Vice-championne du monde de trail 2017, Amandine Ferrato a fait de son hypersensibilité une force, à la fois pour être alignée dans sa propre vie et permettre à celles et ceux qu’elle coache de prendre la mesure de leur potentiel. Entretien cartes sur table !
Vice-championne du monde en 2017 à Badia Prataglia, en Italie, à seulement 3 secondes de ta coéquipière Adeline Roche. C’était une arrivée arrangée ?
Amandine Ferrato : Oh, ça commence fort ! Alors oui, je termine deuxième à trois secondes du titre, et ces trois secondes sont dues à un moment où j’ai pris un drapeau français. On est arrivées ensemble et j’ai voulu célébrer ça avec le drapeau. En fait, j’étais tiraillée entre la possibilité de passer devant Adeline dans le final et la peur d’être rejetée par l’équipe de France, car c’était ma première sélection et Adeline était la favorite (Adeline Roche venait de remporter le titre de championne de France de course en montagne quelques jours plus tôt, NDLR). J’avais surtout couru pour assurer le titre par équipe, et je ne pensais pas que j’aurais été si proche de la première place.
Adeline Roche et Amandine Ferrato sur le toit du monde en 2017. Photo DR
Tu n’étais pas prête, psychologiquement, à gagner ?
Amandine Ferrato : Non, pas du tout. À l’époque, je n’avais pas la maturité que j’ai aujourd’hui. Mon histoire personnelle faisait que l’équipe de France était un peu comme une deuxième famille, et je ne voulais pas revivre un rejet similaire à ce que j’avais vécu dans ma vie personnelle.
Le rejet, c’est une blessure que tu as vécue dans ton enfance ?
Amandine Ferrato : Oui, ça a été une blessure importante pour moi. J’étais sensible – on ne parlait pas d’« hypersensibilité » à l’époque – et je ne savais pas comment gérer ça. Avec le temps, j’ai appris à faire de cette sensibilité une force, mais à l’époque, c’était compliqué, surtout avec la pression des autres qui ne comprenaient pas ce que je vivais. J’étais très intuitive et perspicace, ce qui a créé des incompréhensions. Je pense que mes parents ne savaient pas comment gérer cette sensibilité. J’ai grandi vite, j’ai dû apprendre à me débrouiller seule dès mes 12 ans, et ça forge un caractère. Cela se ressent dans mon côté combatif et compétitif aujourd’hui, qui fait que certains peuvent penser que je suis une machine…
Quand as-tu commencé à courir ?
Amandine Ferrato : J’ai commencé la course à pied vers 22 ans, pendant mes études. Avant ça, je marchais beaucoup. Ensuite, je me suis mise à courir, mais plutôt sur piste et sur 10 kilomètres. J’ai fait quelques résultats au niveau régional du côté de Montélimar.
Comment es-tu venue au trail ?
Amandine Ferrato : J’ai commencé à courir dans la nature un peu par hasard. Après un tour du monde, en rentrant, je me suis sentie oppressée par la société de consommation, et j’ai ressenti le besoin de me reconnecter à la nature. J’ai eu la chance d’avoir des potes qui m’ont hébergée, le temps de trouver un boulot pour la crédibilité, pour pouvoir venir en circuit traditionnel du logement. J’ai pris le premier truc qui venait, en intérim, et j’ai donc bossé dans le nucléaire. Et à côté de là où j’habitais, il y avait une colline. C’est là que j’ai commencé à courir.
De fil en aiguille, je me suis inscrite à quelques courses en Ardèche, et j’ai fini par gagner une course, le Trail des Gorges de l’Ardèche. C’est là que j’ai été repérée puis sélectionnée par Philippe Propage en équipe de France. J’ai découvert les stages, et pour moi qui m’entraînais seule, j’ai adoré cette ambiance de groupe. C’était incroyable de porter le maillot bleu, de ressentir cette fierté et cette responsabilité. La première fois que tu mets ton tee-shirt Équipe de France, tu as l’impression d’être investie de super-pouvoirs !
On sent que tu aimes la compétition. Tu parles beaucoup de performance, mais aussi de maîtrise. Peux-tu nous en dire plus ?
Amandine Ferrato : Oui, j’aime la compétition, et j’avoue que j’aime bien aller taquiner les mecs en course. (Rires.) Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est repousser mes limites et savoir de quoi je suis capable. La maîtrise de l’effort, des émotions, c’est très important pour moi. Gagner une course, c’est bien, mais si tu n’as pas bien géré ta course, ça n’a pas la même saveur. C’est la gestion intelligente de la course qui est satisfaisante.
Révéler son propre potentiel, c’est ça qui t’a incitée à te lancer dans le coaching ?
Amandine Ferrato : Ce n’est pas exactement comme ça que ça s’est passé. Après mes succès en trail, j’ai commencé à avoir un peu une crise d’identité parce que la course, je faisais ça pour le plaisir d’être dans la nature, de partager, et là, je me retrouvais propulsée sur le devant d’une scène à laquelle je n’avais pas été préparée. Je ne savais même pas qui j’étais, et les gens imaginaient de moi quelque chose que je n’étais pas, ce côté machine performance. Et en même temps, j’avais des partenaires, donc il fallait aussi jouer le jeu.
Cette année-là (2017, NDLR), après les championnats du monde, je fais 3ème féminine à Sierre-Zinal, 3ème aussi à l’OCC, à Chamonix, et je gagne la Mascareignes, à La Réunion. Ça a été génial, mais ça a été trop ! Il y avait trop à gérer, accueillir les émotions, gérer l’aspect media, gérer les sponsors, gérer les courses, rester performante… Et j’ai explosé. Ça a été la traversée du désert. C’est là que j’ai ressenti ce besoin de trouver du sens à ma vie. La compétition, c’est bien, mais avant tout, pour moi, c’est l’humain qui prime.
Alors j’ai commencé une formation en coaching de vie, et ça a été une révélation. J’ai validé mes diplômes, et aujourd’hui, je combine mon expérience de la haute performance avec le développement personnel. Je propose un accompagnement sur la gestion des émotions, la confiance en soi et la performance, aussi bien en course qu’au travail. Je travaille principalement avec des entrepreneurs, des dirigeants, des managers, mais aussi avec des sportifs, et je aide à mieux gérer leur stress, leurs émotions et à trouver un équilibre dans leur vie.
Amandine Ferrato lors de l’OCC. Photo Peignée Verticale – copie
Concrètement, par rapport à du coaching « classique » à distance, comment gères- tu le côté « personnalisation » ?
Amandine Ferrato : Je travaille aussi à distance, je fais du coaching aux quatre coins du monde, en Afrique du Sud, en Belgique, au Luxembourg, à Paris comme à Marseille ou à La Réunion. J’ai une écoute très active, et l’avantage de travailler avec la visio, c’est que ça me permet de toucher un public plus large, qui est demandeur de ce contact vidéo. Il faut juste savoir gérer les décalages horaires.
Parmi les mots-clés de Côte à Côte Coaching, ton site, on trouve « émotions », « blessures », « équilibre », « quête de soi », « accomplissement », « performance ». Tu es coach, psychologue, ou les deux ?
Amandine Ferrato : (Rires.) Non non, je ne suis pas psy ! Je m’adresse à tous les publics, tous niveaux, et en plus de mon expérience du haut niveau en course à pied, j’amène également cet aspect développement personnel en bonus. Celles et ceux que j’accompagne, ce sont des personnes qui sont stressées, qui n’ont pas confiance en elles, qui ont peur de rater et de ne pas être à la hauteur. Elles ont peur du regard des autres aussi, ne savent pas vraiment faire une stratégie de course et ne comprennent pas pourquoi ça ne marche pas, même quand elles ont l’impression d’être bien préparées. Et généralement, c’est ce qu’elles vivent aussi dans leur quotidien.
J’ai l’avantage, de par mon potentiel émotionnel, de savoir activer les leviers que les gens ne voient pas. Je sais capter exactement où il faut aller, en respectant le rythme de chacun évidemment. Des fois, il y a des séances qui sont plus ou moins dures, avec quelques larmes, mais c’est aussi parce qu’il faut que les choses sortent. Du coup, ça donne des résultats très rapides et c’est super satisfaisant de voir les personnes lâcher leurs freins et s’épanouir. C’est là que je me sens le plus utile. Même si aujourd’hui, mon objectif est de me concentrer davantage sur les dirigeants et les managers, ceux qui ont des problèmes de légitimité ; c’est là où je pense avoir le plus de valeur ajoutée.
Cet article a été publié dans le n°140 d’Esprit Trail
C’est l’increvable Claire Bannwarth, qui a disputé par moins de 23 ultras en 2024, et l’inoxydable Ludovic Pommeret, qui à 49 ans a remporté la Hardrock en battant le record de Kilian Jornet de quelques minutes, que vous avez désignés comme héros de l’année parmi les athlètes sélectionnés par la rédaction. Retour sur le résultat de vos votes effectués sur le compte Facebook Esprit Trail Magazine.
Claire Bannwarth héroïne de l’année 2024
Chez les femmes, c’est le triomphe du Lapin ! Claire Bannwarth a une fois de plus tout pulvérisé, saluée pour son œuvre – et sa prose ! Elle s’impose assez largement, avec plus d’un quart des suffrages exprimés, devant la Présidente de l’Univers Courtney Dauwalter !
Le podium : Claire Bannwarth – Lapin DuDuracell : 26,2% Courtney Dauwalter : 19,3% Jasmin Paris : 17,8%
La suite du classement : Katie Schide : 13,1% Manon Bohard : 12,6%
Sous les 5%, par ordre : Clémentine Geoffray Blandine L’hirondel (non sélectionnée par la rédaction mais citée par les votants) Christel Dewalle Sylvaine Cussot (non sélectionnée par la rédaction mais citée par les votants) Tara Dower Joyce Njeru Sara Alonso Audrey Tanguy (non sélectionnée par la rédaction mais citée par les votants)
Le score a été plus serré chez les hommes, avec un podium bien garni au sommet duquel s’est hissé un futur quinquagénaire resplendissant, magnifique vainqueur et recordman de la Hardrock Hundred Endurance Run, qui malgré les années a réussi à battre son propre record sur l’ UTMB Mont-Blanc, où il a terminé à la 5ème place. Un exemple de longévité au très haut niveau qui a recueilli plus de 23% des suffrages, devant… le Patron en personne !
