Après 100 kilomètres de course, Kilian Jornet était cuit. Victime de douleurs musculaires, il était sur le point d’abandonner. Mais lorsque Mathieu Blanchard l’a rattrapé, il s’est surpris à pouvoir le suivre. Sans le savoir, le Français l’a remis en selle. Jusqu’à la victoire, sa 4e sur l’UTMB. 3 jours après son chrono record, sur son compte Instagram, il raconte quelques moments forts de sa course.

Pour revivre la course de Kilian Jornet, c’est ICI

Partira, partira pas ? Suspense jusqu’au bout

KM 0. La veille du départ, je n’étais pas sûr de courir. Sur la il y a ce mélange entre peur et excitation. Chair de poule. Les acclamations et le bruit dans les oreilles, le silence dans la tête.

(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Positif au Covid mais asymptomatique, Kilian Jornet s’interroge jusqu’au dernier moment sur sa participation. Quelques heures avant le départ, le médecin lui donne le OK. Sur la ligne de départ, Kilian Jornet est isolé, masque sur le visage, pour ne pas risquer de contaminer un coureur.)

KM 70. Un mètre de lumière dans le noir de la nuit. Mon esprit dessine le contour des montagnes que je connais bien et que nous ne voyons pas dans le noir. Peuterey, Brouillard, Miage… J’essaie de me concentrer sur le bien-être que ces montagnes me procurent, plutôt que sur la course.

(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Pendant toute la première partie de course,Kilian Jornet reste au contact de Jim Walmsley, qu’il suit comme son ombre, comptant au maximum quelques poignées de secondes de retard sur l’Américain.)

JORNET © @jsaragossa
Au milieu de la nuit, la course solitaire de Kilian Jornet sous la voûte étoilée. © @jsaragossa

KM 80. Manger, manger et manger plus. Un ultra-trail est un défi alimentaire tout en courant et en grimpant dans de beaux endroits.

(CE QU’IL FAUT SAVOIR : L’alimentation est la clé d’un ultra, et Kilian est à la pointe en matière de protocoles alimentaires, capable d’assimiler les glucides mieux que quiconque. A la base de vie de Courmayeur, après 80KM de course, il fera cependant un arrêt super-rapide de 4 minutes seulement, contre 5 à Jim Walmsley.)

JORNET RAVITO © @nickmdanielson
Suivant un protocole très précis élaboré avec Maurten, Kilian Jornet connaît l’importance de la nutrition sur un ultra. © @nickmdanielson

Quand Kilian Jornet a craqué

KM 100. Des étoiles à l’extérieur et des ténèbres à l’intérieur. Avant Arnuva, Jim Walmsley a porté son attaque, en poussant fort. J’ai du mal à le suivre. Je m’accroche, mais les symptômes de Sierre Zinal reviennent, plus intenses. Ce sera dur dur… Je devrais ralentir et trouver mon rythme pour récupérer.

(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Passé 5 minutes après Jim Walmsley au sommet du Grand Col Ferret, Kilian Jornet se fera ensuite décrocher et comptera 13 minutes de retard à La Fouly.)

KM 120. À ce moment-là, j’étais sûr d’arrêter ma course à cause de douleurs musculaires. J’ai pensé arriver à Champex et arrêter là. Puis Mathieu Blanchard m’a doublé. J’ai pu le suivre jusqu’à Champex et j’ai vu que dans les descentes, mes muscles souffraient mais que je pouvais suivre… Mathieu a changé mes ténèbres en lumière.

(CE QU’IL FAUT SAVOIR : Arrivé à Champex juste avant Mathieu Blanchard, qui l’a rattrapé, Kilian Jornet compte toujours 13 minutes de retard sur Jim Walmsley, qui va ensuite connaître un énorme passage à vide.)

JORNET BLANCHARD © @nickmdanielson
Kilian Jornet rattrapé par Mathieu Blanchard. Sans le savoir, le Français redonne des ailes au Catalan. © @nickmdanielson

Mano a mano avec Mathieu Blanchard

KM 130. De retour dans le game. La montée s’est avérée facile. Manger et manger et encore manger.

KM 150. Même si c’est une compétition, l’UTMB, c’est aussi une traversée de villages. Ce sont des gens. Je vois les anciens et nouveaux amis de l’époque où je vivais là-bas. Les ultras peuvent aussi être des circuits d’endurance gastronomiques ou des circuits touristiques pour personnes actives.

KM 160. Après s’être entraidés – je poussais dans les montées et lui dans les descentes -, il était temps de se « battre ». En sortant de Vallorcine, j’ai poussé fort, je suis rentré dans ma bulle des jours de course difficiles, décomptant les kilomètres me séparant de la ligne d’arrivée et l’énergie restante.

(CE QU’IL FAUT SAVOIR : À la sortie de Vallorcine, Kilian Jornet et Mathieu Blanchard font quelques kilomètres côte à côte avant que Kilian ne porte son attaque. Il est plus rapide en montée et veut prendre suffisamment d’avance pour ne pas être repris en descente. Il passera au sommet de la Flégère avec 8 minutes d’avance sur Blanchard et ne sera pas repris.)

JORNET COTE © @nickmdanielson
© @nickmdanielson

Moins de 20 heures, un record

170 KM. S’arrêter est un soulagement. Les émotions sont à fleur de peau. Ça a été dur la plupart du temps, mais beau aussi, très solitaire à certains moments, et un vrai travail d’équipe à d’autres. Merci aux bénévoles, à toutes les personnes qui applaudissent pour faire disparaître notre douleur, aux organisateurs. Et merci Mathieu, et ÉNORME bravo pour ta course, quelle performance incroyable !

(CE QU’IL FAUT SAVOIR : En bouclant le parcours intégral de l’UTMB en 19h 49mn 30s, Kilian Jornet, premier homme à descendre sous les 20 heures, établit le nouveau record de l’épreuve.)

ARRIVEE © @nickmdanielson
Kilian Jornet félicite Mathieu Blanchard, épuisé par son sprint pour passer sous les 20 heures. © @nickmdanielson

170+. C’est une personne qui court, mais c’est une équipe qui le fait avec elle. Merci à… Bon sang, tant de gens que ce post serait trop long !

Pour revivre en vidéo les derniers mètres de Kilian Jornet au milieu de la foule, c’est ICI

Pour revivre en vidéo l’arrivée de Kilian Jornet, c’est ICI

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Longtemps, Jim Walmsley a cru qu’il allait enfin gagner la course phare de l’UTMB Mont-Blanc. Hélas pour lui, une terrible défaillance à 40km de l’arrivée a ruiné ses espoirs de victoire. En embuscade, Kilian Jornet l’emporte en moins de 20 heures, record de l’épreuve, devant un impressionnant Mathieu Blanchard.

