UTMB son principal objectif en 2024. « Je suis impatient de revenir sur l’UTMB. C’est mon objectif principal cette saison. J’ai hâte de retrouver la communauté trail sur mes sentiers préférés et de courir avec les meilleurs du monde. Ce sera une année formidable ! »

Ludovic Pommeret, ITMB Index 888
Vainqueur de l’UTMB en 2016, Ludo a scotché tout le monde en remportant en juillet la Hardrock 100 et en battant le record détenu par Kilian Jornet. Sera-t-il suffisamment remis pour jouer les premiers rôles sur ce tour du Mont-Blanc ? C’est tout le mal qu’on lui souhaite.

On aura également un œil sur les performances de Thibaut Baronian pour son premier UTMB, et de Thibaut Garrivier, toujours performant malgré son travail prenant de radiologue, ainsi qu’Arthur Joyeux-Bouillon, qui a axé sa saison sur cette épreuve.

UTMB 2024 : qui sont les favorites ?

Marianne Hogan, UTMB Index 765
En 2022, la Canadienne Marianne Hogan avait livré une magnifique bataille malgré une blessure en course, pour aller décrocher la 2ème place. De retour cette année, elle jouera devant : « Je suis bien enthousiaste de revenir sur l’UTMB. En 2022, j’ai eu une déchirure au psoas à Champex-Lac qui a rendu ma fin de course très difficile, et qui m’a laissée sur ma faim. J’ai hâte de revenir sur la ligne de départ, et tenter de faire la course jusqu’à la fin cette fois. »

Marianne Hogan Photo UTMB Group
Marianne Hogan. Photo UTMB Group

Blandine L’Hirondel, UTMB Index 804
Troisième l’an dernier pour son tout premier 100 miles, la double championne du monde saura sans doute mieux gérer son effort cette année, et aura à cœur de réussir une course pleine.

Ruth Croft, UTMB Index 792
La Néo-Zélandaise sera l’une des plus sérieuses prétendantes à la victoire, elle qui collectionne les podiums sur les courses les plus prestigieuses. « Après avoir manqué l’UTMB l’année dernière, je suis très motivée pour faire tout ce qu’il faut afin d’être en forme et en bonne santé au mois d’août », a-t-elle déclaré en juillet. Gagnante de la CCC en 2015, de l’OCC en 2018 et 2019, elle n’a jamais tenté la boucle complète du Mont-Blanc et n’a participé que 2 fois à un format 100 miles, la Western States Endurance Run, où elle a fini seconde en 2021 et 1ère en 2022.

Katie Schide, UTMB Index 827
Avec le meilleur UTMB Index sur la ligne de départ, l’Américaine Katie Schide est la grande favorite, surtout en l’absence de Courtney Dauwalter. Gagnante en 2022 devant Marianne Hogan, elle serait la seconde femme, en cas de victoire, à réaliser le doublé Western States Endurance Run / UTMB la même année, rejoignant ainsi Courtney.

Katie Schide Photo UTMB Group
Katie Schide. Photo UTMB Group

Anne-Lise Rousset, UTMB Index 753
Après avoir réalisé des performances impressionnantes sur des courses telles que la Diagonale des Fous ou la Hardrock 100, où elle a à chaque fois terminé seconde derrière la Patronne Courtney Dauwalter, Anne-Lise Rousset s’attaque à son premier UTMB avec envie et humilité. « Carpe Diem ! Je courrai cette année l’UTMB pour la première fois, alors je n’ai pas envie de me prendre la tête. J’ai envie de profiter de chaque instant, de l’ambiance, de mes copains qui viendront m’encourager, et d’en prendre plein les yeux grâce à un parcours 5 étoiles. Mon objectif sera de prendre un maximum de plaisir. »

Retrouvez son interview d’avant-course ICI

Martina Valmassoi, UTMB Index 743
L’Italienne s’est imposée sur des 20 K, 50K et 100K, dont la TDS en 2022, mais n’a jamais bouclé un 100 miles. « Je suis très heureuse de prendre le départ d’un événement aussi important que l’UTMB. Cette année, l’objectif principal sera vraiment d’essayer de terminer la boucle complète et donc de terminer mon premier 100 miles. Je suis à la fois excitée et effrayée, mais le premier sentiment est le plus important, c’est déjà un bon signe ! »

CCC, la « petite sœur » devenue grande

Passée du statut de petite sœur de l’UTMB à celui d’une course unique en son genre et parmi les plus prestigieuses au monde, la CCC, avec ses 101 km pour 6000m D+ au départ de Courmayeur, permet de rallier l’Italie à la France en passant par la Suisse dans des paysages exceptionnels, face au Mont-Blanc et aux Grandes Jorasses.

Départ vendredi 30 août à 9h00 Place Brocherel, à Courmayeur.

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OCC, la « courte » qui fait mal aux pattes

Défi ultime pour les amateurs de moyenne distance, l’OCC propose un parcours de 55km et 3425m D+ depuis Orsières, situé dans une vallée helvétique aux paysages uniques, avec les derniers éperons et les ultimes aiguilles du flanc oriental du mont Blanc dessinant la frontière franco-suisse, faite de glaciers suspendus sur les rochers polis et des torrents fougueux.

Départ jeudi 29 août à 8h15 Place Centrale, à Orsières.

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PTL, la grande vadrouille

La Petite Trotte à Léon, ou PTL, est un grand tour du mont Blanc demandant de l’engagement mental, un véritable esprit d’aventure et des valeurs montagnardes, indispensables pour vivre en équipe de 2 ou 3 cette aventure d’une vie sans balisage au sol, nécessitant de s’orienter sur et hors sentiers sur 300km et 25000m D+, en parcourant des lieux méconnus, souvent difficilement accessibles et réservant des points de vue époustouflants.