Le podium : Ludovic Pommeret : 23,2% Kilian Jornet : 18,4% Mathieu Blanchard, Thomas Cardin et Vincent Bouillard ex-aequo : 15,3%
La suite du classement : Sébastien Raichon : 7,2% François D’haene et Elhousine Elazzaoui ex-aequo : 5,1%
Sous les 5%, par ordre : Louison Coiffet (non sélectionné par la rédaction, mais cité par les votants pour son exploit sur le 110K du Restonica Trail, record de Santelli battu !?) Les frères Gabioud Antoine Guillon François Devaux Jim Walmsley Christophe Le Saux (non sélectionné par la rédaction, mais cité par les votants) Jean-Philippe Tschumi (non sélectionné par la rédaction, mais cité par les votants) David Roche Sylvain Cachard Russell Cook
Gagner 10 à 15 secondes au kilomètre en vitesse de base peut sembler un défi, mais si vous êtes un coureur de milieu de peloton, il est fort probable qu’avec une approche méthodique, ce soit tout à fait réalisable. Et sans avoir à travailler pendant des mois. En effet, d’expérience, nos coachs ont déterminé que deux aspects majeurs de la course à pied, la posture et la respiration, pouvaient dans 90% des cas être améliorés immédiatement pour gagner en technique de course et en vitesse de base. Voici leurs conseils pour y parvenir.
La posture, premier élément clé pour gagner facilement en vitesse
La posture en course est cruciale pour optimiser votre vitesse et votre efficacité. Si vous ne vous entraînez pas avec un coach qui corrige votre posture et vous aide à améliorer votre technique de course, il y a fort à parier qu’après avoir lu cet article, vous allez immédiatement gagner ces 10 à 15 secondes. C’est d’ailleurs une expérience que vous pouvez très simplement faire lors d’une séance d’entraînement. Après un petit échauffement, courez 3 kilomètres à votre vitesse de base dans votre position habituelle. Puis répétez votre course sans mettre plus d’intensité, mais en appliquant les conseils qui suivent. Vous verrez tout de suite la différence, et dans l’aisance de course, et au niveau du chrono !
1. Position du corps
Gardez le torse droit et légèrement incliné vers l’avant à partir des hanches, mais sans vous courber. Cela aide à maintenir un bon alignement et réduit la fatigue. Les hanches doivent être légèrement en avant par rapport aux pieds pour favoriser une foulée efficace. Grandissez-vous. Imaginez que l’on vous tire vers le haut avec un câble accroché au-dessus de votre tête. Cela vous aidera à avoir une foulée plus aérienne, moins « tassée » sur le sol.
2. Épaules et bras
Évitez de hausser les épaules et de les refermer. Elles doivent rester détendues et ouvertes, ce qui permet de réduire la tension dans le cou et le haut du dos et permet une meilleure expansion thoracique, les poumons pouvant se dilater pleinement, facilitant la respiration. Pliez les coudes à environ 90 degrés. Les bras doivent se balancer naturellement le long de votre corps, en synchronisation avec vos jambes. Les bras doivent se déplacer de l’avant vers l’arrière, pas de côté. Cela aide à propulser le corps en avant.
3. Position de la tête
Gardez la tête droite et regardez environ 10 à 15 mètres devant vous. Cela aide à maintenir l’alignement du corps et à éviter de trop pencher la tête en avant ou en arrière.
4. Position des jambes et des pieds
Évitez les foulées trop longues qui peuvent entraîner une perte d’énergie. Une foulée plus courte et rapide est généralement plus efficace. Une cadence de 170-180 pas/minute est souvent recommandée. Utilisez vos mollets et vos muscles des jambes pour pousser efficacement le sol, en utilisant une extension complète des jambes. Idéalement, atterrissez sur le milieu du pied ou l’avant-pied, plutôt que sur le talon. Cela peut réduire l’impact et améliorer la propulsion.
Pour favoriser une prise de conscience corporelle, pratiquez des courses lentes pour vous concentrer sur votre posture et votre technique, puis intégrez ces ajustements dans vos courses plus rapides.
La respiration, deuxième élément clé pour gagner facilement en vitesse
Une respiration efficace permet d’optimiser l’apport en oxygène et d’améliorer à la fois l’endurance et la vitesse de base. Grâce aux quelques conseils qui suivent, vous pourrez ajuster votre respiration afin de courir plus vite.
1. Mettez en place la respiration diaphragmatique (abdominale).
Au lieu de respirer uniquement avec votre poitrine, concentrez-vous sur la respiration diaphragmatique, souvent plus efficace que la respiration thoracique. Cela signifie que vous devez faire descendre votre diaphragme lors de l’inhalation, ce qui permet de remplir complètement vos poumons. Dans la pratique, pour mieux comprendre le principe de cette respiration, allongez-vous sur le dos avec un livre sur votre ventre. Lorsque vous inhalez, le livre doit se soulever. Cet exercice vous aidera à prendre conscience de l’utilisation de votre diaphragme.
2. Concentrez-vous sur le rythme de votre respiration.
Adoptez un rythme de respiration qui correspond à votre foulée. Par exemple, vous pouvez essayer d’inhaler sur 3 pas et d’exhaler sur 2 pas (rythme 3/2). Cela vous aide à établir un rythme régulier et naturel. Ce rythme peut ensuite s’adapter en fonction du terrain, et devenir 2/1 en montée. L’idée est surtout de vous concentrer pour trouver un rythme qui vous convient le mieux pendant vos courses. Cela peut varier en fonction de votre intensité et de votre niveau de forme.
3. Restez hydraté pendant la course.
Une bonne hydratation aide à maintenir l’élasticité des voies respiratoires et peut améliorer votre capacité à respirer efficacement pendant la course.
En appliquant ces conseils simples de posture et de respiration dès votre prochaine sortie, vous verrez la différence. Jamais gagner du temps sur votre vitesse de base n’aura été aussi simple.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/12/Vitesse-de-base.-Photo-Cimalp.jpg7911200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-12-27 08:34:512024-12-27 08:34:53Comment gagner facilement 10 à 15 secondes au kilomètre en vitesse de base
Un short noir, un torse nu, velu, bronzé et ruisselant de sueur, des cheveux longs et une barbe fournie, son minimalisme a fait de lui une légende. Krupicka, en tchèque, signifie « petit bâton », et était le nom donné autrefois aux petites personnes, ou à ceux qui maniaient le bâton avec aisance. Anton, du haut de son mètre 83, n’est pas petit. Quant à son aisance, après l’avoir faite fructifier sur les bancs de l’université, avec trois licences obtenues en philosophie, physique et géologie, il l’exprime depuis près de 20 ans baskets aux pieds sur les sentiers, et plus récemment avec un gravel ou sur une paroi rocheuse. Portrait d’une légende surnommée « Le Messie », que l’on espère revoir à Chamonix lors de l’UTMB 2025.
Anton Krupicka, un marathon en 3h50 à 12 ans !
892 kilomètres : c’est la distance parcourue par Anton Krupicka entre Omaha, dans le Nebraska, où il est né en 1983, et Boulder, dans le Colorado, où il s’est établi 20 ans plus tard. Une ultra-distance, mais rien de comparable avec celle parcourue par son arrière-arrière-grand-père, un de ces pionniers venu de l’ancien Empire austro-hongrois au temps des pionniers. « Il a amené sa famille aux États-Unis parce que le gouvernement de l’époque offrait des terres gratuites à toute personne souhaitant s’installer, construire une maison et une ferme. Il a dû y voir une opportunité. J’y pense maintenant, à quel point cela a dû être effrayant et intimidant. »
Coureur depuis 1995 – il a terminé son premier marathon à 12 ans en 3h 50mn 11s -, ultra-runner professionnel depuis 2006 – il remporte alors la Leadville 100 avec le deuxième chrono le plus rapide de tous les temps (17h 01mn 56s), puis revient l’année suivante pour courir encore plus vite (16h 14mn 35s) -, à la question « pourquoi cours-tu ? », sa réponse a évolué au cours des 25 dernières années. De ses débuts au collège, où il courait simplement parce qu’il faisait preuve d’un minimum d’aptitude pour la course de fond par rapport à ses camarades de classe et que cela lui offrait – pour le prix d’une simple paire de chaussures et d’un peu de détermination – un moyen de s’individualiser et de se sentir unique, à la simplicité de l’activité, qui représente aujourd’hui le véhicule le moins compliqué dont il dispose pour se connecter à lui-même et à son environnement, Anton Krupicka est persuadé que toute pratique n’a de réelle valeur que si elle est habituelle.
Sans cela, il n’y a pas de cohérence. Alors il court régulièrement, simplement, comme d’autres lisent ou écrivent, ou s’efforcent de garder leur appartement propre et bien rangé. « Courir est pour moi une activité saine qui est un cadeau, confie-t-il. Ce n’est pas vraiment une béquille ou un mécanisme d’adaptation, même si je suppose qu’il y a eu des périodes dans ma vie où cela a été le cas. »
Photo La Sportiva / DR
Anton Krupicka, une curiosité toujours intacte
Mais qu’on ne s’y trompe pas, Anton Krupicka n’est pas un enfant de chœur. D’abord, parce que la course à pied est aussi une façon de prendre la parole pour gagner sa vie – et bien plus agréable à ses yeux que de devoir saisir un micro et s’exprimer en public dans le cadre d’opérations marketing. Ensuite, parce que l’homme apprécie grandement la compétition, et le fait de relever des défis pour voir si il peut être à la hauteur. Or, pour une raison qu’il ne s’explique pas, il a toujours été assez doué pour courir de longues distances en montagne, même s’il ne s’entraîne plus que sur 50 à 80 kilomètres par semaine.
Et puis il y a la curiosité, moteur immuable de sa motivation, toujours intacte. La même qui l’a attiré à Leadville pour la première fois, il y a 18 ans, en 2006 — Puis-je faire ça ? —, qui l’a poussé à recourir un 100 milles en septembre dernier, le Grindstone by UTMB — qu’il termine à la 2ème place -, et qui l’amènera peut-être à Chamonix pour prendre le départ de son 3ème UTMB en août prochain. « Les courses à pied de 100 milles constituent un objectif particulièrement inconfortable et stimulant, elles ont à ce point élargi la portée de mon expérience de vie que si je suis physiquement capable de tenter une telle expérience, je sais que cela en vaudra toujours la peine. »
Être physiquement capable, un leitmotiv après les années de blessures à répétition, entre fracture de stress, douleurs aux chevilles et aux genoux, qui l’ont poussé, en 2015, à partir découvrir ce qui, à part courir, pouvait le soutenir psycho-émotionnellement. « Il existe des mondes entiers en dehors de la course à pied. Je l’ai toujours su, mais soit je n’avais pas l’énergie nécessaire pour les explorer, soit je craignais que leur exploration ait un effet néfaste sur ma pratique. Mais lorsque les blessures ont fait que la course à pied a été involontairement supprimée de l’équation, j’ai soudainement eu beaucoup d’énergie et d’espace. »
C’est ainsi qu’en 2015 Anton enfourche un vélo et décide de faire du gravel, concept naissant de l’industrie outdoor mixant cyclisme sur route et sur chemins, devenu une composante à part entière de sa vie. « Un cadre de vélo peut durer des décennies, s’enthousiasme Anton Krupicka. Cela lui confère une qualité intrinsèquement intemporelle qui, je pense, impose le respect et suscite l’inspiration. Les vélos sont vraiment géniaux. »
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Anton Krupicka : “Le premier amour, le restera toujours !”