Walmsley-Jornet, bataille aux avant-postes

L’opposition entre Jornet et Walmsley était le duel le plus attendu de cette édition de l’UTMB. Il a failli ne pas avoir lieu, Kilian Jornet, positif à un Covid asymptomatique, ayant attendu les dernières heures avant le départ pour prendre sa décision de participer à la course. L’autre inconnue était une possible performance de Pau Capell. Mais très vite, il a fallu se rendre à l’évidence : ce ne serait pas l’année de Pau. L’Espagnol, en retrait dès le début, n’a jamais pu se hisser dans le groupe de tête. Lui qui avait méticuleusement préparé son UTMB chez les Kenyans pour pouvoir relever le défi du tour du Mont-Blanc en moins de 20h, n’a rien pu faire face aux 2 champions partis très rapidement. Il a d’ailleurs abandonné à Champex-Lac, au km 126, alors qu’il pointait en 62e position.

UTMB JORNET 71KM
Kilian Jornet au ravitaillement de Maison Vieille, au 72e km. Très méticuleux sur son alimentation, il prend le temps de refaire le plein d’eau. © DR

Derrière le duo Walmsley-Jornet, ce sont 2 autres Américains, Zach Miller et Tom Evans, qui chassaient les leaders, à quelques minutes seulement de la tête. Au milieu de la nuit, à la base de vie de Courmayeur, au 80e kilomètre, c’est donc sans surprise que Jim Walmsley, du team Hoka et Kilian Jornet, du team NNormal, passaient en tête. Miller et Evans passaient 8 minutes plus tard, inséparables. Le 5e était alors Mathieu Blanchard, du team Salomon, qui passait avec plus d’un quart d’heure de retard.

La remontada de Mathieu Blanchard

UTMB blanchard © J @jsaragossa & @martiskka
Mathieu Blanchard a effectué une superbe remontée dans la nuit pour pointer 3e au petit matin. © J @jsaragossa & @martiskka

C’est entre Courmayeur et la base d’Arnouvaz, au pied du Grand Col Ferret, l’épouvantail de cet UTMB, que Mathieu Blanchard, 3e l’an dernier à la surprise générale, allait reprendre les 2 concurrents qui le précédaient. Il s’installait alors à la 3e position, avec toujours le duo Walmsley-Jornet 13 minutes devant. Entre Arnouvaz et la base de vie de Champex-Lac, en Suisse, Kilian Jornet allait connaître un coup de moins bien. Distancé par Walmsley, rattrapé par Blanchard, il se reprenait dans les derniers hectomètres de la montée vers Champex pour reprendre la seconde place, à désormais 13 minutes d’un Walmsley qui semblait s’envoler vers la victoire.

Coup de théâtre : l’incroyable défaillance de Jim Walmsley

Et ce qui était inimaginable est arrivé : Jim Walmsley a connu la panne sèche. Après avoir connu des problèmes gastriques l’empêchant de s’alimenter à Champex-Lac, l’Américain a été contraint de considérablement ralentir sur le sentier vers Trient. Incapable de courir même sur des portions plates, titubant dans les montées, il s’est fait rapidement rattraper et déposer par ses 2 poursuivants directs, voyant s’envoler ses rêves de victoire. Lui qui avait tout fait depuis des mois pour gagner cette course semblait à deux doigts d’abandonner. Il lui fallait serrer les dents pour essayer de sauver sa place sur le podium.

Guerre psychologique entre Kilian Jornet et Mathieu Blanchard

UTMB BLANCHARD JORNET
Kilian Jornet à droite, Mathieu Blanchard à gauche, côte à côte au pied de la dernière montée.

Il n’en restait plus que 2 devant, et le suspense était à son comble. Kilian Jornet, testé positif au Covid mais asymptomatique, semblait quelque peu émoussé, tandis que Mathieu Blanchard donnait une impression de facilité déconcertante. Les 2 athlètes n’allaient plus se lâcher pour foncer ensemble vers la dernière base de vie, à Vallorcine, au km 153. Ne perdant aucune seconde, ils ressortaient ensemble pour arriver côte à côte au pied de la dernière montée, la terrible côte de La Tête aux Vents menant à La Flégère, qui précède la descente finale sur Chamonix.

Dès le début de la montée, l’Espagnol a forcé son allure et creusé rapidement un écart de près de 4 minutes, marquant psychologiquement le Français. Loin derrière, un Jim Walmsley quelque peu retrouvé limitait la casse et passait à Vallorcine avec 35 minutes de retard sur le duo de tête. Mais la menace de ses compatriotes revenant sur lui était réelle.

Résultat UTMB : 10km pour la gloire… et une 4e victoire

UTMB JORNET DESCENTE
Kilian Jornet dans la dernière descente, en route vers sa 4e victoire.

Produisant un effort considérable dans la montée vers La Tête aux Vents, Kilian Jornet faisait le forcing pour creuser l’écart. Certainement pour anticiper sur d’éventuelles crampes en descente, une de ses fragilités. Même s’il se battait comme un lion derrière, Mathieu Blanchard n’arrivait pas à suivre le rythme. Il semblait même craquer un peu, de plus en plus courbé sur ses bâtons. L’Espagnol réussissait à passer en tête avec 7mn20 minutes d’avance à La Tête aux Vents, et même 8mn à La Flégère.

Kilian Jornet a assuré une descente de rêve, creusant encore plus l’écart pour franchir la ligne d’arrivée au bout de 19h 49mn 32s de course. En passant sous la barre des 20 heures, il réalise pour son compte le défi de Pau Capell. Il établit un nouveau record de l’épreuve sur le parcours intégral et remporte sa 4e victoire, sa première depuis 2011. Il devance Mathieu Blanchard, qui passe également sous la barre des 20 heures, en 19h 54mn 50s. Jim Walmsley ne peut finalement sauver sa 3e place. C’est un autre Américain, Thomas Evans, qui monte sur la troisième marche du podium.

Voir les résultats complets de la course ICI

© UTMB Mont-Blanc - Paul Brechu
LE PATRON ! © UTMB Mont-Blanc / Paul Brechu
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À quelques heures du départ de l’UTMB 2022, Pau Capell et The North Face viennent de dévoiler le film Road to Breaking 20 qui raconte le défi de l’athlète espagnol : courir le tour du Mont-Blanc en moins de 20 heures. En attendant le verdict, découvrez la façon dont le vainqueur de l’UTMB 2019 s’est entraîné…

Voir l’histoire du film ICI

Voir le film

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Après une course très rapide et de nombreux rebondissments, Manuel Merillas s’impose devant Antonio Martinez chez les hommes. Victoire espagnole également chez les féminines, avec Sheila Avilés devant Nuria Gil.