Départ lundi 26 août à 8h00 de la Place du Triangle de l’Amitié, à Chamonix.

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TDS, la « sauvage »

Belle, technique, sauvage, exigeante, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire la TDS qui, sur 148km et 9300m D+, relie le Val d’Aoste à la Savoie, à la découverte des villages du tour du mont Blanc et des massifs qui les entourent. Parcourir ce terrain de jeu unique, c’est emprunter des sentiers où se mêlent l’histoire et la montagne, la technicité du terrain et la bienveillance de ses habitants.

Départ lundi 26 août à 23h50 Place Brocherel, à Courmayeur.

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MCC, la course des bénévoles

De Martigny-Combe à Chamonix, la MCC est une course de 40 km et 2350m D+ entre la France et la Suisse réservée prioritairement aux bénévoles, partenaires et habitants locaux, afin de souder les équipes et de partager la passion du trail running.

Départ lundi 26 août à 10h de la Place Centrale de Martigny-Combe.

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ETC, l’ « entrée de gamme »

Une course de 15 km au départ de Courmayeur, courte mais exigeante avec un fort dénivelé de 1200m D+ jusqu’aux balcons de la vallée d’Aoste, face au mont Blanc, avant de redescendre en direction de Courmayeur. Au menu, des paysages à couper le souffle en plein cœur des Alpes italiennes et une belle introduction aux courses de l’UTMB Mont-Blanc.

Départ mardi 27 août à 14h Place Brocherel, à Courmayeur.

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YCC, place aux jeunes !

La YCC, pour Youth Chamonix Courmayeur, est un challenge dédié aux jeunes nés entre 2005 et 2010 qui est composé de 2 épreuves en 2 jours : un trail au départ de Courmayeur le mardi, sur un format dépendant de l’âge, de 4 km et 100m D+ pour les plus jeunes à 15 km et 1200m D+ pour les plus âgés, et une course courte et innovante de 2 à 4 km le mercredi à Chamonix, YCC The Revenge. Cette ultime épreuve fait partir les coureurs dans l’ordre inverse du classement de la veille.

Départ YCC mardi 27 août à 11h Place Brocherel, à Courmayeur.

Départ YCC The Revenge mercredi 28 août du Champ du Savoy, à Chamonix.

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Suivre le live de l’UTMB 2024, mode d’emploi

Cette année, il sera possible de suivre toutes les courses de manière complète, gratuite et accessible depuis partout, à tout moment via le site LIVE.UTMB.WORLD, qui rassemblera en un seul lieu les classements en temps réel, le suivi individuel des coureurs, le live streaming, le chat en direct et des webcams.

De plus, vous pourrez suivre en vidéo les 3 finales des UTMB World Series que sont l’UTMB (100M), la CCC (100K) et l’OCC (50K) sur UTMB LIVE.

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C’est un record mythique, de ceux que l’on imaginait qu’ils ne seraient jamais battus. Il y a 19 ans, l’Américain Matt Carpenter parcourait les 100 miles et 4800m D+ du Leadville 100 en 15h 42mn 59s, devenant le premier homme à descendre sous la barre des 16h. Son chrono, qui n’a été approché qu’une seule fois depuis, en 2018, vient de voler en éclats. L’auteur de cet exploit : l’Américain David Roche, qui pour le premier 100 miles de sa carrière a établi une nouvelle marque référence en 15h 26mn 34s, en courant du début à la fin sans jamais marcher. Historique.

Leadville 100 : un mythe made in America

Organisée chaque année depuis 1983 près de Leadville, dans le Colorado, sur des sentiers parcourant les montagnes Rocheuses, la Leadville 100 est une des épreuves de trail les plus anciennes et célèbre des États-Unis, que tout ultra-traileur américain rêve d’accrocher à son palmarès.

Le parcours se compose d’une boucle présentant un dénivelé total d’environ 4800 mètres, sur des sentiers d’altitude situés entre 2800 et 3850 mètres d’altitude, avec le Hope Pass, son point le plus haut. Si le dénivelé est comparable à celui de la Western States Endurance Run, la principale difficulté vient de l’altitude moyenne du parcours, plus proche de celle de la Hardrock. C’est ce qui explique qu’en général, moins de la moitié des participants termine la course dans la limite des 30 heures.

Voir le film sur l’histoire de la Leadville 100 ICI (en anglais)

Leadville 100 : le record de Matt Carpenter

Lors de la 1ère édition, en 1983, l’Américain Skip Hamilton (4 fois vainqueur, dont la dernière en 1987) boucla le parcours en 20h 11mn 18s. Son meilleur chrono, lors de sa 2ème victoire, s’établit en 18h 43mn 50s.

Seuls 2 autres coureurs ont réussi à s’imposer 4 fois ou plus, le Britannique Ian Sharman (4 victoires, dont la dernière en 2017) et l’Américain Steven Peterson, recordman avec 5 victoires, dont la dernière en 2001. Le meilleur chrono de Sharman s’établit en 16h 22min 39s en 2016, tandis que celui de Peterson fut de 17h 40mn 53s en 2001.

L’icône du trail Anton Krupicka s’y est également imposé à 2 reprises (2006 et 2007), avec un meilleur chrono en 2007 en 16h 14mn 35s. Un seul Français a réussi à monter sur la plus haute marche du podium, Thomas Lorblanchet, en 2012, avec un chrono de 16h 29mn 28s.