Et la compétition d’ultra-trail dans tout ça ? Car il suffit de suivre le compte Instagram d’Anton Krupicka pour s’apercevoir qu’il passe plus de temps à faire du gravel et de l’escalade qu’à courir. « C’est fou ! J’ai en quelque sorte vécu une crise de la quarantaine. En grandissant, en vieillissant, j’ai simplement apprécié beaucoup plus l’endroit où j’ai grandi, alors j’y ai passé plus de temps qu’à rouler et grimper qu’à m’entraîner pour courir. J’aime le Nebraska ! »
Mais la course à pied n’a pas pour autant été remisée dans un carton au grenier, loin de là : « J’adore faire du vélo, mais la course à pied sera toujours mon premier amour. Courir reste la chose la plus malade de tous les temps ! J’ai réalisé il y a un certain temps déjà que le résultat final n’avait pas d’importance, que ce qui comptait était la façon dont je me comportais dans la difficulté. La compétition est alors devenue importante en tant qu’expérience transformatrice, et non en tant qu’arène pour vaincre les adversaires. »
Et d’en profiter pour rendre un hommage appuyé à certains coureurs plus âgés que lui qui brillent encore sur les sentiers et sont des moteurs de sa motivation. « Ce serait mentir que de ne pas dire que des gars comme Ludo ou Jason m’inspirent. » Ludo, Pommeret bien sûr, héroïque sur la Hardrock 100 l’été dernier, battant à l’aube de ses 50 ans le record de Kilian Jornet. Jason, Schlarb, 3ème de cette même épreuve, du haut de ses 46 ans.
Puis, lucide, Anton Krupicka de poursuivre : « Je veux toujours courir, bien sûr, mais je reconnais que je ne suis plus au sommet de ce sport après 15 ans. C’est la progression naturelle des choses. Il y a beaucoup d’aventures que j’ai encore envie de vivre. Certainement dans la course à pied, mais aussi dans l’escalade et le vélo. Des projets, des défis personnels. Et je suis toujours ravi de me dépasser dans des contextes plus informels. »
La passion, la curiosité, l’envie, autant de moteurs dans la vie d’Anton Krupicka. Tout comme la montagne, élément essentiel. « Prendre de la hauteur sur une ligne de crête, s’élever sur une paroi rocheuse ou atteindre un sommet représente une objectif incontournable à atteindre. Il y a peut-être quelque chose d’essentiel dans le fait de vouloir arriver quelque part avec une perspective élevée qui offre une vue dégagée. Mais ce n’est pas nouveau, être attiré par le relief topographique semble être une caractéristique humaine universellement innée. »
Bien connaître un paysage complexe et être capable de le parcourir efficacement est également quelque chose d’extrêmement satisfaisant, dont Anton Krupicka ne se cache pas. Pas pour se grandir, mais au contraire pour se sentir minuscule dans l’immensité. « J’apprécie les paysages qui me font me sentir petit. Les montagnes font ça. Mais il en va de même pour les vastes plaines herbeuses avec un ciel immense. Ou les déserts. Ce sont des moments où je peux être seul avec mes pensées, loin du bruit du monde. »
Anton Krupicka et la controverse de l’UTMB
En décrochant sa qualification pour l’UTMB Mont-Blanc 2025, Anton Krupicka a fait naître un immense espoir dans la communauté des traileurs : celui de le revoir sur la ligne de départ à Chamonix au mois d’août prochain. Mais la polémique autour de l’épreuve, avec l’appel au boycott de l’épreuve par Kilian Jornet et Zach Miller début 2024, qu’en pense-t-il ? « Tout cela n’est qu’une controverse fabriquée. Beaucoup de gens veulent simplement vivre l’expérience magique de faire le tour de la montagne et de le faire avec d’autres, car il y a un fort sentiment de communauté lorsque vous le faites. Toutes les autres conneries, personne ne s’en soucie vraiment… »
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/12/Photo-La-Sportiva.webp8001600Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-12-24 17:00:002024-12-24 16:49:00Anton Krupicka, légende du trail, de retour à l’UTMB en 2025 ?
Vous avez plus de 40 ans et le verdict est sans appel : vos chronos de vitesse pure baissent inexorablement. Pas de panique, ce n’est pas votre faute. Plusieurs raisons scientifiques expliquent ce phénomène, dont la sarcopénie. Voici les principales, et nos conseils pour vous entraîner efficacement à courir vite après 40 ans.
Courir vite après 40 ans : que dit la science
La principale raison que explique les difficultés à maintenir sa vitesse pure après 40 ans est à chercher dans les changements musculaires. En effet, à partir de la quarantaine, on observe une diminution progressive de la masse musculaire, un phénomène connu sous le nom de sarcopénie. Cela peut entraîner une réduction de la force et de la puissance, ce qui impacte la capacité à courir à des vitesses élevées. Autre raison, la diminution de la capacité cardiovasculaire. Avec l’âge, le cœur et les vaisseaux sanguins peuvent perdre de leur élasticité, ce qui réduit l’efficacité du système cardiovasculaire. La fréquence cardiaque maximale diminue également, ce qui peut limiter l’apport en oxygène aux muscles pendant l’exercice.
Par ailleurs, le métabolisme de base ralentit avec l’âge, ce qui peut affecter la capacité du corps à utiliser les graisses et les glucides comme sources d’énergie pendant l’effort. Conséquence : l’exercice est plus difficile et moins efficace. Et ce n’est pas tout ! Dans la série « rien ne va plus », les tissus musculaires et articulaires mettent plus de temps à récupérer après un effort intense, ce qui peut rendre plus difficile l’entraînement régulier et l’amélioration des performances.
Des problèmes spécifiques peuvent également venir assombrir le tableau. Les plus fréquents sont les problèmes articulaires. L’usure des articulations, comme l’arthrose, devient en effet plus fréquente avec l’âge et peut entraîner des douleurs et des limitations dans la capacité à courir rapidement ou à s’entraîner de manière intensive. Enfin, même si c’est généralement à un âge un peu plus avancé, il peut y avoir une diminution de l’équilibre et de la coordination qui peut affecter la technique de course. Et augmenter le risque de blessures.
Ludovic Pommeret, lors de la Hardrock 2024. Photo DR
Courir vite après 40 ans : les femmes plus touchées que les hommes
Les différences entre les femmes et les hommes en ce qui concerne les facteurs limitants liés à la performance physique et à l’âge peuvent être attribuées à plusieurs aspects biologiques, hormonaux et socioculturels. En premier lieu, il faut rappeler que les femmes et les hommes ont des profils hormonaux différents. Par exemple, la testostérone, qui favorise la croissance musculaire et la force, est présente à des niveaux beaucoup plus élevés chez les hommes. Avec l’âge, les femmes subissent une diminution significative des œstrogènes, particulièrement pendant et après la ménopause, ce qui peut affecter la densité osseuse et la masse musculaire. Cette diminution hormonale peut rendre les femmes plus vulnérables à la sarcopénie et à d’autres problèmes musculo-squelettiques.
Il faut également considérer qu’en général, les hommes ont une plus grande masse musculaire et une plus grande force physique que les femmes en raison de différences génétiques et hormonales. Cela signifie que les femmes peuvent être plus affectées par la perte musculaire liée à l’âge, car elles partent souvent d’une base musculaire plus faible. Elles ont également tendance à avoir une densité osseuse plus faible que les hommes, et cette densité diminue encore plus après la ménopause en raison de la chute des niveaux d’œstrogènes. Une densité osseuse plus faible accroît le risque de fractures et peut limiter l’activité physique, y compris la course. Certaines études suggèrent d’ailleurs que les femmes peuvent être plus susceptibles à certaines blessures, comme celles du genou (par exemple, les lésions du ligament croisé antérieur), en raison de différences anatomiques et biomécaniques.
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Courir vite après 40 ans : comment s’entraîner efficacement ?
Bien que les facteurs que nous avons énumérés rendent souvent plus difficile la capacité à courir vite après 40 ans, il est important de noter que ces facteurs ne s’appliquent pas uniformément à tous et toutes. De nombreux coureurs et coureuses continuent à performer à un niveau élevé bien au-delà de cet âge. Un entraînement approprié, une nutrition adéquate et des soins préventifs peuvent aider à atténuer certains des effets du vieillissement et à maintenir une bonne condition physique.
Pour conserver sa vitesse de course après 40 ans, il est cependant nécessaire de suivre un programme d’entraînement bien équilibré qui prend en compte les changements physiologiques liés à l’âge. Ainsi, un mélange d’entraînement par intervalles, de renforcement musculaire, d’endurance, de flexibilité et de récupération vous aidera à conserver votre vitesse de course après 40 ans. L’important est de rester cohérent et d’écouter votre corps tout au long de ce processus. Voici quelques éléments clés à intégrer dans votre entraînement :
Entraînement par intervalles
– Courez à des intensités variées. Intégrez des séances d’entraînement par intervalles (par exemple, des sprints de 30 secondes suivis de périodes de récupération) pour maintenir votre vitesse et votre capacité aérobie. – Incorporer des fractionnés. Par exemple, des séries de 400 mètres à une allure rapide, suivies de temps de récupération appropriés.
Renforcement musculaire
– Faites des exercices de force. Intégrez des séances de musculation au moins deux fois par semaine pour renforcer les muscles des jambes, le tronc et les bras, et éviter ainsi ou ralentir au maximum la diminution de la masse musculaire. Cela peut inclure des squats, des fentes, des soulevés de terre et des exercices de gainage. – Intégrez des exercices pliométriques. En ajoutant des exercices explosifs comme les sauts, vous pouvez aider à développer la puissance musculaire et contrecarrer les effets du vieillissement.
Entraînement aérobie
– Effectuez des courses longues et lentes. Conservez des sorties longues à un rythme modéré pour améliorer votre endurance. Ces courses doivent représenter une part importante de votre entraînement hebdomadaire. – Changez de terrains. Alternez entre la course sur route, les sentiers et les côtes pour solliciter différents groupes musculaires et améliorer votre résistance.
Flexibilité et mobilité
– Pratiquez des étirements réguliers. En incluant des séances d’étirements après vos courses, vous pourrez maintenir la flexibilité des muscles et des articulations. – Optez pour le yoga ou le Pilates. Ces pratiques peuvent améliorer la souplesse, l’équilibre et la force du tronc.
Récupération
– N’oubliez pas les jours de repos. Accordez-vous des jours de repos adéquats pour permettre à votre corps de récupérer et de se reconstruire. Et souvenez-vous qu’au-delà de 40 ans, il a besoin de plus de temps qu’à 25 ans ! – Écoutez votre corps. Soyez attentif aux signes de fatigue ou de blessure, et ajustez votre entraînement en conséquence. Le coûte que coûte mène souvent à la blessure.