OCC : La Flégère en juge de paix

Il aura fallu attendre les tout derniers kilomètres pour que l’OCC livre son verdict. Après une première partie de course dominée par un trio composé de l’Érythréen Petro Mamu, l’Écossais Robbie Simpson, 2e en 2021 et le Français Arnaud Bonin, c’est l’Espagnol Manuel Merillas qui a pris la tête au 33e kilomètre, au passage du Col de Balme. Petro Mamu, pour sa première expérience sur un 50km, a explosé et a été distancé. Très solide sur les parties techniques et habitué des longues distances, Merillas semblait se diriger vers une victoire tranquille. Expert en course de montagne, Merillas a fait un début de saison remarquable, terminant 3e à Zegama et 2e sur la Stranda Fjord Trail Race, avec le meilleur temps sur la descente technique.

Pourtant, à la surprise générale, il a été rattrapé et doublé dans la dernière montée vers la Flégère par son compatriote Antonio Martinez, champion de course d’orientation. Hélas pour Martinez, dans un ultime rebondissement dans la descente vers Chamonix, il a été victime de crampes violentes et a dû laisser passer et s’envoler Manuel Merillas. Ce dernier l’emporte en 5h 18mn 29s, un chrono exceptionnel par rapport aux 5h35mn de Jonathan Albon en 2021, même si le parcours était légèrement différent. Antonio Martinez sauve sa place et, au bout de la souffrance, termine second à 2mn30 du vainqueur. L’Écossais Robbie Simpson finit 3e en 5h 24mn.

OCC PODIUM
Le podium de l’OCC 2022 : Martinez à gauche, Merillas au centre, Bonin à droite. © DR

4 Français dans le Top 10

Quatre Français prennent les 4 places suivantes. 4e et premier Français, Arnaud Bonin devance Paul Mathou, 5e, Nicolas Martin, 6e et Antoine Thiriat, 7e. Grosse déception pour Thomas Cardin, insuffisamment remis de ses blessures suite à deux torsions de cheville survenues début juin, et qui a préféré ne pas prendre le départ.

CLASSEMENT OCC
Top 10 de l’OCC 2022.

Doublé espagnol chez les féminines

Même scénario à rebondissement chez les féminines. L’Américaine Allie McLaughlin a en effet dominé la course quasiment de bout en bout et paraissait se diriger vers une large victoire. Pour sa première participation à une course de l’UTMB, elle semblait parfaitement gérer son effort. Mais sans doute victime de la chaleur, elle a explosé dans la dernière montée vers La Flégère. Elle a été doublée d’abord par l’Espagnole Sheila Avilés, puis par Nuria Gil. Malgré un gros coup de stress dans la descente, avec une chute assez violente, Sheila Avilés s’impose à Chamonix en 6h 10mn 16s. Nuria Gil termine 2e 6minutes plus tard. Et c’est une autre Américaine, Dani Moreno, qui prend la 3e place 1 minute après l’Espagnole. À noter que la grande favorite des Tricolores, Anaïs Sabrié, n’a pas pris le départ.

OCC SHEILA AVILES
Victoire de l’Espagnole Sheila Avilés. © DR

Les résultats complets de l’OCC ICI

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Il faisait partie des favoris, il a su attendre son heure. Appliquant une stratégie d’attente, Ludovic Pommeret s’impose largement sur la TDS avec près d’une heure d’avance sur le second. 4 Français figurent dans le Top 5, dont la révélation Elias Kadi, 3e.

Hugo Deck devant, Ludovic Pommeret en attente

Il ne fallait pas se précipiter, et l’expérimenté Ludovic Pommeret le savait. Venu pour gagner, le Français a su parfaitement gérer sa course. Parti à minuit mardi matin, Pommeret a passé la nuit dans le Top 20, comptant entre 3 et 5 minutes de retard sur la tête de course, sans jamais se mettre dans le rouge. Au petit matin, il pointait le bout de ses chaussures dans le Top 10. Ainsi, il passait au Cornet de Roselend, après 8h de course, en 6e position. Il comptait alors 5 petites minutes de retard sur un duo formé par le Chinois Min Qi et l’Équatorien Joaquim Lopez. De son côté Hugo Deck faisait le forcing pour revenir sur la tête de course. Dans le sillage de Pommeret, Elias Kadi semblait calquer sa course sur celle du « Maître ».

TDS PROFIL
TDS NUIT
Durant la nuit, Pommeret a su rester “au chaud” dans le peloton de tête. © DR

« Monsieur » Pommeret seul au monde

Revenu sur Min Qi, Joachim Lopez et Hugo Deck au CP de Beaufort, au 92e km, Pommeret décidait de produire son effort. Hugo Deck, de son côté, jetait l’éponge. En à peine 6 km, l’athlète Hoka allait mettre 10 minutes à l’Équatorien, solide 2e. Le Chinois perdait plus de 30 minutes. Quant à Elias Kadi, il faisait désormais route avec Martin Kern, à un peu moins de 30 minutes de la tête de course.

La suite n’allait être qu’une confirmation de la forme éclatante de « Monsieur » Pommeret, comme on l’appelle respectueusement dans le milieu. 30 minutes d’avance au 112e km, 48 au 130e, Pommeret pouvait dérouler dans la descente du Col du Tricot et fondre vers Chamonix. Il a franchi la ligne d’arrivée en solitaire après 18h 37mn 04s de course. Joaquim Lopez prend la 2ème place en 19h 32mn 9s. Et c’est finalement Elias Kadi qui, pour sa première participation à une course de l’UTMB, monte sur la 3e marche du podium, en 19h 49mn 51s. Soit 1h 12mn après le « Patron ». Martin Kern et Guillaume Beauxis complètent le Top 5.

TDS PODIUM
Le podium de la TDS, avec de gauche à droite Joaquim Lopez, Ludovic Pommeret et Elias Kadi. © UTMB / DR

Exploit de Martina Valmassoi chez les féminines

L’Italienne Martina Valmassoi a réalisé une course exceptionnelle et très serrée pour terminer première féminine, à la 13e place du général. Elle s’impose, un peu plus de 4 heures après l’arrivée de Ludovic Pommeret. Son temps : 22h 42mn 47s. Valmassoi devance l’Espagnole Claudia Tremps (22h 59mn 38s). L’Allemande Katharina Hartmuth termine 3e (23h 22mn 18s, 21e au scratch). La première Française, Julia Rezzi, termine au pied du podium, en 24h 03mn 12s.