Quant au record de l’épreuve, il appartenait depuis 2005 au légendaire coureur de fond américian Matt Carpenter, champion du monde de course en montagne longue distance en 2006, qui avait établi une marque improbable en 15h 42mn 59s. Ce même Matt Carpenter, 12 fois vainqueur du Marathon de Pikes Peak, dont le record sur la montée, qui a tenu pendant 35 ans, vient d’être battu en 2023 par Rémi Bonnet. Quant à son record de la Leadville, on le pensait intouchable. Un seul autre athlète avait réussi à l’approcher et passer sous la barre des 16 heures en 40 éditions : le Canadien Rob Krar en 2018, en 15h 51mn 57s. Jusqu’à ce 18 août et l’exploit retentissant de David Roche.

Matt Carpenter
La légende américaine Matt Carpenter, détenteur du record de la Leadville 100 depuis 19 ans. Photo Pikes Peak / DR

Leadville 100 : la course parfaite de David Roche

Régulièrement classé sur des formats de 30 à 50km depuis 2019, l’Américain David Roche est monté sur le format 100 km en 2023, terminant 5ème du Canyons Endurance Runs by UTMB en avril. Là où son exploit retient l’attention, c’est que cette 41ème édition de la Leadville 100 est sa première incursion sur un format de 100 miles.

David Roche
David Roche. Photo DR

Parti en tête dès le début, David Roche a réussi l’exploit de maintenir un rythme de course sans jamais marcher pendant les 160 kilomètres de l’épreuve. Une performance qui lui permet de battre de plus de 16 minutes l’ancien record de Matt Carpenter, vieux de 19 ans.

Leadville 100 record
David Roche à l’arrivée de la Leadville 100, record de Matt Carpenter battu. Photo Organisation

Leadville 100 : exploit chez les femmes de l’Américaine Mary Denholm

Chez les femmes, l’Américaine Mary Denholm a fait vibrer les foules en établissant la deuxième meilleure performance mondiale sur la distance, en 18h 23mn 54s. Quant au record de l’épreuve, il reste toujours la propriété de l’Amérciaine Ann Trason, qui a établi un chrono de 18h 06mn 24s en 1994, lorsqu’elle terminera 2ème au scratch derrière le Mexicain Juan Herrera (17h 30mn 42s).

Leadville 100 woman
Mary Denholm à l’arrivée. Photo Organisation
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L’autonomie totale, avec tente, sac de couchage et nourriture sur le dos : telle est la façon dont Mathieu Blanchard a choisi d’effectuer les 180 km et 11000m D+ du GR20, considéré comme l’un des sentiers les plus difficiles au monde. Une aventure bien différente des tentatives de record de vitesse, dans laquelle le traileur a flirté entre souffrance et émerveillement. Découvrez son expérience en 31 minutes.

Voir le film ICI

Le GR20 de Mathieu Blanchard : un défi en autonomie totale

Si Mathieu Blanchard avait déjà eu l’occasion de découvrir les sentiers corses, dont pas plus tard qu’en début d’année lors d’un stage d’entraînement avec la team Salomon International, il ne s’était jamais lancé sur le GR20. Pourtant, il avait beaucoup entendu parler de ce sentier mythique, avec ses 180km et 11000 mètres de dénivelé positif. Et, surtout, il avait entendu parler de sa difficulté, et de cette fameuse « salade de cailloux » qui le caractérise. Mais, reconnaît-il, il avait été marqué par la façon dont les Corses parlent de ce sentier avec amour et respect.

GR20
Le GR20, un parcours de 180km et 11000m D+ à travers les montagnes corses.

Alors, comment lui rendre hommage à sa façon ? En choisissant de réaliser ce périple légendaire en seulement 4 jours, et en autonomie totale, au lieu des habituels 10 à 15 jours mis par les randonneurs. Pas d’hôtels, pas de lit en refuges, pas d’assistance, pas de restaurants : juste son sac à dos et la nature. Tout ce dont il avait besoin était sur ses épaules pour quatre jours : tente, matelas, sac de couchage, nourriture, réchaud, électronique et matériel de sécurité, un total de 10 kilos sur le dos. Son seul ravitaillement extérieur ? Les sources d’eau qui parsèment ce sentier accidenté.

MATHIEU BLANCHARD EAU
L’eau des sources et des rivières, seule ressource extérieure utilisée par Mathieu Blanchard. Capture écran.

Le GR20 de Mathieu Blanchard : 4 jours de beauté et de souffrance

« Dès le premier jour, raconte Mathieu Blanchard, le poids du sac s’est fait sentir, rendant chaque pas plus lourd, chaque montée plus ardue. J’avais sous-estimé la difficulté de ce parcours déjà réputé pour sa rudesse. Les paysages étaient à couper le souffle, mais l’effort pour les atteindre était à la hauteur du défi. La Corse ne se laisse pas conquérir facilement, surtout pas avec un sac surchargé. »

MATHIEU BLANCHARD TENTE
Un seul mot d’ordre, l’autonomie totale. Capture écran

Dans ce film de 31 minutes aux images grandioses, vous découvrirez toute la beauté du sentier corse, mais aussi les moments de détresse face à la difficulté du parcours, au poids du sac, à la fatigue.

GR20 MATHIEU BLANCHARD
Capture écran

GR20 en autonomie totale en 4 jours, le film de l’aventure de Mathieu Blanchard

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D’énormes orages sur les montagnes de Tatra, en Pologne, ont contraint le directeur de course du Tatra Sky Marathon, 6ème étape de la Golden Trail World Series 2024, a interrompre puis annuler la course. Le règlement de la saison 2024 a été adapté en conséquence, modifiant le classement général actuel. Patrick Kipngeno et Maude Mathys sont désormais leaders, avant les 2 dernières courses aux États-Unis.