Nutrition
– Ayez une alimentation équilibrée. Assurez-vous d’avoir un apport suffisant en protéines pour soutenir la récupération musculaire et la croissance, ainsi qu’une hydratation adéquate. Et évitez les excès, plus durs à éliminer avec l’âge. – Prenez des compléments si nécessaire. Consultez un professionnel de la santé pour évaluer si des compléments (comme les oméga-3, la vitamine D ou le calcium) pourraient être bénéfiques.
Objectifs spécifiques
– Fixez-vous des objectifs réalistes. Que ce soit pour une course ou un défi personnel, des objectifs clairs et des chronos raisonnables peuvent vous motiver et structurer votre entraînement.
Consultation d’un entraîneur
– Essayez de travailler avec un professionnel. Un entraîneur personnel ou un coach de course peut vous aider à élaborer un plan d’entraînement adapté à vos besoins spécifiques et à votre niveau de forme physique.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/12/Ludovic-Pommeret-2.webp11742000Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-12-21 08:11:422024-12-21 08:11:45Courir vite après 40 ans : pourquoi c’est difficile et comment s’entraîner efficacement ?
Si participer à un trail blanc est une expérience magique, courir dans la neige ne s’improvise pas et nécessite une préparation spécifique. Nos coachs vous conseillent, et vous proposent un plan d’entraînement sur 4 semaines pour profiter au maximum de votre course le jour J.
Trail blanc : pourquoi est-il plus exigeant sur le plan musculaire ?
La principale caractéristique d’un trail blanc est que la surface est instable. La neige offre en effet une surface irrégulière et mouvante, ce qui nécessite un effort musculaire supplémentaire pour maintenir l’équilibre et la stabilité. Les muscles stabilisateurs, en particulier ceux des chevilles et des jambes, sont davantage sollicités pour éviter de glisser ou de trébucher. De plus, la neige, en fonction de sa consistance (poudreuse, mouillée, gelée), crée une résistance supplémentaire par rapport à courir sur des surfaces dures. Cela signifie que les muscles doivent travailler plus fort pour propulser le corps en avant, augmentant ainsi l’effort global.
Conséquence de ces deux premiers facteurs, courir dans la neige se traduit par des mouvements plus lents. Celle-ci, surtout si elle est fraîche, tend à ralentir le rythme. Résultat : les foulées peuvent devenir plus courtes et plus fréquentes, ce qui exige une plus grande endurance musculaire sur la durée, du fait d’une utilisation plus prolongée des muscles.
Photo DR
Trail blanc : une adaptation de tous les instants
Au-delà de l’aspect purement technique de la foulée dans la neige, les variations de terrain, comme les pentes, les bosses ou les zones de neige tassée, obligent les muscles à s’adapter constamment, ce qui augmente la charge de travail musculaire. On pense en particulier à l’engagement musculaire accru lors des montées. Les pentes enneigées peuvent être particulièrement exigeantes, car elles nécessitent un effort supplémentaire pour grimper. Les muscles des jambes, en particulier les quadriceps, les ischio-jambiers et les mollets, doivent travailler plus fort pour surmonter la gravité et la résistance de la neige.
Trail blanc, performance musculaire et dépense énergétique
Qui dit trail blanc dit hiver, donc températures basses. Or la température a une influence sur l’efficacité musculaire : le froid peut affecter la performance musculaire car les muscles peuvent être moins réactifs dans des conditions froides, ce qui peut entraîner une fatigue plus rapide. L’effort musculaire supplémentaire requis pour courir dans la neige augmente également la dépense énergétique. Cela signifie que le corps doit non seulement travailler plus fort, mais aussi utiliser plus d’énergie pour maintenir le même niveau de performance que sur une surface classique. En somme, courir dans la neige sollicite davantage les muscles, tant en termes de force que d’endurance, ce qui en fait un véritable défi, mais aussi un excellent entraînement !
Premier trail blanc : nos conseils d’entraînement
Même si vous êtes habitué à courir sur les sentiers, il est important si vous souhaitez tenter un premier trail blanc de vous préparer efficacement, en tenant compte des spécificités de la course en milieu enneigé. Voici quelques conseils d’entraînement :
1. Adaptez-vous au terrain, en essayant de vous entraîner sur des surfaces similaires à celles de la course, c’est-à-dire sur des chemins enneigés ou dans des conditions hivernales, pour travailler votre technique de course. Cela peut inclure des exercices de montée et de descente, ainsi que des techniques pour éviter de glisser. Prenez le temps d’expérimenter différentes foulées. Cela vous aidera à vous habituer à la glisse, à la résistance et à la gestion de l’équilibre.
2. Pratiquez le renforcement musculaire en intégrant des exercices de renforcement musculaire dans votre routine, en mettant l’accent sur les jambes, les chevilles et le tronc. Cela vous aidera à prévenir les blessures et à améliorer votre stabilité sur un terrain instable.
3. Misez sur l’endurance en augmentant progressivement votre kilométrage hebdomadaire. Si vous vous engagez sur un trail blanc « long », c’est-à-dire d’environ 20 kilomètres, faites des sorties longues pour développer votre endurance, en visant à atteindre au moins 15 km en terrain varié avant la course. N’oubliez pas qu’en course, la neige peut ralentir le rythme. Apprenez à écouter votre corps et à gérer votre effort pour éviter l’épuisement prématuré. Prenez des pauses si nécessaire, et n’oubliez pas de vous hydrater régulièrement. Même s’il fait froid et qu’on a moins soif, il est important de rester hydraté. Prenez également des collations énergétiques faciles à consommer pendant l’effort.
4. N’attendez pas le grand soleil pour faire vos sorties d’entraînement, même si c’est plus agréable. N’hésitez pas à vous entraîner dans des conditions météo difficiles, afin de vous préparez mentalement à l’éventualité de conditions difficiles (froid, vent, neige) le jour de la course. Visualisez votre course et restez positif. Et pensez à bien récupérer après vos sorties, surtout si les conditions ont été difficiles.
Trail Hivernal de la Moselotte. Photo Organisation
Premier trail blanc : choisissez le bon équipement
Dernier conseil : munissez-vous d’un équipement approprié. N’hésitez pas à investir dans des chaussures adaptées pour la neige, avec des crampons d’au moins 4 ou 5 mm, une bonne adhérence et une isolation suffisante. On vous conseille également d’investir dans une paire de crampons pour trail. Ils s’enfilent facilement sur les chaussures, s’enlèvent également facilement, et permettent, surtout sur terrain gelé, d’accroître l’adhérence et d’éviter les chutes ou blessures aux chevilles. Pensez aussi à des vêtements techniques adaptés aux conditions froides pour limiter la déperdition d’énergie par le froid, ainsi qu’à des accessoires comme des gants, un bonnet et des lunettes de soleil.
Premier trail blanc : votre plan d’entraînement sur 4 semaines
Nos coachs vous proposent ce plan d’entraînement sur 4 semaines, à raison de 3 séances par semaine. Il vous permettra de vous présenter au départ d’un premier trail blanc de 15 à 20 km. Ce programme combine des courses en terrain neigeux, des séances de renforcement musculaire et des journées de repos pour optimiser la récupération.
Semaine 1
Mardi : Course en terrain plat – 30 minutes – 30 minutes à un rythme modéré – Focus sur la technique de course et la respiration
Samedi : Sortie longue sur neige – 1 heure – 1 heure sur terrain neigeux ou similaire – Concentrez-vous sur une allure confortable, en vous habituant à la neige
Semaine 2
Mardi : Course avec intervalles – 40 minutes – Échauffement de 15 minutes – 5×1 minute rapide avec 2 minutes de récupération entre chaque Retour au calme de 10 minutes
Samedi : Sortie longue sur neige – 1h15 – 1h15 à allure modérée – Essayez d’inclure quelques montées si possible
Semaine 3
Mardi : Course en terrain varié – 45 minutes – Concentrez-vous sur le changement de rythme et l’adaptation au terrain. – Si possible, courez sur neige ou sur un terrain similaire.
Samedi : Course de simulation – 1h45 sur neige si possible – Essayez de reproduire les conditions de course, en intégrant des montées et des descentes
Lors de la 5ème semaine, privilégiez la récupération avec une petite sortie d’une heure à rythme tranquille en milieu de semaine, avant votre trail blanc du samedi ou du dimanche.
Trail Hivernal de la Moselotte. Photo Organisation
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/12/trail-blanc-2023.png8381200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-12-20 05:00:002024-12-19 11:14:24Premier trail blanc : conseils de préparation et plan d’entraînement
Aux portes de Marseille, l’Alpin Trail de Pichauris fait de la résistance et joue la transparence. La résistance d’abord, puisque malgré les refus de certaines mairies de valider les tracés en invoquant des raisons « écologiques », et après quelques modifications de parcours de dernière minute, l’organisateur Eric Razzoli a réussi à rassembler une nouvelle fois près de 1500 coureurs le 10 novembre 2024 pour la 9ème édition de l’épreuve emblématique des collines de Pagnol et du Garlaban. La transparence ensuite, puisque lassé d’entendre que les organisateurs de courses indépendants s’en mettent plein les poches, ce même Éric Razzoli a choisi de communiquer son bilan financier, avant de rappeler que son organisation, comme sur de très nombreux trails de France, est 100% bénévole. Une belle image du trail authentique.
Alpin Trail de Pichauris : 1500 coureurs pour la 9ème édition
Éric Razzoli a dû pousser un grand « ouf » de soulagement le 10 novembre dernier au soir, après que la 9ème édition de l’Alpin Trail de Pichauris s’est achevée sur une journée parfaite ! En effet, les refus de certaines mairies de valider les tracés pour des raisons écologiques l’ont obligé à trouver des solutions alternatives de dernière minute. Mais si les parcours ont été légèrement modifiés, les épreuves ont pu toutes se courir sous une météo clémente pour la saison.
Alpin Trail de Pichauris. Photo Éric Barnabé
Une belle victoire pour un organisateur qui avait été bien pénalisé en début d’année, lorsqu’il avait dû annuler au dernier moment sa Full Moon Trail entre Aix-en-Provence et Marseille prévue mi-avril pour raisons administratives. A l’époque déjà, des mairies avaient refuser de laisser passer les coureurs sur les sentiers pour des raisons écologiques, mais l’organisateur n’avait pas eu le temps de trouver des solutions de contournement. Une situation d’autant plus paradoxale que ces sentiers « interdits » le jour de course sont empruntés toute l’année par des randonneurs, promeneurs et autres traileurs…
Côté compétition, sur la course reine, un parcours « Expert » de 85 km et 4400m D+, Kevin Roux, 5ème de la TDS cette année, et Agathe Bouclier, 8ème de la MCC, se sont imposés. Et une satisfaction pour la performance de notre collaborateur, Frédéric Pradon, du team Outdoor Poli, qui termine sur la 3ème marche du podium.