TDS TOP 10
Le Top 10 de la TDS 2022. © Livetrail

Le classement complet de la course ICI

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UTMB, CCC, TDS, OCC, les 4 courses les plus en vues de l’édition 2022 de l’UTMB Mont-Blanc promettent une lutte intense entre élites venues des 4 coins du monde. Si l’index UTMB (nouvelle cotation mise en place par l’UTMB) donne une idée du niveau des participants, des surprises pourraient venir bousculer les pronostics, en particulier sur la TDS et l’OCC, plus ouvertes. État des lieux.

UTMB : le duel Kilian Jornet / Jim Walmsley en vedette

PROFIL UTMB
L’UTMB, 170km et 10000m D+.

C’est incontestablement le duel le plus attendu de cette édition de l’UTMB Mont-Blanc. D’un côté Kilian Jornet, auréolé de son succès (et record de l’épreuve) sur la Hardrock 100, dominant sur le final le quadruple vainqueur de l’UTMB François D’Haene. Kilian revient à Chamonix après 4 ans d’absence. Lors de sa dernière participation, en 2017, il avait terminé second derrière ce même François D’Haene. Triple vainqueur de l’épreuve (2008, 2009, 2011), l’Espagnol a fait de cette édition son objectif majeur de la saison, animé d’une motivation toute neuve pour promouvoir sa propre marque de chaussures, NNormal. Son chrono de 2h30mn19s à Sierre-Zinal samedi dernier, deuxième meilleur temps pour lui en 12 participations, montre son état de forme, même s’il a avoué avoir souffert musculairement.

Face à lui, Jim Walmsley ne rêve que d’une seule chose : être le premier Américain à s’imposer sur la course reine de l’UTMB. Après 3 participations (une 5e place et 2 abandons), Walmsley, vainqueur des 2 courses auxquelles il a participé en 2022, s’est installé dans le Beaufortain fin mai pour se préparer spécifiquement pour cette épreuve. Il y a cotoyé « en voisin » François D’Haene qui lui a prodigué de nombreux conseils. Réussira-t-il enfin à vaincre ses principaux ennemis, le froid et la nuit ?

Troisième grand favori de l’épreuve, Pau Capell poursuit quant à lui son rêve de descendre sous la barre des 20h. Vainqueur en 2019 avec le record du tracé à la clé, blessé en 2020, l’Espagnol avait échoué dans sa tentative en solo en 2021, mais tiré de nombreux enseignements. Plus déterminé que jamais, de retour du Kenya où il préparé spécifiquement ce rendez-vous majeur, il devrait imprimer dès le départ un rythme rapide pour tenir son tableau de progression.

Parmi les autres prétendants au podium, il faudra suivre l’Allemand Hannes Namberger, 6e en 2021, et garder un œil sur le Roumain Robert Hajnal, 2e en 2018, et l’Italien Daniel Jung, 4e de la Hardrock 100 cette année.

Côté français, en l’absence de François D’Haene qui vise la victoire au Grand Raid de la Réunion, et après la prévisible défection de Xavier Thévenard, durablement affaibli par sa maladie de Lyme, les protagonistes principaux sont : Aurélien Dunand-Pallaz, 2e de l’édition 2021 derrière D’Haene, Mathieu Blanchard, 3e en 2021, Germain Grangier, 5e en 2021, vainqueur en début d’été au Val d’Aran By UTMB, Benoît Girondel, vainqueur il y a quelques semaines de l’Utcam, et Thibaut Garrivier, qui revient dans un parfait état de forme. Il sera également intéressant de suivre la performance du Basque Beñat Marmissolle, qui découvrira l’épreuve. Impressionnant par ses résultats ces derniers mois, il a notamment fait jeu égal avec Pau Capell au Black Mountain Trail début juin, avant de s’imposer sur l’Ultra-Trail di Corsica et la 6000D.

Chez les féminines, en l’absence de Courtney Dauwalter, la course s’annonce ouverte. Si la Néerlandaise Ragna Debats affiche le meilleur index UTMB, de sérieuses concurrentes sont prêtes à en découdre, à commencer par l’Espagnole Azara Garcia, l’Américaine Katie Schide et la Suédoise Mimmi Kotka. Côté français, on suivra principalement Audrey Tanguy et Manon Bohard.

UTMB TOP 10 HOMMES
Top 10 masculin de l’Index UTMB des élites pour l’UTMB 2022.
UTMB TOP 10 FEMMES
Top 10 féminin de l’Index UTMB des élites pour l’UTMB 2022.

CCC : Jonathan Albon tiendra-t-il la distance ?

PROFIL CCC
La CCC, 100km et 6100m D+

Ultra dominateur sur ses 2 dernières sorties des Golden Trail World Series, le Britannique Jonathan Albon fait figure de grand favori. Certes le format 100km est bien différent des 42km du marathon du Mont-Blanc ou des 25km de la Stranda Fjord Trail Race, mais Albon a déjà couru des épreuves de plus de 80km (victoire sur les Templiers 2021 et 4e des Championnats du Monde de Trail 2018 en Espagne, sur 85km/5000+), avec dans les deux cas les meilleurs chronos sur les derniers kilomètres. Bref, il connaît le format, il connaît les sentiers chamoniards (il a reporté l’OCC l’an dernier) et avec son repos post Norvège, il devrait être en pleine forme.

Parmi ses principaux concurrents, les Américains David Sinclair et Hayden Hawks seront là pour la gagne, tout comme l’Italien Andreas Reiterer, le Chinois Jiasheng Shen, le Suédois Petter Engdahl ou l’Espagnol Andreu Simon. Côté français, la meilleure chance sera représentée par Thibaut Baronian. Toujours présent dans les grands rendez-vous, il sera particulièrement motivé par cette échéance où il sera drivé par Jean-Michel Faure-Vincent, le suiveur expérimenté de François D’Haene. À suivre également les performances de Dakota Jones, impressionnant sur la Hardrock 100 (3e), du Suisse Jean-Philippe Tschumi et du jeune et prometteur tricolore Elias Kadi.

Chez les femmes, tout le monde attend la championne d’Europe de trail Blandine L’Hirondel, gagnante de l’OCC 2021 pour sa première participation à une course de l’UTMB, et qui présente le meilleur index 2022. Mais cet index ne fait pas la victoire, et la concurrence sera rude avec notamment les Néo-Zélandaises Caitlin Fielder et Ruth Croft, la Tchèque Marcela Vasinova et les Américaines Hannah Osowski et Abby Hall.

CCC TOP 10 HOMMES
Top 10 masculin de l’Index UTMB des élites pour la CCC 2022.
CCC TOP 10 FEMMES
Top 10 féminin de l’Index UTMB des élites pour la CCC 2022.