Tatra Sky Marathon : orage, ô désespoir !

Ils avaient senti venir le cataclysme, mais ont espéré jusqu’au bout. Ce samedi 17 août, le départ de la course avait été avancée d’une heure, histoire de passer entre les gouttes. Mais cela n’aura pas suffi. À peine le départ des femmes lancé, à 8h30, que des cellules orageuses non attendues par les prévisions météo se sont formées au-dessus de la course. La pluie fine des premières minutes s’étant rapidement transformée en d’importants orages, la décision a été prise par la direction de course du Tatra Sky Marathon de stopper les femmes au kilomètre 11 (sur 28) et de ne pas donner le départ des hommes.

L’analyse de la situation météo n’indiquant aucune amélioration les heures suivantes, la décision finale a donc été prise d’annuler complètement la course. La 6ème étape de la Golden Trail World Series, qui pour la première fois venait en Pologne, n’attribuera donc aucun point pour le classement général. Une situation inédite, qui devait modifier bien des choses.

Tatra Sky Marathon
Le départ de la course féminine du Tatra Sky Marathon, qui sera interrompue au 11ème kilomètre. Photo GTWS

Golden Trail World Series 2024 : le règlement modifié

Au vu de la situation inédite, Greg Vollet, directeur de la Golden Trail Series, a dû également prendre une décision en ce qui concerne le classement général de la Golden 2024. En effet, initialement, les 30 qualifiés hommes et femmes pour la finale 2024 devaient être sélectionnés en prenant en compte les points accumulés sur leurs 4 meilleurs résultats des 8 courses prévues. Sauf qu’en réduisant à 7 le nombre d’épreuves, et dans la mesure où de nombreux athlètes misaient sur les 3 dernières courses pour atteindre le quota de 4 épreuves courues et accéder à la finale, il a fallu modifier les règles. Il a donc été décidé que seules 3 courses seraient désormais prises en compte dans le calcul du classement général avant la finale. 

« Nous nous trouvons devant une situation inédite, a expliqué Grégory Vollet. Jusqu’à présent nous avons été chanceux car depuis 2018 et la création de la Golden Trail Series, aucun événement n’avait jamais été annulé. La décision qui a été prise aujourd’hui par la direction de course du Tatra Sky Marathon était clairement la bonne décision, mais elle a des conséquences sur le classement de nos coureurs. Certains d’entre eux ont commencé leur saison à Sierre-Zinal en espérant enchaîner les 4 dernières étapes pour se qualifier pour la finale. Avec la 6ème étape annulée, ils ne peuvent donc plus le faire. C’est pour cette raison que nous avons décidé de ne conserver que les 3 meilleurs résultats de chaque coureur avant la finale. Cela permettra donc à chacun d’avoir le bon nombre de courses malgré cette annulation. »

Golden Trail World Series 2024 : un classement bouleversé

Suite à cette décision, le classement général de la Golden Trail World Series a également évolué. Leaders avant l’annulation du Tatra Sky Marathon, le Marocain Elhousine Ellazaoui chez les hommes et la Suissesse Theres Leboeuf chez les femmes perdent leur position de leader, au profit du Kényan Patrick Kipngeno et de la Suissesse Maude Mathys.

Classement général Hommes, le nouveau Top 10

1 – Patrick Kipngeno (KEN – Run2gether/ON AG) : 576 pts

2 – Elhousine Elazzaoui (MAR – Nnormal) : 576 pts

3 – Roberto Delorenzi (CHE – Brooks) : 476 pts

4 – Daniel Pattis (ITA – Brooks) : 465 pts

5 – Alain Santamaria (ESP – Salomon) : 420 pts

6 – Marcin Kubica (POL – Salomon) : 418 pts

7 – Kilian Jornet (ESP – Nnormal) : 400 pts

8 – Alex Garcia (ESP – Brooks) : 396 pts

9 – Léonard Mitrica (ROM – Datacor Running) : 387 pts

10 – Miquel Corbera Rubio (ESP – Brooks) : 384 pts

Classement général Femmes, le nouveau Top 10

 1 – Maude Mathys (CHE – Asics) : 532 pts

2 – Malen Osa (ESP – Salomon) : 500 pts

3 – Joyce Njeru (CHE – Atletica Saluzzo) : 493 pts

4 – Theres Leboeuf (CHE – Compressport) : 478 pts

5 – Sylvia Nordskar (NOR – HOKA) : 457 pts

6 – Marta Martinez Abellan (ESP – La Sportiva) : 444 pts

7 – Rosa Lara Feliu (ESP – Compressport) : 436 pts

8 – Naiara Irigoyen Indave (ESP – Salomon) : 420 pts

9 – Caitlin Fielder (NZL – Salomon) : 416 pts

10 – Madalina Florea (ROM – Salomon) : 364 pts

Voir le classement complet ici

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En annonçant le 14 août se lancer dans le projet « Alpine Connections » où il va tenter de relier le plus grand nombre possible de sommets de plus de 4000 mètres des Alpes en comptant uniquement sur ses propres capacités, Kilian Jornet marche sur les traces de quelques alpinistes ayant déjà réussi l’exploit de gravir les 82 sommets existants. Alors, que cherche le « Patron » ? À battre le record en solitaire détenu depuis 2015 par Ueli Steck ? Ou le record absolu détenu par 2 alpinistes italiens depuis 2008 ? État des lieux.