Passage de l’épreuve reine de l’Alpin Trail de Pichauris au sommet du Garlaban, et sa fameuse croix géante.Photo DR
Alpin Trail de Pichauris : où vont les frais d’inscription ?
« Bilan financier de l’Alpin Trail de Pichauris 2024 : où vont les frais d’inscription ? » Tel est l’intitulé du post publié le 17 décembre par Eric Razzoli, qui explique ainsi sa démarche : « Aujourd’hui, on souhaite être transparents avec vous pour répondre à une idée reçue : “Les organisations de courses de trail gagnent beaucoup d’argent en vendant des dossards chers”. »
Et l’organisateur de l’événement de détailler les chiffres clés de 2024, démontrant que 89% des recettes couvrent directement les frais d’organisation :
S’il ne représente que 7% des dépenses totales, le poste Sécurité et secours est considéré comme un poste prioritaire pour accueillir les concurrents dans les meilleures conditions.
Premier poste en terme d’importance, représentant 34% des dépenses totales, le poste Logistique matérielle couvre un vaste champ allant du village de l’événement à la signalisation aux transports et infrastructures (car l’organisation d’un trail ne s’improvise pas ! ) en passant par les dossards et le chronométrage. Il se décompose globalement en trois sous-ensembles, la Logistique Village pour 15%, la plateforme inscriptions pour 10% et le poste Chronométreur / speaker pour 9%, qui permet également d’assurer l’animation et la convivialité pour faire de l’événement un moment inoubliable.
Avec 21% des dépenses, le poste ravitaillement et restauration est le second en terme d’importance, ce que l’organisateur assume, souhaitant offrir une alimentation de qualité pour soutenir les coureurs tout au long du parcours.
Au final, une fois les frais liés aux lots des participants et aux bénévoles (14% du budget total) ainsi qu’à la communication / photos / vidéos (11%), il ne reste plus que 10 à 11% des recettes (ce qu’un comptable appellerait le résultat) pour l’association organisatrice. Et ces 10 à 11% ne finissent pas dans la poche des dirigeants, mais servent à financer les clubs locaux de trail et de sport, essentiels pour développer la pratique sportive et la formation des jeunes, malheureusement peu subventionnés.
Vous l’aurez compris, il n’y aucun jackpot pour qui que ce soit. Et surtout, comme tient à le souligner l’organisateur, c’est un événement 100% bénévole, imaginé par des passionnés qui donnent de leur temps pour que les coureurs puissent vivre une expérience unique, accessible et sécurisée.
La prochaine édition aura lieu les 8 et 9 novembre 2025.
Où vont les frais d’inscription : ventilation des dépenses de l’Alpin Trail de Pichauris. Source Organisation
Quelle saison de trail exceptionnelle ! Si Kilian Jornet a tutoyé les sommets avec son improbable Alpine Connections, l’exploit de Vincent Bouillard à l’UTMB, le record du légendaire Ludovic Pommeret sur la Hardrock 100, la razzia des Bleus aux Championnats d’Europe à Annecy, la consécration d’Elhousine Elazzaoui ou encore les victoires éclatantes de Mathieu Blanchard sur la Diagonale des Fous et François d’Haene sur le Tor des Géants, l’année aura été marquée par des performances hors normes et des moments d’émotion intense. Notre sélection des 15 athlètes masculins qui nous ont le plus marqué en 2024. Enfin 16, car chez les Gabioud, les deux font la paire…
La révélation Vincent Bouillard
Quasiment personne ne connaissait Vincent Bouillard avant le 31 août 2024, lorsqu’à la surprise générale il a magistralement remporté l’UTMB, devançant tous les favoris. Ingénieur produit chez Hoka, affichant un index UTMB de 832 qui le place au niveau d’un Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte (index 835), cet ami proche de Jim Walmsley, avec lequel il a partagé de nombreuses aventures aux États-Unis, à pied ou en gravel, a remporté son premier format 100 miles en octobre 2023, le Kodiak Ultra Marathons by UTMB (161km et 5180m D+) en Californie, qui lui a valu de décrocher son sésame pour la grand-messe chamoniarde.
Basé à Annecy, il a également signé une belle performance lors de la MaXi-Race du Lac d’Annecy, en juin 2024, en terminant 5ème, un résultat passé relativement inaperçu, les lumières ayant toutes été braquées le palpitant duel de tête de course entre Mathieu Blanchard et Thibaut Garrivier. Et puis le 31 août 2024 est arrivé, et au bout de 19h 54mn 23s, Vincent Bouillard a signé le troisième chrono le plus rapide de l’histoire de l’UTMB sur le parcours complet. Une performance XXL qui l’a fait entrer de plain-pied dans la légende.
Vincent Bouillard. Photo UTMB Group
Mathieu Blanchard, intensément grand
Quelle histoire… de fou ! Alors qu’il avait été contraint à l’abandon au 69e kilomètre de l’UTMB, souffrant du tendon d’Achille, Mathieu Blanchard a pris une revanche éclatante sur le sort en s’imposant sur le Stade de la Redoute, après une Diagonale des Fous qu’il aura disputée aux avant-postes de bout en bout. Tous ceux qui se souviennent de l’incroyable mano a mano entre le Suisse Jean-Philippe Tschumi et Beñat Marmissolle en 2022 ont cru revivre la scène, avec Mathieu Blanchard en lieu et place du Basque.
Jusqu’à la sortie du Maïdo, au 125 km kilomètre, les deux hommes ne se sont pas lâchés, l’un concédant quelques secondes en descente, l’autre les reprenant en montée, ou à la faveur d’un ravito express. Et c’est au mental que Blanchard a fini par faire craquer Tschumi. En 23h 25mn 02s, l’ultra-traileur aventurier a remporté son premier 100 milles majeur, dans un temps plus impressionnant encore que les 22h 58mn 30s de François D’Haene en 2013 — chrono qui fait toujours office de record absolu de la Diagonale – car réalisés sur un parcours qui faisait 10 kilomètres de moins que celui de cette année.
Mathieu Blanchard. Photo Pascal Meynier
Ludovic Pommeret, l’improbable record
Il rêvait de disputer cette course et attendait d’y participer depuis 5 ans. Le 13 juillet 2024, Ludovic Pommeret est entré dans la légende de la Hardrock 100 en remportant l’un des ultras les plus redoutables du circuit, disputé à une altitude moyenne de 3300 mètres, avec une avance exceptionnelle sur le second. Parti très vite, Ludo allait creuser l’écart sans jamais faiblir, au point de compter au 100ème kilomètre 1h30 d’avance sur le second, l’Américain Jason Schlarb, co-vainqueur de la Hardrock 100 avec Kilian Jornet en 2016.
Sans jamais se départir de son rythme infernal, Ludovic Pommeret a touché le rocher symbolisant l’arrivée au bout de 21h 33mn 8s d’effort. « J’ai rêvé toute la journée, attendant le cauchemar, et le cauchemar n’est jamais arrivé ! » a-t-il commenté une fois la ligne franchie. Et de sourire, surpris, en montrant le chrono, lui qui venait à 49 ans de battre de 3 minutes le record établi par Kilian Jornet en 2022. Tel un grand cru, Ludovic Pommeret se bonifierait donc avec l’âge ? Il semblerait que oui, puisque quelques semaines plus tard seulement, il a signé le meilleur chrono de sa carrière sur l’UTMB, qu’il disputait pour la 5ème fois, descendant pour la première fois sous la barre des 21 heures.
Ludovic Pommeret. Photo Compressport
Thomas Cardin, enfin champion
« C’était une grande journée, que j’attendais depuis longtemps, a déclaré Thomas Cardin à l’arrivée de la course des Championnats d’Europe de trail, disputée lors de la MaXiRace du Lac d’Annecy le 1er juin. Ça fait 7 ans que je m’entraîne, je n’avais jamais réussi à traduire au niveau international ce que j’arrive à faire au niveau national et aujourd’hui, les planètes étaient alignées. Je suis extrêmement fier de la course que j’ai faite aujourd’hui, et d’avoir honoré de cette façon le maillot de l’équipe de France.
Et je suis également heureux pour ma femme, mon fils et mon coach, Philippe Propage, qui m’accompagnent au quotidien et me soutiennent quand ça ne va pas. » En transformant enfin ce talent pur qui peut le rendre irrésistible, et en devançant sur la ligne le champion du monde en titre Benjamin Roubiol, Thomas Cardin a prouvé – s’est prouvé – qu’il était un grand au niveau mondial. Sa victoire écrasante sur le Grand Trail des Templiers, puis sur la SaintéLyon pour bien finir l’année, n’ont fait que confirmer cela.
Thomas Cardin. Photo Kiprun
Sébastien Raichon en solo intégral
Après sa 2ème place sur la colossale SwissPeaks 660, le premier homme à avoir été finisher de la Chartreuse Terminorum en 2023 s’est offert le FKT du GR20 en autonomie totale, c’est-à-dire sans aucune aide extérieure, en transportant toute sa nourriture et sans aucun arrêt en refuge (tous fermés à cette époque). Parti le 21 octobre, Sébastien Raichon a mis 44h 43mn 37s pour parcourir les 179km et 11000m D+ du mythique sentier entre Calenzana et Conca. Et comme si ce n’était pas assez difficile comme ça, l’athlète du team corse Altore s’est même trompé de chemin à quelques kilomètres de l’arrivée et a dû faire demi-tour, pour au final parcourir 189,56km et 12912m D+.
« Les couleurs sont vraiment magnifiques mais les nuits sont très très longues, heureusement que j’avais 7 batteries de frontales !, a commenté le champion. Le GR20 est tellement technique que lorsque tu perds du temps, c’est impossible à rattraper. Tu peux juste essayer de ne plus en perdre. […]Je suis heureux et fier d’avoir réalisé ce rêve et d’être allé au bout malgré les conditions. C’est bien le plus beau et engagé sentier du monde. »
Sébastien Raichon. Photo Altore Trail Running
Elhousine Ellazaoui, l’Afrique au sommet
Il en rêvait depuis 5 ans, lorsqu’il a commencé à courir sur le circuit Golden Trail Series. Le 20 octobre à Ascona-Locarno, en Suisse, Elhousine Elazzaoui a atteint son objectif en s’adjugeant le titre 2024. Mieux encore, cette année, le Marocain aura livré une prestation parfaite, remportant trois victoires sur la saison régulière, puis la Grande Finale au terme d’un combat épique avec le Suisse Rémi Bonnet, tenant du titre, pour signer un « Golden Perfect » qu’aucun homme avant lui n’avait accompli.
