La vitesse à laquelle courent les meilleurs ultra-traileurs du monde dépend bien entendu de la distance qu’ils ont à parcourir, du dénivelé positif et négatif total et du profil général de la course. Mais en prenant en compte la règle du km-effort, on obtient des résultats spectaculaires. Démonstration.
Le km-effort, une formule reconnue
Le km-effort est une formule reconnue en trail running qui prend en compte la distance et le dénivelé positif. Ainsi, le km-effort est calculé en ajoutant 1 kilomètre pour 100 mètres de dénivelé positif à la distance totale de la course. Par exemple, une course de 100 km avec 5000 mètres de dénivelé positif correspond à 150 km-effort.
L’incroyable UTMB 2019 de Pau Capell
Le coureur espagnol, parti seul dès le 2e kilomètre, a réalisé une course parfaite en 2019 en bouclant le parcours en 20h 19mn 07s. Il a ainsi établi le temps de référence sur parcours complet. Pour mémoire, l’ancien record était détenu depuis 2015 par Xavier Thévenard en 21h 09mn 15s. A noter qu’on ne peut pas prendre en compte le temps canon de 19h 01mn de François D’Haene en 2017. En effet, le parcours avait été modifié et légèrement raccourci en raison des intempéries. Paul Capell a donc parcouru les 171 km et 10140m D+ en 20h 19mn 07s. Soit une vitesse réelle de 8,42 km/h, arrêts ravitos compris. Mais en prenant en compte la formule du km-effort, la distance passe à 282 km (171 + 101). Soit une vitesse relative de 13,88 km/h.

Un UTMB à plus de 12km/h de vitesse relative pour Courtney Dauwalter
Après l’avoir déjà remporté en 2019, l’Américaine Courtney Dauwalter a établi en 2021 le record de l’UTMB en 22h 30mn 54s. Elle a amélioré de près de 2 heures son temps de 2019. Cela représente une vitesse réelle de 7,60 km/h. Mais en prenant en compte le km-effort, la vitesse relative s’établit à 12,52 km/h.

Ragna Debats “réellement” supersonique
En dynamitant le record de l’épreuve sur la course RED de l’Istria 100 2022, la Néerlandaise Ragna Debats a montré qu’elle n’avait rien à envier aux hommes en matière de vitesse pure. En bouclant les 168 km et 6515 m D+ du parcours en 20h 14mn 52s, elle a établi une vitesse moyenne réelle de 8,29 km/h. Un score très proche de celui des meilleurs traileurs masculins sur ce type d’épreuve de montagne. En prenant en compte le km-effort, et donc le dénivelé bien moindre que sur un UTMB par exemple, sa vitesse relative s’établit quant à elle à 11,50 km/h.

François D’Haene tout là-haut sur la Hard Rock 100
Le Français est indiscutablement le meilleur ultra-traileur au monde ces dernières années. Il détient depuis 2021 le record absolu de la Hardrock 100 à Silverton, États-Unis. Il a battu de plus d’1h40 le record détenu depuis 2015 par Kilian Jornet. Son temps de 21h 45mn pour parcourir les 161 km et 10000m D+ correspond à une vitesse réelle de 7,40 km/h. Et, en prenant en compte le km-effort, donc avec une distance portée à 261 km, une vitesse relative de 12 km/h. La différence de vitesse, réelle comme relative, entre la Hardrock 100 et l’UTMB s’explique par l’altitude moyenne à laquelle se déroule l’épreuve américaine : 3 352 m. Sachant qu’à partir de 2000 m les effets du manque d’oxygène se font sentir, on mesure mieux l’incroyable performance de D’Haene.

Une fusée nommée Walmsley
En terme de vitesse pure, tout le monde s’accorde à reconnaître que l’Américain Jim Walmsley en connaît un rayon. C’est sur les 161 km de la Western States 2019 que nous pouvons le mieux mesurer ses capacités à courir vite un ultra-trail. En 2019, en établissant un record en 14h 09mn 28s, il a signé une vitesse moyenne réelle de 11,38 km/h. En prenant en compte le km-effort, les 161 km et 6490 m D+ se transforment en 226 km. Soit une vitesse relative de… 16 km/h ! Imagninez courir quasiment 4 marathons de Berlin d’affilée à 16km/h de moyenne ! Une folie.

Ellie Greenwood, une femme ultra-rapide
Toujours sur ce même parcours de la Western States, c’est l’athlète britannique Ellie Greenwood qui détient le record de l’épreuve. Elle a établi cette marque en 2012. En ayant parcouru les 161 km et 6490m D+ en 16h 47mn 19s, elle affiche une vitesse réelle de 9,59 km/h. Et en prenant en compte le km-effort, sa vitesse relative est portée à 13,46 km/h.
Flashé à plus de 20km/h sur le 42K du Marathon du Mont-Blanc
En raccourcissant la distance, la vitesse, réelle comme relative, augmente forcément. Ainsi, le Norvégien Stian Angermund, spécialiste de skyrunning et de kilomètre vertical, champion d’Europe de SkyRace 2021, a-t-il établi un impressionnant record sur le Marathon du Mont-Blanc en 2021. Il a bouclé les 42km et 2540 m D+ en 3h 18mn 08s. Soit une vitesse réelle de 12,73 km/h. Et une vitesse relative, en prenant en compte le km-effort, de 20,30 km/h.
Et si c’était tout plat ?
La performance de Stian Angermund peut être comparée au record du monde du marathon détenu par Eliud Kipchoge. Avec un temps de 2 h 1 min 39 s établi le 16 septembre 2018 lors du marathon de Berlin, connu comme étant le marathon le plus rapide du monde du fait de son parcours très plat (moins de 20 m de dénivelé), le Kényan a couru à une vitesse réelle (et relative) de 20,83 km/h. A peine plus vite que le Norvégien sur le Marathon du Mont-Blanc, finalement…