TDS : la grande loterie

PROFIL TDS
La TDS, 145km et 9100m D+

Cette édition de la TDS semble être l’une des courses les plus indécises, tant chez les hommes que chez les femmes. Côté masculin, l’Allemand Janosh Kowalczyk, le Chinois Min Qi, l’Italien Davide Cheraz et le Français Ludovic Pommeret joueront sans doute la gagne. Côté féminin, ce sera tout aussi ouvert et les Françaises Fiona Porte, Julia Rezzi, Céline Finas et Sylvaine Cussot auront une carte à jouer.

TDS TOP 10 HOMMES
Top 10 masculin de l’Index UTMB des élites pour la TDS 2022.
TDS TOP 10 FEMMES
Top 10 féminin de l’Index UTMB des élites pour la TDS 2022.

OCC : le rendez-vous des « sprinteurs »

PROFIL OCC
L’OCC, 55km et 3100m D+

Sur la course la plus courte et nerveuse de l’UTMB, on retrouvera certains des habitués des épreuves des Golden Trail World Series. À commencer par l’Espagnol Manuel Merillas et le Polonais Bart Przedwojewski, respectivement 2e et 3e de la Stranda Fjord Trail Race, l’Érythréen Petro Mamu, 4e de Sierre-Zinal et le Britannique Robbie Simpson, quasiment toujours dans le Top 10 cette saison. Côté français, on espère un sursaut d’orgueil de Frédéric Tranchand après son « jour sans » sur Sierre-Zinal. On suivra également les performances de Thomas Cardin, Nicolas Martin, Julien Rancon et Anthony Felber, 12e et 1er Français sur Sierre-Zinal la semaine dernière.

Chez les femmes, la grande question sera de savoir si Anaïs Sabrié sera remise de sa coup de « moins bien » de Sierre-Zinal et aura pu récupérer, malgré son métier de médecin hospitalier à temps plein. Elle aura fort à faire avec le contingent espagnol emmené par Sara Alonso, très constante dans la première partie de saison, Marta Molist, Nuria Gil, Sheila Alivés ou encore la gagnante de la dernière édition du Marathon des Sables, Anna Comet Pascua, 3e de l’OCC en 2021. À suivre également, côté tricolore, la performance de Mathilde Sagnes, 1ère Française sur Sierre-Zinal il y a une semaine et 2e de l’OCC en 2021 derrière Blandine L’Hirondel.

OCC TOP 10 HOMMES
Top 10 masculin de l’Index UTMB des élites pour l’OCC 2022.
OCC TOP 10 FEMMES
Top 10 féminin de l’Index UTMB des élites pour l’OCC 2022.

VOIR L’INDEX UTMB DE TOUS LES FAVORIS

Toutes les courses de l’UTMB seront à suivre en live ICI

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Tout aussi attendue que le marathon de Zegama-Aizkorri, la course Sierre-Zinal, 4e manche des Golden Trail World Series 2022, a bousculé la donne. La présence des Kenyans, qui ont imprimé un rythme infernal dès les premiers kilomètres de course tant chez les hommes que chez les femmes, a fait des dégâts chez bon nombre de coureurs. Et la chaleur a fait le reste. Sur leurs réseaux sociaux, quelques-uns des athlètes les plus en vue ou les plus attendus ont analysé leur performance. Compilation.

Kilian Jornet, recordman de l’épreuve, 9 victoires en 13 participations, 5e de cette édition en 2h 30mn 19s

« Quelle course ! Cette épreuve de 31 km avec l’une des plus belles vues sur les Alpes et l’un des plus beaux plateaux d’athlètes au départ ne déçoit jamais. Je suis tellement content d’être là cette année encore, pour ma 13ème participation, et de terminer en 5ème position. […] Et quelle course de Mark Kangogo ! Cette accélération au sommet de la première montée était incroyable. Et bravo aussi à Andreu Blanes, qui est passé comme une fusée dans la descente ! De mon côté, je suis content de mon temps (2h 30mn 19s) mais déçu de mon ressenti. J’avais les jambes lourdes et des crampes dès le départ, il m’a donc surtout fallu réussir à tenir un rythme sans trop attaquer. Félicitations à tous les coureurs, bénévoles et organisateurs, et à l’année prochaine ! »

SIERRE ZINAL KILIAN JORNET © Saragossa GTWS
© Saragossa / GTWS

Maude Mathys, recordwoman de l’épreuve, 2e de cette édition en 2h 52mn 32s

« Je suis heureuse, parce qu’avec le peu d’entraînement que j’ai eu en course à pied, je m’en suis plutôt bien sortie. Je termine à 3 minutes de mon record. Un peu déçue aussi, car je me rapprochais de plus en plus de la première et il ne s’en est fallu que de 30 secondes pour que je décroche une 4ème victoire. Reconnaissante, car je suis toujours très bien reçue ici, avec une organisation au top. Et je peux même profiter de quelques jours en famille. Très fatiguée enfin, et mon corps me fait savoir que j’ai un peu trop tiré ! »

sierre zinal maude mathys © philip reiter GTWS
© Philip Reiter / GTWS

Sierre-Zinal raconté par Andreu Blanes Reig, 2e au général en 2h 29mn 19s

« 3, 2, 1… Départ. Bousculade, folie, asphalte, calme et tension à la fois… Les deux premiers kilomètres passent, entre regards et placement. Je suis loin derrière mais je vois la tête, ils sont proches. Le chemin devient raide et les hostilités commencent. Ils me dépassent, je passe, j’hésite et j’essaye de trouver mon rythme. Je le fais en mettant mes mains sur mes genoux pendant que je marche à grands pas et je réfléchis en analysant la montée et mes compagnons de route. Je vois des gens qui s’éloignent devant, d’autres que je ne connais pas autour de moi, et je me dis que, peut-être, aujourd’hui n’est pas mon jour. 

“Fais confiance au plan”, je me répète encore et encore. “Économise tes muscles, tes quadriceps et tes fessiers, ils doivent être prêts à courir lorsque tu arriveras au sommet.” Francesco Puppi est devant moi, ça me rassure : je ne suis pas si mal. Nous arrivons au sommet ensemble et tout à coup, le sentier devient une piste et je peux enfin courir. Alors je cours. C’est relativement facile, mes muscles sont OK et j’aperçois Sylvain Cachard juste devant. Je le dépasse, il ne me suit pas. J’aperçois ensuite Cesare Maestri que je rattrape petit à petit alors que la piste est bien roulante. Je dépasse les coureurs les uns après les autres, et je me parle à nouveau : “Tu es très à l’aise !”