Il devient le premier Africain à s’imposer sur ce circuit. « Je suis tellement content, c’est mon rêve qui devient réalité ! Ça fait 5 ans que je voulais remporter la GTWS, et cette année j’avais annoncé que j’allais vraiment le faire, donc j’avais un peu de pression. Mais j’ai répondu présent ! – On peut dire que j’ai marqué l’histoire. J’espère vraiment qu’on va réussir à inspirer le peuple africain. »
Elhousine Elazzaoui. Photo risingstory / colin olivero
David Roche, le nouveau missile longue distance
C’est un record mythique, de ceux que l’on imaginait qu’il ne serait jamais battu. Il y a 19 ans, l’Américain Matt Carpenter parcourait les 100 milles et 4800m D+ du Leadville 100 sur des sentiers d’altitude situés entre 2800 et 3850 mètres d’altitude en 15h 42mn 59s, devenant le premier homme à descendre sous la barre des 16h. Son chrono, qui n’a été approché qu’une seule fois depuis, en 2018, a volé en éclats le 17 août dernier. L’auteur de cet exploit : l’Américain David Roche, qui pour le premier 100 milles de sa carrière a établi une nouvelle marque référence en 15h 26mn 34s, soit 5mn44 au km, en courant du début à la fin sans jamais marcher.
Coup de bol ? Pas du tout, puisque fin octobre le missile longue distance a remis ça en réalisant le 2ème temps historique sur les 160 km et 2000m D+ de la Javelina Jundred : 12h 45mn, soit 4mn47 au km ! Autant dire qu’e ‘il est très attendu sur l’édition 2025 de la Western States Endurance Run, où il pourrait venir taquiner le record de Jim Walmsley !
David Roche Photo Mike McMonagle
François D’Haene, un géant sans tort !
Après 2 années de galères et blessures, et un abandon sur la Hardrock 100 en juillet (l’un des seuls de sa carrière), le quadruple vainqueur de l’UTMB s’est imposé sur le Tor des Géants, sa première aventure d’« ultra ultra » trail. Après 69h 08mn 32s et 3 nuits passées dehors, c’est un coureur soulagé et heureux qui a franchi la ligne d’arrivée à Courmayeur. Pourtant, son plaisir a été en partie gâché par les accusations de tricherie de Martin Perrier, un temps en tête, qui a plusieurs fois accusé François D’Haene d’utiliser des pacers, ces meneurs d’allure strictement interdits sur le Tor des Géants. De son côté, François D’Haene a fermement rejeté cette accusation, invoquant en revanche qu’une équipe l’avait suivie à certains points du parcours pour le filmer, dans le cadre de la réalisation d’un documentaire sur sa saison.
Encore plus étonnant, une lettre de menace a même été remise en main propre à François D’Haene durant le 2ème jour de course, que son équipe a relayé sur Instagram. Trois jours après la course, Martin Perrier s’est excusé auprès du vainqueur et publiquement sur les réseaux sociaux, invoquant une perte de lucidité et un manque d’information de la part de l’organisation, qui n’avait pas prévenu les autres coureurs de la présence de cette équipe de tournage. « Après 48 heures de course d’une rare intensité, j’étais à un niveau de fatigue et de manque de lucidité évidents qui m’ont fait faire n’importe quoi, à l’opposé de mes valeurs et de ce que je défends depuis toujours. J’ai agi sous le coup de l’émotion, du sentiment d’injustice, de la fatigue et sans connaître toute la vérité. Je n’aurais pas dû. […] Aujourd’hui je m’en veux, et je m’en voudrai longtemps, mais c’est une leçon de sport et de vie que je n’oublierai jamais. Bravo à François pour cette victoire amplement méritée et à tous les autres finishers passés et futurs de cette incroyable aventure. »
François D’Haene. Photo Simon Dugué
Le défi fou de Russell Cook
Surnommé « Hardest Geezer » (l’« Increvable »), Russell Cook a achevé le 7 avril 2024 une épopée de 352 jours : la traversée de l’Afrique du Sud au Nord en courant. Ce Britannique, spécialiste de défis loufoques, a parcouru 16 294 km du point le plus au sud au point le plus au nord du continent africain, soit l’équivalent de 385 marathons en traversant 16 pays. Aucun être humain n’avait réalisé un tel exploit. Il détient par ailleurs un record du monde singulier, établi en octobre 2020 : celui du marathon le plus rapide en tirant… une voiture ! Il avait tiré une Suzuki Alto de 730 kilos en 9h 56 minutes.
Russell Cook. Photo DR
Antoine Guillon toujours vert
Incroyable Antoine Guillon ! Alors qu’il était encore à 23 minutes du leader à 13 km de l’arrivée des 185 km du Trail Menorca Cami de Cavalls, le 3 mai dernier, l’homme aux 6 victoires sur ce tour de l’île de Minorque est allé décrocher un 7ème titre au prix d’un finish de folie après plus de 19 h d’effort, terminant avec 38 secondes d’avance sur l’Espagnol Pablo Ibanez Garcia, dépité.
Toujours aussi en jambes, le coureur de 54 ans a enchaîné un mois et demi plus tard avec une victoire sur les 72 km de l’Olympus Ultra Marathon, en Grèce, puis une remarquable 2ème place sur l’Intégrale de l’Échappée Belle et ses 152 km et 11390m D+ très techniques. Hélas, sa fin de saison a été entachée par une entorse survenue lors de la Diagonale des Fous, qu’il courait pour la 16ème fois, et l’a contraint à l’abandon.
Antoine Guillon Photo Marco Cabrera
François Devaux 6ème finisher de l’histoire de la Terminorum
La Chartreuse Terminorum, pendant français de la Barkley américaine, a connu un nouveau finisher. Se déroulant dans le massif de la Chartreuse, cette épreuve d’une distance de 300 km et 25 000m D+ sans balisage ni GPS, avec un parcours toujours plus difficile d’une année à l’autre, a couronné lundi 24 juin 2024 un 6ème finisher, après les cinq premiers de l’édition 2023, en la personne de François Devaux. Il est en effet le seul des 41 participants à être parvenu à boucler les cinq tours, après 77 heures d’effort dans des conditions météo difficiles.
François Devaux. Photo DR
Jim Walmsley puissance 4
Il n’est pas toujours facile d’être annoncé comme futur vainqueur d’une épreuve avant même de l’avoir courue. C’est pourtant le lot de Jim Walmsley, qui le 29 juin 2024 était donné grandissime favori de la 50ème édition de la Western States Endurance Run, le célèbre 100 milles disputé entre Olympic Valley et Auburn, en Californie. L’Américain n’a pourtant pas manqué son rendez-vous. Pour la quatrième fois, et sous un soleil de plomb, il a remporté l’épreuve, même s’il a échoué à en battre le record, terminant après 14h13 d’effort à seulement 4mn17 de son chrono référence réalisé en 2019.
Jim Walmsley. Photo WSER
Les frères Gabioud rois de la PTL
« Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin… » Un proverbe africain qui anime Jules-Henri et Candide Gabioud. Depuis 2019, c’est devenu leur leitmotiv lorsqu’ils parcourent les sentiers de La Petite Trotte à Léon, la plus longue des courses de l’UTMB, avec ses 300 km et 25 000m D+ sans balisage au sol sur des parcours renouvelés d’année en année. Avec une troisième victoire en cinq participations, les frères Gabioud ont une nouvelle fois démontré leur talent, avec comme unique règle le respect de la montagne.
« La PTL, explique Candide. C’est un terrain de jeu magnifique, mais il ne faut pas le prendre à la légère. La météo est importante. Lorsque je vois des gens qui ne regardent que des applications sans observer le temps qu’il fait dehors, c’est un manque de respect. L’an passé, on avait arrêté la PTL car on avait estimé que la météo n’était pas viable. Même si c’est la course la plus adaptée à nos capacités, que l’on avait la connaissance du terrain et le niveau face au gros dénivelé technique, on était vraiment dans l’esprit de cordée. » La voix des sages.
Les frères Gabioud. Photo UTMB Group
Kilian Jornet, toujours plus haut
En réussissant à gravir les 82 sommets de plus de 4000 mètres répertoriés dans les Alpes en 19 jours sans avoir recours à un véhicule motorisé, Kilian Jornet a réalisé un exploit sans commune mesure. Débutée en Suisse le 13 août, 3 jours après son onzième sacre sur la mythique course de montagne Sierre-Zinal, l’épopée Alpine Connections s’est achevée au cœur du Parc des Écrins, après que le Catalan a enchaîné trail running, alpinisme, escalade et cyclisme à un rythme époustouflant.
Bien plus qu’un simple défi personnel, cet exploit est un hommage vibrant à l’alpinisme et à ses mentors, une aventure collective partagée avec des amis et une communauté d’âmes passionnées qui, comme lui, vivent au rythme des cimes. Michel Lanne a fait partie, au même titre que Mathéo Jacquemoud ou le Catalan Genis Zapater, de ces compagnons d’aventure choisis par la Catalan et qui, par leur connaissance de la montagne et des sommets à gravir, lui ont permis de réaliser son exploit.
Notamment présent lors des ascensions des redoutables Pointe Walker, Pointe Whymper et Pointe Croz, dans les Grandes Jorasses, il n’a pu s’empêcher de témoigner de sa totale admiration pour Kilian Jornet : « Les chiffres permettent peut-être de comprendre l’ampleur de ce qu’il vient de réaliser… Mais au-delà de la performance physique colossale, c’est l’aspect mental et psychologique qui m’a le plus frappé. Malgré des journées monstrueusement longues et éprouvantes, malgré la fatigue et le peu de sommeil, il a su faire preuve d’une vigilance de chaque instant, a su gérer la tension nerveuse, le risque et l’effort, en gardant en permanence une lucidité, une clairvoyance, une anticipation et une vigilance hors norme.
Et repartir chaque nuit avec le sourire, heureux et avide de profiter de la montagne. Et ce dont je suis certain aujourd’hui, c’est que pendant ces 19 jours, Kilian Jornet a déroulé cette magnifique partition sans aucune fausse note. Il était simplement à sa place, dans son milieu naturel. Chapeau bas l’ami ! »
Kilian Jornet. Photo Nick Danielson / NNormal
Sylvain Cachard, dernier à jamais
De l’émotion, mais aussi une grande fête. Voilà comment s’est conclue la 10ème édition de la Skyrhune, la « Zegama basque », comme la surnomme Blandine L’Hirondel, tenante du titre féminin mais absente cette année à Ascain, petit village du Pays Basque. Lancée en 2014, cette épreuve de 21km et 1700m D+ était devenue au fil du temps un rendez-vous incontournable du trail français et mondial, réunissant les meilleurs comme les anonymes dans une ambiance dont les Basques ont le secret.