Après les 3000 des Pyrénées, les 4000 des Alpes

177 sommets, 485km, 43000m D+ : du 2 au 8 octobre 2023, Kilian Jornet avait surpris tout le monde en réalisant l’exploit de rallier les 177 sommets de plus de 3000 mètres des Pyrénées dans un temps record, alors qu’une blessure l’avait tenu écarté des grandes courses de l’été. « J’avais cette envie, mais je ne savais pas si c’était un défi réalisable ou une pure folie. Après avoir consulté des personnes connaissant bien les sentiers pyrénéens, j’ai décidé de me lancer », avait-il expliqué alors. De là à voir le défi alpin comme une suite logique…

Lire l’article Le retour fracassant de Kilian Jornet dans les Pyrénées ICI

KILIAN-JORNET Pyrénées NNormal
Kilian Jornet lors de son périple pyrénéen de 2023. Photo NNormal

Les 4000 des Alpes : 82 sommets qui font rêver les alpinistes

Ce projet de gravir les 82 sommets de plus de 4000 mètres de l’arc alpin n’est pas nouveau. Et il a déjà fait de tristes dégâts. Ainsi, en 2004, alors qu’il s’est lancé dans ce défi, le célèbre guide Patrick Berhault meurt accidentellement lors de l’effondrement d’une corniche entre le Dom et le Täschhorn, en Haut-Valais.

C’est en 2008 que la paire d’alpinistes italiens Franco Nicolini et Diego Giovannini réussit l’exploit de venir à bout des 82 sommets en ne se déplaçant qu’à la force physique, à pied ou à vélo. Du 26 juin au 24 août, la cordée met 60 jours, ce qui constitue aujourd’hui encore le record absolu.

En 2015, c’est le métronome suisse Ueli Steck, tragiquement décédé le 30 avril 2017 au Népal sur les pentes du Nuptse, qui réalise l’exploit d’escalader les 82 sommets en solitaire, avec lors de quelques ascensions des compagnons d’aventure « invités ». Il met alors 62 jours, entre le 11 juin et le 11 août ! L’alpiniste star, surnommé « la Machine », adepte du « speed climbing », s’était fixé pour objectif de relier tous les sommets en moins de 80 jours, sans moyens motorisés entre les étapes, effectuées à pied et à vélo. Son exploit est hélas endeuillé par la mort le 23 juillet de l’alpiniste néerlandais Martijn Seuren, l’un de ses compagnons de route, lors d’une ascension commune sur le mont Blanc.

Ueli Steck OK
Ueli Steck lors de son projet des 4000 en 2015. Photo DR

Les 4000 des Alpes : l’aventure de Liv Sansoz

Célèbre à la fin des années 90 pour avoir été l’une des premières grimpeuses à venir à bout d’une paroi coté 8c+, Liv Sansoz était alors obsédée par la performance. Mais en 2001, une chute brisa ses ambitions : blessée aux vertèbres, elle disparut des magazines. Pour réapparaître 16 ans plus tard, en mars 2017, lorsqu’à 40 ans elle annonça se lancer dans un projet fou : gravir les 82 sommets alpins de plus de 4000 mètres à la seule force physique, c’est-à-dire à pied ou en vélo, sans avoir recours aux remontées mécaniques, avec uniquement le ski et le parapente pour compléter les séances d’alpinisme.

Et surtout, en faisant cela à sa manière, en partageant l’aventure avec ses amis, sans souci de chrono ou de record. Ainsi, de mars 2107 à septembre 2018, en l’espace d’un an et demi, l’alpiniste a réalisé son rêve, avec une interruption de plus de 7 semaines au milieu de son aventure lorsqu’elle tomba dans une crevasse et, oubliant de bouger ses pieds, eut les orteils gelés en attendant les secours en hélicoptère.

Voir le film de l’aventure de Liv Sansoz ICI

Liv Sansoz Photo Ben Tibbets : Salomon
L’alpiniste française Liv Sansoz en 2017. Photo Ben Tibbets / Salomon

Les 4000 des Alpes : un record qui tient toujours

En 2021, les aspirant-guides italiens Nicola Castagna et Gabriel Perenzoni ont également réalisé les ascensions des 82 4000 des Alpes, mais en 80 jours, et en effectuant les liaisons en voiture.

Enfin, en 2022, le guide de haute montagne néerlandais Roeland van Oss a lui aussi gravi tous les 4000 des Alpes en utilisant ses propres forces physiques et morales. Son objectif était surtout d’alerter l’opinion sur les conséquences du réchauffement climatique. Il a mis 78 jours pour gravir les 82 sommets.

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Les Italiens Castagna et Perenzoni en 2021. Photo Castagna / Perenzoni.

Les 4000 des Alpes : quel projet pour Kilian Jornet ?

Il est difficile d’imaginer que Kilian Jornet se soit lancé dans l’aventure sans objectif, même inavoué. « Gravir le plus de 4000 possible » ne lui ressemble pas, et il y a fort à parier que son objectif est de battre le record de 60 jours des 2 alpinistes italiens. Une forme d’hommage aussi, certainement, à l’exploit en solitaire d’Ueli Steck.

On se souviendra d’ailleurs qu’en novembre 2015, Ueli Steck et Kilian Jornet, qui s’étaient rencontrés le mois précédent au Népal et avaient effectué une « petite » sortie ensemble, s’étaient retrouvés en Suisse pour s’offrir un aller-retour express sur la face nord de l’Eiger au départ de Grindelwald. Un peu plus de 10 heures et 2 minutes.

Jornet Steck Facebook
Le post Facebook d’Ueli Steck après sa sortie avec Kilian Jornet sur l’Eiger.
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Après un début de saison réussi, avec notamment une deuxième place à Zegama et 2 5èmes places sur les courses asiatiques, la jeune Basque Malen Osa, véritable révélation de la saison 2023, où elle a terminé 4ème de la Golden Trail World Series, sera au départ de la 6ème étape du circuit 2024, le Tatra Sky Marathon, en Pologne. Actuelle 4ème du classement général, que peut-elle y espérer ?