Chandolin. Ma team est là, qui m’applaudit et m’indique que Dani Osanz et Kilian Jornet ne sont pas loin devant. L’ambiance est folle, vuvuzelas, foule et adrénaline, avant que j’affronte une autre montée et que le silence revienne. Je rejoins des coureurs connus et la pente, que j’avais reconnue à l’entraînement, ne me semble pas si dure. Tignousa. Gel de caféine, piste large et course. Mes jambes volent et je vois Dani, que je rattrape petit à petit avant d’atteindre la dernière montée, celle de l’Hôtel Weisshorn. J’aperçois Kilian, Rémi Bonnet, Petro Mamu et Robert Pkemoi… On est proches mais ils me distancent un peu dans la montée. “Dans quelle position suis-je ?” Je ne sais pas…

J’arrive à l’hôtel. Je me tempère, je me répète que mon fort, c’est le bémol. Peu importe s’ils partent devant, mon heure viendra. Et elle arrive ! Je dépasse les coureurs que j’ai nommés avant, un par un, jusqu’à ce que j’atteigne Kilian. Certes, c’est un coureur de plus, mais nous savons tous que ce n’est pas un coureur de plus. C’est Kilian ! Il s’écarte et me laisse passer. Je le remercie d’un geste pendant que j’essaie de me concentrer sur ma course, de ne pas trop accélérer car il reste encore des kilomètres à descendre et, « Putain ! dans quelle position suis-je ? », me dis-je, anxieux de savoir. “Quatrième”, il me répond au loin.

Alors celui que je vois est le troisième. Vas-y, c’est ta chance. Je le rattrape, je le dépasse, il essaie de me suivre mais j’ai encore la force d’accélérer et il cède. Ça y est, c’est le podium. Brutal. “Défends ta position”, me dis-je. Un cameraman m’attend et se met à courir à côté de moi, il m’encourage, me dit que le deuxième est proche, que je peux le rattraper. Alors j’accélère encore, j’oublie la douleur dans mes jambes, je fonce comme si je connaissais la descente depuis toujours. J’aperçois le second, il a du mal et je le dépasse rapidement. Je ne freine plus, je fonds vers la ligne d’arrivée, prêt à profiter du moment. »

SIERRE ZINAL ANDREU BLANES © Philip Reiter : GTWS
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Anaïs Sabrié, 21e féminine en 3h 16mn 07s

« Une histoire sans fin. C’est un peu comme ça que s’est passée la montée. Ça n’en finissait pas. Ça a été dur, tellement dur… J’ai pensé maintes fois à abandonner, car je ne prenais vraiment pas de plaisir, ça a été un long calvaire, vide mentalement et physiquement. Et puis je suis arrivée à Chandolin et j’ai croisé ma famille, et ce cher manager Thomas Janichon.

J’ai un peu pleuré, mais j’ai vite ravalé mes larmes. J’ai repensé à la ligne de conduite que je m’étais donnée : courir pour moi, pour le plaisir d’être là en montagne, pour cette team Sidas Matryx, pour cette liberté qui m’est donnée, et puis un peu pour toi Mamie, partie il y a pile un an et un jour si subitement et qui aurait été fière de moi quelle que soit ma place.

Les sensations sont un peu revenues et après le mode tortue, je suis passé à la vitesse supérieure. Les crêtes sont mes parties préférées et je me suis fait vraiment plaisir sur cette partie. Le résultat est dur à accepter mais il est fait avec les conditions du moment. Sur ce type de course, il faut être là à 100%, mentalement et physiquement. Et intérieurement, je savais que je ne l’étais ni l’un ni l’autre. Qui mieux que soi-même connaît son corps ? »

SIERRE ZINAL ANAIS SABRIÉ © Saragossa GTWS
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Anthony Felber, 12e et 1er Français en 2h 37mn 51s

« Sierre Zinal, la course qui ne permet aucune défaillance. Partir sur une course de ce niveau en sortie de stage d’entraînement, c’est toujours risqué ! Heureusement qu’on a qu’une vie pour pouvoir tester des choses comme ça ! Résultat, hier, je me suis senti aussi bien dans les parties raides que dans celles roulantes où le but est d’allonger la foulée au maximum pour rejoindre le plus vite possible la ligne d’arrivée. Le travail de vitesse effectué au cours de l’hiver porte ses fruits car j’ai vraiment pu profiter cette année de ces longs balcons magnifiques.

Être le 4ème Français à passer sous les 2h38 en 49 éditions c’est plutôt cool. Mais bon, ça veut aussi dire qu’il reste des minutes à grappiller pour gagner 3 places dans le classement. […] Maintenant, il est l’heure d’assimiler ce bloc montagnard suisse avant de remettre ça de l’autre côté de l’océan… »

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Julie Roux, 15e féminine en 3h 11mn 44s

« Première participation à la mythique course Sierre-Zinal pour cette 4e manche des GTWS. Une des courses les plus relevées sur un format court. Bon, j’ai essayé de partir un peu vite, mais ça a pas super fonctionné… »

SIERRE ZINAL JULIE ROUX © Reiter GTWS
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Sylvain Cachard, 13e au général en 2h 38mn 22s

En tant que jeune athlète, chaque jour est l’occasion d’apprendre comment mon corps et mon esprit fonctionnent, et c’est à coup sûr ma plus grande motivation pour m’entraîner tous les jours et courir dur. Ces derniers jours ont été assez durs pour moi car j’étais toujours fatigué, mentalement et physiquement. Mais je me suis promis de tout donner… et je l’ai fait. Bien sûr, je ne suis pas pleinement satisfait de ma 13e place et de mes 2h38 de temps final, mais pas d’excuse : c’était mon niveau. J’ai hâte de revenir l’année prochaine pour améliorer ce temps ! »

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Robbie Simpson, 10e au général en 2h 34mn 41s

« Quelle expérience incroyable de courir Sierre-Zinal cette année ! C’était la course de trail la plus compétitive que j’ai faite et c’était super d’en faire partie! Pour moi, c’était la 10e position pour ma 10e année. C’était la meilleure course que je pouvais livrer ce jour-là, je n’étais tout simplement pas assez bon pour être devant cette fois-ci. Beaucoup de leçons apprises et de bons souvenirs créés sur ces sentiers. »

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Frédéric Tranchand, 38e au général en 2h 48mn 26s

« Un jour sans ! La première partie s’est en fait plutôt bien passée, j’étais presque à l’heure pour atteindre mon objectif. Mais j’ai heurté le mur à mi-parcours et je n’ai plus jamais pu inverser la spirale négative !

“Je ne perds jamais, je gagne ou j’apprends”, disait Nelson Mandela.