Mais il n’y aura pas de 11ème édition en 2025. Nicolas Darmaillacq, l’organisateur, a en effet annoncé un peu plus tôt dans l’année mettre fin à l’événement, pour protester contre le « trail business », à l’œuvre selon lui depuis plusieurs années. « Le trail d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier, déplore-t-il. On n’est plus dans les valeurs que nous défendons. » Cette dernière édition, courue le 22 septembre sous un grand soleil, a donné lieu à une bataille intense. Et c’est un des tout meilleurs grimpeurs français, Sylvain Cachard, une nouvelle fois meilleur performeur français à Sierre-Zinal au mois d’août, qui s’est imposé. Dernier vainqueur de la Rhune, pour l’Histoire.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/12/HEROS-2024-MEN.png12261760Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-12-17 05:00:002024-12-16 15:49:36Athlètes de l’année 2024 : les 15 traileurs stars de la saison
Encore une saison fantastique pour le trail, avec des performances qui nous ont fait rêver et nous ont inspiré. Entre la razzia des Bleues aux Championnats d’Europe à Annecy, le record de Katie Schide sur l’UTMB, le sprint fou de Jasmin Paris sur la Barkley, ou encore la victoire éclatante de Manon Bohard sur la Diagonale des Fous, l’année aura été riche en émotions et images fortes. Notre sélection des 10 athlètes féminines qui nous ont le plus fait vibrer en 2024.
Katie Schide, la fusée bleue
Si son palmarès et son aura sont moins impressionnants que ceux de la « Présidente » Courtney Dauwalter, Katie Schide, compagne de Germain Grangier à la ville, continue de bâtir sa légende. Depuis sa victoire lors de la Diagonale des Fous 2023, elle a remporté les trois courses majeures auxquelles elle a participé : le 100 km du Canyons Endurance Runs en avril, les 160 km de la Western States Endurance Run en juin et les 174 km de l’UTMB en août.
Mais surtout, l’Américaine a prouvé qu’elle pouvait rivaliser avec sa compatriote en terme de vitesse. En effet, en s’imposant en 15h47, elle a réalisé le deuxième meilleur chrono de l’histoire de la WSER, à 17 minutes du record de Courtney Dauwalter réalisé en 2023 (Katie Schide avait alors fini deuxième), avant de boucler le tour du mont Blanc en 22h 09mn 31s, le meilleur temps jamais réalisé sur l’UTMB féminin. Et tout le monde d’attendre le grand rendez-vous de 2025 qui verra s’affronter les deux stars de la discipline. Mais les calendriers ne vont peut-être pas s’accorder, Katie Schide ayant fait de la Hardrock 2025 son objectif n°1, alors que Courntey n’y sera pas. « Je ne me préoccupe pas de savoir où vont courir les autres, je fais juste les courses que j’ai envie de faire », répond Katie Schide.
Katie Schide. Phoo Stéphane Demard
La confirmation Manon Bohard
C’était la victoire majeure qu’elle attendait depuis sa TDS victorieuse de 2021. En l’absence des deux dernières gagnantes du Grand Raid de la Réunion, Courtney Dauwalter en 2022 et Katie Schide en 2023, Manon Bohard figurait parmi les favorites de la Diagonale, mais ne connaissait pas les sentiers de l’île et avait comme redoutable adversaire Maryline Nakache, auréolée d’une année 2023 exceptionnelle avec une victoire dans la chaleur du Marathon des Sables puis une autre dans le froid glacial de la TDS. « Je suis terriblement excitée à l’idée de goûter à la ferveur et à l’ambiance chaude de la Diag’ », confiait Manon Bohard la veille du départ, tandis que son père, l’expérimenté Patrick Bohard, également au départ, lui souhaitait simplement d’être finisheuse.
Portée par son excitation, elle a fait bien mieux, puisque dès les premiers kilomètres, elle a adopté un rythme qu’aucune concurrente n’a suivi, creusant inexorablement l’écart sans jamais être inquiétée. Pourtant, si Manon Bohard s’impose aisément en 31h49, 25ème au classement général, son aventure n’aura pas été de tout repos : « J’ai eu des crampes intestinales et une douleur au mollet jusqu’au 55ème km, alors j’ai décidé de réguler l’allure et je suis parvenue enfin à m’alimenter à Cilaos. Je suis rentrée dans Mafate avec du plaisir et des jambes, un vrai bonheur, mais la douleur est revenue au 140ème km, à la limite du supportable.
Je me suis retrouvée avec Erik Clavery et nous avons poursuivi ensemble, dans la sécurité et l’amitié, et aussi dans la boue ! J’ai passé la ligne dans la douleur, mais profondément satisfaite et soulagée! » En 31h 49mn 55s, avec plus d’une heure d’avance sur Maryline Nakache, Manon Bohard a écrit la plus belle ligne de son palmarès.
Manon Bohard. Photo Grand Raid de la Réunion / DR
Claire Bannwarth, l’increvable
En remportant mi-novembre le classement féminin du 360 The Challenge Gran Canaria, un tour de l’île de Gran Canaria de 260 km et 13 000m D+ en semi-autonomie et sans balisage, Claire Bannwarth a bouclé son 24ème ultra de l’année, soit un toutes les deux semaines. Tout a commencé en fanfare dès le début de l’année, avec une victoire mi-janvier sur la Montane Winter Spine Race, une terrible épreuve de 430 km et 16 000m D+ disputée dans le Nord de l’Angleterre, dans le vent, le froid et la pluie, suivie d’une 2ème victoire d’affilée sur le Legends Trail, 274 km de boue et de froid au cœur des Ardennes.
Depuis, l’infatigable ultra-traileuse a couru en Suisse, en Espagne, au Canada, au Portugal, en Croatie, aux États-Unis, et plus récemment 396 km lors du Crossing Switzerland (1ère), 174 km autour du mont Blanc (18ème), 330 km sur le Tor des Géants (3ème), 105 km sur l’Atlas Quest marocain (1ère) et donc 260 km sur l’île de Gran Canaria. Increvable, on vous dit…
Claire Bannwarth. Photo Atlas Quest / Thomas Giraud
Courtney Dauwalter, entre humour et performance
Les années se suivent et se ressemblent pour la « Présidente », qui a une nouvelle fois fait un carton plein sur les courses auxquelles elle a participé. Du 127 km de la TranGranCanaria en février en passant par le 100 milles du Mont Fuji en avril, le 70 km de la SwissPeaks en septembre et le 100 milles de la 3ème édition du Nice Côte d’Azur by UTMB en octobre, Courtney Dauwalter a tout raflé, étant même toute proche de la victoire scratch à Nice puisqu’elle a terminé seconde à seulement 13 petites minutes du vainqueur, l’Espagnol Cristofer Clemente Mora, vice-champion du monde de trail en 2017. Lot de consolation, la « Présidente » a assuré sa qualification pour le grand rendez-vous de l’UTMB 2025 à Chamonix.
Mais c’est lors de la Hardrock 100, au mois de juillet, que l’Américaine a une fois de plus fait des étincelles, remportant avec la manière sa 3ème victoire consécutive sur cette boucle de haute altitude. Après une 6ème place au scratch et un record dans le sens horaire en 26h 44mn 36s en 2022, puis une 4ème place au scratch et un record dans l’autre sens en 26h 14mn 8s en 2023, Courtney Dauwalter a de nouveau buté au pied du podium, mais a amélioré son record absolu en bouclant la boucle en 26h 11mn 49s. Un talent fou, mais un humour tout aussi fou, comme en témoigne son déguisement lors de l’UTMB, où elle était venue encourager ses « collègues » camouflée dans un costume de… canard géant. On adore !
7_Courtney Dauwalter Stéphane Demard
Clémentine Geoffray au bout du suspense
Personne ne l’attendait en haut du podium, après un début d’année compliqué. Pourtant, Clémentine Geoffray a trouvé les ressources nécessaires pour revenir en toute fin de parcours sur la double championne du monde de trail Blandine L’Hirondel et décrocher à Annecy le titre de championne d’Europe de trail, un an après son titre mondial en trail court à Innsbruck. « J’ai eu des hauts et des bas, j’ai eu du mal à m’alimenter, je ne savais pas trop si ça allait tenir mais le mental a tenu et voilà, a-t-elle commenté à l’arrivée.
J’ai beaucoup douté de moi dernièrement, j’étais à la rue dans le dernier stage d’entraînement, et finalement je suis très contente d’avoir réussi à boucler cette distance qui était inconnue pour moi. Et puis faire ça à la maison, c’était incroyable ! » Tout comme la suite de sa saison, avec une belle 3ème place sur l’OCC à Chamonix et une 4ème place sur le Grand Trail des Templiers, juste derrière une certaine… Blandine L’Hirondel !
Clémentine Geoffray. Photo Kiprun
Jasmin Paris, l’inoubliable sprint
Un sprint d’anthologie, après plus de 59 heures de course, et ce 22 mars 2024 l’Histoire de la Barkley venait de basculer, faisant au passage mentir le diabolique Lazarus Lake, créateur de la Barkley Marathons en 1995, qui avait prédit que « jamais une femme ne terminerait la Barkley ». Au terme d’un suspense infernal, l’Écossaise Jasmin Paris est parvenue à terminer la 5ème boucle de l’épreuve 99 secondes avant le clap des 60 heures, en 59h 58mn 21s, devenant la première femme finisheuse de la Barkley. Son exploit est d’autant plus retentissant qu’au point de passage de la Tower, distant d’environ 4 heures de la ligne d’arrivée (temps mis par le Canadien d’origine ukrainienne Ihor Verys, premier des 5 finishers de l’édition 2024, pour parcourir la distance en question), l’Écossaise ne disposait plus que de 3h37 pour arriver.
L’affaire semblait pliée, impossible de rejoindre l’arrivée sauf miracle. Et le miracle a eu lieu. Au bout d’un sprint hallucinant après tant d’heures d’effort, Jasmin Paris a touché la barrière jaune et marqué l’histoire de la Barkley, sous les ovations d’un public tout acquis à sa cause, avant de s’écrouler, épuisée. « Je savais que je devais vraiment courir, sinon je n’y arriverais pas, alors que mon corps voulait vraiment marcher, a-t-elle déclaré après avoir repris ses esprits. Je ne savais même pas que c’était possible,je pensais que j’étais déjà aux limites de ce que je pouvais faire. »
Jasmin Pari. Photo Howie Stern
Christel Dewalle fait le mur
Alors que tous les regards étaient tournés vers la Diagonale des Fous et le Festival des Templiers, c’est à Fully, en Suisse, que la Française Christel Dewalle a réalisé samedi 19 octobre une performance historique en devenant la première femme à descendre sous la barre des 34 minutes sur le KV de Fully, un « mur » de 1,9 km pour 1000m D+. 33mn 43s, record du monde pulvérisé ! Vitesse ascensionnelle : 1780 m/h ! Un exploit de taille sur cette épreuve qu’elle remportait pour la 9ème fois (la première date de 2012!) et qui la rapproche à moins de 5 minutes du record de l’Italien Philip Gotsch, 28mn 53s établi en 2017.