Malen, retournons à Zegama. Avec deux mois de recul, que représente cette magnifique deuxième place pour toi ?

Malen Osa : C’était clairement une surprise et c’est certainement pour ça que je lui donne autant de valeur. Mais il m’a fallu du recul pour me rendre compte de la valeur de cette deuxième place justement. J’ai réalisé à quel point j’avais réussi à gérer mon tout premier marathon avec tout ce qui allait avec : la nutrition, la météo, tout. Donc je pense que c’est un super résultat effectivement.

Quand on t’écoute parler, on a l’impression que tu es presque déçue. Tu pensais pouvoir gagner ?

MO : Non, pas du tout ! C’est plutôt le chrono qui me fait réfléchir. J’ai perdu beaucoup de temps sur la fin. Je ne pense pas que j’aurais pu aller chercher 6 minutes pour jouer la victoire, mais j’aurais peut-être pu faire mieux. J’ai ralenti dans les derniers kilomètres parce que je voulais sécuriser la deuxième place et surtout, j’avais envie de profiter à fond. Donc, j’aurais peut-être pu faire un meilleur chrono. Mais finalement, j’ai atteint mon objectif : celui de prendre un maximum de plaisir.

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Malen Osa, 2ème à l’arrivée du Marathon de Zegama. Photo Mathis Decroux

Qu’as-tu ressenti quand tu as franchi la ligne d’arrivée ?

MO : Il y avait beaucoup d’émotions. Je me suis sentie fière de moi. J’ai repensé à tout ce que j’avais mis en place pendant la préparation. J’avais le sentiment que je n’avais pas encore pu réellement montrer mon potentiel et je pense que Zegama était la course parfaite pour le faire. Donc, j’étais simplement heureuse, d’autant que j’avais toute ma famille présente, mes amis, tout le monde, c’était parfait ! J’ai tellement pris de plaisir sur la ligne, je pense que c’est la plus belle arrivée de ma vie. En fait, la course en elle-même était plus importante que l’objectif.

Y a-t-il une course plus importante que Zegama finalement pour toi ?

MO : Zegama est LA course que j’ai toujours rêvé de faire. Simplement être sur la ligne de départ était un vrai rêve pour moi. Je veux y revenir et la gagner, c’est certain ! Mais je veux aussi essayer d’autres courses, peut-être moins glamour pour moi ou avec moins d’émotions. Et en parlant avec les autres coureuses, je me dis qu’il y a aussi d’autres compétitions qu’il faudra que j’essaye, en dehors de la Golden, comme l’OCC par exemple.

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Photo Justin Galant

À Zegama, tu as prouvé que tu étais capable de très bons résultats sur marathon. Pourquoi ne pas avoir couru le Marathon du Mont-Blanc et Sierre-Zinal après ce résultat ?

MO : Les gens rigolent quand je dis ça, mais je n’ai pas préparé Zegama ! Je veux dire par là qu’au retour des courses en Asie, je n’ai eu qu’un mois pour récupérer et me relancer dans la préparation de Zegama. C’est normalement bien trop peu pour préparer un marathon ! Aussi je pense que ça aurait été une énorme erreur d’enchaîner avec le Marathon du Mont-Blanc. En plus, la préparation entre une course de 25 km et une course de 42 km est bien différente. Peut-être que je suis davantage faite pour ce genre de courses que les plus rapides, mais pour le moment je veux rester focalisée sur les courtes distances, avec juste quelques courses plus longues.

Et comment te sens-tu maintenant ?

MO : Honnêtement, j’ai pris du repos qui était nécessaire et puis j’ai ensuite fait 7 à 8 semaines d’entraînement qui ont été les meilleures de ma vie. J’ai progressé, sans aucun doute, et sur tous les terrains. On a fait des tests avec mon coach et je me sens très bien. Je suis prête et j’ai envie de montrer, surtout à moi-même, à quel point je suis forte. En Asie, ce n’était pas parfait et je suis persuadée que je peux en montrer encore davantage.

Et comment vont tes jambes ? As-tu toujours des crampes ?

MO : Les jambes vont bien. Sur les dernières semaines je n’ai rien ressenti, mais c’est le problème avec ce truc, tu ne peux jamais être sûre. J’ai toujours mes cornichons avec moi (Malen combat ses crampes soudaines en course avec de mini-snacks de cornichons, NDLR) au cas où, mais j’espère que ça ne sera pas un problème.

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Photo Justin Galant

Est-ce le Tatra Sky Marathon, d’une distance de 28 km et 1770m D+, est une course pour toi ?

MO : Je pense que c’est une course pour n’importe quel type de coureur en réalité. Il y a des sections très rapides et des passages très techniques. La première partie sera vraiment rapide et je ne serai certainement pas devant à ce moment-là. Mais ensuite, il y a des parties très techniques qui me vont bien. Donc je pense que je peux faire une belle course, d’autant que je me suis beaucoup améliorée sur les portions rapides et j’ai assez confiance en moi.

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Le profil du Tatra Sky Marathon, 6ème étape de la Golden Trail World Series 2024.

Quelle sera la stratégie ?

MO : Il faudra que je fasse ma propre course, ça sera la clé. Je vais rester en retrait jusqu’à la première montée et ensuite je vais faire ma course. Je ne vais pas attaquer dans la montée mais accélérer pour me mettre à un rythme suffisant pour jouer quelque chose sans exploser pour autant. Mais oui, le plan c’est de faire l’effort dans la montée et la descente ensuite. J’espère juste ne pas perdre trop de temps sur le plat.