Le sport, c’est l’école de la vie. Encore beaucoup de déceptions et de questions sans réponses, mais il y aura des conclusions à en tirer, et de quoi repartir grandi. »

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La question la plus courante que les athlètes de haut niveau se posent après une victoire, un titre ou encore un record est généralement : quelle est la prochaine étape ? Pour Pau Capell, vainqueur de l’UTMB 2019 en 20 heures et 19 minutes, la réponse est simple : descendre sous la barre des 20 heures. Après un premier échec en tentative solo en 2020, l’athlète The North Face est parti apprendre comment courir plus vite chez les coureurs les plus rapides du monde, au Kenya. Un film retrace son parcours : Road To Breaking 20. En voici les premières images, juste avant l’UTMB 2022.

UTMB 2019 : Pau Capell pour un record

Août 2019. Xavier Thévenard, triple vainqueur de l’UTMB et tenant du titre (2013, 2015, 2018), est le grandissime favori de cette édition. Mais l’Espagnol Pau Capell en a décidé autrement. Parti en solitaire après 5 kilomètres de course, il domine l’épreuve de bout en bout et établit un chrono de 20h 19mn 17s, nouveau record sur cette version du parcours de 170km et 10000m de D+. Mais si cette victoire le satisfait, elle l’interroge également. Peut-il faire mieux ?

PAU CAPELL © Mathis Dumas
PAU CAPELL © Mathis Dumas

Eliud Kipchoge, l’inspiration

Alors que Pau Capell et le monde du trail se penchent sur la question, l’athlète espagnol trouve l’inspiration auprès d’une légende de la course. En effet, moins de deux mois après sa victoire sur l’UTMB, Eliud Kipchoge réussit l’impossible en bouclant le marathon de Vienne, en Autriche, en moins de 2 heures. Si le chrono de 1h 59mn 40s ne sera pas homologué en tant que record du monde, les conditions, optimisées, ne correspondant pas aux standards définis par l’IAAF, la performance reste ébouriffante. Et inspire Pau Capell : pourrait-il relever un défi, non de réaliser un marathon sous la barre des 2 heures, mais de courir l’UTMB en moins de 20 heures ?

PAU CAPELL ROAD TO BREAKING 20 OPEN
© The North Face

2020, le défi de l’UTMB solo de Pau Capell

En 2020, alors que Pau commençait à planifier sérieusement sa course, son monde, comme celui de tous les autres, a basculé avec la pandémie. Bien qu’il n’ait pas pu s’entraîner à l’extérieur et encore moins en montagnes pendant une grande partie de la saison printanière, son désir de relever ce défi est resté intact. Avec si peu de préparation et des conditions moins que favorables, Pau Capell tente néanmoins un UTMB en solo, le fameux projet Breaking 20. S’il n’a pas atteint son objectif en termes de temps (21h 17mn), il a couru brillamment pour terminer le parcours et a fédérer une communauté autour de son défi, l’encourageant et célébrant sa détermination, son courage et sa passion pour la course.

PAU CAPELL UTMB
© DR

Apprendre se ses erreurs

Au lendemain de son échec, Pau Capell analysait déjà les raisons de celui-ci et se projetait sur la poursuite de ce défi. « C’est d’abord l’état de mes jambes à Praz de Fort (km 120), en Suisse, qui m’a fait réaliser que j’avais peut-être trop poussé dans les 80 premiers kilomètres. J’avais dix minutes d’avance sur mes projections au début du tracé. Je l’ai payé, c’était une erreur, même si je pensais être capable de courir à cette vitesse à ce moment-là. En vrai, si je pouvais changer une seule chose au déroulement de ce projet, ce serait celle-là : je partirais plus doucement. » Armé d’une plus grande expérience sur ce parcours et convaincu par son objectif, l’athlète espagnol allait donc continuer de s’entraîner.

Direction le Kenya pour « aller plus vite »

Inspiré par le parcours d’Eliud Kipchoge, Pau Capell atterrit à Iten, au Kenya. Reconnu comme le berceau de la course à pied et perché à 2400 mètres d’altitude, Iten a fait naître les coureurs les plus rapides du monde. L’endroit idéal pour quelqu’un à la recherche de vitesse. Avec les coureurs Amus et Hillary, Pau s’est entraîné deux fois par jour à la recherche de cette vitesse dont il a besoin pour aller 19 minutes plus vite que sur son dernier essai.

PAU CAPELL KENYA 2
© The North Face / DR

Une leçon de vie…

Mais ce voyage au Kenya ne s’est pas arrêté à la performance : « J’ai tellement appris en peu de temps. Pas seulement sur de questions de vitesse et de technique. Pour les athlètes kenyans, s’entraîner ensemble est primordial pour se pousser mutuellement vers le haut et s’entraider. Ils sont vos amis à l’entraînement et vos concurrents pendant les courses. Je pense que c’est un point sur lequel nous devrions nous pencher en Europe. Il y a beaucoup de choses que j’ai retenues et que je compte bien ajuster dans mes entraînements. J’espère que cela se verra sur l’UTMB de cette saison. »

PAU CAPELL KENYA
© The North Face / DR

Road to Breaking 20, le film qui raconte tout

Alors que l’UTMB 2022 approche à grands pas, le projet Breaking 20 de Pau Capell continue. Le film relatant son voyage au Kenya, Road to Breaking 20, sera présenté en avant-première le 24 août à 17h30 à Chamonix. La projection sera suivie d’une conférence pendant laquelle l’athlète The North Face expliquera sa démarche. Mais les plus impatients pourront accéder au film 24 heures avant sa sortie grâce à ce lien ROAD TO BREAKING 20

En attendant, découvrez les premières images…

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En 11 participations, Kilian Jornet a remporté 9 fois la course Sierre-Zinal. Mais ces 9 victoires n’ont pas été si simples à obtenir qu’on pourrait l’imaginer. Car s’il a souvent largement dominé les débats, tout s’est parfois joué à une poignée de secondes. Rétrospective.

Sierre-Zinal 2009, première victoire pour Jornet

Lorsqu’il prend part à sa première Sierre-Zinal le 9 août 2009, Kilian Jornet est déjà auréolé d’un immense prestige. Double champion du monde des Skyrunner World Series, il a remporté, à 21 ans à peine, des courses aussi prestigieuses que le marathon de Zegama-Aizkorri (2007 et 2008) et surtout l’UTMB 2008, en établissant le record de l’épreuve. En cette année 2009, l’Espagnol semble irrésistible et aligne les performances dans toutes les disciplines. Entre autres, il remporte la Coupe du monde de ski-alpinisme en individuel, gagne de multiples Skyraces ou encore établit le record du GR20 en Corse.