Christel Dewalle. Photo DR
Tara Dower, la power girl des Appalaches
L’ultra-runneuse américaine Tara Dower a établi un nouveau record absolu sur le légendaire Appalachian Trail, un sentier mythique de 3535 km et 140 000m D+ parcourant les Appalaches, sur la côte est des États-Unis. En réalisant un chrono de 40 jours 18 heures et 5 minutes, elle efface des tablettes le record de 41 jours, 7 heures et 39 minutes détenu depuis août 2018 par le Belge Karel Sabbe. Soit une moyenne ahurissante de 87 km et 3450m D+ par jour pendant… 40 jours d’affilée !
« Si je dois être honnête, je ne pensais pas que c’était possible, a modestement déclaré Tara Dower après son exploit. Cependant, j’avais dans mon équipe des gens qui croyaient en mes capacités et qui me poussaient dans mes limites. Je sais que cela semble intimidant, mais je pense que davantage de femmes devraient s’attaquer à ce record. Je crois sincèrement que les femmes ont – je l’ai déjà dit – un don spécial d’endurance ! »
Tara Dower. Photo DR
Joyce Njeru, la perle kényane
En se classant 3ème de la grande finale des Golden Trail Series le 19 octobre à Ascona-Locarno, en Suisse, la Kényane Joyce Njeru, du team Atletica Saluzzo, a remporté la victoire au classement général. Elle est ainsi devenue la première athlète africaine à s’imposer sur ce circuit mondial, devançant la Suissesse Judith Wyder et succédant au palmarès à l’Amércaine Sophia Laukli. « Je suis vraiment contente de remporter la Series, a commenté la Kényane. C’est un grand accomplissement pour ma carrière, mais aussi pour la personne que je suis en train de devenir. »
Joyce Njeru. Photo Rising Story / Mathis Decroux
Sara Alonso, dernière à jamais
De l’émotion, mais aussi une grande fête. Voilà comment s’est conclue la 10ème édition de la Skyrhune, la « Zegama basque », comme la surnomme Blandine L’Hirondel, tenante du titre féminin mais absente cette année à Ascain, petit village du Pays Basque. Lancée en 2014, cette épreuve de 21km et 1700m D+ était devenue au fil du temps un rendez-vous incontournable du trail français et mondial, réunissant les meilleurs comme les anonymes dans une ambiance dont les Basques ont le secret. Mais il n’y aura pas de 11ème édition en 2025. Nicolas Darmaillacq, l’organisateur, a en effet annoncé un peu plus tôt dans l’année mettre fin à l’événement, pour protester contre le « trail business », à l’œuvre selon lui depuis plusieurs années. « Le trail d’aujourd’hui n’est plus celui d’hier, déplore-t-il. On n’est plus dans les valeurs que nous défendons. »
Cette dernière édition, courue le 22 septembre sous un grand soleil, a donné lieu à une bataille intense. Côté féminin, c’est l’une des toutes meilleures traileuses mondiales, Sara Alonso, détentrice du record espoir de l’épreuve, qui s’est imposée après avoir livré une bataille féroce avec la Française Cécile Jarousseau, championne de France de course en montagne 2023. L’Espagnole, un temps derrière la Française, a réussi à passer en tête au sommet et garder son avance dans la descente pour finalement s’imposer. Dernière à jamais.
https://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2024/12/HEROS-2024-WOMEN.png8341200Patrick Guerinethttps://www.esprit-trail.com/wp-content/uploads/2025/02/ET-logo-vert-noir-300x87.pngPatrick Guerinet2024-12-16 05:00:002024-12-15 21:24:30Athlètes de l’année 2024 : les 10 traileuses stars de la saison
La première édition des Trail Running Awards organisés par Mile & Stone et présentés par Miles Republic, a eu lieu mercredi 11 décembre à Annecy en présence de 200 personnalités du monde du trail. 9 trophées ont été remis, dont ceux d’athlètes féminine et masculin de l’année 2024, attribués à l’Américaine Katie Schide et au Marocain Elhousine Elazzaoui. Palmarès complet.
Un jury international pour 9 trophées
Pour leur toute première édition, les Trail Running Awards animés par l’athlète américaine détentrice entre autres du record d’ascension du mont Blanc Hillary Gerardi et le journaliste spécialisé Fred Bousseau, ont fait salle comble à l’Imperial Palace d’Annecy : 200 acteurs de l’univers du trail running se sont retrouvés le temps d’une soirée qui a célébré l’innovation et la performance.
Le jury international réuni mardi et mercredi était composé de Chloë Lanthier (consultante en réhabilitation et performance sportive), Sylvain Bazin (journaliste), Sébastien Chaigneau (athlète et coach), Dylan Bowman (athlète), Doug Mayer (fondateur de Run The Alps), Justine Birot (directrice de l’Institut du sport durable), Benjamin Thaller (expert en stratégie de marque et communication), Amir Ben Gacem (vice-président de l’ITRA) et Ronan Denoual, cofondateur de Miles Republic. Ils ont désigné les lauréats des neuf catégories de récompenses.
Trail Running Award de la Start-up de l’année
Remis par Céline Brunel, représentant Outdoor Sport Valley, le Trail Running Award de Start-up de l’année a récompensé Enduraw, un laboratoire d’optimisation de la performance pour les athlètes via les data. « C’est incroyable de voir autant de gens célébrer ce soir la victoire des maths et de la professionnalisation du sport », s’est réjoui son fondateur, Joseph Mestrallet.
Trail Running Award d’Initiative environnementale de l’année
Le Trail Running Award d’Initiative environnementale de l’année, remis par Justine Birot, aura donné lieu à de vifs débats au sein du jury, au point qu’il a décidé de le partager entre la Volvic Volcanic Experience (VVX), organisé tous les printemps en Auvergne, et le Marathon du Mont-Blanc, deux épreuves dont les organisateurs ont développé de nombreuses actions pour réduire leur impact environnemental, notamment en matière de déplacement des participants.
« Merci au jury d’avoir récompensé notre événement ‘éco-logique’ et ses 700 bénévoles », a commenté Jean-Michel Chopin, directeur de la VVX, tandis que Fred Comte et Magali Chevalier, organisateurs du Marathon du Mont-Blanc, se sont montrés « très fiers d’être co-lauréats » d’un trophée qui récompense « plus de quinze ans d’efforts pour préserver notre vallée à travers des actions environnementales », dont celle, décidée en 2024 et appliquée pour l’édition 2025, de réserver 40% des dossards aux concurrents venant en train et en bus.
Trail Running Award du Service de l’année
Le Trail Running Award de Service de l’année, remis par Guillaume Boccas et Axelle Nardoux, cofondateurs de Wise – partenaire officiel de l’événement -, a récompensé la société bretonne Tibib live qui a développé des balises destinées à localiser en permanence les coureurs et donc de « permettre à tout le monde de courir en toute sécurité », a expliqué Yan Mac Garry, l’un des concepteurs, « très honoré » d’être ainsi mis à l’honneur.
Trail Running Award de l’Initiative sociale de l’année
Le trophée d’Initiative sociale de l’année, a été remis par le coach de l’équipe de France de trail, Adrien Séguret, aux organisateurs de l’Atlas Questqui, après le violent séisme qui a touché l’Atlas marocain à l’automne 2023, se sont mobilisés pour venir en aide à la population locale, au détriment de leur propre épreuve, qui a été annulée. Ému, Cyrille Sismondini, directeur de l’épreuve, a remercié le jury pour « avoir récompensé notre action destinée à venir en aide à une culture et à un peuple qui nous accompagnent depuis quinze ans ».
Trail Running Award de la Campagne de communication de l’année
Ronan Denoual, cofondateur de Mile Republic, a remis le Trail Running Award de la Campagne de communication de l’année à Olivier Coudert, organisateur de la SkyRace des Matheysins. Il a été récompensé pour le live produit sur l’événement isérois, qui fêtera sa dixième édition en 2025. « Ce qui nous permet de nous démarquer, c’est notre format, avec une épreuve qui se court en 2h15, le niveau sportif, le fait que nous soyons une manche de la Coupe du monde de skyrunning et nos paysages au printemps », a expliqué le lauréat.
Trail Running Award du Produit de l’année
Chloë Lanthier, consultante en réhabilitation et performance sportive, a remis le Trail Running Award du Produit de l’année à l’équipementier Wise pour son sac Sherpa. « Nous sommes très émus de recevoir ce prix ; il y a cinq ans, quand nous n’étions encore que des pratiquants et donc de l’autre côté de l’industrie, jamais nous n’aurions imaginé qu’on mettrait un sac sur les épaules des meilleurs, c’est quelque chose de fou, ce prix résonne très fort et récompense le travail d’une équipe », ont commenté Guillaume Boccas et Axelle Nardoux, cofondateurs de la marque.
Trail Running Awards des athlètes de l’année
La dernière partie de la cérémonie a mis en valeur les athlètes, avec d’abord le Trail Running Award du Team de l’année, remis par Amir Ben Gassem, vice-président de l’ITRA. Des trois finalistes retenus par le jury, les teams Hoka, Kiprun et Salomon, c’est finalement le Team Salomon qui l’a emporté, faisant dire à son team manager, Vincent Viet, accompagné sur la scène par une des athlètes de l’équipe de la marque annécienne, Camille Bruyas : « Je suis vraiment hyper content de ce trophée qui récompense un investissement de plusieurs années, ce que les athlètes mettent en œuvre pour réussir au plus haut niveau et les presque 1 000 personnes qui, ici chez Salomon à Annecy, s’investissent à 100% derrière eux. »
Quant aux Trail Running Awards des Athlètes féminine et masculin de l’année, ils ont été remis respectivement par Alessio Punzi, Head of running and mass participation chez World Athletics, et Sébastien Chaigneau, athlète et coach du team UYN.
Côté féminin, les cinq finalistes retenues par le jury ont été les Américaines Katie Schide (North Face) et Courtney Dauwalter (Salomon), les Françaises Clémentine Geoffay (Kiprun) et Blandine L’Hirondel (Kiprun), et la Canadienne Marianne Hogan (Salomon). Le prix a été attribué à Katie Schide, 32 ans, victorieuse cette année de la Western States et du Hoka UTMB Mont-Blanc pour la deuxième fois. Depuis le massif du Mercantour, où elle prépare la saison 2025, la lauréate s’est dite « ravie de ce prix », remerciant la communauté pour « son soutien tout au long de l’année », avant d’indiquer que son « grand projet » pour 2025 serait la Hardrock 100 en juillet.
Côté masculin, parmi les cinq finalistes, on retrouvait Vincent Bouillard, Thomas Cardin (Kiprun), Elhousine Elazzaoui (NNormal), Kilian Jornet (NNormal) et Ludovic Pommeret (Hoka). C’est le Marocain Elhousine Elazzaoui (32 ans) qui a été élu par le jury qui a récompensé une année 2024 exceptionnelle, marquée notamment par des victoires sur le Marathon du Mont-Blanc et au classement général final des Golden Trail Series.
Les différents lauréats de la cérémonie des Trail Running Awards présents à Annecy. Photo DR