Qui sera ta principale rivale ?

MO : Comme je le disais, c’est une course qui peut convenir à beaucoup de monde. Honnêtement, je ne sais pas… Je pense que les filles qui ont bien tourné à Sierre-Zinal seront très fortes demain : JoylineChepngeno, Anna Gibson, Madalina Florea. Je pense que ça se jouera sur le fait de ne pas être partie trop vite au départ. La coureuse la plus polyvalente gagnera.

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Photo Colin Olivero

Que penses-tu du niveau global des filles cette saison ?

MO : Je pense beaucoup à ça en me disant qu’il y a beaucoup de filles qui ont finalement renoncé à venir, comme Allie McLaughlin, Grayson Murphy, Maude Mathys, même Judith Wyder ou Sophia Laukli. Mais malgré tout le niveau reste incroyablement élevé. Imaginez si elles avaient pu toutes être là ! Mais sérieusement, le niveau a vraiment beaucoup progressé sur la Golden Trail Series. Même depuis l’année dernière, il est super élevé !

Tu parles des filles qui ont arrêté la Golden Trail Series pour cause de blessure ou de fatigue. Est-ce que cela change ton objectif final ?

MO : Au début, mon objectif était de jouer le podium. Je savais que ça allait être très dur avec le niveau de cette année, même si j’ai déjà de très bons résultats. Mais maintenant qu’il y a des filles qui sont « out », je me dis que le podium est clairement jouable ! Mais en même temps, de nouveaux visages apparaissent. On a découvert plein de nouvelles filles à Sierre-Zinal, et pas mal d’entre elles vont faire la Golden Trail Series donc on ne sait pas vraiment. Alors oui, je continue à viser le podium. Et si j’y arrive, ça sera un très bon résultat !

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Photo Colin Olivero
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Vainqueur au Marathon du Mont-Blanc et actuel leader de la Golden Trail World Series, Elhousine Elazzaoui a fait l’impasse à Sierre-Zinal pour se concentrer sur le Tatra Sky Marathon. Mais une grosse entorse de la cheville pourrait venir tout gâcher… Il s’est confié à Mickael Mussard.

Elhousine, revenons d’abord sur ta victoire au Marathon du Mont-Blanc. Qu’est-ce qu’elle représente pour toi ?

EE : Je suis content d’avoir pu décrocher cette victoire après trois podiums depuis le début de l’année. J’étais bien préparé mais c’est une course que je redoutais car j’avais déjà abandonné 2 fois. Mais, visiblement, l’expérience que j’ai engrangée commence réellement à porter ses fruits. J’ai reçu beaucoup d’encouragements pendant la course et même après. Je suis fier de tout ça parce que j’ai l’impression d’être une inspiration dans mon pays. Jusque-là, la saison se passe très bien, je suis content de mon résultat à Zegama, et bien sûr de cette victoire au Mont-Blanc.

https://www.esprit-trail.com/zegama-kilian-jornet-atomise-la-course/
Elhousine Elazzaoui lors de sa 2ème place à Zegama, derrière Kilian Jornet. Photo Justin Galant_GTWS

Quelle bataille tu as livrée avec Rémi Bonnet ! Au final, tu sors vainqueur alors qu’on aurait pu croire que Rémi allait attaquer dans la dernière montée. Est-ce que c’est Rémi qui est un peu moins en forme ou toi qui est plus fort ?

EE : Rémi est très fort ! Pour moi, il reste un athlète hors du commun. De mon côté, je pense que j’ai toujours été fort, mais je ne savais juste pas comment le prouver… Je fais la Golden Trail Series depuis 2019 et j’ai connu beaucoup d’échecs, mais j’ai beaucoup appris de ces échecs et j’ai le sentiment aujourd’hui de mieux faire les choses, plus intelligemment. Et depuis que je suis chez NNormal, j’ai aussi des gens qui me cadrent, qui m’accompagnent. En sport, seul, on n’arrive jamais à rien de toute façon…

Elhousine Elazzaoui Photo Justin Galant_GTWS
Elhousine Elazzaoui lors de sa victoire au Marathon du Mont-Blanc. Photo @leo_rsl_Zegama

Tu as décidé de faire l’impasse sur Sierre-Zinal et beaucoup de gens ont demandé où tu étais passé… Pourquoi n’es-tu pas venu courir en Suisse ?

EE : Ça aussi ça me rend fier, parce que les gens remarquent mon absence. Ça veut dire que je compte désormais dans le circuit ! Je reçois beaucoup de messages sur les réseaux sociaux et je n’ai pas le temps de répondre à tout le monde. Mais voilà, j’avais un programme en début de saison, et je savais que je ne pourrais pas tout faire…

J’avais décidé de ne pas venir à Sierre-Zinal parce que c’est une course qui ne me réussit vraiment pas. Je souffre trop de la chaleur, et la course commence trop tard pour laisser le temps aux coureurs amateurs de terminer leur course. Peut-être qu’un jour j’y reviendrai, peut-être que l’horaire changera aussi. C’est une course que je rêve de gagner un jour, mais ce n’était pas prévu cette année.

Comment te sens-tu à quelques jours de la 6ème étape de la Golden en Pologne ?

EE : Pas bien… Je me suis tordu la cheville il y a quelques jours sur un sentier que je connais par cœur chez moi, alors que je courais lentement, à 6 min/km… Je suis dégoûté parce que j’ai l’impression que ça peut tout gâcher, j’ai peur que ça soit cassé. Je n’ai pas encore pu faire d’examens complémentaires, les rendez-vous étaient compliqués à avoir où j’étais, j’espère en avoir un en arrivant en Pologne. J’ai cette sensation d’avoir tout bien fait depuis le début de l’année et que tout va s’effondrer sur la fin. Je sais que ce sont des choses qui arrivent, que c’est juste de la malchance, mais ça me déprime un peu.