Favori de la course, il l’emporte en 2h 35mn 30s. Il est cependant assez loin du record de l’épreuve établi en 2003 par Jonathan Wyatt en 2h 29mn 12s. Il mettra d’ailleurs 10 ans avant de battre ce chrono. Jornet s’impose assez nettement devant le Suisse Tarcis Ançay, deuxième en 2h 37mn 15s. C’est un autre Suisse, Florent Troillet, qui termine 3e en 2h 37mn 35s.

SIERRE-ZINAL © Roger Epiney
© Roger Epiney

2010 – 2015 : Kilian Jornet à la bataille

En 2010, Kilian Jornet gagne une seconde fois Sierre-Zinal en 2h 37mn 27s. Il est pourtant moins dominateur que lors de sa première victoire. Il ne devance le Suisse Cesar Costa que de 16 petites secondes (2h 37mn 43s). Le Tchèque Robert Krupicka termine 3e en 2h 38mn 03s. C’est que la concurrence est sérieuse sur cette doyenne des courses de montagne en Europe.

L’année suivante, Jornet tombe sur plus fort que lui. Il termine l’édition 2011 en battant son meilleur chrono (2h 34mn 15s), mais il est assez largement battu par l’Italien Marco De Gasperi (2h 30mn 18s) et le Suisse Cesar Costa (2h 31mn 20s).

Absent de l’édition 2012, Kilian Jornet revient en 2013 et améliore de nouveau son meilleur temps (2h 33mn 59s). Mais, comme en 2011, il termine 3e, battu par le Suisse Marc Lauenstein (2h 32mn 14s) et le Colombien Juan Carlos Cardona (2h 32mn 30s).

Il faut attendre 2014 pour que Kilian Jornet remonte à nouveau sur la plus haute marche du podium. Il vient alors chercher sa 3e victoire sur Sierre-Zinal. La bataille est âpre mais l’Espagnol, qui améliore encore son temps, l’emporte en 2h 31mn 54s. Il devance l’Américain Jo Gray de plus d’une minute (2h 32mn 58s), tandis que son « ennemi » des années précédentes, le Suisse Cesar Costa, termine 3e en 2h 34mn 07s.

L’édition 2015 est la plus disputée de l’histoire. Kilian Jornet, triple vainqueur, est donné archi favori mais doit batailler jusqu’au bout. 3e à 3 minutes des leaders après la montée, il revient à 1 minute avant d’attaquer la descente. Il s’impose finalement de 4 petites secondes seulement devant le Colombien William Rodriguez (2h 33mn 13s contre 2h 33mn 17s). Le Britannique Rob Simpson complète le podium de cette course folle en terminant en 2h 33mn 34s, soit 21 secondes seulement après le vainqueur.

SIERRE ZINAL kilian
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2017 2021 : 5 victoires d’affilée

Absent de l’édition 2016, Kilian Jornet s’imposera ensuite sans discontinuer entre 2017 et 2021. En 2017 et 2018, pour ses 5e et 6e victoires, il devance à chaque fois le Britannique Rob Simpson. De 14 secondes seulement en 2017 (2h 33mn 05s contre 2h 33mn 19s), de plus d’une minute 30 l’année suivante, lorsqu’il établit son meilleur chrono (2h 31mn 39s contre 2h 33mn 11s). Lors de ces 2 éditions, la lutte entre Kilian Jornet et Rob Simpson fut intense, le Britannique faisant jeu égal avec le Catalan et n’étant distancé que dans la dernière descente.

C’est l’Américain Max King qui complète le podium 2017 en 2h 34mn 04s, et le Kenyan Robert Surum celui de 2018 en 2h 33mn 18s. À noter que les Français font leur apparition dans le haut du classement, Thibaut Baronian terminant en 6e position en 2017 (2h 37mn 16s) et Julien Rancon également 6e en 2018 en 2h 36mn 46s.

2019 : Coup de force et record pulvérisé

2019 est une année pas comme les autres. En forme comme jamais, Kilian Jornet prend un départ extrêmement rapide, inhabituel pour lui, et se place en tête de la course dès les premières secondes. Le message est clair : il vise le record de l’épreuve, détenu depuis 2003 par Jonathan Wyatt en 2h 29mn 12s. Son principal rival, l’Erythréen Petro Mamu, triple champion du monde de course en montagne, pointait déjà à 2 minutes du leader au sommet de la première ascension. De son côté, l’Américain Jim Walmsley, qui débutait sur le circuit des Golden Trail Serie, était distancé de près de 3mn30.

Le Catalan, qui n’était jamais descendu sous les 2h 31mn, boucle le parcours avec un temps exceptionnel de 2h 25mn 35s. Même le second, Petro Mamu, bat l’ancien record en signant un superbe chrono de 2h 26mn 31s. Jim Walmsley termine 3e en 2h 31mn 52s.

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2019, année historique, avec le record de Kilian Jornet et le record féminin de Maude Mathys. © DR

2020 – 2021 : Kilian Jornet intouchable

Sur un parcours dont il semble connaître le moindre caillou et le moindre faux plat, Kilian Jornet s’impose lors des 2 dernières éditions. En 2020, il l’emporte en 2h 33mn 15s, devançant Frédéric Tranchand de seulement 30 secondes. Une superbe performance pour le Français, qui a été le plus rapide dans la seconde partie de course et a réussi à reprendre plus de 30 secondes à Jornet. C’est le Suisse Rémi Bonnet qui complète le podium en 2h 34mn 17s.

SIERRE ZINAL 2020
Le podium masqué de 2020, avec Frédéric Tranchand et Rémi Bonnet. © DR

L’édition 2021 confirme la règle : quels que soient les concurrents, à l’arrivée, c’est Kilian qui l’emporte. Il s’impose cette fois-ci en 2h 31mn 44s, avec 42 secondes d’avance sur le Britannique Robbie Simpson. L’Italien Cesare Maestri termine 3e, à 2mn 07s du « patron ». Kilian Jornet vient alors de remporter Sierre-Zinal pour la 9e fois de sa carrière, et la 5e fois consécutive ! En attendant 2022…

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Découvrez l’ITRA Trail Talks #1, le tout premier épisode du talk show produit par l’International trail Running Association. Une émission de près d’1h15 (en anglais uniquement) dans laquelle vous pourrez découvrir de longues interviews de Mathieu Blanchard, 3e de l’UTMB 2021, récent vainqueur du Megève Nature Trail, et du Chinois Wong Ho Chung, qui a fait de l’UTMB 2022 son principal objectif de la saison. Un talk show animé par Jeff Campbell dans lequel les deux athlètes inspirants partagent leurs expériences et délivrent des conseils très intéressants.

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