Tu vas donc renoncer à courir en Pologne ?

EE : Pour l’instant j’ai mal… J’arrive à courir sur le plat mais en montagne ce n’est pas la joie. Il faudra faire une radio et si ce n’est pas cassé j’aviserai en fonction de ce que me dit le kiné. J’avais envie de marquer encore plus de points en allant chercher une victoire, mais je ne sais pas si je vais pouvoir courir en Pologne. Maintenant, j’ai déjà de très bons résultats, j’espère juste que ce n’est pas cassé et que ça va passer vite.

Quel sera ton plus sérieux rival pour la victoire ?

EE : Je pense que Bart (Przedwojewski) pourra faire un très bon résultat. Si je ne cours pas, c’est lui qui va gagner ! Il connaît bien les sentiers, c’est son terrain, et c’est un coureur incroyable.

Tu as souvent dit que c’était ton rêve de remporter la Golden Trail Series, et tu es bien parti cette année. Rémi étant un peu en retrait au classement général, est-ce que Patrick Kipngeno devient ton principal rival ?

EE : Je n’ai pas enterré Rémi… Tout peut arriver en sport ! Moi, l’année dernière, je n’avais pas fait une saison exceptionnelle mais j’ai remporté la finale. Je pense que Rémi est un coureur très solide qui fait en général une bonne deuxième partie de saison, donc il peut tout à fait encore se battre pour la victoire. On ne peut pas être au top tout le temps. Maintenant, gagner la Golden est mon rêve et je vais tout faire pour le réaliser.

Elhousine Elazzaoui Photo Justin Galant_GTWS
Photo Justin Galant_GTWS
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Le 11 août, Samuel Davila et Jade Rodriguez ont été les plus rapides sur les 33 km et 2100m D+ du Trail du Canigou, dernière étape qualificative de la Golden Trail National Series avant la finale à la Skyrhune.

Trail du Canigou : Samuel Davila en contrôle

Il le confiait à l’arrivée, la course a été assez tranquille pour lui. Le Vénézuélien Samuel Davila a en effet contrôlé la course de bout en bout et s’est imposé assez facilement sur le Trail du Canigou, troisième étape de la Golden Trail National Series. « C’est une course très belle ! De mon côté, tout s’est assez bien passé, je me sentais bien dans la montée mais avant d’arriver au sommet je me suis dit qu’il fallait que je prenne un peu de temps sur le deuxième. J’ai ensuite pu gérer la descente pour aller m’imposer. » Thibault Leroy et Alexandre Meyleu complètent le podium.

Trail du Canigou : le Top 5 Hommes

1 – Samuel David Davila : 03:01:31
2 – Thibault Leroy : 03:05:58
3 – Alexandre Meyleu : 03:07:51
4 – Anthonin Iragne : 03:08:19
5 – Laurent Razat : 03:11:25

Samuel Davila. GTNS Photo Guillaume Soler
Samuel Davila, vainqueur du Trail du Canigou. Photo Guillaume Soler / GTNS

Trail du Canigou : Jade Rodriguez de bout en bout

Jade Rodriguez a aussi contrôlé la course, même si elle avoue avoir souffert sur la fin de course. Elle termine malgré tout avec près de 12 minutes d’avance sur Valérie Reynal, sa dauphine. « C’est une course qui me tient à cœur, expliquait-elle à l’arrivée. J’avais de très bonnes sensations dans la montée mais à la fin c’était très compliqué de finir aussi bien dans la tête que dans les jambes. » Mathilde Sagnes termine quant à elle troisième de la course.

Trail du Canigou : le Top 5 Femmes

1 – Jade Rodriguez : 03:45:01
2 – Valérie Reynal : 03:56:59
3 – Mathilde Sagnes : 04:01:38
4 – Laurence Santanac : 04:03:45
5 – Marion Jaume : 04:09:24

Jade Rodriguez. GTNS Photo David Gonthier
Jade Rodriguez s’impose largement chez les femmes. Photo David Gonthier / GTNS

Trail du Canigou : Cyrian Silhol et Maïwen Mahé chez les jeunes

Du côté des moins de 23 ans, ce sont Cyrian Silhol et Maïwen Mahé qui finissent en première position de cette troisième étape de la GTNS. Ils décrochent eux aussi leur ticket pour la Skyrhune.

Trail du Canigou : le Top 5 – 23 ans

HOMMES

1 – Cyrian Silhol : 03:20:59 (+100 pts) (Q Finale)
2 – Brice Almunia : 03:23:54 (+88 pts)
3 – Lucas Pradelles : 03:45:29 (+78 pts)
4 – Mathis Peix Vives : 03:55:56 (+72 pts)
5 – Mathieu Pommery : 05:01:14 (+68 pts)

FEMMES 

1 – Maïwen Mahé : 04:31:57 (+100 pts) (Q Finale)
2 – Clémence Maldes: 05:48:29 (+88 pts)
3 – Solene Mangan : 06:16:12 (+78 pts)
4 – Marguerite De Vathaire : 06:38:19 (+72 pts)

Retrouvez tous les classements du Trail du Canigou 2024 ICI 

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Les 3 épreuves qualificatives de la GTNS France ont eu lieu (Trail Napoléon, Grand Trail de Serre-Ponçon et Trail du Canigou). La finale nationale se tiendra le 21 septembre à la Skyrhune et désignera les grands vainqueurs de la Golden Trail National Series.

Retrouvez le classement de la Golden Trail National Series et les qualifiés pour la finale ICI

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